ad initium

CIC. Tusc., 4, 6-11

1166 Instat dixit poeta proprie id est consequitur: futurus est. Vt salustius. optimum factu ratus noctem quae instabat: antecapere: ne quid eo spatio nouaretur: instabat: hoc est proxima erat: uel sequebatur. scribit autem Martianus in musica: tripoda trini cursus praesagia polliceri: hoc est extantis instantis et rapti. Ex quibus Martiani uerbis colligit uir quidam apprime eruditus: instans dici tempus futurum: extans uero praesens: raptum praeteritum. adiicitque: quare barbare balbutiunt recentiores philosophi. qui instans pro praesenti dicunt: cum extans dicit debeat. Haec ille cum dixit: ante pedes lucente uia non uidit a se reprehendi . M. Tullium celebrem romani eloquii authorem: tanquam barbarum: qui innumeris in locis instans accipit pro praesenti. Vt in primo libro rhetorico de inuentione: Et quae inquit nuper gesta sint: quae scire plerique possint: et item quae instent in praesentia: et quae maxime fiant: et quae consequantur: per ea quae gesta sint praeterita intelligit: et per ea quae instent et fiant: praesentia: postremoque per ea quae consequantur futura. Item in .ii. ad herennium libro de argumento loquens: Id inquit diuiditur in tempora tria: praeteritum: instans: consequens. Ac mox declarans quid sit instans subdit: In instanti tempore quaeritur: num uisus sit cum faciebat et caetera. In consequenti spectabitur nunquid re transacta relictum sit quod indicet aut factum esse maleficium: aut a quo factum. In. .iiii. quoque tuscula.que libro. Quae enim uenientia metuuntur: eadem efficiunt aegritudinem instantia. in quibus uerbis uenientia id est futura: et instantia id est praesentia opponuntur. Non adducimus plura testimonia uel Ciceronis uel aliorum quae plurima sunt: quia hic nec uictoriam: nec uictoriae satietatem quaerimus. Tantum admonemus studiosos. ne ducantur in errorem ab ingeniosis et doctis uiris: qui dum prompte momi censura in alios utuntur: in momum incidunt. Instat ("presse") le poète a pris le mot au sens propre, autrement dit "vient après", "sera". Ainsi Salluste "ayant pensé que le mieux à faire était de devancer la nuit qui pressait, afin qu’à la faveur de cet espace il ne puisse se produire quelque événement nouveau" : ici "pressait" veut dire "était toute proche" ou "suivait". Martianus Capella écrit également dans la partie sur la musique "le trépied promet des présages selon un triple cours, à savoir ce qui existe, ce qui presse et ce que le temps a déjà emporté". De ces paroles de Martianus, un parfait érudit conclut que le temps pressant désigne le futur, le temps existant le présent, le temps emporté le passé, et il ajoute : "voilà pourquoi les philosophes modernes ne font que bégayer quand ils disent que le temps pressant est le présent, alors qu’il dit qu’ils devraient désigner ainsi le temps existant". Quand celui-ci dit cela, il n’a pas vu que, alors que juste devant lui le chemin est éclairé, il est en train de critiquer Marcus Tullius en le traitant de barbare, puisque, dans d’innombrables passages, Cicéron entend par le temps qui presse le présent. Ainsi, dans le premier livre du traité de rhétorique sur l’invention : "et ce qui vient d’être fait que la plupart des gens peuvent savoir, et de même ce qui presse dans l’instant présent et qui se réalise instamment, et ce qui suit" ; par "ce qui vient d’être fait", il entend le passé, par "ce qui presse et se réalise" le présent et enfin par "ce qui suit" le futur. De même, au livre 2 de la Rhétorique à Herennius, où il dit : "cela se divise en trois temps : le temps passé, le temps qui presse, le temps qui suit" ; et, peu après, expliquant ce qu’est le temps qui presse, il ajoute : "dans le temps de l’instant, on recherche s’il a été vu quand il agissait etc., dans le futur on regardera si, une fois la chose accomplie, il reste quelque chose qui puisse indiquer qu’un acte répréhensible a été commis ou qui l’a fait". De même, dans le livre 4 des Tusculanes : "on redoute ce qui va venir, les même choses qui nous pressent produisent un état maladif" ; dans ces mots "ce qui va venir" désigne le futur auquel on oppose "les choses qui pressent" autrement dit le présent. Nous n’ajoutons pas plus de témoignages, que ce soit de Cicéron ou d’autres qui sont extrêmement nombreux, car ici nous ne cherchons ni la victoire ni la satisfaction de la victoire. Nous nous contentons d’avertir les curieux pour éviter qu’ils ne soient induits en erreur par des hommes ingénieux et sages, qui, en recourant contre d’autres au reproche d’être des clowns, tombent eux-mêmes dans la clownerie.