ad initium

Lactantius

576 At quia id quoque fecisse angeIos in diuinis litteris legimus: ut in genesi in exodo: et aliis in locis: ubi in assumptis corporibus locuti sunt: manducauerunt: et alia quæ uiuentium sunt fecisse perhibentur: ne in aliquo humanos sensus ludificasse uideretur: mittit manum ad scripturas: ut etsi magicis artibus uideatur potuisse quod uoluit: ut narrante lactantio pagani quidam stolidi mentiti sunt: tamen uideant id prophetas de se antequam natus esset: non prædicturos fuisse. Mais parce que nous lisons dans les divines lettres que des anges également ont agi ainsi, comme dans la Genèse ou dans l’Exode ou dans d’autres passages, où des anges parlèrent après avoir assumé un corps, mangèrent et firent, à ce que l’on rapporte, d’autres actes qui sont propres aux vivants, pour éviter de sembler en quelque point avoir trompé les sens des hommes, il tendit la main vers les Écritures. Ainsi, même s’il semble avoir été, grâce à des artifices magiques, capable de faire ce qu’il voulait, comme, selon le récit de Lactance, certains païens dans leur folie le prétendent mensongèrement, ils voient cependant que les prophètes n’auraient fait pareille prédiction pour eux-mêmes avant sa naissance.

1221 At quomodo (dicet quispiam) in chiliade probabis unitatis perfectionem: non illam ex promptuario pythagoricorum allegatam: sed diuinae legis authoritate roboratam? Certe ego uero ac lubens. Canit enim propheta mille annos unum esse diem apud deum. Vnitas ergo quaepiam in chiliade repperitur: Hinc inter decreta ueteris hebraicae disciplinae legimus: per sex dies geneseos: quibus deus cuncta creauit ac disposuit: sex chiliadas annorum mundi sic designari: ut sint opera primi diei uaticinium eorum quae in prima mundi chiliade erant futura. opera item secundi eorum quae In secunda: et sic deinceps eodem semper utrobique successionis ordine seruato. Cuius sententiae cum hebrei theologi (ut author est picus) tum diuus hieronymus meminit in expositione psalmi illius: qui mosi inscribitur. Lactantius quoque firmianus in septimo institutionum diuini. libro: hanc sententiam non recitat sed confirmat. sciant inquit philosophi qui ab exordio mundi seculorum millia enumerant: nondum sextum milesimum annum esse conclusum: quo numero expleto consumationem fieri necesse est: et humanarum rerum statum in melius reformari. Mundum deus et hoc naturae admirabile opus: sicut arcanis sacrae scripturae continetur: sex dierum spacio consumauit: diemque septimum: quo ab operibus requieuit: sanxit. Ergo quoniam sex diebus cuncta dei opera perfecta sunt: per secula sex annorum id est sex millia manere in hoc statu mundum necesse est. dies enim magnus dei mille annorum circulo terminatur: sicut indicat propheta dicens: Ante oculos tuos domine mille anni tanquam dies unus. Mais alors, me dira-t-on, comment vas-tu prouver dans le millier la perfection de l’unité, sans tirer ton raisonnement des armoires des Pythagoriciens, mais en le faisant soutenir de l’autorité de la loi divine ? Mais je vais le faire, et avec grand plaisir. En effet, le prophète chante que mille ans sont un jour auprès de Dieu. Donc, on trouve quelque part l’unité dans le millier. Ensuite, parmi les commandements variés de la loi hébraïque, nous lisons que, par les six jours de la genèse que Dieu prit pour tout créer et ordonner, sont désignés les six mille ans du monde, de sorte que les œuvres du premier jour soient la prophétie de ce qui arriverait dans le premier millénaire du monde, les œuvres du second jour dans le second, et ainsi de suite, en suivant pour les deux réalités la même progression. C’est cette idée, qui est celle des théologiens hébraïques (si l’on en croit Pic), que Jérôme rappelle dans l’exposition du psaume dit de Moïse. Firmianus Lactance également, au livre 7 des Institutions divines, ne rapporte pas cette idée mais il la confirme, en disant : "que les philosophes qui comptent les millénaires de siècles depuis le commencement du monde sachent que le sixième millénaire n’est pas encore terminé ; une fois ce nombre accompli, il est inévitable que ce soit la consommation des temps, et que l’état des choses humaines soit changé en un état meilleur. Dieu a achevé le monde et l’œuvre admirable de la nature qui nous entoure, comme c’est écrit dans le trésor secret de l’Ecriture sainte, en l’espace de six jours, et a sanctifié le septième jour dans lequel il s’est reposé de ses œuvres. Donc, puisqu’il a fallu six jours pour achever toutes les œuvres de Dieu, il est inévitable que le monde demeure dans cet état pendant six siècles d’années, autrement dit six mille ans. En effet un grand jour de Dieu embrasse mille ans, comme le dit le prophète quand il déclare : ‘devant tes yeux, Seigneur, mille ans sont comme un seul jour’".

