ad initium

Israelitae

49 Quam ob rem nisi quis iuxta hieronymi sententiam uocem dei in deuteronomio secutus poeseos illius prophanæ tamquam mulieris captiuae caput supercilia et omnes pilos abraserit atque ungues amputauerit: et quicquid mortuum est idolatriae: libidinis: erroris: praecidendo de captiua et ancilla israelitem fecerit: eius coniugium tamquam facinorosæ omnibus sanæ mentis censeo fugiendum. Voilà pourquoi si quelqu’un, suivant ainsi de près la parole de Dieu dans le Deutéronome selon l’avis de Jérôme, ne coupe pas les sourcils et toute la pilosité de cette poésie païenne comme s’il s’agissait de la femme captive, ne lui raccourcit pas les ongles, et ne la transforme pas de captive et servante qu’elle était en fille d’Israël, en éliminant tout ce qui est mort et qui relève de l’idolâtrie, du désir déréglé, de l’erreur, mon avis est que, pour toute personne saine d’esprit, il faut fuir l’union avec cette poésie comme s’il s’agissait d’une criminelle.

1059 Quamuis autem fratres natura dicantur ut petrus frater andreae: et loannes iacobi: et iudas alterius iacobi: aut aliter fratres appellentur qui sunt eiusdem gentis ut israelitae: aut cognatione ut qui fratres domini uel mariae deiperae uocabantur: aut affectu quoque carnali ut ex uno adam protoplasto cuncti nati: tamen maxime fratres sunt quos baptismatis palingenesia hoc est regeneratio facit germanos unius parentis uere ac propriissime germina. Bien qu’on puisse parler de frères selon la nature, comme Pierre est le frère d’André et Jean, celui de Jacques, et Jude, celui de l’autre Jacques, ou bien encore que l’on nomme frères des gens qui appartiennent à la même race, comme les Israélites, ou par la parenté comme on désignait les frères du Seigneur ou de Marie la mère de Dieu, ou par l’affection charnelle comme du seul Adam notre premier parent tous les hommes sont nés, cependant ils sont tout particulièrement frères ceux que la παλιγγενεσία, autrement dit la régénération baptismale, rend frères issus d’un unique père, et ses rejetons au sens le plus strict.

1092 cum inquit nec corrumpuntur acerbo liquore: quo maduere ueteres lacus. Signat enim poeta historiam quam in exodo Moses declarauit: et postea diuus ambrosius in quodam sermone repetiuit. Summa autem historiae est huiuscemodi: Tulit moyses israel de mari rubro: ambulaueruntque tribus diebus per solitudinem: et non inueniebant aquam: et uenerunt in marath: cuius loci aquas ob amaritudinem bibere non poterant. Marath enim amaritudo interpretatur: Has aquas in dulcedinem uertit moses cum lignum a domino monstratum in eas misisset: Erat inquit ambrosius aqua delectabilis ad uisionem: Sed sincera non erat ad saporem. Quand il dit nec corrumpuntur acerbo ("et il ne sont pas abîmés par l’aigre") liquide quo maduere ueteres lacus ("dont sont imprégnées les anciennes cuves"), le poète renvoie à l’histoire que, dans l’Exode, Moïse fait connaître et sur laquelle plus tard le divin Ambroise est revenu dans un sermon ; voici le résumé de cette histoire : Moïse fit sortir le peuple de la Mer Rouge et ils marchèrent trois jours dans le désert, sans trouver d’eau ; ils arrivèrent à Marath dont ils ne pouvaient boire les eaux en raison de leur amertume. En effet Marath veut dire ‘amertume’. Ces eaux, Moïse les transforma en eaux douces en plongeant dedans le bâton que le Seigneur lui avait montré : "l’eau", dit Ambroise, "était délectable à voir, mais elle trompait quant à sa saveur".

1210 Quanuis enim alia quoque animalia ut bos uitulus capra et huiuscemodi in lege ueteri immolabantur: agnus tamen typum christi gerit symbolo quodam euidentiore: tum quia agnus ille erat sine macula: quo immolato filii israeli seruitutem pharaonis euaserunt: sicut immolato in ara crucis iesu immaculato: qui peccatum non fecit: a iugo liberati sumus durissimo cacodaemonis. En effet, bien que d’autres animaux aussi fussent sacrifiés dans l’ancienne loi, comme le bœuf, le veau, la chèvre et ainsi de suite, l’agneau porte cependant le type du Christ par un symbole plus manifeste : parce que jadis était sans tache l’agneau qu’immolèrent les fils d’Israël pour échapper à la servitude de Pharaon, comme aussi fut immolé sur l’autel de la croix Jésus qui était sans tache, car il n’a jamais commis le péché, et par lui nous sommes libérés du joug, le très cruel et mauvais démon.

