ad initium

Aristoteles

457 Vt autem aristoteles author est: primum in aliquo genere est causa aliorum ut ignis in genere calidorum: ideo resurrectio christi prima omnium aliarum resurrectionum causa sufficiens est: propter diuinam naturam quae uirtutem habet infinitam: cui humanitas uelut organum adiungit id est causa organica resurrectionis. deitas præcipua causa est: humanitas coniuncta instrumenti uicem gerens. Comme l’atteste Aristote : "le premier en un genre est la cause des autres, comme le feu dans le genre des choses chaudes" ; c’est pourquoi la résurrection du Christ et la causse suffisante de toutes les autres résurrections, en raison de sa nature divine qui possède une puissance infinie, à qui l’humanité adjoint comme un outil, autrement dit la cause organique de la résurrection, et la divinité est la cause principale, l’humanité jointe jouant le rôle de l’instrument.

478 sed dicet aliquis quomodo potuit maiestas redire cum carne: cum dicat Aristoteles in ii peri geneseos: ea quorum substantia corrumpitur: non in numero eadem sed in specie tantum redire. Mais on me dira : comment la majesté a-t-elle pu revenir accompagnée de la chair, alors qu’Aristote dans le livre 2 de la Génération des animaux dit : "les êtres dont la substance est corrompue reviennent identiques non en nombre mais seulement en espèce".

479 cui sententiæ idem philosophus applaudit in x primæ philosophiæ affirmans corruptibile et incorruptibile genere differre: ac propterea non idem numero redire: nec singulatim quicquam sed speciatim perpetuari. sed uerum ait de his quae redeunt per motum et uiam naturæ: cum scilicet corruptio et incorruptio ad idem principium atque ad eandem causam reducuntur. Le même philosophe applaudit à cette sentence dans les Analytiques premiers 10 en affirmant que le corruptible et l’incorruptible diffèrent en genre et pour cette raison ne reviennent pas identiques en nombre et ne se perpétuent pas par individu mais par espèce. "Mais cela est vrai", dit-il, "des êtres qui reviennent par mouvement et voie naturels, puisqu’évidemment la corruption et l’incorruptibilité sont ramenées au même principe et à la même cause".

482 quamquam fuere nonnulli philosophi neoterici qui resurrectionem per naturam fieri aliquo modo posse concederent secundum aristotelis dogma: qui fuisse æternum mundum asseuerat ut illi putant: et animas non esse infinitas: et esse immortales: et non esse unum hominum cunctorum intellectum. Pourtant il y a eu quelques philosophes modernes qui ont concédé que la résurrection pourrait en quelque manière être le fait de la nature, selon l’enseignement d’Aristote qui affirme, comme ils le pensent, que le monde est éternel et que les âmes ne sont pas infinies et sont immortelles et qu’il n’existe pas une intelligence unique pour tous les hommes.

496 sacer. enim canon ista minus aperte explicauit posset etiam aliquis ambigere: num caro christi in illo triduo putredine læsa fuerit: cum esset uere caro humana: quæ abeunte anima ut ait Aristoteles putrescit et corrumpitur. Le saint canon en effet n’a pas exposé assez clairement le fait suivant et quelqu’un pourrait aussi demeurer perplexe : la chair du Christ pendant ces trois jours a-t-elle été atteinte par la décomposition, puisqu’elle était vraiment une chair humaine, qui, comme le dit Aristote, lorsque le souffle vital la quitte se décompose et se corrompt.

661 Nam ut in .ii. primæ philosophiæ dicit aristoteles: hecaston de malista auto ton allon catho cai tois allois hyparchei to synonymon : oion to pyr thermotaton : cai gar tois allois to aition tuto tis thermotetos id est unumquodque maxime cæterorum causa est ipsum: quo et cæteris nomen idem cum eadem competit ratione: ut ignis est calidissimum. nam cæteris hic caliditatis est causa. De fait, comme le dit Aristote dans le livre 2 de la Métaphysique : ἕκαστον δὲ μάλιστα αὐτὸ τῶν ἄλλων καθ’ ὃ καὶ τοῖς ἄλλοις ὑπάρχει τὸ συνώνυμον : οἷον τὸ πῦρ θερμότατον : καὶ γὰρ τοῖς ἄλλοις τὸ αἴτιον τοῦτο τῆς θερμότητος ce qui veut dire "une chose est par excellence, quand c'est à elle que les autres choses empruntent ce qu'elles ont en elles ; ainsi le feu est le chaud par excellence, parce qu'il est la cause de la chaleur des autres êtres".