1221 At quomodo (dicet quispiam) in chiliade probabis unitatis perfectionem: non illam ex promptuario pythagoricorum allegatam: sed diuinae legis authoritate roboratam? Certe ego uero ac lubens. Canit enim propheta mille annos unum esse diem apud deum. Vnitas ergo quaepiam in chiliade repperitur: Hinc inter decreta ueteris hebraicae disciplinae legimus: per sex dies geneseos: quibus deus cuncta creauit ac disposuit: sex chiliadas annorum mundi sic designari: ut sint opera primi diei uaticinium eorum quae in prima mundi chiliade erant futura. opera item secundi eorum quae In secunda: et sic deinceps eodem semper utrobique successionis ordine seruato. Cuius sententiae cum hebrei theologi (ut author est picus) tum diuus hieronymus meminit in expositione psalmi illius: qui mosi inscribitur. Lactantius quoque firmianus in septimo institutionum diuini. libro: hanc sententiam non recitat sed confirmat. sciant inquit philosophi qui ab exordio mundi seculorum millia enumerant: nondum sextum milesimum annum esse conclusum: quo numero expleto consumationem fieri necesse est: et humanarum rerum statum in melius reformari. Mundum deus et hoc naturae admirabile opus: sicut arcanis sacrae scripturae continetur: sex dierum spacio consumauit: diemque septimum: quo ab operibus requieuit: sanxit. Ergo quoniam sex diebus cuncta dei opera perfecta sunt: per secula sex annorum id est sex millia manere in hoc statu mundum necesse est. dies enim magnus dei mille annorum circulo terminatur: sicut indicat propheta dicens: Ante oculos tuos domine mille anni tanquam dies unus. Mais alors, me dira-t-on, comment vas-tu prouver dans le millier la perfection de l’unité, sans tirer ton raisonnement des armoires des Pythagoriciens, mais en le faisant soutenir de l’autorité de la loi divine ? Mais je vais le faire, et avec grand plaisir. En effet, le prophète chante que mille ans sont un jour auprès de Dieu. Donc, on trouve quelque part l’unité dans le millier. Ensuite, parmi les commandements variés de la loi hébraïque, nous lisons que, par les six jours de la genèse que Dieu prit pour tout créer et ordonner, sont désignés les six mille ans du monde, de sorte que les œuvres du premier jour soient la prophétie de ce qui arriverait dans le premier millénaire du monde, les œuvres du second jour dans le second, et ainsi de suite, en suivant pour les deux réalités la même progression. C’est cette idée, qui est celle des théologiens hébraïques (si l’on en croit Pic), que Jérôme rappelle dans l’exposition du psaume dit de Moïse. Firmianus Lactance également, au livre 7 des Institutions divines, ne rapporte pas cette idée mais il la confirme, en disant : "que les philosophes qui comptent les millénaires de siècles depuis le commencement du monde sachent que le sixième millénaire n’est pas encore terminé ; une fois ce nombre accompli, il est inévitable que ce soit la consommation des temps, et que l’état des choses humaines soit changé en un état meilleur. Dieu a achevé le monde et l’œuvre admirable de la nature qui nous entoure, comme c’est écrit dans le trésor secret de l’Ecriture sainte, en l’espace de six jours, et a sanctifié le septième jour dans lequel il s’est reposé de ses œuvres. Donc, puisqu’il a fallu six jours pour achever toutes les œuvres de Dieu, il est inévitable que le monde demeure dans cet état pendant six siècles d’années, autrement dit six mille ans. En effet un grand jour de Dieu embrasse mille ans, comme le dit le prophète quand il déclare : ‘devant tes yeux, Seigneur, mille ans sont comme un seul jour’".

