ad initium

Israel

558 Sciendum est apostolos interrogasse dominum ut lucas ait: domine si in tempore hoc restitues regnum israel? reiecit christus interrogationem tanquam nimis crassam et ut ita loquar: carnalem: et adiecit: et eritis mihi testes in hierusalem: et in omni iudaea et samaria et usque ad ultimum terræ: Testes scilicet resurrectionis et cæterorum mirabilium quæ uidistis praedicando et diuulgando Euangelium usque in ultimum terræ. Il faut savoir que les apôtres interrogèrent le Seigneur comme le dit Luc : "Seigneur, est-ce dans ce temps que vas rétablir la royauté en Israël ?". Le Christ a rejeté cette question en considérant qu’elle était excessivement grossière et pour ainsi dire charnelle : "et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre" ; évidemment témoins de sa résurrection et de tous les autres miracles que vous avez vus en prêchant et en répandant l’Evangile jusqu’au bout de la terre.

559 Nec mirum est apostolos tam supine tamue imprudenter de regno israel temporario christum interrogasse: cum nondum spiritus sancti uirtutem et sapientiam ebibissent. Et il n’est rien d’étonnant à ce que les apôtres interrogent le Christ de façon si désinvolte et si imprudente sur le royaume temporel d’Israël, alors qu’ils n’avaient pas encore absorbé la puissance et la sagesse de l’Esprit saint.

560Ita enim matthæus: narrat filios Zebedei petiisse: quamuis non per se: ut unus sederet ad dextram eius et alius ad sinistram. quando christus in solio temporario sessurus esset more cæterorum regum uacillantium. sed christus hoc reiicit. superueniet inquit super uos spiritus sanctus: nec regnum israel ut putatis afferet: sed uirtutem testificandi de me uobis præstabit: tantumque illius regni tempus Ionge est ut prius non solum hierosolymam et omnes fines iudeæ et samariæ sed mundi etiam terminos per circuitum fama Euangelii percurrat. Ainsi en effet Matthieu raconte que les fils de Zébédée avaient demandé, bien que ce ne soit pas de leur propre chef, que l’un siège à sa droite et l’autre à sa gauche, dans l’idée que le Christ irait siéger sur un trône temporel à la manière de tous les autres rois fragiles. Mais le Christ rejette cette demande. "L’Esprit saint viendra sur vous" et il apportera non un royaume en Israël comme vous le pensez, mais il vous apportera la puissance de témoigner de moi, et le temps de ce royaume est tel qu’auparavant la renommée de l’Evangile pourra courir non seulement à Jérusalem et sur tous les confins de la Judée et de la Samarie, mais même aux extrémités du monde dont elle fera le tour.

1150 Sed cur ultra progreditur efrenata in uetitum nitendi licentia suae conditionis modum non agnoscens? et quousque homini liceat intelligere non discernens? Coherceatur mens humana christi responso: qui discipulis illis suis intimis atque amantissimis quaerentibus: nunquid restitues regnum israel? non est inquit uestrum nosse tempora uel momenta quae pater posuit in sua potestate. Semper enim doctor ueritatis ita ueritatem aperuit: ut suo magisterio ea sola scire nos uoluerit: quae interfuit hominis scire ad uitam aeternam consequendam. quae uero ad curiosam et profanam cupiditatem pertinerent: reticuerit ut in sinu patris occulta essent. Mais pourquoi la licence sans frein, qui pousse à des efforts interdits, continue-t-elle à chercher, ignorante de la mesure de sa condition, sans discerner jusqu’où peut-il être permis à l’homme de comprendre ? Que l’esprit humain soit ramené à ses juste limites par la réponse du Christ : comme ses disciples, qui étaient ses intimes et l’aimaient plus que tout, lui demandaient "est-ce maintenant que tu rétabliras le royaume d’Israël ?", il leur répondit "il ne vous appartient pas de connaître les temps et moments que le Père a fixés dans son pouvoir absolu". Toujours en effet, le docteur de Vérité a révélé la vérité ainsi : il a voulu que, par son enseignement, nous ne sachions que ce qu’il importe aux hommes de savoir pour obtenir la vie éternelle ; mais les choses qui relèvent de la curiosité et d’un désir profane, il les a tues afin qu’elles restent cachées dans le sein du Père.