ad initium

Pharisaei

850 supercilium phariseorum reprehendit satyrice hieronymus: qui cum sacerdotes sint. damnare innoxios: uel soluere noxios posse se putant: cum apud deum non sententia sacerdotum sed reorum uita quaeratur. Et in leuitico sacerdotes non faciunt leprosos sed discernunt qui mundi uel inmundi sint: ita etiam hic. Jérôme s’en prend dans un passage satirique à la morgue des Pharisiens sur ce sujet : c’est puisqu’ils sont prêtres qu’ils pensent qu’ils peuvent condamner des innocents et absoudre des coupables, alors qu’auprès de Dieu, ce n’est pas la sentence des prêtres qui est visée mais la vie des coupables. Et dans le Lévitique les prêtres ne rendent pas les gens lépreux, mais ils discernent qui est pur et qui est impur ; c’est la même chose ici.

961 Ergo pharisaei stupebant in petro et loanne quomodo scirent legem: qui literas nunquam didicissent. Donc les pharisiens demeuraient interdits face à Pierre et Jean, se demandant comment pouvaient connaître la Loi des gens qui n’avaient jamais appris les lettres.

968 Petre bariona unde obsecro tibi repente contigit tanta ac tam singularis uirtus? spernis flagella cedentium qui paulo ante expaueras uerba requirentium? teque iam bellua armata uiribus imperii romani suo fremitu haud terret: quem atriensis ancilla uoce feminea tremefecerat? unde tibi obsecro tam subito constans illud responsum ac tam gloriosum quo minas phariseorum ac principum sacerdotum repulisti: calcasti: repercussisti: obedire oportet deo magis quam hominibus. Pierre Bariona, je te le demande, d’où te vint soudain une si grande et si unique valeur ? Tu méprises les fouets de ceux qui s’avancent, toi qui peu auparavant avait eu peur des mots de ceux qui te questionnaient ? Et la bête, armée des forces de l’empire romain, ne te frappe pas de terreur par son rugissement, toi qu’avait fait trembler une servante dans la cour de sa voix de femme ? D’où te vient, je te prie, cette réponse si soudainement constante et si glorieuse qui te fait repousser les menaces des pharisiens et des chefs des prêtres, les fouler aux pieds, les leur renvoyer : "il faut obéïr à Dieu plutôt qu’aux hommes" ?

1076 Alludit autem poeta ad illud quod mattheus Marcus et Lucas salutiferum lesum dixisse commemorant: Non mittunt uinum nouum in utres ueteres: alioquin rumpuntur utres: et uinum effunditur: et utres pereunt sed uinum nouum in utres nouos mittunt: et ambo conseruantur. Quibus uerbis respondit Christus discipulis loannis dicentibus: Quare nos et pharisaei ieiunamus frequenter. discipuli autem tui non ieiunant? His ita per superbiam et calumniam interrogantibus cum multifariam satisfecisset Christus: addidit quoque illud: non solent homines mittere uinum nouum hoc est mustum: in utres ueteres id est non sunt discipuli mei et apostoli spirituali ieiunio apti. donec me assumpto spiritu sancto sint confirmati: et nouae uitae mysteria non sunt committenda mentibus nondum innouatis: alioquin rumpuntur utres id est rudes mentes hoc pati non possunt: et uinum effunditur hoc est ipsa doctrina nihil prodest. et utres pereunt id est mentes imbecillae pondere praeceptorum suffocantur. Le poète fait allusion à une parole que Matthieu, Marc et Luc rappellent dans la bouche de Jésus le Sauveur : "on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres, autrement les outres se rompent et le vin se répand en même temps que les outres sont perdues ; on met le vin nouveau dans des outres neuves et tous deux se conservent". Par ces mots Jésus répondit aux disciples de Jean qui disaient : "Pourquoi les pharisiens et nous faisons-nous de fréquents jeûnes alors que tes disciples ne jeûnent pas ?". Ces gens l’interrogeaient, sous l’effet de leur orgueil et poussés à le calomnier, mais quand il leur eut rendu raison de multiples façons, le Christ ajouta aussi cela : "on ne met pas le vin nouveau" autrement dit le vin doux, "dans de vieilles outres", autrement dit mes disciples et apôtres ne sont pas propres au jeûne tant que je ne suis pas monté au Ciel et qu’ils n’ont pas été affermis par l’Esprit saint ; et il ne faut pas confier les mystères de la vie nouvelle à des esprits qui n’ont pas encore été renouvelés, autrement "les outres se rompent", autrement dit ces esprits encore novices ne peuvent le supporter "et le vin se répand", autrement dit la doctrine elle-même ne produit aucun profit, "et les outres se perdent", autrement dit ces intelligences faibles sont étouffées sous le poids des préceptes.

