ad initium

Beda Venerabilis

122 Versus Aratoris Beda uenerabilis magnae apud theologos authoritatis: et qui post Aratorem annis fere ducentis scripsit: plerumque allegat quasi uenerans hoc sacrum poema. sicut illud ex secundo Qui canit ecclesiae tria dogmata: sæpius edit historicum: morale sonans typicumque uolumen: et ita frequenter ad hunc recurrit. Les vers d’Arator sont souvent cités par Bède le Vénérable, qui jouit d’une grande autorité parmi les théologiens et qui écrivit environ deux cents ans après Arator ; il voue pratiquement de la vénération à ce poème sacré, comme le montre cette citation du livre 2, "Qui canit ecclesiae tria dogmata, sæpius edit historicum, morale sonans typicumque uolumen" (celui qui chante les triples enseignements de l’Église publie assez souvent un livre qui fait entendre les sens historique, moral et symbolique) et ainsi il recourt fréquemment à lui.

721 Vnde in quadam homilia Beda uenerabilis: omnia inquit: quae de domino: uel a domino dicta uel acta cognouerat mater uirgo in corde retinebat: et sollicite cuncta memoriae comendabat: ut cum tempus praedicandae uel scribendae incarnationis eius adueniret: sufficienter uniuersa: prout essent gesta: explicare posset. D’où le fait que Bède dans une homélie déclare "tout ce qui a été dit sur le Seigneur ou par le Seigneur ou fait par lui, sa mère la vierge le savait et le gardait sans son coeur et avec soin elle confiait tout à sa mémoire de sorte que quand viendrait le temps de la prédication ou de l’écriture au sujet de l’incarnation de celui-ci, elle puiss expliquer tout exactement comme cela s’était passé".

739 Anima enim propter peccatum primorum parentum in bonis naturalibus authore beda: quattuor uulnera accepit: infirmitatis ignorantiae: malitiae et concupiscentiae. L’âme en effet en raison du péché des premiers parents reçut selon Bède, dans les biens naturels qui étaient les siens, quatre blessures : la faiblesse, l’ignorance, la malice et la concupiscence.

886 omne enim peccatum ut ait Beda ad undenarium pertinet. qui enim peruerse agit precepta decalogi transilit: ideoque ad duodenarium apostolos reducere nititur petrus: En effet, comme le dit Bède, "tout péché se rapporte au nombre onze : en effet, celui qui agit de façon perverse outrepasse les préceptes du décalogue" ; voilà pourquoi Pierre s’efforce de ramener à douze le nombre des Apôtres.

889 Dignam (inquit Venerabilis diuini eloquii interpres) sibi poenam proditor inuenit: dum guttur quo uox proditionis exierat: laqueo necauit. Comme le dit le Vénérable cet interprète de l’éloquence divine, "le traître a trouvé un châtiment digne de lui en tuant avec une corde le gosier par lequel était sortie la parole de trahison.

916 Cum ergo ait petrus: propheta hoc praedixerit: oportet uaticinium dauid impleri. Tunc id est post uerba petri: precantes scilicet sancti: summa: id est altissima diuinae maiestatis: ut e duobus probatissimis eligeret digniorem: constituere id est posuerunt duos super quos sortes mitterentur: secundum illud in prouerbiis sortes mittuntur in sinum et a domino temperantur: duos scilicet ioseph iustum cognomine id est qui habebat cognomentum iusti propter probitatem: si nomen latinum est: sed si hebreum ut ait beda interpretatur parcens uel eleuatus: et matthiam: quod nomen scilicet matthias sonat hebreo sermone id est lingua hebraica id est significat paruum dei. Puisque donc, dit Pierre, le prophète l’avait prédit, il est indispensable d’accomplir la prophétie de David. Tunc ("alors"), autrement dit après les paroles de Pierre, precantes ("priant"), évidemment les saints, summa ("très haut"), autrement dit la sublimité de la majesté divine, pour que des deux personnes particulièrement recommandables, il choisisse le plus digne ; constituere ("présentèrent"), autrement dit en posèrent deux entre lesquels ils tireraient au sort, selon ce qu’on lit dans les Proverbes "on jette les sorts, Dieu en règle l’issue", duos ("deux"), évidemment Joseph iustum cognomine ("surnommé Justus"), autrement dit qui avait le surnom de 'juste', en raison de sa probité si le nom est latin, mais s’il est hébreu comme le dit Bède, "cela veut dire économe et élevé", et matthiam ("Matthias") quod nomen ("nom qui"), évidemment celui de Matthias, sonat hebreo sermone ("veut dire en hébreu"), autrement dit en langue hébraïque, autrement dit signifie paruum dei ("le pauvre de Dieu").