1211 Tumque agni sacrificium apud israelitas perpetuum et iuge: nostrae beatitudinis et foelicitatis absolutae quae christus est: perpetem fructum figurabat. Ainsi le sacrifice d’un agneau chez les Israélites sans interruption et pour toujours figurait la jouissance pour toujours de notre béatitude et de notre bonheur absolu qui est le Christ.

1546 proponit ergo poeta (sed et altera res scilicet) mystica: aperit nobis scilicet mysterium: quod geritid est præ se fert: causa id est ratio claudicationis: quæ causa et ratio conuenit cum claudicatione populi israelitici: et tempus cum tempore: et porta cum porta ut mox dicemus. oportet enim quædam prius sciri: ex quorum notione sequentium pendet intelligentia. Arator annonce donc (sed et altera res ("mais une autre réalité aussi") évidemment) mystique, aperit nobis ("nous ouvre") évidemment le mystère, quod gerit ("que porte") autrement dit révèle, causa ("la cause") autrement dit la raison de la boiterie, et ces causes et raisons se relient à la boiterie du peuple d'Israël, la durée à la durée, et la porte à la porte, comme nous allons le dire ; il est en effet indispensable de savoir d'abord quelques détails, de la connaissance desquels dépend notre compréhension du texte.

1547 ac principio lsraeliticam gentem dici ab israele notum est ut in genesi legimus. En premier lieu, le peuple d'Israël tire son nom d'Israël ; cela est bien connu comme nous le lisons dans la Genèse.

1565 Quamobrem israelitæ uitant neruum non quencumque sed femoris tantum in epulis appositis: tanquam ea res illius fuerit euentus figura. Voilà pourquoi les Israélites s'abstiennent non de tout nerf mais seulement de celui de la cuisse dans leurs repas, comme si c'était une figure de ce qui advint alors.

1572 iam ergo inde iacobi principale nomen fuit israel: unde israelitæ uocatur hebreorum natio: tam et si postea quandoque lacob fuerit uocatus tanquam nomine non ita insigni. Et donc, à partir de ce moment, le nom principal de Jacob fut Israël, ce qui fait que l'on appelle Israélites la nation des Hébreux ; et même si, par la suite, on l'appela encore parfois Jacob, ce nom ne fut pas aussi illustre que l'autre.

1574 Siue ergo lucta illa fuit corporea tantum ut hebrei sentiunt: Siue spiritalis tantum ut Hieronymus ait in esaiam. cum angelo iacob oratione non manibus luctabatur: ut luctatio sit perseuerans pulsatio qua uictor euasit angelum uel deum recedere uolentem precibus uincens. Siue utroque modo luctatus est: per hunc modum lacob dictus est israel : unde israelitæ dicti sunt Hebrei: ita ut nominis mutatio futura in. xxxii. promissa sit: quæ in. xxxv. geneseos capite dicatur expleta. Il se peut que cette lutte ait été seulement physique comme le pensent les Hébreux, ou seulement spirituelle comme le dit Jérôme dans son commentaire sur Isaïe : "contre l'ange c'était avec la prière et non ses bras que Jacob luttait", de sorte que la lutte désigne l'appel persévérant par lequel le vainqueur échappa à l'ange ou à Dieu qui accepta de se retirer en triomphant de lui par des prières ; il se peut encore qu'il ait lutté des deux manières : de cette manière Jacob fut nommé Israël, d'où vint le nom des Israélites donné aux Hébreux, de sorte que le changement de nom qui allait se produire soit promis en Genèse 32 et réalisé, ainsi qu'il est dit, en Genèse 35.

1576 Verum enimuero claudicatio israelis ut significat Arator : fuit signum claudicationis : quæ non in carne ut ait poeta: sed in corde israelitici populi reperta postea est ab israele oriundi. Mais, à vrai dire, la boiterie d'Israël, comme le laisse entendre Arator, fut le signe d'une boiterie que l'on trouva ensuite non dans la chair, comme dit le poète, mais dans le cœur du peuple d'Israël qui allait naître d'Israël.

