ad initium

Florianus

147 (Qui meriti florem) haec epistola elegis conposita ad florianum uirum illis temporibus doctissimum mittitur et scribitur: in qua poeta hortatur ispum ut sibi faueat interdum in difficultate tanti operis laboranti. (Qui meriti florem) Cette lettre composée en distiques élégiaques est envoyée et écrite à l’attention de Florian, un érudit de ce temps ; le poète l’exhorte à lui prêter une oreille favorable un moment tandis qu’il peine sous la difficulté d’un si grand ouvrage.

149 Nam dicit conuenire floriani doctrinæ qui maxima teneat: non aspernari parua. De fait, il dit qu’il convient que la science de Florian, qui possède de très grandes connaissances, ne méprise pas les petites.

156 ita hoc in loco innuit poeta florianum dictum a floribus: quos prudentia et doctrina bene olentes mens floriani producebat. Ainsi, dans ce passage, le poète indique que le nom de Florian vient de flos (la fleur) ; ces fleurs délicatement parfumées de sagesse et de science étaient révélées par l’esprit de Florian.

156 ita hoc in loco innuit poeta florianum dictum a floribus: quos prudentia et doctrina bene olentes mens floriani producebat. Ainsi, dans ce passage, le poète indique que le nom de Florian vient de flos (la fleur) ; ces fleurs délicatement parfumées de sagesse et de science étaient révélées par l’esprit de Florian.

157et ita floriani nomen consonat rei nominatæ. quia florianus habet flores prudentiæ et maturi sensus: quod prouidens natura futurum: ipsum infantem ita nominauit. Et c’est ainsi que le nom de Florian est en accord avec la chose désignée, car Florian possède les fleurs de la sagesse et d’un esprit mûr ; ce que prévoyant, la nature a ainsi nommé le petit enfant.

157et ita floriani nomen consonat rei nominatæ. quia florianus habet flores prudentiæ et maturi sensus: quod prouidens natura futurum: ipsum infantem ita nominauit. Et c’est ainsi que le nom de Florian est en accord avec la chose désignée, car Florian possède les fleurs de la sagesse et d’un esprit mûr ; ce que prévoyant, la nature a ainsi nommé le petit enfant.

158 est ergo ordo et sensus: O floriane concurre ad carmen meum id est simul curre mecum mihi fauendo: qui tenes ore tui nominis meriti id est quod meruisti: florem ortum id est natum: maturis sensibus id est matura et senili prudentia. Voici donc l’ordre et le sens : "ô Florian rallie-toi à mon poème", autrement dit "cours avec moi en me prêtant une oreille favorable", "toi qui possèdes déjà dans le son de ton nom ton mérite", autrement dit ce que tu as mérité, florem ortum ("fleur épanouie") autrement dit 'né', maturis sensibus ("avec une intelligence déjà mûre"), autrement dit avec la sagesse mûre d’un vieil homme.

160 (Nam primæuus) laudat mirabiles floriani doctrinae flores: qui iuuenis adhuc: erat iam adeo maturus ut doceret senes: cum contra soleat fieri: ut scilicet senex doceat iuuenes. (Nam primæuus) Il fait l’éloge des merveilleuses fleurs de la science de Florian, qui, encore jeune, était à ce point mûr qu’il pouvait enseigner aux vieillards, alors que d’ordinaire c’est le contraire : un vieillard enseigne les jeunes.

169 (Ieiuno sermone) captauit beniuolentiam poeta a persona floriani quem hortatur ad legendum opus suum: cum eum laudauit uarie: et a persona propria cum attenuat uires suas et se floriano subiicit: hinc et a re ipsa et iterum a persona propria captat beniuolentiam cum extollit materiam historiae apostolicae maiorem suis uiribus. (Ieiuno sermone) Le poète s’est attiré la bienveillance en se fondant sur la personne de Florian, qu’il encourage à lire son ouvrage ; une fois qu’il l’a loué de manière variée et qu’il a en se fondant sur sa propre personne atténué ses forces et s’en est remis au jugement de Florian, à partir de maintenant il s’attire la bienveillance à partir de sa propre personne en exaltant la matière de l’histoire apostolique en soulignant qu’elle dépasse ses forces.

180 (Inter grandiloquos) ab exemplo naturae arguit parua poemata et opuscula non esse reiicienda a floriano. (Inter grandiloquos) A partir d’un exemple naturel il défend l’idée que les petits poèmes et les opuscules ne doivent pas être rejetés par Florian.

182 et ut natura non solum tenet magna sed et parua: ita tu floriane qui es propter doctrinam uniuersalem quasi altera natura omnia complectens: debes comprehendere tuo ingenio uniuersali magna simul et parua: et utraque legere: et utrisque te impertiri: ut natura facit. Et de même que la nature ne renferme pas que de grandes créatures, mais aussi des petites, de même toi, Florian, qui, en raison de ta science universelle, est comme une seconde nature qui embrasse tout, tu dois embrasser par ton intelligence universelle à la fois les grands et les petits ouvrages, lire les deux catégories et te consacrer aux deux catégories, comme le fait la nature.

195 itaque latenter Arator laudat opus suum a subtilitate sed citra arrongantiam: et per hanc similitudinem a natura sumptam opus hoc suum esse subtile et plenum acuminum dicit: vt revera est atque ita probat dignum esse qui a floriano legatur. C’est pourquoi Arator sans en avoir l’air loue son ouvrage dans sa subtilité et sans faire montre d’arrogance, et, grâce à cette comparaison prise dans la nature, dit que son ouvrage que voici est subtil et plein de finesse (ce qu’il est réellement) et ainsi il prouve qu’il est digne de la lecture de Florian.

