ad initium

Homerus

BP5Nam quæ Pelidæ tribuit: uel Homerus Vlyssi: De fait les exploits qu'Homère attribue au Péléide ou à Ulysse

BP11Ergo Mæonidem iusta procul urbe remouitDonc, le Méonide, il l'éloigne de sa ville juste

41 Nec affirmarent aut achillem Homericum: aut Aeneam Vergilianum foelicissime uiuere: qui in memoria hominum: quæ tamen cum sæculo occasura est per suos praecones uiuant: quasi memoria perennis perennem uitam pariat: aut sermo ille in mentibus uiuentium in dies florescens defunctos moueat: aut ullus sit inmortalis sermo quo non obruatur hominum interitu et posteritatis obliuione tandem exiguat. Et ils n’affirmeraient pas que l’Achille d’Homère ou l’Enée de Virgile vivent une vie toute de bonheur, en vivant dans la mémoire des hommes qui pourtant tombera avec ce monde, grâce à ceux qui ont raconté leur geste. Comme si la pérennité de la mémoire assurait la pérennité de la vie, ou comme si cette parole fleurissant de jour en jour dans l’esprit des vivants touchait en quelque manière les morts, comme si enfin il existait une parole immortelle qui ne puisse être ensevelie par le trépas des hommes et finalement réduite à portion congrue par l’oubli de la postérité !

715 nec enim tametsi hoc solum agerem: et mihi contigisset homerica ubertas ac demosthenis torrens: tullianaeue eloquentiae fluuius: dignam tui laudator accederem: quam angeli praedicarunt: patriarchae significarunt: prophetae praedixerunt: Euangeliographi monstrauerunt: Denique coelestis legatus Gabriel uenerabili officiosissimeque salutauit. Et ce n’est pas, en effet, que si je faisais cela et s’il m’était donné la richesse d’Homère, la parole torrentueuse de Démosthène et de l’éloquence cicéronienne, j’accèderais dans mes louanges à une éloquence digne de toi que les anges ont annoncée, les patriarches représentée symboliquement, les prophètes prédite, les évangélistes montrée et pour finir Gabriel le céleste envoyé a saluée avec vénération et un extrême respect.

1010 at id calypso non dicit apud homerum: nec commentatores latini quicquam ueri dicunt: cum summus philosophus usus fuerit imagine prouerbiali non ignota graecis: quam homerus odyss. Vii. scyllae italicae et charybdis siculae periculum multis uerbis describens. facit circem monentem Vlyxem: ut ad scyllam potius inflectat cursum quam ad charybdim propterea quod praestet sex e sociis desiderari extinctos in scyllae scopulo quam pariter omnes interire globis undarum fumigantibus absorptos: quos excitet charybdis fluctuum elisione ultro citroque concurrentium. Mais ces mots, Calypso ne les dit pas dans Homère, et les commentateurs latins ne disent rien de vrai, alors que le plus grand des philosophes a utilisé une image proverbiale qui n’est pas inconnue des Grecs, plutôt qu’Homère, Odyssée 8 qui, décrivant en un long discours le danger de Scylla l’italienne et Charybde la sicilienne, nous montre Circé prévenant Ulysse d’avoir à plutôt mettre le cap sur Scylla que sur Charybde, parce qu’il est plus expédient de regretter six compagnons morts sur le rocher de Scylla que de voir d’un coup tout le monde périr avalé par les eaux fumantes que Charybde fait naître en frottant l’un contre l’autre de flots aux courants inverses.