1008 Sed dicunt opici omnia habemus in latinum sermonem uersa. habemus commentatores: qui nobis cuncta Aristotelis explanant. Mais les ignorants nous disent "nous avons tout en traduction latine, nous avons des commentateurs qui nous expliquent tout Aristote".

1010 at id calypso non dicit apud homerum: nec commentatores latini quicquam ueri dicunt: cum summus philosophus usus fuerit imagine prouerbiali non ignota graecis: quam homerus odyss. Vii. scyllae italicae et charybdis siculae periculum multis uerbis describens. facit circem monentem Vlyxem: ut ad scyllam potius inflectat cursum quam ad charybdim propterea quod praestet sex e sociis desiderari extinctos in scyllae scopulo quam pariter omnes interire globis undarum fumigantibus absorptos: quos excitet charybdis fluctuum elisione ultro citroque concurrentium. Mais ces mots, Calypso ne les dit pas dans Homère, et les commentateurs latins ne disent rien de vrai, alors que le plus grand des philosophes a utilisé une image proverbiale qui n’est pas inconnue des Grecs, plutôt qu’Homère, Odyssée 8 qui, décrivant en un long discours le danger de Scylla l’italienne et Charybde la sicilienne, nous montre Circé prévenant Ulysse d’avoir à plutôt mettre le cap sur Scylla que sur Charybde, parce qu’il est plus expédient de regretter six compagnons morts sur le rocher de Scylla que de voir d’un coup tout le monde périr avalé par les eaux fumantes que Charybde fait naître en frottant l’un contre l’autre de flots aux courants inverses.

1011 Vt ergo ulyxes monetur inter scyllam et charybdi nauigare ita ut e duobus periclis: id quod est leuius: eligat: et magis in eam uergat partem: ubi minus sit iacturae: ita aristoteles monet. ut magis id uitium fugiamus: quod ipsi medio magis sit oppositum: cum extremorum altero magis: altero minus peccetur: maiorque in uno quam in altero sit iactura. De même donc qu’Ulysse reçoit le conseil de naviguer entre Charybde et Scylla, de même entre deux périls il lui faut choisir le moindre et se diriger vers celui dans laquelle la perte est moindre ; de même, Aristote nous conseille de fuir le vice qui est le plus opposé au milieu lui-même, puisque, dans ces extrêmes, on commet une plus grande faute dans l’un que dans l’autre, et qu’il y a plus de perte à redouter dans l’un que dans l’autre.

1012 Nec te conturbet: quod eum uersum: quem citat Aristoteles: apud homerum non dicat circe: cum eo mox ad nauis gubernatorem Vlyxes utpote a circe admonitus: utatur. tutu men capnu caicymatos ectos eerge nea. recte ergo non calypso sed circe scripsit Argyropylus: cum nec calypso id dixerit: nec ad eam attinere eorum periculorum admonitio potuerit: quae iam Vlysses euasisset: ut planum est ei quae homerum uidit. Et il n’y a pas lieu de se troubler du fait que le vers que cite Aristote, Circé ne le prononce pas chez Homère, puisque Ulysse s’adressant au pilote du navire, en homme que Circé vient d’avertir, utilise précisément ce vers τούτου μεν καπνού καὶ κύματος ἐκτὸς ἔεργε νῆα ("loin de cette vapeur et de ce flot, éloigne ta nef"). Donc Argyropylos a bien raison d’écrire non pas Calypso mais Circé, puisque ce n’est pas Calypso qui le dit et que ne peut relever d’elle le conseil d’éviter des dangers dont Ulysse s’est déjà tiré, comme il saute aux yeux de celui qui a consulté Homère.

1155 Addicti enim Aristotelis doctrinae ac dogmatis peripateticorum: magis ex lyceo quam ex porticu salomonis magistri sententias interpretantur: innumerabilibus cauillamentis: argutiis titillantibus ac philosophicis quaestiunculis omnina complentes. Attachés en effet à la doctrine d’Aristote et aux enseignements des Péripatéticiens, c’est plus depuis le Lycée que depuis le Portique de Salomon qu’ils interprètent les textes, en remplissant tout de sophismes sans nombre, d’arguties qui n’ont d’autre but que de chatouiller l’intelligence, et de misérables petites questions philosophiques.