1577 Nam cum deus omnipotens israelem tam numerosa stirpe insigniuisset: ea in ægypto non longo temporis interuallo adeo aucta est ut in ea ad sexcenta uirorum milia censerentur. permotus pharao quia hebreorum gens multo numerosior uideri coeperat quam ipsi regi et uniuersæ ægypto tutum crederetur : nutriri uetuit omnem uirilem israelitarum stirpem quæ post edictum regium nasceretur. De fait comme le Dieu tout-puissant avait favorisé Israël d'une si nombreuse descendance, celle-ci en Egypte, en un bref intervalle de temps, s'accrut à tel point que l'on y compta six-cent-mille personnes ; Pharaon, profondément troublé parce que le peuple des Hébreux lui paraissait désormais beaucoup trop nombreux pour qu'il se fie à lui en toute sécurité, lui le roi et toute l'Egypte, il interdit d'élever tout enfant mâle des Israélites qui pourrait naître après son édit royal.

1578 Nemini erat dubium: si omnis alterius sexus soboles in ipso uitæ ingressu esset extincta: totam israelitarum gentem hominis ætate interituram. Huic immanissimi regis edicto accessit afflictæ gentis fortuna miseranda. Personne ne doutait que, si toute progéniture de l'un des deux sexes était éteinte au moment même de la naissance, en une génération, toute la race des Israélites périrait ; ainsi à cet édit du plus impitoyable des rois, s'ajouta un sort misérable pour l'infortunée nation.

1579 Regis enim imperio lsraelitica iuuentus in nili aggeribus muniendis: et in uenis montium excidendis lutoque subigendo seruiliter operabatur. ac siquid ab eorum aliquo minus impigre nauaretur: protinus flagro per contumeliam admouebatur. En effet, par ordre du roi, la jeunesse d'Israël travaillait comme des esclaves à consolider les digues du Nil, à forer les filons dans les montagnes et à fouiller la boue et, si l'un d'entre eux mettait un peu moins d'ardeur à l'ouvrage, on le menait aussitôt sous les injures pour recevoir des coups de fouet.

1581 ls moses dux rei gerendæ creatus: et non tam suis suorumue quam inefabili dei potestate fretus israeliticæ libertatis uindex extitit et assertor. Celui-ci, ce Moïse, une fois établi comme chef pour mener cette affaire et fort non tant de ses forces et de celles des siens, que de la puissance ineffable de Dieu, devint le promoteur de la liberté et son défenseur.

1585 Et tamen post tot beneficia et alia innumera quæ ne longior sim: mitto: post tot miracula semper israelitica gens claudicare non corpore sed corde et animo uisa est: quæ in lapsum et stulticiam prona uitulum sibi aureum conflauit et adorauit: quæ relicta ægypto ubi in solitudines nullis fontibus irriguas : nullis segetibus uberes : nullis arboribus gratas peruenit: beneficiorum dei oblita et immensam eius potestatem haud reuerita: modo sitibunda ducem incusabat: quia per loca arida et squalentia non exploratis antea itineribus tantam multitudinem traheret: Et pourtant, après tant de bienfaits, et d'autres innombrables sur lesquels je passe pour ne pas trop allonger, après tant de miracles, le peuple d'Israël sembla toujours boiter non physiquement, mais dans son cœur : se précipitant dans la chute et la sottise, il se forgea un veau qu'il adora ; après avoir quitté l'Egypte, quand il arriva dans des déserts que n'irriguait aucune source, qui ne donnaient nulle récolte, et que n'embellissaient aucun arbre, oubliant les bienfaits de Dieu et sans plus craindre son immense puissance, il se mit à accuser son chef d'abord quand il eut soif, prétextant qu'il avait traîné une telle multitude dans des lieux arides et poussiéreux, sur des chemains que personne n'avait auparavant reconnus.

1589 Quo enim pacto tam cito obliti sunt deum: qui iugum ægyptiacum eorum ceruicibus excussit? qui illa magnifica opera et miranda: ægyptiis Exitialia: israelilitis salutaria operatus est? qui diuisit maria: qui famelicum populum quadraginta annos in heremo nutriuit ac saturauit? En effet, comment se fit-il qu'ils ne mettent que très peu de temps à oublier Dieu qui avait secoué de leurs épaules le joug de l'Egypte, ce Dieu qui avait opéré pourtant ces travaux magnifiques et admirables, causant la perte des Egyptiens, mais le salut des Israélites, qui avait partagé la mer et nourri à satiété un peuple famélique pendant les quarante ans du désert ?