929 praeterea orbis fidem trinitatis accepturus per praedicationem apostolorum: sentit mysterium trinitatis latere in numero duodenario: quia ter quatuor sunt. xii. et quater tres etiam .xii. quod si fuissent. xi. apostoli: non resultaret numerus trinitatis: qui numerus exprimitur in baptismate: cum quis baptizatur in nomine patris et filii et spiritus sancti. ergo hac quoque ratione debuit numerus duodenarius compleri: ut scilicet orbis baptizandus in nomine trinitatis in numero duodenario trinitatis fidem perciperet latere: cum authore beda per duas septenarii partes (ter quaterni enim. xii. sunt) gratia quam praedicabant etiam in numero seruaretur. En outre, le monde qui va recevoir la foi trinitaire grâce à la prédication des Apôtres sent bien que le mystère de la Trinité se cache dans le nombre douze : douze c’est trois fois quatre ou aussi quatre fois trois. Si les Apôtres avaient été onze, cela ne conduirait pas au nombre de la Trinité, nombre qui est exprimé dans le baptême, quand on est baptisé au nom du Père et du Fils et du saint Esprit. Voilà donc la raison qui fait que le nombre douze devait être reconstitué, évidemment pour que le monde qui allait être baptisé dans le nom de la Trinité comprenne que, dans le nombre douze, se cachait la foi trinitaire, alors que (si l’on suit Bède) en utilisant les deux parties du chiffre sept (trois multiplié par quatre faisant en effet douze) la grâce qu’ils annonçaient était conservée jusque dans leur nombre.

933 Nos conuenit illud non nescire Graecos theologos Basilium: Nazianzenum: origenem: latinos quoque hieronymum Ambrosium Augustinum caeterosque obseruare ubique proprietates ipsorum numerorum: adeoque attente illos scrutari in quibusuis diuinae scripturae locis: ut non sit mirandum si Arator hic quoque tam diligens sit numeri duodenarii: tamque curiosus obseruator: Certe beda clarus interpres passim huius sententias in suas comentationes transfert. Il est important que nous n’ignorions pas que les théologiens grecs, Basile, Grégoire de Nazianze, Origène, et les théologiens latins aussi, Jérôme, Ambroise, Augustin et tous les autres, ont été attentifs partout aux propriétés des nombres eux-mêmes et les ont soumises à un examen si attentif dans quelque passage des Ecritures qu’ils les trouvent, qu’il n’y a rien d’étonnant à ce qu’Arator ici aussi montre tant de soin à expliquer le nombre douze et que cet observateur si plein de curiosité qu’est Bède, l’illustre commentateur, fasse passer partout les sentences de ce dernier dans son propre commentaire.

1306 Cum ergo hi fideles in ecclesia primigenia carnalia per ueram dilectionem reliquissent : metebant id est colligebant diuitias bonorum spiritalium: quae sui merito et comparatione (ut ait Beda) ita erunt quasi paruo numero centenarius comparatus. quia a fratribus et sororibus: quibus spirituali glutino colligabantur: multo gratiorem etiam in hac uita recipiebant charitatem. Vnde multitudinis credentium erat cor unum et anima una: et erant illis omnia copia. Puisque donc les fidèles, dans l’Église primitive, avaient abandonné les biens charnels sous l’effet du véritable amour, ils mesuraient, autrement dit amassaient, les richesses des biens spirituels, qui, par leur mérite et en comparaison (comme le dit Bède), seront comme quand on compare à cent un petit nombre ; parce qu’ils était amassés par des frères et des sœurs auxquels ils étaient liés par un ciment spirituel, ils recevaient, même dans cette vie, une charité bien plus précieuse ; ce qui fait que la multitude des croyants n’avait qu’un seul cœur et une seule âme et qu’ils avaient abondance de tout.