1156 Nam si omnium: quae in petrum longobardum commentationes edidere: simplicem uelis theologiam separare a miscellanea illa expositione: uniuersam colliges paucissimis chartis: cum reliquas paginas haeresin peripateticorum et Aristotelis resonantes uix capiant bibliothecae orbis terrarum. De fait, si, parmi tout les points que les commentaires sur Pierre Lombard ont soulevés, on veut séparer la simple théologie de ce travail varié d’explication, on pourra tout mettre sur quelques feuillets, alors que toutes les bibliothèques du monde ne sauraient qu’à peine contenir toutes les autres pages qui résonnent des hérésies des Péripatéticiens et d’Aristote.

1167 Nec ego nunc istos peripateticos elingues atque infantissimos tueri cupio: qui non tam diserte quam acute multa interpretantes adeo a principe illo Aristotele degenerauerunt et lingua et sensu: ut in multis nihil omnino sentire: in plerisque etiam contra eum ipsum quem enarrant: sentire deprehendantur. Et, pour ma part, je n’ai aucun désir maintenant de défendre ces péripatéticiens sans éloquence et totalement puérils, qui, en expliquant avec moins d’éloquence que de pointillisme, beaucoup de choses, montrent une telle dégénérescence par rapport à leur maître Aristote, tant par la langue que par l’intelligence, que, dans bien des cas, on les prend en flagrant délit de ne rien comprendre du tout, et dans la plupart des cas de comprendre même de façon contraire à celui qu’ils commentent.

1283 Si ergo dicet aliquis: gratia tam late patet: ut cuncta munera spiritus sancti non naturalia sed gratuita significet: Id enim notat gratiæ uocabulum: quo pacto uis ut in uersu Aratoris (Funditur interea) per cunctos gratia sensus: gratia pro charitate accipiatur? Ego uero ac lubens isti ambiguitati obuiam ibo: ac præter eas (quas paulo ante causas rettuli) allegabo nunc antonomasian figuram: qua plerunque etiam si nomen proprium non ponamus: per id quod uice eius fungitur : ipsum nihilominus intelligimus. Vt cum dicimus philosophus hoc dixit: intelligitur Aristoteles ab his: qui uno in philosophia pede claudicant. Qui uero sani sunt utroque pede : platonem credunt significari. Si donc quelqu’un dit : l’étendue de la grâce est telle qu’elle signifie tous les dons de l’Esprit saint qui ne sont pas issus de la nature, mais d’un don gratuit (en effet c’est cela que dénote le mot "grâce"), comment veux-tu que dans le vers d’Arator (Funditur interea) per cunctos gratia sensus ("entre temps se déverse à travers tous les sens la grâce"), le mot "grâce" soit pris au sens de charité ? Je vais volontiers aller au devant de cette ambiguïté : outre les raisons que j’ai données peu auparavant, j’alléguerai maintenant la figure d’antonomase, qui fait que très souvent, même si nous ne mettons pas le mot propre, par ce à quoi nous avons recours à sa place, nous comprenons néanmoins ce mot même ; ainsi quand nous disons "philosophe", voici ce que dit ce mot : on comprend Aristote si l’on va dans la philosophie sur un seul pied et en claudiquant ; mais ceux qui sont en bonne santé et marchent sur leurs deux pieds, pensent que l’on veut parler de Platon.

1375 Hæc facile soluuntur: Si intelligimus distinctionem quampiam traditam ab aristotele in nono ton meta ta physica libro. Il est facile de résoudre ces difficultés si nous comprenons la distinction que nous livre Aristote au livre 9 de la Métaphysique.

1385 Nam ut aristoteles in primo hysteron analyticon. i. posterior. resoluto. ait: aei diho hyparchei hecaston eceino mallon hyparchei: oion diho philumen eceino mal.Ion philon id est semper enim propter quod unum quodque existit: illud magis existit: ut propter quod aliquid carum habemus: illud magis carum est. De fait comme le dit Aristote dans le premier livre des Seconds Analytiques : αἰεὶ δι´ ὃ ὑπάρχει ἕκαστον, ἐκείνῳ μᾶλλον ὑπάρχει, οἷον δι´ ὃ φιλοῦμεν, ἐκεῖνο μᾶλλον φίλον autrement dit "toujours en effet la raison pour laquelle chaque chose existe existe davantage qu’elle : ainsi la raison pour laquelle quelque chose nous est cher nous est plus chère que la chose elle-même".