1590 His deus irritatus in exodo dixisse in eum perhibetur. Loquere filiis israel: populus duræ ceruicis es: semel ascendam in medio tui: et delebo te. Item in numeris: postquam exploratores dixere: uenimus in terram: ad quam misistis nos : quæ reuera fluit lacte et melle. Sed cultores fortissimos habet: et urbes grandes atque muratas. Terra quam lustrauimus deuorat habitatores suos: populus quem aspeximus proceræ staturæ est. ibi monstra quædam uidimus de genere giganteo: quibus comparati. qui locustæ uidebamur. Hæc audiens multitudo israelitica fleuit nocte illa: et murmurati sunt dicentes. Vtinam mortui essemus in ægypto: et non in hac uasta solitudine. Vtinam pereamus : et non inducat nos dominus in terram istam: ne cadamus gladio et uxores ac liberi nostri ducantur captiui. nonne meIius est reuerti in ægyptum? dixeruntque alter ad alterum : constituamus nobis ducem: et reuertamur in ægyptum. C'est contre ces gens que, dans l'Exode, Dieu se mit en colère et prononça contre eux, dit-on, ces paroles : "parle aux fils d'Israël : tu es un peuple à la nuque raide, alors moi je vais monter au milieu de toi, et je vais te détruire" ; et de nouveau, dans les Nombres, lorsque les éclaireurs dirent : "nous sommes arrivés sur la terre vers laquelle tu nous as envoyés ; vraiment elle ruisselle de lait et de miel, mais ceux qui la cultivent sont redoutables, leurs villes grandes et pourvues de murs", la terre que nous avons parcourue dévore ceux qui l'habitent, le peuple que nous avons vu est de taille imposante, et "nous avons vu là-bas des êtres prodigieux de la race des Géants, comparés à eux nous ne sommes que des sauterelles" ; en entendant ce rapport la multitude des Israélites pleura cette nuit-là et se prit à gronder en disant : "'si seulement nous étions morts en Egypte et non dans ce vaste désert ; si seulement nous avions péri sans que le Seigneur ne nous conduise dans cette maudite terre, sans que nous tombions sous le glaive et que nos femmes et nos enfants soient amenés en captivité ; ne vaut-il pas mieux retourner en Egypte ?' Et il se dirent l'un à l'autre : 'dotons-nous d'un chef et retournons en Egypte".

1590 His deus irritatus in exodo dixisse in eum perhibetur. Loquere filiis israel: populus duræ ceruicis es: semel ascendam in medio tui: et delebo te. Item in numeris: postquam exploratores dixere: uenimus in terram: ad quam misistis nos : quæ reuera fluit lacte et melle. Sed cultores fortissimos habet: et urbes grandes atque muratas. Terra quam lustrauimus deuorat habitatores suos: populus quem aspeximus proceræ staturæ est. ibi monstra quædam uidimus de genere giganteo: quibus comparati. qui locustæ uidebamur. Hæc audiens multitudo israelitica fleuit nocte illa: et murmurati sunt dicentes. Vtinam mortui essemus in ægypto: et non in hac uasta solitudine. Vtinam pereamus : et non inducat nos dominus in terram istam: ne cadamus gladio et uxores ac liberi nostri ducantur captiui. nonne meIius est reuerti in ægyptum? dixeruntque alter ad alterum : constituamus nobis ducem: et reuertamur in ægyptum. C'est contre ces gens que, dans l'Exode, Dieu se mit en colère et prononça contre eux, dit-on, ces paroles : "parle aux fils d'Israël : tu es un peuple à la nuque raide, alors moi je vais monter au milieu de toi, et je vais te détruire" ; et de nouveau, dans les Nombres, lorsque les éclaireurs dirent : "nous sommes arrivés sur la terre vers laquelle tu nous as envoyés ; vraiment elle ruisselle de lait et de miel, mais ceux qui la cultivent sont redoutables, leurs villes grandes et pourvues de murs", la terre que nous avons parcourue dévore ceux qui l'habitent, le peuple que nous avons vu est de taille imposante, et "nous avons vu là-bas des êtres prodigieux de la race des Géants, comparés à eux nous ne sommes que des sauterelles" ; en entendant ce rapport la multitude des Israélites pleura cette nuit-là et se prit à gronder en disant : "'si seulement nous étions morts en Egypte et non dans ce vaste désert ; si seulement nous avions péri sans que le Seigneur ne nous conduise dans cette maudite terre, sans que nous tombions sous le glaive et que nos femmes et nos enfants soient amenés en captivité ; ne vaut-il pas mieux retourner en Egypte ?' Et il se dirent l'un à l'autre : 'dotons-nous d'un chef et retournons en Egypte".