1222 Haec lactantius et in hanc sententiam plura: Quibus monstrat post sex mille annorum curricula: quod multi ex hebreis crediderunt: consumatione mundi quasi sabbatum futurum. Sed quoniam hoc firmiani dogma non omnino uidetur congruere sententiae orthodoxorum: cum illam diem nemo nouerit: cumque de ulteriori tempore nullum in lege uaticinum habeatur. Nam uisionem illam propheticam ita declarat hieronymus in quadam ad Damasum epistula: Seraphim stabant in circuitu domini sex alae uni et sex alae alteri: et duabus quidem uelabant faciem eius: et duabus uelabant pedes: et duabus uolabant. Quis enim potest eius scire principium? qui antequam istum conderet mundum: in rerum fuerit aeternitate? quando thronos: dominationes: angelos: totumque mysterium coeleste condiderit? sequitur et duabus uelabant pedes: non suos sed dei. extremum quippe eius scire quis potest? quid post consumationem saeculi sit futurum? quid postquam genus hominum fuerit iudicatum quae sequatur uita? an rursum alia sit futura terra: et post transitionem alia rursum elementa: uel alius mundus: solque condendus sit? priora annunciate mihi: et in nouissimo quae futura sunt: et dicam quia dii estis ut ait Esaias: significans neminem posse quid ante mundum fuerit: et quod post mundum futurum sit enarrare. Et duabus uolabant: media enim ex lectione scripturarum cognoscimus. Haec breuius: sicut alia pleraque ne longior sim allego. Voilà ce que dit Lactance et il apporte beaucoup d’arguments en faveur de cette idée, par lesquels il montre qu’après le déroulement de six mille ans (chose que de nombreux hébreux croient), par la consommation des temps du monde, il y aura pour ainsi dire un sabbat. Mais cet enseignement de Firmianus ne semble pas du tout concorder avec l’idée des auteurs orthodoxes, puisque personne ne connaît ce jour et puisque, sur le temps qu’il y aura après, il n’y a dans la loi nulle prophétie. De fait, dans une lettre à Damase, Jérôme fait connaître la vision prophétique suivante : "‘des Séraphins se tenaient à l’entour du Seigneur avec six ailes pour l’un et six pour l'autre : deux leur voilaient la face, deux les pieds et avec les deux dernières ils volaient’. Qui peut connaître son commencement lui qui, avant de créer ce monde, était dans l’éternité ? Quand a-t-il créé les trônes, les dominations, les anges et toutes les mystérieuses créatures du ciel ? On lit ensuite ‘deux voilaient les pieds’, non les leurs mais ceux de Dieu. Car son terme qui peut le connaître ? Qu’existera-t-il après la consommation des temps ? Qu’y aura-t-il après le jugement des hommes, quelle vie pourra bien venir après ? Existera-t-il éventuellement, de nouveau, une autre terre, et, après ce passage, d’autres éléments du monde, ou un autre monde et un autre soleil seront-ils créés ? ‘Annoncez-moi ce qui vient avant et en dernier lieu ce qui sera, et je vous dirai que vous êtes des dieux’, comme dit Isaïe, signifiant ainsi que personne ne peut expliquer ce qui était avant le monde et ce qui sera après le monde. Et, avec deux de leurs ailes, ils volaient, car nous connaissons l’espace qui est au milieu, par la lecture de l’Ecriture". C’est pour cette raison que j’ai abrégé sur l’opinion de Lactance, comme je ne fais qu’allusion à bien d’autres choses, pour ne pas trop allonger.

