ad initium

Noe

1020 (dudum) scire conuenit illud geneseos si haec uolumus intelligere. est autem huiuscemodi: cum noe iustus ac uerus dei cultor meruisset per arcam a uastatione diluuii cum coniuge ac tribus filiis totidemque nuribus suis liberari: non longo interiecto tempore quomodo linguarum diuersitas nata sit narrat moses. Et erat inquit omnis terra labium unum et uox una omnibus: et factum est cum mouerentur ipsi ab oriente, inuenerunt campum in terra sennaar: et habitauerunt ibi. et dixit homo proximo suo: uenite edificemus nobismetipsis ciuitatem et turrim cuius caput eat usque ad coelum: et faciamus nobis nomen antequam dispergamur in faciem omnis terrae. (dudum) Il convient de connaître le passage de la Genèse si nous voulons comprendre ces vers. Il se présente ainsi : comme Noé, le juste et vrai adorateur de Dieu, avait mérité d’échapper grâce à l’arche à la dévastation causée par le déluge, avec sa femme, ses trois fils et ses brus en même nombre, peu de temps après, Moïse raconte comment naquit la diversité des langues : "il y avait, dit-il, sur toute la terre une seule langue et une seule manière de parler pour tous, et il arriva que, comme ils se déplaçaient depuis l’Orient, ils trouvèrent un campement sur la terre de Sennaar, et ils habitèrent à cet endroit et l’homme dit à son prochain : ‘venez, construisons nous une cité et une tour dont le sommet puisse atteindre le ciel, et faisons nous un nom avant de nous disperser sur toute la face de la terre'".

1024 Ex illis igitur tribus hominibus noe filiis . Lxx. tres uel potius ut ratio declaratura est .Ixxii. gentes totidemque linguae per terras esse coeperunt: quae crescendo et insulas impleuerunt: quamuis numerus gentium auctus est multo amplius quam linguarum. Donc des trois fils de Noé il commença à exister soixante-treize ou plus exactement, comme on en dira la raison, soixante-douze races et autant de langues, sur la terre, qui, en croissant, remplirent aussi les îles, bien que le nombre des races se fût accru bien plus que celui des langues.

1031 unde liquidus iam patet sensus horum uerborum. Nam dispersio linguarum est facta in turre: sed quod dispersit superbia: recolligit humilitas. in superbia babylonica confusio fit linguarum: in humilitate apostolica redit concordia sermonis: unum quod labium omnium gentium efficit ut. (dudum) id est paruo tempore praeterito: cum arca scilicet noe: uetus scilicet post illud tempus transactum et cataclysmum uetustescens: cum superasset id est uicisset aquas aequoris id est aquas profundas diluuii instar aequoris: maligni id est superbi: uoluere pro uoluerunt: proferre id est erigere suam turrim: in coelum id est usque in coelum quibus scilicet hominibus malignis conuenientibus ad aedificationem turris: corda impia id est ipsae cogitationes cordium impiorum et contra deum bellantium: secuere pro secuerunt id est diuiserunt: modos sermonum id est idiomata uaria per duos et. Ixx. modos ut diximus. Cela rend évident désormais le sens de ces vers. De fait la dispersion des langues s’est faite dans la tour, mais ce que l’orgueil a dispersé, l’humilité l’a réuni, dans l’orgueil de Babylone, il y eut confusio ("confusion") des langues, dans l’humilité des apôtres revint la concorde du langage parce qu’un seul idiome pour tout le monde fait que dudum ("jadis") autrement dit peu de temps auparavant, cum arca ("après que l’arche") évidemment de Noé, uetus ("antique") évidemment vieillie après tout ce temps écoulé et le cataclysme, cum superasset ("après qu’elle eut triomphé") autrement dit elle eut vaincu aquas aequoris ("les eaux de la mer") autrement dit les eaux profondes du déluge à l’image de la mer, maligni ("les méchants") autrement dit les orgueilleux uoluere ("voulurent"), mis pour uoluerunt proferre ("élever") autrement dit dresser suam turrim ("leur tour") in coelum ("au ciel"), autrement dit jusqu’au ciel, quibus ("eux à qui"), évidemment les hommes méchants qui s’étaient réunis pour construire la tour, corda impia ("les cœurs impies"), autrement dit les pensées mêmes de leur cœur impie et qui se rebellait contre Dieu secuere ("morcelèrent") mis pour secuerunt autrement dit divisèrent, modos sermonum ("les modulations de leurs langages"), autrement dit leurs idiomes variés, en soixante-douze modulations comme nous l’avons dit.

1085 Et secundum hanc sententiam expone: (nec corrumpuntur) id est deprauantur scilicet apostoli: acerbo scilicet liquore id est aqua insipida uel acerba anteaquam in uinum conuerteretur: nam racemus uel uua non matura continet aquam acerbam: uel insipidam. posteaquam uero matura est uua dulcescit: quo scilicet liquore acerbo lacus id est hydriae illae sex secundum purificationem iudaeorum ut narrat loan. maduere id est maduerunt et plenae fuerunt. per .vi. lacus id est sex receptacula aquae ut ait augus. sex aetates intelligimus quarum fines statuuntur Adam: Noe: Abraam: Dauid: Transmigratio babylonis: loannes baptista: Finis mundi. in singulis aetatibus aliquid inuenies quod sapiat aquam acerbam uel insipidam si literae tantum hoc est phariseorum expositioni adhaerescas: aliquid etiam quod uinum dulce sapiat si spiritum uiuificantem sequare. Et c’est ainsi que vous expliquerez la phrase (nec corrumpuntur) autrement dit ils ne sont pas abîmés, évidemment les apôtres, acerbo ("par l’aigre") évidemment le liquide, autrement dit l’eau sans saveur et aigre avant qu’elle ne soit changée en vin ; mais le sarment, voire la vigne, avant maturité contiennent une eau aigre ou au mieux sans saveur, mais quand la vigne a mûri, elle s’adoucit ; quo ("duquel") évidemment ce liquide aigre, lacus (" les cuves") autrement dit les six hydries destinées à la purification des Juifs comme le raconte Jean, maduere ("sont imprégnées"), autrement dit maduerunt, et étaient pleines. Avec les six cuves, autrement dit les six contenants d’eau, comme le dit Augustin, nous comprenons les six âges dont les limites sont définies ainsi : Adam, Noé, Abraham, David, l’exil à Babylone, Jean Baptiste, la fin du monde. Dans chacun de ces âges, on trouvera quelque élément qui renvoie au goût de l’eau amère et sans saveur, si l’on ne s’attache qu’à la lettre, autrement dit au commentaire des pharisiens, mais aussi quelque élément qui a le goût du vin doux si l’on suit l’Esprit qui vivifie.

1226 Aliter tamen aetates sex computamus authore augustino ab adam usque ad noe: ad abraam: ad dauid: ad transmigrationem babylonis: ad ioannem baptistam: ad finem mundi. Nous pouvons cependant adopter un autre comput, dont Augustin est le garant : d’Adam jusqu'à Noé, puis jusqu'à Abraham, puis jusqu'à David, puis jusqu'à la déportation à Babylone, puis jusqu'à Jean Baptiste, puis jusqu'à la fin du monde.