1591 Possemus autem referre et querelas et claudicationes Israeliticæ gentis: quas continet exodi .v. caput: et . xiii. et . xv. xvi. xvii. xxxii. et numer. ix xi. at. xiiii. et. xxii numerorum iam retulimus Nous pourrions aussi rapporter les plaintes et les boiteries du peuple d'Israël que l'on trouve en Exode 5, 13, 15, 16, 17, 32 et Nombres 9 et 11; pour Nombres 14 et 22, nous les avons déjà rapportées.

1594 Hanc dei iram in israelitas repressit suis precibus moyses: Cui iterum dixit dominus. Omnes homines qui uiderunt maiestatem meam: et signa quæ feci in ægypto et solitudine et tentauerunt me iam per.x. uices: nec obedierunt uoci meæ: non uidebunt terram quam iuraui patribus eorum. nec quisquam ex illis qui detraxit mihi: intuebitur eam. Seruum meum caleb inducam in terram hanc. Omnes qui numerati estis .xx. annis et supra non intrabitis in terram hanc: præter caleb filium lephone: et losue filium nun. Vestra cadauera iacebunt in solitudine. filii uestri uagi erunt annis quadraginta iuxta numerum quadraginta dierum: quibus considerastis terram. annus pro die imputabitur. Telle est la colère de Dieu contre les Israélites que Moïse apaisa par ses prières ; le Seigneur reprit la parole et dit : "tous ces gens qui ont vu ma gloire et les signes que j'ai faits en Egypte et dans le désert, et qui m'ont mis à l'épreuve dix fois, et n'ont pas obéï à ma voix, ne verront pas la terre que j'ai jurée à leurs pères et aucun de ceux qui m'a rabaissé ne la verra ; mais mon serviteur Caleb, je le conduirai dans cette terre". "Vous tous qui avez vingt ans et plus, vous n'entrerez pas dans cette terre sauf Caleb, fils de Jéphon, et Josué, fils de Noun". "Vos cadavres resteront là étendus dans le désert, vos fils vont errer quarante ans, la mesure des quarante jours pendant lesquels vous avez pu voir cette terre ; un jour leur vaudra une année".

1598 Nam claudus sanatus a petro qui quadraginta annos ægrotauit: populum israeliticum significat claudum non solum ab incarnatione et deriuatione israelis claudi ut diximus : sed etiam quia rebellis corde: et animo claudus fuit quadraginta annos in deserto: et aduersus deum suum peruicax. De fait, le boiteux guéri par Pierre, qui a été malade pendant quarante ans, signifie le peuple d'Israël boiteux, non seulement en raison de son origine et du fait qu'il descend d'Israël le boiteux, comme nous l'avons dit, mais aussi parce que son cœur est rebelle et qu'il a été boiteux quarante ans dans le désert à s'obstiner contre son Dieu.

1599 Dicitur hic claudus ex utero: ita populus israeliticus claudus ex utero id est ab origine sua et a lacob: qui claudicauerat etiam corde cum nimis diffidit: et spem abiecit plus iusto fratrem esaum timens. On dit donc que notre boiteux est boiteux de naissance, ainsi le peuple d'Israël est boiteux de naissance, autrement dit depuis son origine et Jacob, mais celui-ci avait été boiteux aussi dans son cœur, quand il manqua par trop de foi et renonça à l'espérance plus qu'il n'était juste, dans la crainte de son frère Esaü.

1604 Sicut ergo claudus a petro sanatus ponebatur ad portam templi: nec poterat ingredi donec petrus eum introduxit: ita populus claudus id est israeliticus: legis prophetarumque uocibus ad messian id est ad ostium templi coelestis affertur: ut ab ingredientibus christianis poscat elemosynam fidei et sapientiæ. De même donc que le boiteux guéri par Pierre était placé près de la Belle Porte du Temple et ne pouvait entrer jusqu'au moment où Pierre le fit entrer, de même le peuple boiteux, autrement dit Israël, est porté par les paroles de la Loi et des prophètes près du Messie, autrement dit à la porte du Temple du Ciel, pour y demander aux chrétiens qui y entrent l'aumône de la foi et de la sagesse.

