1181 (Sed fugite) sensus est. Vos quicunque auditis mysteria legis Euangelicae. fugite peccatum perfidiae iudaicae: cui non sat fuit non recipere christum: qui uenerat ad culpas eorum abolendas: sed sceleri huic nouum scelus addiderunt: cum christum crucifixerunt: et se et suos filios poenae tanti sceleris subdiderunt dicentes: sanguis eius super nos: et super filios nostros. Verum quanquam haec magna sint peccata: si creditis: cuncta abluentur aquis baptismatis: et purifici roris lustratione. (Sed fugite) voici le sens. Vous, qui que vous soyez, qui entendez les mystères de la loi évangélique, fugite ("fuyez") le péché de la Judée incroyante ; il ne lui a pas suffi de ne pas accueillir le Christ qui était venu pour supprimer ses fautes, mais elle ajouta un nouveau crime à ce crime quand les Juifs crucifièrent le Christ et se chargèrent, eux et leurs enfants, du châtiment d’un tel méfait, en disant "son sang sur nous et sur nos fils". Mais, quelque grands que soient ces péchés, si vous croyez, ils seront tous lavés dans les eaux du baptême et la lustration de la rosée qui purifie.
1182 haec petrus dixit. ait poeta et ordo est o miseri: fugite piacula scilicet peccata funesta et mortifera: gentis scilicet iudaicae: quae perfida est, Cui scilicet genti: creuerunt uulnera culpae sacrilegae addita: nam uulnus poenae in se acceperunt: Christum occidendo: sed hoc uulnus creuit: cum in filios quoque propagatum fuit et deriuatum: ideo ait: uulnera addita culpae sacrilegae et nefandae. nam culpae homicidii: addiderunt uulnera filiorum: et super filios nostros sanguis eius id est culpa et poena: cum clamarent. Et ita culpae non est secundi casus sed tertii. ueniente deo scilicet Christo genti iudaicae: auertere syntaxis graeca id est ad auertendum et remouendum: noxas ueteres id est culpas antiquas. Nam ut inquit loannes: Christus in propria uenit: et sui eum non receperunt. Voilà ce qu’a dit Pierre, dit le poète, et l’ordre est : o miseri ("malheureux") fugite piacula ("fuyez l’abomination"), évidemment les péchés, funesta ("funeste") et mortels, gentis ("de la nation"), évidemment la nation juive qui est incroyante, cui ("pour qui"), évidemment cette nation, creuerunt uulnera culpae sacrilegae addita ("se sont accrues les blessures qui s’ajoutent à leur faute sacrilège") ; de fait ils reçurent en eux la blessure de leur châtiment en tuant le Christ, mais cette blessure s’accrut quand elle se propagea et se répandit dans leurs fils aussi ; voilà pourquoi il dit uulnera addita culpae sacrilegae ("les blessures qui s’ajoutent à leur faute sacrilège") et abominable ; de fait, à la faute de l’homicide, ils ajoutèrent les blessures de leurs fils en criant "sur nos fils son sang", autrement dit la faute et le châtiment. Et ainsi culpa n’est pas au génitif mais au datif ; ueniente deo ("quand Dieu vint"), évidemment le Christ pour la nation juive, auertere ("détourner"), syntaxe grecque, autrement dit pour détourner et pour enlever, noxas ueteres ("les vieilles culpabilités"), autrement dit les anciennes fautes. Car comme le dit Jean : "le Christ est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu".
1185 Cur trahis natos tuos scilicet in poenam et culpam mortis Christi: cum Christum nondum ipsi nati nec accusarent: nec persequerentur? per uota cruoris id est per imprecationes sanguinis ipsius: cum ut matthaeus ait: inclamaretis: sanguis eius super nos: et super filios nostros. Cur trahis natos tuos ("pourquoi entraînes-tu tes enfants"), évidemment vers le châtiment et la faute de la mort du Christ, alors que, puisqu’ils n’étaient même pas encore nés, ils n’ont ni accusé ni persécuté le Christ ? per uota cruoris ("par les vœux du sang"), autrement dit par des imprécations faites sur son sang, quand, comme le dit Matthieu, vous avez crié "son sang soit sur nous et sur nos enfants".
1193 et idem dicens poeta uarie subdit: et propago scelerum scilicet generatio iudaica per scelera propagata. perit id est interfecta est: de natale id est a sua natiuitate et a suo ortu: quia scilicet natiuitatem et originem traxit ab interfectoribus christi: non quia ipsi christum interfecerunt: quae scilicet generatio deriuata ab interfectoribus christi: saucia scilicet uulnerata et interfecta: uoce parentum id est illis clamoribus: sanguis eius super nos et super filios nostros: uenit in lucem id est nata est: punita scilicet poena mortis: quam mortem sui maiores petiuerunt non solum sibi: sed etiam filiis et posteris suis nondum natis. Et le poète, redisant la même chose ajoute en variation : propago scelerum ("la descendance des crimes"), évidemment la génération de la Judée qui s’étend par ces crimes, perit ("périt"), autrement dit est tuée ; de natale ("à partir de la naissance"), autrement dit depuis sa naissance et son origine, évidemment parce qu’elle a tiré sa naissance et son origine de ceux qui ont tué le Christ, et non parce qu’ils ont eux-mêmes tué le Christ. Et évidemment cette génération issue de ceux qui ont tué le Christ, saucia ("blessée"), évidemment frappé d’un coup et tuée, uoce parentum ("par la voix de ses parents"), autrement dit par les cris "son sang sur nous et sur nos fils", uenit in lucem ("est venue au jour"), autrement dit est née, punita ("punie"), évidemment du châtiment de la mort que ses ancêtres demandèrent non seulement pour eux mais aussi pour leurs fils et leurs descendants qui n’étaient pas encore nés.