1010 at id calypso non dicit apud homerum: nec commentatores latini quicquam ueri dicunt: cum summus philosophus usus fuerit imagine prouerbiali non ignota graecis: quam homerus odyss. Vii. scyllae italicae et charybdis siculae periculum multis uerbis describens. facit circem monentem Vlyxem: ut ad scyllam potius inflectat cursum quam ad charybdim propterea quod praestet sex e sociis desiderari extinctos in scyllae scopulo quam pariter omnes interire globis undarum fumigantibus absorptos: quos excitet charybdis fluctuum elisione ultro citroque concurrentium. Mais ces mots, Calypso ne les dit pas dans Homère, et les commentateurs latins ne disent rien de vrai, alors que le plus grand des philosophes a utilisé une image proverbiale qui n’est pas inconnue des Grecs, plutôt qu’Homère, Odyssée 8 qui, décrivant en un long discours le danger de Scylla l’italienne et Charybde la sicilienne, nous montre Circé prévenant Ulysse d’avoir à plutôt mettre le cap sur Scylla que sur Charybde, parce qu’il est plus expédient de regretter six compagnons morts sur le rocher de Scylla que de voir d’un coup tout le monde périr avalé par les eaux fumantes que Charybde fait naître en frottant l’un contre l’autre de flots aux courants inverses.

1012 Nec te conturbet: quod eum uersum: quem citat Aristoteles: apud homerum non dicat circe: cum eo mox ad nauis gubernatorem Vlyxes utpote a circe admonitus: utatur. tutu men capnu caicymatos ectos eerge nea. recte ergo non calypso sed circe scripsit Argyropylus: cum nec calypso id dixerit: nec ad eam attinere eorum periculorum admonitio potuerit: quae iam Vlysses euasisset: ut planum est ei quae homerum uidit. Et il n’y a pas lieu de se troubler du fait que le vers que cite Aristote, Circé ne le prononce pas chez Homère, puisque Ulysse s’adressant au pilote du navire, en homme que Circé vient d’avertir, utilise précisément ce vers τούτου μεν καπνού καὶ κύματος ἐκτὸς ἔεργε νῆα ("loin de cette vapeur et de ce flot, éloigne ta nef"). Donc Argyropylos a bien raison d’écrire non pas Calypso mais Circé, puisque ce n’est pas Calypso qui le dit et que ne peut relever d’elle le conseil d’éviter des dangers dont Ulysse s’est déjà tiré, comme il saute aux yeux de celui qui a consulté Homère.

1012 Nec te conturbet: quod eum uersum: quem citat Aristoteles: apud homerum non dicat circe: cum eo mox ad nauis gubernatorem Vlyxes utpote a circe admonitus: utatur. tutu men capnu caicymatos ectos eerge nea. recte ergo non calypso sed circe scripsit Argyropylus: cum nec calypso id dixerit: nec ad eam attinere eorum periculorum admonitio potuerit: quae iam Vlysses euasisset: ut planum est ei quae homerum uidit. Et il n’y a pas lieu de se troubler du fait que le vers que cite Aristote, Circé ne le prononce pas chez Homère, puisque Ulysse s’adressant au pilote du navire, en homme que Circé vient d’avertir, utilise précisément ce vers τούτου μεν καπνού καὶ κύματος ἐκτὸς ἔεργε νῆα ("loin de cette vapeur et de ce flot, éloigne ta nef"). Donc Argyropylos a bien raison d’écrire non pas Calypso mais Circé, puisque ce n’est pas Calypso qui le dit et que ne peut relever d’elle le conseil d’éviter des dangers dont Ulysse s’est déjà tiré, comme il saute aux yeux de celui qui a consulté Homère.

1285 Sit ergo hoc indubitatum: cum allegatur poeta intelligitur (ut ait imperator iustinianus in Institutionibus) apud græcos egregius homerus: apud nos Vergilius. Qu’il n’y ait donc pas de doute : quand on parle de "poète", on comprend (comme le dit l’empereur Justinien dans ses Institutes) chez les Grecs le grand Homère, chez nous Virgile.

1426 Nihil est enim ut in bruto refert cicero: simul et inuentum et perfectum adeoque id uerum esse credidit summus orator: ut putet non dubitandum quin fuerint ante homerum poetæ, quod ex eis carminibus intelligi potest: quæ apud illum et in pheacum et in procorum epulis canuntur: alioquin unde tam perfectus esse poeta potuit homerus? Rien en effet, comme le dit Cicéron dans le Brutus n’a été en même temps à la fois découvert et porté à sa perfection, et ce modèle d’éloquence a tellement cru en la vérité de cette maxime qu’il pense qu’"il ne faut pas douter de l’existence de poètes avant Homère, ce que l’on peut comprendre à la lecture de ces poèmes qui dans son œuvre sont chantés dans les banquets des Phéaciens ou des prétendants". Autrement, d’où Homère aurait-il pu tirer une telle perfection ?