196 Et si respicias (inquit) o floriane vt rector vniuersi et artifex deus omnia dispenset et ordinet: truces animantes meruere uim id est commendationem uirium: At mites et paruae vt apes culices meruere ingenium id est laudem ingenii et artificii. Et si respicias ("Et si tu considères"), dit-il, Florian, comment le maître de l’univers et son créateur, Dieu, répartit et ordonne tout, les animaux truces ("terribles")  meruere uim ("ont obtenu la force"), autrement dit de se recommander de leur force, mais les mites ("inoffensifs") et petits comme l’abeille et le moucheron ont obtenu ingenium ("le talent"), autrement dit la louange de leur talent et de leur adresse.

199 (Ipsaque continuum virtus) Alia ratio qua probat opusculum suum legi debere a floriano. non solum ut paulo ante diximus quia acutum est: sed ut in eo animum recreet fatigatum lectione maiorum librorum. (Ipsaque continuum virtus) Une autre raison par laquelle il prouve que son petit ouvrage doit être lu par Florian est non seulement, comme nous l’avons dit il y a peu, qu’il est plein de finesse, mais bien pour qu’en lui il repose son esprit fatigué par la lecture de plus grands livres.

201 Dicit ergo Arator Vt uirtus militis quæ numquam frangitur et infracta est: deserit continuum laborem et fessa membra nouat: uel cum gymnasio armis ludicris se exercet uel se exercentes spectat: uel cum uenationi uacat et feras imbelles ut ceruos lepores uulnerat: ita tu floriane qui in libris maioribus legendis lassaris: repara animum tuum lassatum in carmine nostro. quia est animis natum inuentumque poema iuuandis et quia his nostris paruis legendis delectaberis: ut illis maioribus uersandis fatigaris. Arator dit donc : comme la valeur du soldat, qui n’est jamais brisée et demeure inflexible, abandonne l’entraînement continuel et repose ses membres fatigués, quand, au gymnase, il s’exerce avec des armes factices ou regarde les autres s’exercer, ou encore quand il passe son loisir à la chasse et blesse des bêtes inoffensives comme des cerfs ou des lièvres, ainsi, toi, Florian, si tu es las de lire des livres plus grands, délasse ton esprit fatigué en lisant notre poème, car la poésie est née et a été inventée pour plaire à notre esprit et parce que tu trouveras du plaisir à lire nos petits livres que voici, comme tu es fatigué de te pencher sur ces plus grands.

209 (Ergo gradum) concludit cum ergo floriane non possis laborare semper et cursum continuare in lectione librorum maiorum: retine gradum id est passum hoc est. noli semper currere quod natura ferre non potest: quae requirit alterna quiete. (Ergo gradum) Il conclut : puisque donc, Florian, tu ne peux toujours travailler et continuer le cours de tes lectures de plus grands livres, retine gradum ("retiens donc ton pas"), autrement dit ta marche ce qui veut dire : ne cours pas sans cesse car la nature ne peut le supporter, elle demande des alternances d’action et de repos.

210 Et linque prisca uolumina. hic enim erat cursus floriani scilicet in legendis libris priscorum authorum: et quiesce opusculum legendo meum. Et laisse prisca uolumina ("tes anciens volumes"). Le cours des lectures de Florian en effet était évidemment les auteurs anciens ; et repose-toi en lisant mon opuscule.

213 est autem ordo. ergo floriane retinens gradum et id est linquens prisca uolumina: cede dies id est concede dies scilicet aliquos recreationis ei: operi scilicet meo huic: quod scilicet opus meum iuuat pia causa id est adiuuat et accumulat materia pia et religiosa historiæ apostolicæ. L’ordre est : donc, Florian retinens gradum ("retenant ton pas"), autrement dit linquens prisca uolumina, cede dies ("laissant tes anciens volume, cède ces jours") autrement dit "accorde des jours", évidemment quelques uns, à celui qui sera pour toi une récréation, évidemment, mon ouvrage que voici, parce qu’évidemment mon ouvrage iuuat pia causa ("se recommande par une cause pieuse"), autrement dit nous apporte un soutien et rassemble des matières pieuses et religieuses, celle de l’histoire apostolique.

214 Quid enim religiosius et melius quam actus apostolorum enarrare bonis imitabiles: potest et aliter construi quamuis non ita placat: ut sit apostrope: o dies qui a floriano impenderis et consumeris lectione assidua retinens scilicet cursum lectionis et linquens prisca uolumina cede operi id est da locum labori: quod id est quam rem scilicet interponere qui etenim iuuat id est ornat pia causa hoc est iusta. Quoi en effet de plus religieux et de meilleur que d’expliquer les Actes des Apôtres qui sont source d’imitation pour les gens de bien ? On peut construire autrement même si cela me convient moins, en faisant une apostrophe : "ô jour" qui qui est occupé et consumé par Florian dans une lecture continue, "retenant" donc évidemment le cours de sa lecture et "laissant les anciens volumes, accorde à une œuvre", autrement dit fais place à un labeur, ce qui veut dire évidemment mettre dans l’intervalle quelque chose qui en effet "se recommande" autrement dit orne "par une cause pieuse", à savoir juste.