1076 Alludit autem poeta ad illud quod mattheus Marcus et Lucas salutiferum lesum dixisse commemorant: Non mittunt uinum nouum in utres ueteres: alioquin rumpuntur utres: et uinum effunditur: et utres pereunt sed uinum nouum in utres nouos mittunt: et ambo conseruantur. Quibus uerbis respondit Christus discipulis loannis dicentibus: Quare nos et pharisaei ieiunamus frequenter. discipuli autem tui non ieiunant? His ita per superbiam et calumniam interrogantibus cum multifariam satisfecisset Christus: addidit quoque illud: non solent homines mittere uinum nouum hoc est mustum: in utres ueteres id est non sunt discipuli mei et apostoli spirituali ieiunio apti. donec me assumpto spiritu sancto sint confirmati: et nouae uitae mysteria non sunt committenda mentibus nondum innouatis: alioquin rumpuntur utres id est rudes mentes hoc pati non possunt: et uinum effunditur hoc est ipsa doctrina nihil prodest. et utres pereunt id est mentes imbecillae pondere praeceptorum suffocantur. Le poète fait allusion à une parole que Matthieu, Marc et Luc rappellent dans la bouche de Jésus le Sauveur : "on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres, autrement les outres se rompent et le vin se répand en même temps que les outres sont perdues ; on met le vin nouveau dans des outres neuves et tous deux se conservent". Par ces mots Jésus répondit aux disciples de Jean qui disaient : "Pourquoi les pharisiens et nous faisons-nous de fréquents jeûnes alors que tes disciples ne jeûnent pas ?". Ces gens l’interrogeaient, sous l’effet de leur orgueil et poussés à le calomnier, mais quand il leur eut rendu raison de multiples façons, le Christ ajouta aussi cela : "on ne met pas le vin nouveau" autrement dit le vin doux, "dans de vieilles outres", autrement dit mes disciples et apôtres ne sont pas propres au jeûne tant que je ne suis pas monté au Ciel et qu’ils n’ont pas été affermis par l’Esprit saint ; et il ne faut pas confier les mystères de la vie nouvelle à des esprits qui n’ont pas encore été renouvelés, autrement "les outres se rompent", autrement dit ces esprits encore novices ne peuvent le supporter "et le vin se répand", autrement dit la doctrine elle-même ne produit aucun profit, "et les outres se perdent", autrement dit ces intelligences faibles sont étouffées sous le poids des préceptes.
1305 Nam præter eam enarrationem: quam supra attuli: potest hæc accommodari secundum christi sententiam apud Marcum Euangelistam: Amen inquit dico uobis: nemo est qui reliquerit domum : aut fratres : aut sorores: aut patrem: aut matrem: aut filios: aut agros propter me et propter Euangelium: qui non accipiat centies tantum nunc in tempore hoc: domos et fratres et sorores et matres et filios et agros cum persecutionibus: et in saeculo futuro uitam æternam. De fait, outre le commentaire que je viens ci-dessus d’apporter, cela pourrait s’accorder avec la phrase du Christ en Marc : "Amen, je vous le dis, il n’est personne qui aura laissé sa maison, ses frères, ses sœurs, son père, sa mère, ses fils ou ses champs pour moi et pour l’évangile, qui ne recevra pas au centuple, maintenant dans ce temps-ci, maisons, frères, sœurs, mères, fils, et champs avec des persécutions et dans le monde à venir la vie éternelle.
1312 Nullum enim pignus certius perfectionis inueniri potest: quam id agere: quod monuit apud marcum christus illum percunctatorem: qui omnia legis mandata custodierat. Vnum: dixit illi dominus: tibi deest. Vade et uende omnia quæ habes: et da pauperibus etc. On ne peut, en effet, trouver aucun gage de perfection plus certain que de faire ce que, chez Marc, le Christ conseille à celui qui l’interroge et qui avait observé tous les commandements de la loi : "une seule chose", lui dit le Seigneur, "te manque. Va, vends tout ce que tu as, et donne-le aux pauvres" etc.
1318 Itaque ad temporalia bona potes accommodare hunc sensum: iuxta dictum apostoli in secunda ad Corin. epistula: tanquam nihil habentes et omnia possidentes. Potes et ad bona spiritalia et aeterna referre: geminantur opes scilicet spiritales in hoc saeculo: et aeternae in alio: secundum illud marci: accipiet centies tantum: qui reliquerit agros etc et illud matthaei: Thesaurizate uobis thesauros in cœlo: ubi nec erugo nec tinea demolitur etc. Voilà pourquoi on peut rapporter aux bien temporels cette interprétation en s’appuyant sur la parole de l’Apôtre en 2 Cor : "comme n’ayant rien, et possédant tout" ; vous pouvez aussi rapporter cela à des biens spirituels et éternels : geminantur opes ("les richesses redoublent") évidemment les richesses spirituelles dans ce monde et éternelles dans l’autre, selon cette parole de Marc : "il recevra au centuple celui qui aura abandonné ses champs, etc", et cette parole de Matthieu : "amassez-vous un trésor dans le ciel où ni la rouille ni la mite ne rongent etc.".
1327 Respondet arator: ideo bis datum fuisse spiritum sanctum: ut gemina dilectio gemina præbitione ostenderetur signareturque. Nam in deuteronomio: dilectio in deum præcipitur: et in leuitico dilectio in proximum: a quibus pendent prophetæ et uniuersa lex: ut apud matthæum et marcum affirmat christus Voici la réponse d’Arator : l’Esprit saint a été donné deux fois pour montrer et marquer par une double offrande la double nature de l’amour ; de fait, dans le Deutéronome, on prescrit l’amour de Dieu et, dans le Lévitique, l’amour du prochain ; de cela dépendent toute la loi et les prophètes, comme l’affirme le Christ en Matthieu et Marc.
1775 Affertur a poeta figura quoque uineæ: quam hebreis colendam deus olim dedit: ut matthæus et marcus referunt. Sed illi nec seruis: nec filio dei pepercerunt. Ipsum enim christum unigenitum dei filium occiderunt: et eiecerunt extra uineam: quasi uile cadauer: in quo notat iudeorum pertinacia: cum occisum dominum: et resuscitatum a suis finibus excluserunt: et gentibus miserunt. Le poète ajoute aussi la figure la vigne, que Dieu a jadis donnée en culture, comme le rapportent Matthieu et Marc ; mais les vignerons n'épargnèrent ni les serviteurs, ni le fils de Dieu ; en effet ils tuèrent le Christ lui-même, le Fils unique du Père, et ils le jetèrent hors de sa vigne, comme un vil cadavre ; en cela, il stigmatise l'entêtement des Juifs, quand ils chassèrent de leur territoire le Seigneur qu'ils avaient tué et qui était resssuscité, et l'envoyèrent auprès des nations païennes.