1082 poterant ergo apostoli ante spiritus sancti aduentum ueteres utres uocari preceptis legis et traditionibus adherentes maiorum. Sed posteaquam effecti sunt noui lacus et noui utres nouum uinum acceperunt id est praecepta euangelica: eorum sinceritatem uino acerbo id est intelligentia ueteris legis literali: quae insuauis et acerbae nequaquam deprauantes corrumpentesue: sed dulcedinem spiritualium uerborum inuiolatam custodientes: uel aliter noua uasa susceperunt nouum liquorem: nec corrumpuntur scilicet noua uasa hoc est ipsi apostoli innouati: acerbo scilicet liquore phariseorum et iudaeorum qui imbuti saliuis ueteris legis nouae gratiae praecepta respuebant: quique insipidis scribarum et seniorum interpretationibus adherentes suauitatem spiritualium uerborum percipere non ualebant. Ideo litera ut ait apostolus: occidit: spiritus autem uiuificat id est facit spiritualiter intelligere. Les apôtres pouvaient donc être désignés nous le nom de vieilles outres avant la venue de l’Esprit saint, puisqu’ils adhéraient aux préceptes de la Loi et aux traditions de leurs ancêtres. Mais une fois qu’ils furent transformés en cuves nouvelles et en nouvelles outres, ils reçurent le vin nouveau, autrement dit les préceptes évangéliques, sans nullement abîmer ou corrompre leur pureté par le vin aigre, autrement dit l’intelligence littérale de l’ancienne loi qui est dépourvue de douceur et pleine d’aigreur, mais en gardant intacte la douceur des paroles spirituelles ; on peut aussi comprendre autrement noua uasa ("les nouveaux vases") ont reçu nouum liquorem ("un liquide nouveau") nec corrumpuntur ("et ils ne sont pas abîmés") évidemment noua uasa ("les nouveaux vases") autrement dit les apôtres eux-mêmes une fois renouvelés acerbo ("par l’aigre") évidemment le liquide des pharisiens et des Juifs qui, tout imprégnés de la salive de la vieille Loi, crachaient sur les préceptes de la grâce nouvelle ; adhérant aux interprétations fades des scribes et des anciens, ils n’avaient pas la force de percevoir la douceur des paroles spirituelles ; voilà pourquoi, comme le dit l’Apôtre : "la lettre tue mais l’esprit vivifie", autrement dit fait comprendre de manière spirituelle.

1083 Scriptura enim sacra usque ad tempora christi: hoc est lex prophetae et psalmi haec omnia secundum literam quid aliud sunt nisi aqua uel insipida uel acerba? sed christus aquam (ut narrat loannes Euangilio.) in uinum conuertit dum quae carnalia uidebantur secundum expositionem phariseorum: ipse spiritualia ostendit: et superficiem literae plenam uirtute coelesti uideri facit. En effet, l’Écriture sainte, jusqu’aux temps du Christ, autrement dit la Loi, les prophètes, les psaumes et tout cela selon la lettre, qu’est-ce d’autre qu’une eau sans saveur voire aigre ? Mais le Christ (comme le raconte Jean dans son évangile) change l’eau en vin, en montrant que ce qui semblait charnel si l’on suivait l’interprétation des pharisiens, est spirituel, et en faisant voir que la surface de la lettre renferme en réalité une force de sens céleste.