1525 Nec enim (ut præclare dixit stagyrita philosophus in. ii. ton meta ta physica libro) si timotheus non fuisset tantum in musicis promouissemus. Et si phrynis non antecessisset: non tantus timotheus euasisset. En effet (comme l’a admirablement dit le Stagirite au livre 2 de la Métaphysique), s’il n’y avait pas eu Timothée nous n’aurions pas autant progressé en musique, et si avant lui il n’y avait pas eu Phrynis, Timothée n’aurait pas atteint le niveau qui fut le sien.

1836 Hinc stagyrita philosophus in .ii. hysteron analyticon: diffinitionem uocat terminum rei scilicet horon. Voilà pourquoi le Stagirite dans les Analytiques postérieurs, livre 2, nomme la définition 'borne' de l'objet, soit ὅρος.

1887 Nam logos etiam sermonem significat: et terminus : hoc est diffinitio. ab Aristotele in primo topicorum: oratio uocatur. De fait, le mot λόγος veut aussi dire 'discours' et 'limite' autrement dit 'définition', et Aristote, au livre 1 des Topiques, la nomme 'propos'.

1947 Nec stagyrita philosophus scopum attigit cum suo illo commentatore non minus lingua quam sensu barbaro: cum affirmant mundum ab æterno necessitate quadam naturali effectum fuisse. Le Stagirite, non plus, n'a pas visé juste, ni lui, ni son commentateur dont la langue n'est pas moins barbare que l'opinion, quand ils affirment que le monde a été réalisé de toute éternité selon une nécessité de nature.

1977 Nam licet reciprocæ illæ rationes primarum qualitatum ignem pariter in numerum reliquorum asciscere uideantur: ut aristoteles plerisque in locis asserit: tamen si materiam attendas: tria tantum elementa sunt. De fait, bien que ces raisonnements sur les qualités premières semblent réciproquement admettre le feu dans le nombre des autres, comme Aristote l'affirme en plusieurs endroits, si l'on s'en tient désormais à la matière cependant, il n'y a que trois éléments.

1979 Cum autem (ut putauit Aristoteles in xii ton metaphysica) deus causa sit omnium in triplici genere causæ: trinitatis munera: si paulo uolueris attentius speculari: inuenies in creaturis. Or puisque, comme l'a pensé Aristote, au livre 12 de la Métaphysique, Dieu est la cause de tout dans un triple genre de causalité, ce sont les dons de la Trinité que, si l'on veut regarder un peu attentivement, on trouvera dans les créatures.

2099 Ideas autem hic uoco: non ut stoici zenoniique authore plutarcho in ii de placitis philosophorum: ideas esse dixerunt notiones anticipatas in animis nostris. non ut Aristoteles: qui et ipse species quidem et ideas reliquit: sed neutique a materia disiunctas: non ut plærique Platonici: cuiusmodi proclus ac plotinus : qui ideam fatentur esse ens et dici: sed deum ut supra essentia: ita supra ideas esse contendunt. Ici je n'utilise pas le mot 'idée' comme les Stoïciens ou les disciples de Zénon qui, selon Plutarque dans le livre 2 des Opinions des Philosophes, dirent que les idées étient des notions anticipées dans notre âme, ni comme Aristote qui conserva certes la notion d'aspect et d'idée, mais en ne disjoignant ni l'une ni l'autre de la matière, ni non plus comme la plupart des Platoniciens, dans le genre de Proclus ou de Plotin, qui reconnaissent que l'on peut aussi nommer l'idée être, mais qui affirment que, de même que Dieu est au-dessus des essences, de même il est au-dessus des idées.

