ad initium

Gabriel

715 nec enim tametsi hoc solum agerem: et mihi contigisset homerica ubertas ac demosthenis torrens: tullianaeue eloquentiae fluuius: dignam tui laudator accederem: quam angeli praedicarunt: patriarchae significarunt: prophetae praedixerunt: Euangeliographi monstrauerunt: Denique coelestis legatus Gabriel uenerabili officiosissimeque salutauit. Et ce n’est pas, en effet, que si je faisais cela et s’il m’était donné la richesse d’Homère, la parole torrentueuse de Démosthène et de l’éloquence cicéronienne, j’accèderais dans mes louanges à une éloquence digne de toi que les anges ont annoncée, les patriarches représentée symboliquement, les prophètes prédite, les évangélistes montrée et pour finir Gabriel le céleste envoyé a saluée avec vénération et un extrême respect.

1227 Non enim singulis aetatibus milleni anni respondent. si autem hieronymi supputationem consideramus non quarto sed sexto millenario christus missus est. nam declarans stridonensis doctor uerba illa diui lucae: in mense autem sexto missus est angelus gabriel: sicut inquit sexto mense missus est angelus in ciuitatem galileae: ita sexto millenario missus est christus. Verum quia saeculum (ut ait censorinus de die natali) quid sit adhuc ad subtile examinatum non est: cum alii putent saeculum esse quod graeci dicunt genean: orbem scilicet aetatis dum natura humana ad sementem reuertitur: alii ut heraclitus . v. et. xx. annorum spatium: alii .xxx. ut Zeno. alii uitam longissimam hominis: cuius quoque spatium apud authores euariat: nam Epigines .cxii. annis uitam longissimam constituit: Berosus autem .cvi. Herodotus. c. et .I. ut Arganthonii tartessiorum regis: ephorus longius procedit: qui tradit archadas dicere apud se reges antiquos aliquot: ad .ccc. uixisse annos. Huic spatio respondet et congruit illud herodiani in historia romanorum principum: qui ait ludos saeculares trium spatio aetatum solitos instaurari: ut tamen centenos singulis distribuamus aetatibus: quanquam politianus doctor olim meus: et (ut ego in quodam dixi carmine) antiquis cedens quia non sit in illis: putat codicem non esse emendatum. Horatius flaccus in carmine: quod de saecularibus ludis cantatum est: cx. annis saeculum designauit: Certus inquit unde nos decies per annos orbis ut cantus referatque ludos. quoniam igitur saeculi spatium ad uiuum nequit resecari propter authorum in eo uarietatem: uel cum censorino sentiamus: qui inquit nostri maiores: quod natura saeculum quantum esset exploratum non habebant: ad certum annorum modulum annorum .c. statuere: uel cum herodiano: qui .ccc. annorum saeculum statuit. et ad utranque significationem saeculi: aliter ac supra interpretati sumus: poteris sensum horum uersuum connectere: quanquam hic sensus non tam placet quam ille superior. En effet les millénaires ne correspondent pas à chacun de ces âges. Et, si nous considérons le comput de Jérôme, ce n’est pas dans le quatrième millénaire, mais dans le sixième, que le Christ a été envoyé. De fait, le docteur de Stridon, en expliquant les paroles du divin Luc "au sixième mois l’ange Gabriel fut envoyé", dit ceci : "comme ce fut au sixième mois que l’ange fut envoyé dans une cité de Galilée, de même c’est au sixième millénaire que le Christ fut envoyé". Mais nous n’avons pas (comme le dit Censorinus dans son ouvrage de Die natali) encore assez finement examiné ce que recouvre la notion de saeculum, puisque certains pensent que le siècle recoupe ce que les Grecs nomment γενεά (génération), évidemment un cycle temporel qui ramène la nature humaine à son origine, alors que d’autres, comme Héraclite, en font un espace de vingt-cinq ans, d’autres de trente, comme Zénon, d’autres encore de la plus longue durée possible d’une vie humaine, durée qui varie selon les auteurs. Ainsi Epigène fixe la durée maximale de la vie à cent douze ans, Bérose à cent six, Hérodote à cent un, comme cela fut le cas pour Arganthonios, roi de Tartesse ; Ephore en allonge la durée en rapportant ce qui se dit chez les Arcadiens, que quelques rois, chez eux, vécurent autour de trois cents ans. A cette durée correspond, en s’y accordant, ce passage d’Hérodien, dans l’Histoire des empereurs de Rome : il dit que les jeux séculaires étaient d’ordinaire célébrés à une distance de trois âges, à supposer cependant que nous donnions cent ans à chaque âge. Pourtant Politien, mon maître autrefois et (comme je l’ai dit dans un de mes poèmes) "ne le cédant aux Anciens que parce qu’il n’est pas de leur nombre", pense que le manuscrit ici est fautif. Horace Flaccus, dans son ode qui a été chantée pour les jeux séculaires, précise que le siècle compte cent dix ans "dix fois onze ans pour que nous revienne le temps des chants et des jeux". Ainsi donc, puisqu’on ne peut trancher dans le vif sur la durée du siècle, en raison de l’opinion divergente des auteurs à ce sujet, on peut soit suivre l’avis de Censorinus qui dit : "nos ancêtres n’étaient pas bien sûrs de la durée du siècle, ils la fixèrent, pour arriver à une certitude, à une mesure qui fait autour de cent ans", ou celui d’Hérodien, qui fixa le siècle à trois cents ans. Et, conformément à l’une ou l’autre des significations données au mot siècle, on pourra relier cela au sens des présents vers, en interprétant autrement que nous ne l’avons fait, bien que le sens que l’on obtient alors ne me plaît pas autant que celui que j’ai donné d’abord.