1222 Haec lactantius et in hanc sententiam plura: Quibus monstrat post sex mille annorum curricula: quod multi ex hebreis crediderunt: consumatione mundi quasi sabbatum futurum. Sed quoniam hoc firmiani dogma non omnino uidetur congruere sententiae orthodoxorum: cum illam diem nemo nouerit: cumque de ulteriori tempore nullum in lege uaticinum habeatur. Nam uisionem illam propheticam ita declarat hieronymus in quadam ad Damasum epistula: Seraphim stabant in circuitu domini sex alae uni et sex alae alteri: et duabus quidem uelabant faciem eius: et duabus uelabant pedes: et duabus uolabant. Quis enim potest eius scire principium? qui antequam istum conderet mundum: in rerum fuerit aeternitate? quando thronos: dominationes: angelos: totumque mysterium coeleste condiderit? sequitur et duabus uelabant pedes: non suos sed dei. extremum quippe eius scire quis potest? quid post consumationem saeculi sit futurum? quid postquam genus hominum fuerit iudicatum quae sequatur uita? an rursum alia sit futura terra: et post transitionem alia rursum elementa: uel alius mundus: solque condendus sit? priora annunciate mihi: et in nouissimo quae futura sunt: et dicam quia dii estis ut ait Esaias: significans neminem posse quid ante mundum fuerit: et quod post mundum futurum sit enarrare. Et duabus uolabant: media enim ex lectione scripturarum cognoscimus. Haec breuius: sicut alia pleraque ne longior sim allego. Voilà ce que dit Lactance et il apporte beaucoup d’arguments en faveur de cette idée, par lesquels il montre qu’après le déroulement de six mille ans (chose que de nombreux hébreux croient), par la consommation des temps du monde, il y aura pour ainsi dire un sabbat. Mais cet enseignement de Firmianus ne semble pas du tout concorder avec l’idée des auteurs orthodoxes, puisque personne ne connaît ce jour et puisque, sur le temps qu’il y aura après, il n’y a dans la loi nulle prophétie. De fait, dans une lettre à Damase, Jérôme fait connaître la vision prophétique suivante : "‘des Séraphins se tenaient à l’entour du Seigneur avec six ailes pour l’un et six pour l'autre : deux leur voilaient la face, deux les pieds et avec les deux dernières ils volaient’. Qui peut connaître son commencement lui qui, avant de créer ce monde, était dans l’éternité ? Quand a-t-il créé les trônes, les dominations, les anges et toutes les mystérieuses créatures du ciel ? On lit ensuite ‘deux voilaient les pieds’, non les leurs mais ceux de Dieu. Car son terme qui peut le connaître ? Qu’existera-t-il après la consommation des temps ? Qu’y aura-t-il après le jugement des hommes, quelle vie pourra bien venir après ? Existera-t-il éventuellement, de nouveau, une autre terre, et, après ce passage, d’autres éléments du monde, ou un autre monde et un autre soleil seront-ils créés ? ‘Annoncez-moi ce qui vient avant et en dernier lieu ce qui sera, et je vous dirai que vous êtes des dieux’, comme dit Isaïe, signifiant ainsi que personne ne peut expliquer ce qui était avant le monde et ce qui sera après le monde. Et, avec deux de leurs ailes, ils volaient, car nous connaissons l’espace qui est au milieu, par la lecture de l’Ecriture". C’est pour cette raison que j’ai abrégé sur l’opinion de Lactance, comme je ne fais qu’allusion à bien d’autres choses, pour ne pas trop allonger.

1223 Cum ergo nouissima scire: et diem illum nefas sit: colligimus quaedam ex uerbis lactantii expositioni horum uersuum utilissima: ut saeculum esse mille annorum: in quo sensu hic a poeta uidetur accipi ut ipsius chiliados unitas et perfectio ab eodem ostenditur: cum uaticinio prophetico accommodatur. et ad hunc sensum uerba aratoris ita explicabimus. Donc, puisque savoir les derniers temps et connaître ce jour est sacrilège, nous ne prenons que quelques éléments des paroles de Lactance, les plus utiles pour l’explication des présents vers : le mot saeculum désigne mille ans, c’est en ce sens que le poète semble le prendre ; quand il montre l’unité dans le millier et la perfection qui en découle, il est d’accord avec la prédiction du prophète et c’est conformément à ce sens que nous allons ainsi expliquer les paroles d’Arator.