920 (Hebreo.) Sciendum illud quod Burgensis episcopus in additionibus matthei notat sapienter: scilicet hoc nomen hebreus non ab abraam declinari: cum abraam scribatur in principio per aleph: hebreus uero per eyn: Nec etiam ab heber dicitur hebreus: alioquin ammonitae et moabitae qui a loth sunt oriundi: et madianitae et edomitae et alii qui ab heber omnes sunt deriuati hebrei uocarentur. Dicitur ergo hebreus non ab abraham hoc est nomine proprio: Sed ab heber: quo fuit cognominatus abraam: id est a cognomento abraae non a nomine. abraam enim cum natus esset in mesopotamia ubi thare pater et cognati idolis seruiebant: diuina moderatione Eufratem fluuium transmisit: qui terminus est terrae promissionis: cumque in terram sanctam uenisset ad dei cultum coelesti numine segregatus: dictus est ab incolis hebreus ut in genesi uidemus id est transfluuialis: quia a mesopotamia quae est trans fluuium: in terram canaam uenerat. Hinc ipse hebreus et posteri hebrei dicti. Hoc notaui: quia apud elementarios authores non inuenitur: alioquin ut caetera protrita omittimus: ita hoc quoque silentio preteriissem. Quamuis autem dissentiat diuus augus . li. de ciuitate dei .xvi. non est mirum cum literas hebraicas nesciuerit. (Hebreo.) Il faut savoir ce que l’évêque de Burgos indique savemment dans ses Additions sur Matthieu : "le nom hebreus ne vient pas d’Abraham, puisque la première lettre du nom 'Abraham' est aleph alors que dans hebreus c’est aïn" ; hebreus ne vient pas davantage de Heber sinon les Ammonites et les Moabites qui devaient naître de Loth ainsi que les Madianites et les Edomites et tous ceux qui descendent de Heber seraient nommés Hébreux. Donc hebreus ne vient pas d’Abraham, c’est-à-dire du nom propre mais du surnom d’Abraham heber, autrement dit non pas du nom d’Abraham mais de son surnom. En effet, comme Abraham était né en Mésopotamie où son père Tharè et sa famille servaient les idoles, par un effet de la guidance divine, il traversa l’Euphrate qui est la limite de la terre promise, et quand il fut venu en terre sainte, une fois mis à part par la puissance du Ciel pour rendre à Dieu un culte, les habitants de ce lieu le nommèrent hebreus, comme nous le voyons dans la Genèse, autrement dit "qui vient de l’autre rive du fleuve", car il était venu de Mésopotamie qui est sur l’autre rive du fleuve en terre de Canaan. Voilà pourquoi on le nomma hebreus et ses descendants hebrei. J’ai fait cette note car on ne la trouve pas dans les auteurs de niveau élémentaire ; autrement les autres notations qui sont bien connues, nous les passons et ainsi j’aurais passé cela sous silence aussi. Bien que le divin Augustin en Civ. Dei 16 ne soit pas du même avis que l’évêque de Burgos, cela n’est pas étonnant car il ne savait pas l’hébreu.
920 (Hebreo.) Sciendum illud quod Burgensis episcopus in additionibus matthei notat sapienter: scilicet hoc nomen hebreus non ab abraam declinari: cum abraam scribatur in principio per aleph: hebreus uero per eyn: Nec etiam ab heber dicitur hebreus: alioquin ammonitae et moabitae qui a loth sunt oriundi: et madianitae et edomitae et alii qui ab heber omnes sunt deriuati hebrei uocarentur. Dicitur ergo hebreus non ab abraham hoc est nomine proprio: Sed ab heber: quo fuit cognominatus abraam: id est a cognomento abraae non a nomine. abraam enim cum natus esset in mesopotamia ubi thare pater et cognati idolis seruiebant: diuina moderatione Eufratem fluuium transmisit: qui terminus est terrae promissionis: cumque in terram sanctam uenisset ad dei cultum coelesti numine segregatus: dictus est ab incolis hebreus ut in genesi uidemus id est transfluuialis: quia a mesopotamia quae est trans fluuium: in terram canaam uenerat. Hinc ipse hebreus et posteri hebrei dicti. Hoc notaui: quia apud elementarios authores non inuenitur: alioquin ut caetera protrita omittimus: ita hoc quoque silentio preteriissem. Quamuis autem dissentiat diuus augus . li. de ciuitate dei .xvi. non est mirum cum literas hebraicas nesciuerit. (Hebreo.) Il faut savoir ce que l’évêque de Burgos indique savemment dans ses