189 sequamur autem beatissimi Gregorii consilium: quam aliquando (inquit) exponere aperta historiæ uerba negligimus: ne tardius ad obscura ueniamus. Suivons alors la décision du très bienheureux Grégoire : "combien parfois négligeons-nous d’expliquer les mots évidents de l’histoire pour ne pas trop tarder à en venir aux points obscurs".
255 De his meminit beatus Gregorius in homilia quadam: meminit quoque paulus diaconus et alii complures. Le bienheureux Grégoire mentionne ces faits dans l’une de ses homélies, comme d’ailleurs Paul Diacre et plusieurs autres auteurs.
312 Certe diuus Gregorius qui a suo nomine non recedens uigilanti expositione Iob diuini herois librum prosecutus est: et pulcherrimis commentariis circumfusis cunctas eius libri tenebras depulit: hos tres commemorat his uerbis. sciendum uero est: quod quædam historica expositione transcurrimus: et per allegoriam quædam typica peruestigatione perscrutamur. quaedam per sola allegoricae moralitatis instrumenta discutimus nonnulla autem per cuncta simul sollicitius exquirentes tripliciter indagamus. Nam primum quidem fundamenta historiae ponimus. deinde per significationem typicam: in arcem fidei: fabricam mentis erigimus. ad extremum quoque per moralitatis gratiam quasi super ducto edificium colore uestimus. Du moins le divin Grégoire qui, fidèle son nom, a traité dans un commentaire attentif le livre de Job le héros divin et a chassé toutes les ténèbres de ce livre en l’entourant des plus belles explications, fait mention de ces trois sens en ces termes : "mais il faut savoir que nous parcourons certains points par un commentaire historique, en usant de l’allégorie nous examinons certain points en menant une enquête symbolique, et nous en expliquons certains grâce aux seuls outils de l’allégorie morale ; quelques uns en revanche, nous les analysons avec plus de soin en appliquant les trois méthodes et nous appliquons à eux selon les trois sens. De fait nous commençons par poser les fondements historiques, puis, en usant de la signification symbolique nous dressons la demeure de l’esprit dans la citadelle de la foi et pour finir en usant de la grâce de l’interprétation morale nous habillons notre édifice comme si nous y mettions une couleur".
434 Et alio in loco idem heros patientissimus ait: elegit suspendium anima mea et morte ossa mea. Ni mirum (ut diuus gregorius author est) multa intelligi iuxta litteram nequeunt. quia superficie tenus accepta: nequaquam instructionem legentibus sed errorem gignunt. Et ailleurs le même héros de toute patience déclare : "mon âme voudrait être étranglée ! Je voudrais la mort plutôt que ces os !". Rien d’étonnant (comme l’atteste le divin Grégoire) que beaucoup de passages ne puissent être compris selon le sens littéral, parce que, si l’on s’en tient à leur surface, ils ne procurent aucune instruction aux lecteurs, mais les induisent en erreur.