1607 Dicit ergo. (gens nomen.) Gens dicta scilicet israelitica: tenet nomen: ab illo israel id est iacob qui dictus est israel: qui id est iacob: æger id est infirmus in femore: hoc est claudus : reliquerat bella id est bellum hoc est luctam et pugnam ut dixi. conatus scilicet israel certare id est luctari et contendere deo id est cum deo: hoc est cum angelo qui representabat deum. Le poète dit donc gens nomen ("ce peuple, son nom") évidemment le peuple dit d'Israël, tenet nomen ab illo israel ("tient son nom de cet Israël") autrement dit Jacob qui est nommé aussi Israël, qui ("qui") autrement dit Jacob, æger ("malade") autrement dit infirme de la cuisse, autrement dit boiteux, reliquerat bella ("avait abandonné les guerres") autrement dit la guerre, autrement dit la lutte et le combat, comme je l'ai dit, conatus ("après avoir tenté ») évidemment Israël, certare ("de se mesurer") autrement dit de lutter et de s'affronter, deo ("à Dieu") autrement dit avec Dieu, autrement dit avec l'ange qui représentait Dieu.

1611 (ipse). scilicet patriarcha israel: tulit figuram grauem id est molestam: corporis scilicet claudicantis: quam scilicet figuram claudicationis. post id est postea: israel id est populus israeliticus ab illo israel claudo deriuatus: habet id est obtinet: clodus id est claudus: ut plaustrum plostrum: flaurum florum apud Tranquillum in Vespasiano leges. (ipse ("lui-même")) évidemment le patriarche Israël, tulit figuram grauem ("porta le lourd symbole") autrement dit le symbole pénible, corporis ("d'un corps") évidemment boiteux, quam ("que") évidemment le symbole de la boiterie, post ("après") autrement dit ensuite, israel ("Israël") autrement dit le peuple d'Israël, dont le nom dérive de celui du boiteux, habet ("possède") autrement dit retient, clodus ("boiteux") autrement écrit claudus, comme vous lirez plaustrum et plostrum, flaurum et florum dans la Vie de Vespasien de Suétone.

1612 clodus dico israeliticus populus: in uulnere mentis id est in contumacia de rebellione cordis: ut dictum est a nobis paulo ante. qui scilicet populus israeliticus: labens id est cadens et titubans ut claudi solent: per sua crimina id est rebelliones et querelas in mosen et deum: fluit id est labitur cadit magis:corde id est claudicatione cordis: quam carne id est quam claudicatione carnis et corporis. clodus ("le boiteux"), dis-je, c'est le peuple d'Israël ; in uulnere mentis ("dans la blessure de son esprit") autrement dit dans son obstination à avoir un cœur rebelle, comme nous venons de le dire, qui ("qui") évidemment le peuple d'Israël ; labens ("glissant") autrement dit tombant et titubant comme ont coutume de le faire les boiteux, per sua crimina ("par la faute de ses crimes") autrement dit de ses rébellions et de ses plaintes contre Moïse et contre Dieu, fluit ("s'écoule") autrement dit glisse, tombe, magis corde ("plus dans son cœur") autrement dit dans la boiterie de son cœur, quam carne ("que dans sa chair") autrement dit dans la boiterie de sa chair et de son corps.

1612 clodus dico israeliticus populus: in uulnere mentis id est in contumacia de rebellione cordis: ut dictum est a nobis paulo ante. qui scilicet populus israeliticus: labens id est cadens et titubans ut claudi solent: per sua crimina id est rebelliones et querelas in mosen et deum: fluit id est labitur cadit magis:corde id est claudicatione cordis: quam carne id est quam claudicatione carnis et corporis. clodus ("le boiteux"), dis-je, c'est le peuple d'Israël ; in uulnere mentis ("dans la blessure de son esprit") autrement dit dans son obstination à avoir un cœur rebelle, comme nous venons de le dire, qui ("qui") évidemment le peuple d'Israël ; labens ("glissant") autrement dit tombant et titubant comme ont coutume de le faire les boiteux, per sua crimina ("par la faute de ses crimes") autrement dit de ses rébellions et de ses plaintes contre Moïse et contre Dieu, fluit ("s'écoule") autrement dit glisse, tombe, magis corde ("plus dans son cœur") autrement dit dans la boiterie de son cœur, quam carne ("que dans sa chair") autrement dit dans la boiterie de sa chair et de son corps.

1613 Nam patriarcha iacob claudicabat corpore: gens israelitica ab eo deriuata: claudicabat corde non corpore. De fait, le patriarche Jacob boitait physiquement, mais le peuple d'Israël, qui découle de lui, boitait dans son cœur, non dans son corps.

