317 Nam inquit Arator psalmi dauid regis: et prophetæ grauissimi clarissimique lyricis pedibus scripti sunt: et constant. Præterea cantica hieremiae prophetæ: et multa dicta lob herois patientissimi heroicis et hexametris uersibus conposita sunt: unde constat grauitas carminis et pondus: ipsius diuinæ scripturæ exemplo. De fait, dit Arator, les psaumes du roi David et les prophètes les plus austères et les plus illustres sont écrits en vers lyriques et il est manifeste en outre que les cantiques du prophète Jérémie et beaucoup de paroles de Job le héros de toute patience sont composés en vers héroïques et en hexamètres. Cela rend manifestes le sérieux et le poids d’un poème par l’exemple de l’Écriture divine elle-même.
318 Et quia aliquis posset Aratorem refellere ipsius testimonio rei. Cum uerbi gratia: dixit dominus domino meo: non sit carmen: et pereat dies in qua natus sum: quia non sit Versus heroicus: ideo subiungit metricam uim et rationem non inueniri in psalmis translatis in græcam linguam uel latinam: sed in linguæ origine id est in lingua originali et primigenia: hoc est hebraica in qua scripsit Dauid hieremias et cæteri. Et, parce qu’on pourrait contredire Arator par le témoignage des faits eux-mêmes, puisque, à titre d’exemple dixit Dominus domino meo ("Oracle du Seigneur à mon seigneur") n’est pas un poème, et parce que pereat dies in qua natus sum ("que périsse le jour où je suis né") n’est pas un vers héroïque, le poète ajoute que la force du mètre et son rythme ne se trouvent pas dans les psaumes traduits en grec ou en latin mais dans linguæ origine ("leur langue originelle"), autrement dit dans la langue originale et première, la langue hébraïque dans laquelle David, Jérémie et tous les autres ont écrit.
319 Hoc uero totum a diuo Hieronymo accepit Arator: qui in prologo super lob: Quod si cui inquit uidetur incredulum metra scilicet esse apud hebreos: et in morem nostri flacci: graecique pindari: et alcæi: et sapphus: uel psalterium: uel lamentationes hieremiæ: uel omnia ferme scripturarum cantica conprehendi: legat philonem: losephum: origenem: Cæsariensem Eusebium et eorum testimonio me uerum dicere comprobabit. Mais tout cela Arator l’a tiré du divin Jérôme qui dit dans le Prologue sur Job : "et s’il semble à quelqu’un incroyable qu’il existe des mètres chez les hébreux et que la manière de notre Horace ou des Grecs Pindare, Alcée et Sappho, soit présente dans le psautier ou les lamentations de Jérémie ou presque tous les cantiques des Écritures, qu’il lise Philon, Josèphe, Origènet et Eusèbe de Césarée et il verra bien à leur témoignage que je dis vrai".
322 illud miror: cur hic arator dicat cantica hieremie constare hexametris: cum contra sentiat diuus hieronymus: cui illarum linguarum et omnis metricæ facultatis consultissimo maior fides adhiberi debet: quam Aratori qui se ignarum eius rei fatetur cum ait: dicunt cantica hieremiæ et dicta quoque lob constare hexametris. Un point m’étonne : pourquoi Arator dit-il que cantica hieremie constare hexametris ("les cantiques de Jérémie sonnaient en hexamètres"), ce à quoi s’oppose le divin Jérôme à qui l’on doit accorder plus de crédit en tant qu’il est parfaitement au fait de ces langues et de toutes leurs possibilités métriques, qu’à Arator qui se déclare ignorant de ce point quand il dit dicunt cantica hieremiæ et dicta quoque lob constare hexametris ("on rapporte aussi que les cantiques de Jérémie et les aproles de Job sonnaient en hexamètres").
326 (In origine linguæ) scilicet hebraicæ. hoc uerum est de psalmis et canticis hieremiæ: Nam liber lob (ut hieronymus est author) hebraico arabicoque sermone: et interdum syro resonant. (In origine linguæ) évidemment hébraïque, cela est vrai pour les psaumes et les cantiques de Jérémie ; de fait le livre Job (selon les dires de Jérôme) fait entendre de l’hébreu et de l’arabe et parfois du syrien.