1426 Nihil est enim ut in bruto refert cicero: simul et inuentum et perfectum adeoque id uerum esse credidit summus orator: ut putet non dubitandum quin fuerint ante homerum poetæ, quod ex eis carminibus intelligi potest: quæ apud illum et in pheacum et in procorum epulis canuntur: alioquin unde tam perfectus esse poeta potuit homerus? Rien en effet, comme le dit Cicéron dans le Brutus n’a été en même temps à la fois découvert et porté à sa perfection, et ce modèle d’éloquence a tellement cru en la vérité de cette maxime qu’il pense qu’"il ne faut pas douter de l’existence de poètes avant Homère, ce que l’on peut comprendre à la lecture de ces poèmes qui dans son œuvre sont chantés dans les banquets des Phéaciens ou des prétendants". Autrement, d’où Homère aurait-il pu tirer une telle perfection ?

1432 Et quid ego istos Zoilos digner responsione: qui adeo delicato sunt palato: ut in primo iliados carmine tres errores eminentissimi uatis accusent: et quod in tertia sede sit iambus: et quod in quinta non sit synaloepha græcis familiarissima: unde aspera resultet in scansione synæresis: et quod in illa dictione achileos systole nimis licenter usus fuerit. Et que daignerai-je répondre à ces Zoïles, dont le palais est si délicat que dans le premier chant de l’Iliade ils accusent de trois fautes le plus éminent des poètes, qu’il y ait un iambe en troisième position, qu’en cinquième position il ne fasse pas une synalèphe pourtant tout à fait triviale en grec, ce qui provoque une synérèse bien rude, et que dans le mot Ἀχιλῆος il ait utilisé avec trop de licence l’abrègement d’une syllabe longue par nature ?

1433 Quis istorum feret supercilium: quibus in primo tam clari operis uersu homerus non satisfacit? quibus rosæ et lilia: et preciosissima unguenta sacrorum uersuum putere uidentur: quibus nardi spicati fragrantissimus odor alabastro contentus: hoc est legis euangelicæ diuinus spiritus numeris poeticis comprehensus nec placet: nec sentitur? Qui pourra supporter l’arrogance de ces personnages aux yeux de qui, même dans le premier vers de son si illustre poème, Homère ne trouve pas grâce, ces gens pour qui les roses et les lys et les très précieux baumes des vers sacrés ne sont que puanteur, qui n’approuvent ni ne sentent le très délicat parfum de nard épicé contenu dans ce vase, autrement dit l’esprit divin de la loi évangélique enfermé dans des rythmes poétiques ?

1445 Et claudianus : haec centumgemini strictos aegaeonis enses: posuit. o. tertiam syllabam correptam: cum scribatur per omega apud graecos. homerus in iliade: aigaion hogar aute bie hu patros ameinon. Et Claudien : haec centumgemini strictos aegaeŏnis enses compte brève la troisième syllabe o dans aegaeŏnis alors que le mot en grec prend ici un ω ; Homère dans l’Iliade : Αἰγαίων’, ὃ γὰρ αὖτε βίην οὗ πατρὸς ἀμείνων.

1447 Et maro: ionioque mari maleaeque sequacibus undis : secundam breuem protulit: cum maleia per diphtongum a graecis scribatur. homerus in odyssea: en neusi glaphyresei maleiaon oros aipy . Et Virgile dans ionioque mari malĕaeque sequacibus undis donne la seconde syllabe comme brève, alors que les Grecs font de ei dans maleia une diphtongue, voir Homère, Odyssée, ἐν νηυσὶ γλαφυρῇσι Μαλειάων ὄρος αἰπὺ.