1614 (et sub ipsis) spatiis id est sub iisdem temporibus et sub eadem annorum mensura qua claudus sanatus a petro claudicauerat: populus israeliticus claudicat scilicet corde: remotus: fine id est a finibus et regionibus ægypti: quadraginta annos: cupiens ægyptum: ut diximus: et quærens idola scilicet ægypti: unde in exodo uitulum aureum conflasse et adorasse dicuntur. (et sub ipsis) spatiis ("et dans cet espace") autrement dit dans ces temps et dans une mesure identique au nombre des années pendant lesquelles le boiteux guéri par Pierre avait boité, le peuple d'Israël boite évidemment dans son cœur ; remotus fine ("loin des confins") autrement dit des frontières et des régions de l'Egypte ; quadraginta annos ("quarante ans") cupiens ægyptum ("regrettant l'Egypte"), comme nous l'avons dit.

1617 (Ponitur debilis) id est claudus. scilicet populus israeliticus: ad portam speciosam id est iuxta messian et christum: qui est porta per quam patet ingressus ad deum: et dei ecclesiam: et fidelium congregationem. ponitur dico populus istaeliticus ad portam: sicut claudus sanatus a petro ad portam templi ponebatur. (Ponitur debilis ("l'infirme est placé")) autrement dit le boiteux, évidemment le peuple d'Israël, ad portam speciosam ("près de la Belle Porte") autrement dit à proximité du Messie et du Christ, qui est la porte par laquelle s'ouvre l'accès à Dieu, à l'Eglise de Dieu et à l'assemblée des fidèles ; ponitur ("il est placé"), dis-je, le peuple d'Israël, ad portam ("près de la porte"), comme le boiteux guéri par Pierre était placé à la porte du Temple.

1617 (Ponitur debilis) id est claudus. scilicet populus israeliticus: ad portam speciosam id est iuxta messian et christum: qui est porta per quam patet ingressus ad deum: et dei ecclesiam: et fidelium congregationem. ponitur dico populus istaeliticus ad portam: sicut claudus sanatus a petro ad portam templi ponebatur. (Ponitur debilis ("l'infirme est placé")) autrement dit le boiteux, évidemment le peuple d'Israël, ad portam speciosam ("près de la Belle Porte") autrement dit à proximité du Messie et du Christ, qui est la porte par laquelle s'ouvre l'accès à Dieu, à l'Eglise de Dieu et à l'assemblée des fidèles ; ponitur ("il est placé"), dis-je, le peuple d'Israël, ad portam ("près de la porte"), comme le boiteux guéri par Pierre était placé à la porte du Temple.

1620 Causa subditur. culpa scilicet rebellionis et peruicaciæ in deum: negauit iter id est ingressum scilicet populo israelitico claudicanti ut diximus: Le poète indique aussitôt après la cause : culpa ("sa faute") évidemment sa rébellion et son obstination contre Dieu, negauit iter ("a barré le chemin"), autrement dit l'entrée, évidemment pour le peuple d'Israël, qui boite comme nous l'avons dit.

1621 (Qui sunt. ) lnterrogat poeta: quinam sunt: ii qui baiulant populum israeliticum claudum ad portam hoc est ad messian: sicut claudus baiulabatur ad portam templi. (Qui sunt ("qui sont")) le poète pose une question : qui donc sont ceux qui portent le peuple d'Israël boiteux jusqu'à la porte, autrement dit le Messie, comme le boiteux était porté jusqu'à la porte du Temple ?

1624 dicit ergo: (qui sunt) scilicet illi baiulantes: qui solent ferre id est portare israel id est israeliticum populum clodum: pectore id est arcanis uaticiniis e pectore depromptis: et certant adiungere scilicet claudum portæ id est messiæ: quæ porta speciosa : prodit iesum id est monstrat de suo nomine quia sicut porta dicitur speciosa: ita et lesus speciosus uocatur. Le poète dit donc : (qui sunt ("qui sont")) évidemment ceux qui portent, qui solent ferre ("qui ont coutume de transporter") autrement dit porter, Israel ("Israël") autrement dit le peuple d'Israël, clodum ("boiteux") dans son cœur, autrement dit dans les prophéties secrètes qu'il tire de son esprit, et certant adiungere ("rivalisent pour joindre") évidemment le boiteux, portæ ("à la porte") autrement dit le Messie, quæ ("qui"), la Belle Porte, prodit ("révèle") Jésus, autrement dit le montre, de suo nomine ("à partir de son nom"), parce que, de même que la porte est nommée Belle, de même on dit de Jésus qu'il est beau.