2204 Quod si quis diceret aliam esse hominis formam: qua uiuit scilicet uegetalem: aliam sensibilem qua sentit: et animal est: aliam intellectualem qua homo est: tunc homo non esset unum simpliciter: sed oporteret in intelligentia diuina unius speciei et formæ plures esse ideas: ut Aristoteles in ii. ton metataphysica aduersus platonem disserit. Et si quelqu'un disait qu'il existe une forme de l'homme, qui le fait vivre, appelons-la végétative, une autre sensible qui lui donne la sensation et en fait un être animé, une autre encore intellectuelle qui en fait un homme, alors l'homme ne serait pas un simplement, mais il faudrait que, dans l'intelligence de Dieu, il y ait plusieurs idées pour une seule espèce et une seule forme, comme Aristote le démontre contre Platon au livre 2 de la Métaphysique.

2272 Nam ab imperfecto ad perfectum natura progreditur. unde fœtus in utero: qui græce embryon dicitur: primo ut planta: mox ut animal: postremoque ut homo uiuit: si Aristoteli credimus. De fait la nature va de l'imparfait au parfait, et de là vient que le foetus dans l'utérus, que les Grecs appellent ἔμϐρυον, vit d'abord la vie d'une plante, puis celle d'un animal, et enfin celle d'un homme, si nous nous fions à Aristote.

2275 Ita enim in Euangelio dicit ueritas: sine me nihil potestis facere: et physicus stagyrita in naturalibus auscultationibus: nihil particulatim fieri asserit nisi prima causa praecipue agente. Ainsi, en effet, la Vérité dit dans l'Evangile : "sans moi vous ne pouvez rien faire", et le physicien de Stagyre, dans la Physique, affirme que rien ne peut être fait de manière particulière sans l'action principale de la cause première.

2325 Necessitatis ratio ab Alphagrano etiam perhibetur: si mundus esset alterius figurae quam globatæ: cum eo moto: uel inane: uel corpus sine loco esset dandum. quorum utrumque natura reformidat refugitque: ut in . iiii. physices acroaseos probat stagyrita. Un argument de nécessité est également employé par Al Farghani : si le monde avait une autre figure que celle d'un globe, avec son mouvement, il se produirait un vide voire un corps sans espace, deux idées que la nature réfute et repousse, comme, dans le livre 4 de sa Physique, le Stagirite le démontre.

2334 Sane Aristoteles in primo peri uranu: ita accipit æthera scilicet pro cœlo. reprehenditque anaxagoram: quod non recte etymon huius dictionis notauerit Pour autant, Aristote dans le premier livre du Traité du Ciel prend évidemment éther au sens de ciel, et il critique Anaxagore en disant qu'il n'a pas bien pris en compte l'étymologie de ce mot.

2336 E diuerso stagyrita: ab aii id est semper: et theo: curro: quasi aiither A l'inverse, le Stagirite le fait venir de ἀεί, autrement dit 'toujours' et θέω, 'courir', comme si le mot était *αειθηρ.

2339 Rectius (nisi fallor) stagyrita quam anaxagoras originationem uocis trutinauit: et expendit: cum a tot millibus annorum: quibus mundus fabricatus est: irrequieto ambitu aethera id est caelum inenarrabili celeritate . xxiiii. horarum spatio circumagi solis exortus et occasus haud dubium reliquant. Si je ne m'abuse, le Stagirite examine et explique l'origine du mot avec plus de justesse qu'Anaxagore, puisque, depuis tant de milliers d'années que le monde a été créé, les levers et couchers du soleil ne laissent aucun doute sur le fait que l'éther, autrement dit le ciel, dans un mouvement sans repos, et avec une ineffable rapidité, réalise sa révolution en l'espace de vingt-quatre heures.

2340 Quis non acuminis Aristotelem laudet: ubi tantæ molis incredibilli pernicitate: et infatigabili uertigine rotatæ naturam ponderauerit? Qui ne louerait la finesse d'Aristote, quand il a évalué la nature d'une telle masse qui tourne avec une incroyable vitesse et un mouvement circulaire sans repos ?

2356Id in iiii peri uranu latissime exponit Aristoteles. Cela est très largement expliqué par Aristote au livre 4 du Traité du Ciel.