1085 Et secundum hanc sententiam expone: (nec corrumpuntur) id est deprauantur scilicet apostoli: acerbo scilicet liquore id est aqua insipida uel acerba anteaquam in uinum conuerteretur: nam racemus uel uua non matura continet aquam acerbam: uel insipidam. posteaquam uero matura est uua dulcescit: quo scilicet liquore acerbo lacus id est hydriae illae sex secundum purificationem iudaeorum ut narrat loan. maduere id est maduerunt et plenae fuerunt. per .vi. lacus id est sex receptacula aquae ut ait augus. sex aetates intelligimus quarum fines statuuntur Adam: Noe: Abraam: Dauid: Transmigratio babylonis: loannes baptista: Finis mundi. in singulis aetatibus aliquid inuenies quod sapiat aquam acerbam uel insipidam si literae tantum hoc est phariseorum expositioni adhaerescas: aliquid etiam quod uinum dulce sapiat si spiritum uiuificantem sequare. Et c’est ainsi que vous expliquerez la phrase (nec corrumpuntur) autrement dit ils ne sont pas abîmés, évidemment les apôtres, acerbo ("par l’aigre") évidemment le liquide, autrement dit l’eau sans saveur et aigre avant qu’elle ne soit changée en vin ; mais le sarment, voire la vigne, avant maturité contiennent une eau aigre ou au mieux sans saveur, mais quand la vigne a mûri, elle s’adoucit ; quo ("duquel") évidemment ce liquide aigre, lacus (" les cuves") autrement dit les six hydries destinées à la purification des Juifs comme le raconte Jean, maduere ("sont imprégnées"), autrement dit maduerunt, et étaient pleines. Avec les six cuves, autrement dit les six contenants d’eau, comme le dit Augustin, nous comprenons les six âges dont les limites sont définies ainsi : Adam, Noé, Abraham, David, l’exil à Babylone, Jean Baptiste, la fin du monde. Dans chacun de ces âges, on trouvera quelque élément qui renvoie au goût de l’eau amère et sans saveur, si l’on ne s’attache qu’à la lettre, autrement dit au commentaire des pharisiens, mais aussi quelque élément qui a le goût du vin doux si l’on suit l’Esprit qui vivifie.

1087 dicit ergo nec corrumpuntur scilicet apostoli acerbo liquore id est ex potione insipida et aquea: quo maduere lacus ueteres cum a phariseis ita ad literam explicabantur. bibentes scilicet apostoli: de uite legis euangelicae: quae dedit nobis christianis conuiuia id est potum conuiualem et suauissimum: Vnde id est ex qua cultura uitis id est sacrae scripturae: quae uitis ante dabat aquam: et post christi culturam circa uitem dedit uinum dulce: rubent aquae id est mutant colorem aquae candicantem in colorem rubeum uini: significantes hoc quod diximus iam aliquoties: quas scilicet aquas: conuertit scilicet christus: in nuptiis factis in chana galileae quibus non solum interfuit sed quodam modo praefuit uirgo deipera. et fecit scilicet christus saporem tenuem id est aqueum et insipidum sensum: legis id est uitis illius hoc est sacrae scripturae: feruescere id est mutari in saporem dulcem et musti feruentis in libris ecclesiae: cum scilicet ante in libris synagogae non ebulliret non dulcesceret: sed esset immitis insuauis et acerbus ille sapor hoc est ille sensus phariseorum et illa interpretatio. Arator dit donc nec corrumpuntur ("ils ne sont pas abîmés") évidemment les apôtres, par le liquide acerbo ("aigre"), autrement dit une boisson insipide et au goût d’eau, quo maduere lacus ueteres ("dont sont imprégnées les anciennes cuves") quand les pharisiens se contentaient de donner des explications selon la lettre, bibentes ("buvant") évidemment les apôtres, de uite ("de la vigne") de la loi évangélique, quae dedit ("qui a donné") à nous les chrétiens, conuiuia ("un festin") autrement dit une boisson de fête et d’une suavité extrême, Vnde ("d’où") autrement dit de la culture de laquelle, désignant la vigne autrement dit l’Écriture sainte, cette vigne qui auparavant donnait de l’eau, et qui après avoir été cultivée par le Christ donna un vin doux, rubent aquae ("rougeoient les eaux") autrement dit changent leur aspect transparent d’eau dans la rouge couleur du vin, avec le sens que nous avons déjà plusieurs fois indiqué ; quas ("que") évidemment les eaux, conuertit ("il a transformées") évidemment le Christ lors des noces qui eurent lieu à Cana de Galilée, noces auxquelles la vierge mère de Dieu ne se contenta pas de participer mais qu’elle présida d’une certaine manière, et fecit ("et il fit que") évidemment le Christ, saporem tenuem ("la faible saveur") autrement dit le sens au goût d’eau et insipide, legis ("de la Loi") autrement dit de cette vigne, autrement dit la sainte Écriture, feruescere ("se ravive") autrement dit se change en saveur douce, qui est celle du vin doux, dans les libris ecclesiae ("les livres de l’Église") puisque évidemment, auparavant dans les livres de la synagogue, elle ne bouillonnait ni ne s’adoucissait, mais elle était dépourvue de douceur, de suavité, et amère, cette saveur, autrement dit ce sens que donnaient les pharisiens et leur interprétation.