1636 (Vetus o.) apostrophe ad utrunque claudum: scilicet figurantem: qui sanatus est a petro: et figuratum id est populum israeliticum: qui sanabitur a cæcitate et peruicacia sua: et per portam ingredietur: si hostiarium petrum orauerit ut se introducat in ecclesiam dei: sicut claudus ille orauit petrum et exortauit: ut se in templum intromitteret. (Vetus o ("Vieillard")) apostrophe à chacun des deux boiteux, évidemment celui qui sert de figure, et qui a été guéri par Pierre, et celui qui est figuré, autrement dit le peuple d'Israël, qui sera guéri de son aveuglement et de son obstination et entrera par la porte, s'il prie le portier, Pierre, de le faire entrer dans l'Eglise de Dieu, comme le boiteux l'a prié et l'a encouragé à le faire entrer dans le Temple.

1637 O clode uetus id est o popule israelitice ueterane in claudicatione: iacebis scilicet claudus: sine fine id est infinito tempore: ni id est nisi roges petrum scilicet ut te introducat in ecclesiam dei: per portam id est christum hoc est fidem christi. O clode uetus ("Vieillard boiteux") autrement dit peuple d'Israël, toi qui es un vétéran dans la boiterie, iacebis ("tu resteras gisant") comme le boiteux, sine fine ("sans fin") autrement dit pour une durée infinie, ni ("à moins que") mis pour nisi, roges petrum ("tu ne demandes à Pierre") évidemment qu'il te fasse entrer dans l'Eglise de Dieu par la porte qui est le Christ, autrement dit par la foi dans le Christ.

1650 (Pete.) adhuc alloquitur claudum. o claude : uel popule israelitice. uel qui petis elemosynam: pete scilicet a petro dona salutis id est sanitatis in anima uel in corpore : si ad alium claudum sensum refers. non secteris id est non quæras sollicite: opes id est diuitias: fragiles id est fluxas: quas scilicet opes: debet spernere: cum domino scilicet Christo paupere in hac uita: debet scilicet sanatus claudus: qui scilicet sanus erit diues: post limina templi. id est postquam ingressus fuerit limen et portam templi cum claudo. (Pete ("demande")) il s'adresse encore au boiteux, que tu sois le peuple d'Israël ou celui qui demande l'aumône, pete ("demande"), à Pierre évidemment, dona salutis ("les dons du salut") autrement dit de la santé de l'âme et du corps, suivant qu'on le rapporte à l'un des boiteux, non secteris ("ne t'attache pas") autrement dit ne recherche pas avec inquiétude, opes ("des biens") autrement dit des richesses, fragiles ("fragiles") autrement dit qui s'écoulent, quas ("que") debet spernere ("doit mépriser") cum domino ("avec le Seigneur"), évidemment le Christ, pauvre dans cette vie, debet ("doit"), évidemment le boiteux guéri, qui ("qui"),évidemment l'homme guéri, erit diues ("sera riche"), post limina templi ("de l'autre côté du seuil du Temple") autrement dit quand il sera entré au-delà du seuil et de la porte du Temple avec le boiteux.

1703 O iniqui id est Israelitæ : semper. id est omni æuo. quia etiam antiquis temporibus prophetas et sanctos persequebantur: sicut christum et eius apostolos nunc. O iniqui ("ô iniques") autrement dit Israélites, semper ("toujours"), autrement dit dans tous les temps, parce que, même dans les temps anciens, ils persécutaient les prophètes et les saints, comme à présent le Christ et ses apôtres.

1716 (Quid toties.) inuehit in iudæos semper claudicantes: et alludit ad id: quod supra dixit de claudicatione israelis et israelitici populi. O iudæa quid id est cur cadis toties? scilicet claudicando et rebellando aduersus deum et regem tuum? Emis scilicet tu o Iudæa a militibus pilati custodientibus sepulchrum domini: ut resurrectio christi cæletur id est occulta sit: furto id est prætextu furti. (Quid toties ("pourquoi tant de fois"), le poète s'en prend aux Juifs qui toujours sont boiteux et il fait allusion à ce qu'il a dit plus haut au sujet de la claudication du peuple israélite ; ô iudæa ("Judée") quid ("pourquoi") autrement dit pour quelle raison, cadis toties ("tombes-tu tant de fois") ? évidemment en boitant et en te rebellant contre ton Dieu et ton roi ; emis ("tu achètes"), évidemment toi, Judée, auprès des soldats de Pilate qui gardaient le tombeau du Seigneur, le fait que la résurrection du Christ cæletur ("soit cachée"), autrement dit soit masquée, furto ("par un vol"), autrement dit sous le prétexte d'un vol.