1623 Sciendum sane Bedam egregium diuini eloquii interpretem hinc mutuari totam hanc allegoricam enarrationem sicut alia pleraque. Non enim ab Aratore discedit ungue latius. Il faut savoir à tout le moins que Bède, cet admirable commentateur de l'éloquence divine, a pris ici toute son interprétation allégorique de ce passage, comme de bien d'autres. En effet, il ne s'écarte pas d'un cheveu d'Arator.

1656 Dicit autem Arator: et Beda qui aratorem sequitur: quod postea quam claudus saluus factus in porticum salomonis id est christi: qui per salomonem figurabatur: uenit: cucurrit omnis populus id est uniuersus mundus: qui significabatur per illum populum: ad porticum salomonis id est ad ecclesiam christi pacifici. Arator, et Bède qui suit Arator, disent qu'une fois le boiteux sauvé, celui-ci vint dans le Portique de Salomon autrement dit le Christ, dont Salomon est la figure, et que tout le peuple, autrement dit la totalité du monde qui était représenté par cette foule du peuple, accourut vers le Portique de Salomon, autrement dit vers l'Eglise du Christ, faiseur de paix.

2238 Quocirca iuxta hanc sententiam: quæ habet egregios assertores ac uindices: Bedam scilicet et strabum: una materia fuit in principio creata tam elementariorum quam cœlestium corporum sub una forna communi : in genere substantiæ: uidelicet corporeitatis. Voilà pourquoi c'est selon cette opinion, qui a d'illustres promoteurs et défenseurs, comme Bède évidemment et Strabon, qu'il y a eu une seule matière unique créée au commencement à la fois pour les corps élémentaires et les corps célestes, sous une seule forme commune dans le genre de la substance, comprendre évidemment de la corporéité.

2251 tamen Græcus origenes homo magnus: approbantibus eandem sententiam Beda et strabo: affirmat ante omne tempus illa duo scilicet caelum id est spiritualem creaturam: et terram id est corporatam materiam: quam ipse uocat hylen amorphon: de nihilo fuisse conditam: atque ita cœlum uel intellectuale: et incorporeum uel corporeum empyreumque: sed angelis repletum. et informem materiam. Cependant le Grec Origène, un grand homme, avec une opinion qu'approuvèrent Bède et Walafrid Strabon, affirme qu'avant tout temps ces deux éléments, soit le ciel autrement dit la créature spirituelle, et la terre autrement dit la matière corporée, qu'il appelle lui-même ὕλη ἄμορφος ("matière sans forme"), ont été créés de rien, et ainsi le ciel, soit le monde intellectuel et incorporel, soit le monde corporel et empyréen mais empli par les anges, et la matière sans forme.

2287 Quam sententiam secutus Beda: Verno inquit tempore mundus perfectus est et ornatus: in quo solent herbæ uirentes apparere. Suivant cette idée, Bède écrit : "c'est au temps du printemps que le monde a été achevé et orné, car les herbes verdoyantes ordinairement apparaissent alors".

2423 In unum enim locum congregationes aquarum deuenerunt: cum authore beda: coelesti ope ac diuina ui factum est: ut terra subsidens ualles exiguas fluminibus: ingentes marinis aquis præbuerit. Les masses d'eaux vinrent en effet en un lieu unique, quand, comme le dit Bède, par l'aide du Ciel et la force divine il arriva que la terre en se plaçant en dessous offrît aux fleuves de petites vallées, mais d'immenses aux eaux de la mer.