488 Nec aliter illud diui gregorii in .vi. moralium accipio: considerato inquit humani generis puluere quorundam mens concussa desperat: qui puluis ad carnem redeat: et rediuiuum corpus per membrorum liniamenta conponat: quoniam illa terrae ariditas per uiuentia membra uiridescat ac sese per eorum species formasque distinguat. Hoc nimirum per rationem comprehendi non potest: sed tamen credi per exemplum facile potest. Quis enim ab uno grano seminis immensam surgere arborem crederet: nisi certum hoc per experimentum teneret? In tanta namque unius grani paruitate pene nullam uides similitudinem: ubi latet ligni duricia: et in ligno tenerior uel durior medulla: asperitas corticis: uiriditas radicis: sapor fructuum: suauitas odorum: diuersitas colorum: mollicies foliorum. Quid ergo est difficile ut puluis in membra redeat: dum conditoris potentiam quottidie cernimus: quia et ex grano ligna mirabiliter: et adhuc mirabilius fructus ex lignis creat? Et je ne comprends pas autrement ce passage du divin Grégoire au livre 6 des Moralia : "après avoir considéré la poussière qu’est le genre humain, l’esprit de certains est ébranlé et doute : comment la poussière pourrait-elle redevenir de la chair, et construire un corps ressuscité par l’entremise de la structure des membres, puisque cela voudrait dire que l’aridité de la terre reverdit à travers des membres vivants et se divise en fonction de leur espèce et de leur forme. Cela assurément la raison ne peut le comprendre, mais il est facile de le croire en utilisant un exemple. Qui pourrait croire que d’un seul grain de semence se dresserait un arbre immense, s’il n’en avait fait l’expérience assurée ? Dans l’infime petitesse d’un seul grain on peut à peine trouver une similitude avec l’arbre : où se cache la dureté du bois, et dans le bois la moelle tantôt dure tantôt plus molle, l’écorce rêche, la verdeur de la racine, la saveur des fruits, le parfum délicieux, les couleurs variées, la délicatesse des feuilles ? En quoi donc est-il difficile que la poussière redevienne des membres tandis que nous voyons tous les jours la puissance du Créateur, car, de manière admirable, il crée du bois à partir d’une graine et, de manière plus admirable encore, du fruit à partir du bois ?".
582 Vnde gregorius: thomas aliud uidit et aliud credidit. A mortali quippe homine uideri diuinitas non potuit. hominem ergo uidit et deum confessus est. dominus meus dicens et deus meus. D’où cette parole de Grégoire : "Thomas a vu une chose et en a cru une autre. En effet la divinité ne pouvait être visible par un homme mortel. Il a donc vu un homme et confessé sa foi en Dieu en disant ‘mon Seigneur et mon Dieu’".
642 In scriptura enim sacra (ut inquit diuus gregorius. iiii. et tricesimo moralium) unguentorum odoribus opinio solet signari uirtutum. Hinc sponsa in canticis sponsum desiderans dicit: In odorem unguentorum tuorum currimus. "Dans l’Écriture sainte en effet", comme le dit le divin Grégoire en Moral. 34, "on a coutume de représenter les vertus par les odeurs des onguents. De là vient que dans le Cantique la fiancée désirant son fiancé dit : ‘nous courons dans le parfum de tes onguents’".
741 At corporis uulnera naturalia iam inde ab illo fonte manantia septem enumerat diuus gregorius. frigus calorem: sitim famen laborem aegritudinem et mortem. Pour ce qui concerne les blessures naturelles du corps qui dérivent désormais de cette source, le divin Grégoire en énumère sept : le froid, la chaleur, la soif, la faim, la peine, la maladie, et la mort.
1050 Recte ergo diuus Gregorius in homilia pentecostes: in linguis inquit igneis apparuit spiritus sanctus ut linguas igneas doctores habeant: dumque deum amando praedicant ut corda audientium inflamment. Nam ociosus est sermo docentis: si praebere non ualet incendium amoris. Donc le divin Grégoire dit à juste titre dans son homélie sur la Pentecôte : "l’Esprit saint apparut en langues de feu pour que les docteurs aient une langue de feu, et, en prêchant Dieu, par l’amour qu’ils enflamment le cœur des auditeurs ; car la parole de celui qui enseigne ne fait rien si elle n’a pas la force de provoquer un incendie d’amour".
1239 Nam spiritus sancti recepti probatio et indicium clarum est: unumquemque ut se diligere. de deo uera: et ut uerbis utar gregorii: de proximo meliora quam de seipso sentire. quia uera uirtus: in amore est non in miraculis: ut ueritas ostendit: in hoc inquit cognoscent omnes quia discipuli mei estis: si dilectionem habueritis ad inuicem: non ait: in hoc cognoscetur uos meos esse discipulos: si signa feceritis sed ait: si dilectionem habueritis ad inuicem: aperte indicans ueros dei famulos: non ostensione miraculorum sed sola charitate probari. De fait il y a une preuve et un indice clair de la réception de l’Esprit saint : ils aiment chacun comme eux-mêmes et ont sur Dieu une opinion vraie et, pour dire comme Grégoire, sur leur prochain une meilleure opinion que sur eux-mêmes, car la vraie vertu n’est pas dans les miracles, comme le montre la Vérité : "en cela, dit-il, il reconnaîtront que vous êtes mes disciples si vous vous aimez les uns les autres" ; il ne dit pas : "en cela il reconnaîtront que vous êtes mes disciples si vous faites des miracles" mais il dit "si vous vous aimez les uns les autres" ; il indique ici ouvertement que les vrais serviteurs de Dieu apparaissent non aux miracles qu’ils montrent, mais à leur seule charité.
