ad initium

Iohannes Baptista

347 Vbi enim desiit historia Euangelica: in qua diuus Lucas incipiens a præcursore Ioanne: Christi conceptionem: natiuitatem: opera miranda: prædicationem: mortem: resurrectionem ac postremo ascensionem exposuit: ibi incipit historia actuum apostolicorum. En effet là où s’arrête l’évangile dans lequel le divin Luc, commençant à Jean le précurseur, a exposé la conception du Christ, sa naissance, ses miracles, sa prédication, sa mort sa résurrection et pour finir son ascension, là commence le récit des Actes des Apôtres.

1076 Alludit autem poeta ad illud quod mattheus Marcus et Lucas salutiferum lesum dixisse commemorant: Non mittunt uinum nouum in utres ueteres: alioquin rumpuntur utres: et uinum effunditur: et utres pereunt sed uinum nouum in utres nouos mittunt: et ambo conseruantur. Quibus uerbis respondit Christus discipulis loannis dicentibus: Quare nos et pharisaei ieiunamus frequenter. discipuli autem tui non ieiunant? His ita per superbiam et calumniam interrogantibus cum multifariam satisfecisset Christus: addidit quoque illud: non solent homines mittere uinum nouum hoc est mustum: in utres ueteres id est non sunt discipuli mei et apostoli spirituali ieiunio apti. donec me assumpto spiritu sancto sint confirmati: et nouae uitae mysteria non sunt committenda mentibus nondum innouatis: alioquin rumpuntur utres id est rudes mentes hoc pati non possunt: et uinum effunditur hoc est ipsa doctrina nihil prodest. et utres pereunt id est mentes imbecillae pondere praeceptorum suffocantur. Le poète fait allusion à une parole que Matthieu, Marc et Luc rappellent dans la bouche de Jésus le Sauveur : "on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres, autrement les outres se rompent et le vin se répand en même temps que les outres sont perdues ; on met le vin nouveau dans des outres neuves et tous deux se conservent". Par ces mots Jésus répondit aux disciples de Jean qui disaient : "Pourquoi les pharisiens et nous faisons-nous de fréquents jeûnes alors que tes disciples ne jeûnent pas ?". Ces gens l’interrogeaient, sous l’effet de leur orgueil et poussés à le calomnier, mais quand il leur eut rendu raison de multiples façons, le Christ ajouta aussi cela : "on ne met pas le vin nouveau" autrement dit le vin doux, "dans de vieilles outres", autrement dit mes disciples et apôtres ne sont pas propres au jeûne tant que je ne suis pas monté au Ciel et qu’ils n’ont pas été affermis par l’Esprit saint ; et il ne faut pas confier les mystères de la vie nouvelle à des esprits qui n’ont pas encore été renouvelés, autrement "les outres se rompent", autrement dit ces esprits encore novices ne peuvent le supporter "et le vin se répand", autrement dit la doctrine elle-même ne produit aucun profit, "et les outres se perdent", autrement dit ces intelligences faibles sont étouffées sous le poids des préceptes.

1085 Et secundum hanc sententiam expone: (nec corrumpuntur) id est deprauantur scilicet apostoli: acerbo scilicet liquore id est aqua insipida uel acerba anteaquam in uinum conuerteretur: nam racemus uel uua non matura continet aquam acerbam: uel insipidam. posteaquam uero matura est uua dulcescit: quo scilicet liquore acerbo lacus id est hydriae illae sex secundum purificationem iudaeorum ut narrat loan. maduere id est maduerunt et plenae fuerunt. per .vi. lacus id est sex receptacula aquae ut ait augus. sex aetates intelligimus quarum fines statuuntur Adam: Noe: Abraam: Dauid: Transmigratio babylonis: loannes baptista: Finis mundi. in singulis aetatibus aliquid inuenies quod sapiat aquam acerbam uel insipidam si literae tantum hoc est phariseorum expositioni adhaerescas: aliquid etiam quod uinum dulce sapiat si spiritum uiuificantem sequare. Et c’est ainsi que vous expliquerez la phrase (nec corrumpuntur) autrement dit ils ne sont pas abîmés, évidemment les apôtres, acerbo ("par l’aigre") évidemment le liquide, autrement dit l’eau sans saveur et aigre avant qu’elle ne soit changée en vin ; mais le sarment, voire la vigne, avant maturité contiennent une eau aigre ou au mieux sans saveur, mais quand la vigne a mûri, elle s’adoucit ; quo ("duquel") évidemment ce liquide aigre, lacus (" les cuves") autrement dit les six hydries destinées à la purification des Juifs comme le raconte Jean, maduere ("sont imprégnées"), autrement dit maduerunt, et étaient pleines. Avec les six cuves, autrement dit les six contenants d’eau, comme le dit Augustin, nous comprenons les six âges dont les limites sont définies ainsi : Adam, Noé, Abraham, David, l’exil à Babylone, Jean Baptiste, la fin du monde. Dans chacun de ces âges, on trouvera quelque élément qui renvoie au goût de l’eau amère et sans saveur, si l’on ne s’attache qu’à la lettre, autrement dit au commentaire des pharisiens, mais aussi quelque élément qui a le goût du vin doux si l’on suit l’Esprit qui vivifie.