1087 dicit ergo nec corrumpuntur scilicet apostoli acerbo liquore id est ex potione insipida et aquea: quo maduere lacus ueteres cum a phariseis ita ad literam explicabantur. bibentes scilicet apostoli: de uite legis euangelicae: quae dedit nobis christianis conuiuia id est potum conuiualem et suauissimum: Vnde id est ex qua cultura uitis id est sacrae scripturae: quae uitis ante dabat aquam: et post christi culturam circa uitem dedit uinum dulce: rubent aquae id est mutant colorem aquae candicantem in colorem rubeum uini: significantes hoc quod diximus iam aliquoties: quas scilicet aquas: conuertit scilicet christus: in nuptiis factis in chana galileae quibus non solum interfuit sed quodam modo praefuit uirgo deipera. et fecit scilicet christus saporem tenuem id est aqueum et insipidum sensum: legis id est uitis illius hoc est sacrae scripturae: feruescere id est mutari in saporem dulcem et musti feruentis in libris ecclesiae: cum scilicet ante in libris synagogae non ebulliret non dulcesceret: sed esset immitis insuauis et acerbus ille sapor hoc est ille sensus phariseorum et illa interpretatio. Arator dit donc nec corrumpuntur ("ils ne sont pas abîmés") évidemment les apôtres, par le liquide acerbo ("aigre"), autrement dit une boisson insipide et au goût d’eau, quo maduere lacus ueteres ("dont sont imprégnées les anciennes cuves") quand les pharisiens se contentaient de donner des explications selon la lettre, bibentes ("buvant") évidemment les apôtres, de uite ("de la vigne") de la loi évangélique, quae dedit ("qui a donné") à nous les chrétiens, conuiuia ("un festin") autrement dit une boisson de fête et d’une suavité extrême, Vnde ("d’où") autrement dit de la culture de laquelle, désignant la vigne autrement dit l’Écriture sainte, cette vigne qui auparavant donnait de l’eau, et qui après avoir été cultivée par le Christ donna un vin doux, rubent aquae ("rougeoient les eaux") autrement dit changent leur aspect transparent d’eau dans la rouge couleur du vin, avec le sens que nous avons déjà plusieurs fois indiqué ; quas ("que") évidemment les eaux, conuertit ("il a transformées") évidemment le Christ lors des noces qui eurent lieu à Cana de Galilée, noces auxquelles la vierge mère de Dieu ne se contenta pas de participer mais qu’elle présida d’une certaine manière, et fecit ("et il fit que") évidemment le Christ, saporem tenuem ("la faible saveur") autrement dit le sens au goût d’eau et insipide, legis ("de la Loi") autrement dit de cette vigne, autrement dit la sainte Écriture, feruescere ("se ravive") autrement dit se change en saveur douce, qui est celle du vin doux, dans les libris ecclesiae ("les livres de l’Église") puisque évidemment, auparavant dans les livres de la synagogue, elle ne bouillonnait ni ne s’adoucissait, mais elle était dépourvue de douceur, de suavité, et amère, cette saveur, autrement dit ce sens que donnaient les pharisiens et leur interprétation.

1719 Atque ita sacerdotes et pharisaei nunc mendacium: et antea sanguinem christi pecunia templi redimentes expleuerunt suum desiderium. Et ainsi les prêtres et les Pharisiens, en rachetant maintenant un mensonge comme ils avaient racheté le sang du Christ avec l'argent du Temple accomplirent leur dessein.

1755 Sed nimirum sicut esuriit salutem populi cuius incredulitatem aduertebat: non autem cibum corporeum et nutritorem cum pridie ad uesperam edisset: et nondum hora esset comedendi: sicut ergo fames signabat appetitionem aliam quam alimoniae: ita quoque arboris maledictio non illam arborem ficulnam sed synagogam et gentem iudaicam petebat: quæ non in uia spiritus sed literae: folia tantum hoc est eloquia legis et prophetarum habebat: ac traditiones phariseorum sine ullo fructu ueritatis. Mais, assurément, de même qu'il eut faim du salut du peuple dont il avait remarqué l'incrédulité, et non de nourriture corporelle et qui nourrit, alors qu'il avait mangé la veille au soir, et que ce n'était pas encore l'heure du repas, de même donc que la faim désignait un appétit autre que pour de la nourriture, de même aussi la malédiction de l'arbre ne visait pas cet arbre en particulier, ce figuier, mais la synagogue et la nation de la Judée, car ce n'était pas dans la voie de l'esprit, mais dans celle de la lettre, que cet arbre avait seulement des feuilles, autrement dit les mots de la Loi et des Prophètes et les traditions des Pharisiens, sans aucun fruit de vérité.