2417 Est enim aqua: ut in .i. peri uranu probat Aristoteles: nata in decliuiora fluere: nisi impediatur. Cum autem aquæ corpus sit homogeneum: hoc est eiusdem naturæ proprietatis ac denominationis in partibus: quemadmodum in toto corpore (nam quælibet aquæ pars aqua est et aqua dicitur:) solent eruditi ab accidentibus partium totius aquæ proprietates monstrare. En effet, l'eau est, comme le prouve Aristote dans le Traité du ciel, par nature portée à couler dans les pentes à moins qu'on ne l'en empêche ; or comme le corps de l'eau est homogène, autrement dt de même nature, propriété et dénomination dans ses parties, de la même façon que dans le corps entier (de fait tout ce qui est partie de l'eau est eau et s'appelle eau), les savants d'ordinaire font, par les accidents qui affectent les parties, la démonstration des propriétés de l'eau dans sa totalité.

2432 Non enim ut physicus stagyrita putauit in .ii. meteorologicon: ex uaporibus montanis: qui sursum tolluntur: humescentibus emanant fontes: nec ex aere incluso in uisceribus terræ cauernosis: ac uerso in aquas: a radicibus montiumue lateribus humor fluens: atque undique collectus liquore multiplicato: amnes statuit in mare decurrentes. En effet, ce n'est pas, comme l'a pensé le physicien de Stagire au livre 2 des Météorologiques, des vapeurs des montagnes qui s'élèvent quand elles s'humidifient que coulent les sources, pas plus que c'est de l'air enfermé dans les cavernes des entrailles terrestres et changé en eaux, qu'au pied ou au flanc des montagnes quand coule un liquide que ce liquide rassemblé de partout et mulitipliant sa masse, finit, comme il l'a affirmé, en fleuves coulant vers la mer.

2434 At dicit solis radiis resolui mare: crebrisque in aerem conuersionibus ita minui hinc: ut nunquam augeatur illinc. Mais il dit que la mer s'évapore sous les rayons du soleil, et qu'ainsi, par une conversion massive en air, elle se trouve diminuée par ce fait, au point de ne jamais être augmentée par l'autre fait.

2435 o physice aristoteles: nimiumque physice: quanto euasisses sapientior: si afflatos sancto spiritu scriptores consuluisses. Aristote, physicien trop physicien, combien tu te serais montré plus sage, si tu avais pris conseil des écrivains inspirés par le saint Esprit !

2438 lam uero quod de solutione subiungit: cum nisi diei æstiuae calor possit resoluere admodum breuis: et circa tropicos illa caloris uis ingruat: non satis probabile uidetur nulla pari compensatione data. Ce qu'alors il ajoute à titre de solution, alors que la chaleur, à moins d'être celle d'un jour d'été, ne pourrait le faire s'évaporer, alors qu'elle est tout à fait courte, et que c'est autour des tropiques que se porte une chaleur d'une telle violence, ne suffit pas à le prouver si l'on ne compense pas en égale proportion.

2439 Sed iam hunc mittamus: et eos quos sanctum flamen erudiit: consulamus. Mais désormais laissons le et allons consulter ceux que la sainte flamme a rendu savants.

2454 Aquas autem gigni ex uaporibus stagyritae concedimus : non tamen fontanas perenni humore scaturientes: non fluuiales maiori auctu restagnantes: quæ tametsi a uaporibus humescentibus adiuuentur: tamen a mari uelut a capite: de proprio fonte deriuantur. Quant au fait que des eaux naissent de la vapeur, nous l'accordons au Stagirite ; cependant ce ne sont pas les eaux de sources qui rejaillissent d'une eau intarissable, ni les eaux des fleuves qui s'enflent et débordent, et qui, même si elles reçoivent l'appoint des vapeurs humides, coulent de leur propre source.

2477 cuius metamorphoseos in corporibus ita euenientis: causam uniuersalem dixit circulum obliquum Aristoteles: plato uero ideas. Pour cette métamorphose qui ainsi s'opère dans les corps, Aristote donne comme cause universelle le cercle oblique, Platon, quant à lui, les idées.

2484 Quare plato ille diuinus ante omnem multitudinem monada constituit: atque aristoteles in .ii. ton meta ta physica: id quod est primarie ens: uerumque primarie: causam esse ait omnis entis omnisque ueri: ut causa est omnis calidi id: quod est primarie maximeque calidum. Voilà pourquoi Platon, ce divin philosophe, a placé la monade avant toute forme de multiple, et Aristote, dans le livre 2 de la Métaphysique, dit que ce qui est le premier étant, et premier vrai, est la cause de tout étant et de tout vrai, de même que la cause de tout chaud est ce qui est premier parfaitement chaud.