ad initium

Marath

1092 cum inquit nec corrumpuntur acerbo liquore: quo maduere ueteres lacus. Signat enim poeta historiam quam in exodo Moses declarauit: et postea diuus ambrosius in quodam sermone repetiuit. Summa autem historiae est huiuscemodi: Tulit moyses israel de mari rubro: ambulaueruntque tribus diebus per solitudinem: et non inueniebant aquam: et uenerunt in marath: cuius loci aquas ob amaritudinem bibere non poterant. Marath enim amaritudo interpretatur: Has aquas in dulcedinem uertit moses cum lignum a domino monstratum in eas misisset: Erat inquit ambrosius aqua delectabilis ad uisionem: Sed sincera non erat ad saporem. Quand il dit nec corrumpuntur acerbo ("et il ne sont pas abîmés par l’aigre") liquide quo maduere ueteres lacus ("dont sont imprégnées les anciennes cuves"), le poète renvoie à l’histoire que, dans l’Exode, Moïse fait connaître et sur laquelle plus tard le divin Ambroise est revenu dans un sermon ; voici le résumé de cette histoire : Moïse fit sortir le peuple de la Mer Rouge et ils marchèrent trois jours dans le désert, sans trouver d’eau ; ils arrivèrent à Marath dont ils ne pouvaient boire les eaux en raison de leur amertume. En effet Marath veut dire ‘amertume’. Ces eaux, Moïse les transforma en eaux douces en plongeant dedans le bâton que le Seigneur lui avait montré : "l’eau", dit Ambroise, "était délectable à voir, mais elle trompait quant à sa saveur".

1095 Vnde siquis inquit dominus te percusserit in maxillam prebe ei et alteram. ita austeritas legis Euangelii dulcedine temperata est. amara est enim legis litera sine crucis mysterio. Quis non uidet dum modo aliqua ingenii scintilla polleat: ad haec mosis et ambrosii uerba allusisse Aratorem: cum dixit acerbo liquore: cum ueteres lacus possimus quoque intelligere aquas illas marath acerbas et insuaues? Sed haec uereor iam ne modum excesserint. D’où la parole du Seigneur : "si quelqu’un te frappe sur une joue, tends-lui l’autre" ; ainsi l’austérité de la Loi est tempérée par la douceur de l’évangile ; amère est en effet la lettre de la Loi sans le mystère de la croix. Qui ne voit pas, pour peu qu’il jouisse de quelque étincelle d’intelligence que c’est à ces paroles de Moïse et d’Ambroise qu’Arator a fait allusion quand il a parlé de liquide acerbo ("aigre"), puisque nous pouvons comprendre ueteres lacus ("d’anciennes cuves") comme ces eaux de Marath qui était amères et sans douceur ? Mais je crains encore de dépasser les bornes avec cela.