1243 sensus hic accipio non solum exteriores sed etiam interiores. nam cum proximi dilectio (ut author est gregorius) ad duo praecepta deriuetur scilicet illud quod ab alio tibi odisti fieri: uide ne alteri feceris: et item illud: quae uultis ut faciant uobis homines et uos facite illis: his duobus utriusque testamenti mandatis: per unum malitia compescitur: per alterum benignitas prorogatur. Ici je prends le mot sensus ("sens") non seulement pour les sens extérieurs, mais aussi pour les sens intérieurs ; de fait, puisque l’amour du prochain (en atteste Grégoire) dérive vers deux préceptes qui sont évidemment veiller à ne pas faire à un autre ce que tu détesterais que l’ont te fît, et aussi cet autre : faire vous aussi aux gens ce que vous voudriez qu’ils vous fassent ; avec ces deux commandements des deux testaments, grâce à l’un on apaise la malice, grâce à l’autre on prolonge la bienveillance.
1255 Ideoque arator gratiam spiritus sancti per omnes sensus fidelium tam interiores quam exteriores (ut exposui) efusam commemorat. At quanta eadem charitas postulat suo quodam iure: ut bonum proximo largiter impendas: quod in te conferri æquum iudicas: hic quoque alter dilectionis in proximum fons: in multos riuulos a beato gregorio diuiditur: ita ut malis bona: et bonis meliora conferas: in iracundos mitis: in proteruos masuetus: in malignantes beniuolus : in indigentes liberalis: in afflictos consolator: in uictos mundi huius desideriis uelut perniciosis nexibus increpator. C’est la raison pour laquelle Arator rappelle que la grâce de l’Esprit saint s’est répandue à travers tous les sens des fidèles tant intérieurs qu’extérieurs (comme je l’ai exposé) ; mais combien cette même charité demande, pour ainsi dire de son propre droit, que l’on partage largement à son prochain un bien que tu juges équitable qu’on te remette ; cette autre source de l’amour pour le prochain est divisée par le bienheureux Grégoire en de nombreux petits ruisseaux afin que l’on compare les actes bons aux mauvais et les actes meilleurs aux bons : être doux envers les coléreux, être patient envers les obstinés, être bienveillant envers les gens pleins de malice, être libéral envers les indigents, être consolateur envers les affligés, faire des reproches à ceux qui sont liés par les désirs de ce monde comme par des liens pernicieux.
1261 Si cui tamen ista grata erunt: legat gregorii in.x. moralium libro: et hæc ipsa aliis uerbis: et multo plura elegantius sapientiusque ut in fonte conscripta repperiet. Si ces sujets toutefois sont agréables à l’un de vous, qu’il lise les livre 10 des Moralia de Grégoire et il trouvera ces idées écrites en d’autres termes et bien plus encore avec plus d’élégance et de sagesse, comme s'il puisait à la source.
1392 Vt enim gregorius in quadam homilia dixit: Ex his quæ animus nouit: surgit ad incognita quæ non nouit: ut per hoc quod scit notum diligere: discat et incognita amare. Comme le dit en effet Grégoire dans une homélie : "à partir des réalités que l’esprit connaît, il tend vers les réalités inconnues qu’il ne connaît pas, en sorte que, par l’entremise de ce qu’il sait aimer, parce qu’il le connaît, il apprenne aussi à aimer ce qu’il ne connaît pas".