ad initium

Iordanis

844 Illud etiam oportet ut non simus nescii de littore: quod ait poeta: non maris ut proprie littus accipitur: sed lacus intelligendum habentis centum stadia longintudinis et. XXXX. latitudinis: per quem transit lordanis fluuius ut hieronymus author est. Point essentiel pour que nous n’ignorions pas ce que veut dire le poète par de littore ("du rivage") : il ne s’agit pas de celui de la mer, comme on entend au sens propre le mot 'rivage', mais il faut comprendre un lac qui a cent stades de longueur et quatre-vingts de large et que traverse le Jourdain, comme l’atteste Jérôme.

922 Caeterum hic numerus praesignatus fuit in multis ueteris instrumenti locis ut in. xii. patriarchis: in duodecim fontibus in helym repertis: in. xii. panibus propositionis: in.xii. lapidibus rationalis: in.xii. altaris: in.xii. de iordane eleuatis: in. xii. in eodem positis. omitto caetera ne sim longior. En outre, ce nombre avait été annoncé par avance dans de nombreux passages de l’Ancien Testament comme les douze patriarches, les douze sources que l’on a trouvé à Hélim, les douze pains de proposition, les douze pierres de jugement, les douze autels, les douze pierres levées tirées du Jourdain, les douze placées dans ce même fleuve, et je passe les autres, pour ne pas allonger.

1047 (Res Maxima:) reddit rationem cur spiritus sanctus apparuit apostolis in specie ignis in die pentecoste: et in fluuio iordanis cum dominus baptizatus est narrante matthaeo uisus est in specie columbae. (Res Maxima :) Il explique pourquoi l’Esprit saint apparut aux apôtres sous l’aspect d’un feu le jour de la Pentecôte et, dans le Jourdain quand le Seigneur fut baptisé selon le récit de Matthieu, il se fit voir sous la forme d’une colombe.

1052 Si ergo magister ueritatis uult me ardere igni spiritus diuini: et coelesti amore flagrare: ipse prius ardeat necesse est. Quod si ille iacet dormit: stertit: caret affectu et igne: auditor quoque frigescat necessum est has duas et ignis et columbae figuras uim spiritus sancti notantes Arator hic explicat: cum ait (Res maxima) id est maximum mysterium: cogit scilicet me ait Arator: non reticere diu id est diuturno tempore sed statim declarare et efari: quid sit id est quae causa sit: quod id est ob quam spiritus almus id est sanctus: his scilicet apostolis: datur scilicet in die pentecostes: in flamma id est in specie ignis et flammae ut diximus: et scilicet datur columba id est in columba hoc est in similitudine columbae: ab amne: scilicet fluuio iordanis: hoc est ab illo loco spiritus sanctus uisus est in figura columbae cum dominus batipzatus fuit ut Mattheus et Lucas narrant. Si donc le Maître de vérité veut que je brûle du feu de l’Esprit divin et que je m’enflamme d’amour pour le Ciel, il est inévitable qu’il soit le premier à brûler ; et si il est couché, s’il dort, s’il ronfle, s’il manque d’affect et de feu, l’auditeur aussi, c’est inévitable, restera froid. Arator explique ici les deux figures, feu et colombe, qui représentent la force de l’Esprit saint en disant (Res maxima) autrement dit un très grand mystère cogit ("oblige") évidemment moi, dit Arator, non reticere diu ("à ne pas taire plus longtemps") autrement dit longuement, mais au contraire à dire et divulguer tout de suite, quid sit ("ce qui fait") autrement dit quelle est la cause quod ("que") autrement dit pour laquelle spiritus almus ("l’Esprit nourricier") autrement dit saint his ("à ceux-ci") évidemment les apôtres datur ("est donné") évidemment le jour de Pentecôte in flamma ("en une flamme") autrement dit sous l’aspect du feu et de la flamme comme nous l’avons dit ; et évidemment il est donné columba ("en une colombe") autrement dit sous forme de colombe, autrement dit à l’image d’une colombe, ab amne ("dans les eaux") évidemment dans le Jourdain, autrement dit l’Esprit saint s’y montra sous la figure d’une colombe quand le Seigneur fut baptisé comme le racontent Matthieu et Luc.

1208 Fuit autem baptismus ut putat Doctor longobardus in quarto a christo institutus: uel cum dicit Nicodemo nisi quis renatus fuerit ex aqua et spiritu sancto: uel cum dixit apostolis: Ite docete omnes gentes baptizantes eos in nomine patris et filii et spiritus sancti: uel (quod etiam commodius idem arbitratur) quando a loanne baptizatus est in iordane: cum scilicet contactus mundae carnis christi uim regeneratiuam contulit aquis: ut qui postea immergeretur inuocato nomine trinitatis: cuius mysterium ibi innotuit: a peccatis purgaretur. Le baptême, comme le pense le Docteur lombard au livre 4, fut institué par le Christ, soit quand il dit à Nicodème "seul celui qui sera né de nouveau de l’eau et de l’Esprit", soit quand il dit aux apôtres : "allez, enseignez toutes les nations et baptisez-les au nom du Père et du Fils et du saint Esprit", ou alors (ce que le même auteur pense, de manière plus facile) quand il fut baptisé par Jean dans le Jourdain ; évidemment quand le contact de chair du Christ donna aux eaux une force de régénération, en sorte que qui s’y plongerait ensuite en ayant invoqué le nom de la Trinité, dont le mystère se fit alors connaître, serait purifié de ses péchés.