Additions sur Matthieu : "le nom hebreus ne vient pas d’Abraham, puisque la première lettre du nom 'Abraham' est aleph alors que dans hebreus c’est aïn" ; hebreus ne vient pas davantage de Heber sinon les Ammonites et les Moabites qui devaient naître de Loth ainsi que les Madianites et les Edomites et tous ceux qui descendent de Heber seraient nommés Hébreux. Donc hebreus ne vient pas d’Abraham, c’est-à-dire du nom propre mais du surnom d’Abraham heber, autrement dit non pas du nom d’Abraham mais de son surnom. En effet, comme Abraham était né en Mésopotamie où son père Tharè et sa famille servaient les idoles, par un effet de la guidance divine, il traversa l’Euphrate qui est la limite de la terre promise, et quand il fut venu en terre sainte, une fois mis à part par la puissance du Ciel pour rendre à Dieu un culte, les habitants de ce lieu le nommèrent hebreus, comme nous le voyons dans la Genèse, autrement dit "qui vient de l’autre rive du fleuve", car il était venu de Mésopotamie qui est sur l’autre rive du fleuve en terre de Canaan. Voilà pourquoi on le nomma hebreus et ses descendants hebrei. J’ai fait cette note car on ne la trouve pas dans les auteurs de niveau élémentaire ; autrement les autres notations qui sont bien connues, nous les passons et ainsi j’aurais passé cela sous silence aussi. Bien que le divin Augustin en Civ. Dei 16 ne soit pas du même avis que l’évêque de Burgos, cela n’est pas étonnant car il ne savait pas l’hébreu.
1027 Profecto auguus. li. xvi. de ciuitate dei: illam in hebreis mansisse putat: Cum quaeritur inquit in diuisione linguarum ubi lingua illa remanere potuerit quae fuit ante communis: quae sine ulla dubitatione non ibi remansit. ubi fuit illa poena quae est facta mutatione linguarum: quid aliud occurrit nisi quod in huiusmodi gente remansit a cuius nomine nomen accepit? et hoc iusticiae gentis huius non paruum apparuisse uestigium: quod cum aliae gentes plecterentur mutatione linguarum: ad istam non peruenit tale supplicium? et certe una est hebrea gens ex heber propagata usque ad abraam et. c. De fait, Augustin au livre 16 de la Cité de Dieu pense que cette langue originelle s’est maintenue chez les Hébreux : "quand on demande", écrit-il, "lors de la division des langues, où a pu subsister la langue qui était auparavant commune, sans aucun doute possible elle ne subsista pas là où eut lieu le châtiment qui s’opéra par le changement des langues ; que reste-t-il comme solution sinon le fait qu’elle subsista dans la race du nom de laquelle elle tira son nom et que cela est apparu comme un témoignage non négligeable de la justice de cette race, dans le fait qu’alors que toutes les autres races étaient frappés par le changement des langues, celle-ci ne fut pas atteinte par un tel supplice ? Et de fait il n’existe qu’une race hébraïque issue d’Héber et qui s’est poursuivie jusqu’à Abraham etc.".
1029 Sed quid de hoc sit sentiendum ex mea sententia: utrum scilicet ab heber hebrea lingua uel hebrei dicantur supra ostendi. Occurrit autem ambiguitas quam citat Augustinus super genesin: quo pacto uidelicet potuit illorum esse hominum tanta stoliditas ut crederent se aedificaturum ciuitatem et turrim usque in coelum. Si se inquit augus. hoc posse crediderunt nimium stulta audacia et impietas deprehenditur et quia ob hoc dei uindicta secuta est ut eorum linguae diuiderentur: non absurde hoc cogitasse creduntur. Mais quant à ce qu’il faut à mon avis penser sur ce sujet, à savoir si la langue hébraïque et les Hébreux tirent leur nom d’Héber, je l’ai déjà montré plus haut. Or il se fait jour une ambiguïté qu’Augustin relève dans son Traité sur la Genèse : comment ces gens ont-ils pu être assez fous pour croire qu’ils allaient construire une cité et une tour qui irait jusqu’au ciel ? "Si, écrit Augustin, ils s’en crurent capables, ils encourent le reproche d’une excessive sottise et impiété et, parce que la punition de Dieu pour cette idée en a été la conséquence ; de sorte que leurs langues se sont divisées, il n’est pas absurde de croire qu’ils ont eu une idée pareille".