1204 (Pastor) scilicet. petrus multiplicat iam oues id est fideles et in ouile christi receptos. Illa dies scilicet pentecoste diluit scilicet lauat: tria milia uulgi id est populi credentis tres chiliadas: non minus id est non pauciores: in flumine agni id est in baptismate christi: qui agnus dei a loanne baptista apellatus est. (Pastor), évidemment Pierre ; multiplicat iam oues ("multiplie dès lors ses brebis"), autrement dit les fidèles et ceux qui sont accueillis dans la bergerie du Christ. Illa dies ("ce jour-là"), évidemment la Pentecôte, diluit ("purifie"), évidemment lave, tria milia uulgi ("trois mille personnes du peuple"), autrement dit trois milliers du peuple croyant ; non minus ("non moins"), autrement dit non moins nombreux ; in flumine agni ("dans le fleuve de l’Agneau"), autrement dit dans le baptême du Christ, qui est nommé Agneau de Dieu par Jean le Baptiste.

1208 Fuit autem baptismus ut putat Doctor longobardus in quarto a christo institutus: uel cum dicit Nicodemo nisi quis renatus fuerit ex aqua et spiritu sancto: uel cum dixit apostolis: Ite docete omnes gentes baptizantes eos in nomine patris et filii et spiritus sancti: uel (quod etiam commodius idem arbitratur) quando a loanne baptizatus est in iordane: cum scilicet contactus mundae carnis christi uim regeneratiuam contulit aquis: ut qui postea immergeretur inuocato nomine trinitatis: cuius mysterium ibi innotuit: a peccatis purgaretur. Le baptême, comme le pense le Docteur lombard au livre 4, fut institué par le Christ, soit quand il dit à Nicodème "seul celui qui sera né de nouveau de l’eau et de l’Esprit", soit quand il dit aux apôtres : "allez, enseignez toutes les nations et baptisez-les au nom du Père et du Fils et du saint Esprit", ou alors (ce que le même auteur pense, de manière plus facile) quand il fut baptisé par Jean dans le Jourdain ; évidemment quand le contact de chair du Christ donna aux eaux une force de régénération, en sorte que qui s’y plongerait ensuite en ayant invoqué le nom de la Trinité, dont le mystère se fit alors connaître, serait purifié de ses péchés.

1226 Aliter tamen aetates sex computamus authore augustino ab adam usque ad noe: ad abraam: ad dauid: ad transmigrationem babylonis: ad ioannem baptistam: ad finem mundi. Nous pouvons cependant adopter un autre comput, dont Augustin est le garant : d’Adam jusqu'à Noé, puis jusqu'à Abraham, puis jusqu'à David, puis jusqu'à la déportation à Babylone, puis jusqu'à Jean Baptiste, puis jusqu'à la fin du monde.

1784 Ita etiam loannes baptista: iam inquit securis ad radicem arborum posita est id est ad finem iudaici populi: ut auferat de terra uiuentium eos: qui in christum non credunt. Ainsi même Jean Baptiste déclare : "voici que la cognée est déjà à la racine des arbres", autrement dit pour causer la fin du peuple Juif, pour retirer de la terre des vivants ceux qui n'ont pas cru au Christ.