ad initium

Iuuenalis

207 Sed confutatur hominis audaculi et plane impudentis imperitia Versu illo Iuuenalis: Gymnasia atque audi. et philolai vel pythagoræ: alla potu te metron cai situ gymnasion te ubi secunda syllaba est secunda in dactylo: ut hic quoque. Mais pour confondre l’ignorance de ce petit audacieux si impudent, voici ce vers de Juvénal Gymnasia atque audi ("écoute aussi les gymnases"), et cet autre de Philolaos ou peut-être Pythagore : ἀλλὰ ποτοῦ τε μέτρον καὶ σίτου γυμνασίων τε ("mais de la mesure en boisson, en nourriture et en exercices") où c’est la seconde syllabe du dactyle, comme aussi dans notre passage.

428 Ioquuntur autem poetæ secundum uulgi sensum: ut cum dicunt solem mergi in oceanum luue. audiet herculeo stridentem gurgite solem. non enim sol stridet cum occidit: nec undis oceani sol mersus quasi ignis aquis extinctus feruescit. Iste uulgi sensus est. Or les poètes parlent selon l'interprétation populaire comme quand ils disent que le soleil plonge dans l’océan, comme Juvénal audiet herculeo stridentem gurgite solem ("il entendra le soleil siffler dans le gouffre Herculéen"). En effet, le soleil ne siffle pas quand il se couche, et dans les eaux de l’océan, quand le soleil y plonge, il ne bouillonne pas comme un feu que l’on éteint dans de l’eau. Tout cela est l’interprétation populaire.

636 In fronte inquam signum illud accipit in loco aperto: et obuio: et in sede pudoris: unde dicimus perfricare frontem: et quando recepit eiectum semel attrita de fronte ruborem: dixit iuuenalis in loco inquam illo micat crux: in quo potissimum timor apparet et pudor. C’est sur le front, dis-je, qu’il reçoit ce signe, en un emplacement découvert et évident et qui est le lieu de la pudeur ; d’où vient l’expression perfricare frontem ("se frotter le front") ; et comme l’a dit Juvénal : quando recepit eiectum semel attrita de fronte ruborem ("quand revient la pudeur qu’on avait auparavant chassée en se frottant le front") ; la croix, dis-je, brille à l’emplacement où apparaissent de préférence la crainte et la pudeur.

879 Frangit audaciam cuiuscunque facinorosi tam atrociter punita proditio. Ait autem horruit taedia: quia ut inquit iuue: poena uehemens est nocte dieque suum gestare in pectore testem: cum mens conscia diri facinoris occultum sentit carnificem: et surdo uerbere semper caedentem. Une trahison si atrocement punie brise l’audace de tout criminel. Le poète dit bien horruit taedia ("il prit en horreur son abomination") parce que comme le dit Juvénal : "c’est un grand châtiment de porter jour et nuit dans le cœur le témoin qui nous accuse" quand l’esprit, qui a conscience de son crime abject, sent un bourreau caché et tombe toujours sous des coups que nul ne perçoit.

1048 Verum inquit rei maximae maximique mysterii causam dare tum potero cum ipse spiritus sanctus sua dona et suum ignem mihi dederit: quo illustrante facile utrunque patebit. post inuocationem spiritus sancti ait in baptismate ideo in specie columbae apparuisse Spiritum sanctum: quia Spiritus sanctus baptizatis dat simplicitatem: quam prae se fert columba auis. unde innocentes bonos simplices columbis comparamus. unde luue. dat ueniam coruis: uexat censura columbas. Vnde etiam apud matthaeum legimus Estote prudentes sicut serpentes: simplices sicut columbae. Vt enim serpens per angustias se coarctans ueteri tunica exutus innouatur: ita per baptismatis regenerationem ingrediens ueterem exuit hominem: columbae simplicitatem induit deposito serpentis indusio. Mais, dit-il, je vais pouvoir donner la raison d’une réalité si grande et d’un si grand mystère, quand l’Esprit saint lui-même m’aura donné ses dons et son feu ; s’il m’éclaire, les deux réalités s’expliqueront clairement ; après l’invocation de l’Esprit saint, il dit que, lors du baptême, l’Esprit saint est apparu sous la forme d’une colombe, parce que l’Esprit saint donne la simplicité aux baptisés, simplicité qu’illustre la colombe ; ce qui fait que nous comparons les gens innoffensifs, bons et simples, aux colombes, et fait aussi que Juvénal dit dat ueniam coruis : uexat censura columbas ("la censure pardonne aux corbeaux, mais tourmente les colombes") ; c’est ce qui fait aussi que nous lisons chez Matthieu "soyez prudents comme des serpents et simples comme des colombes". De même en effet que le serpent, en se faufilant dans des lieux étroits, se renouvelle en muant de son ancienne peau, de même grâce à la régénération du baptême, celui qui entre dans l’eau dépouille l’homme ancien et revêt la simplicité de la colombe après avoir déposé la défroque du serpent.

1100 Reprehenditur a luuenale marius tanquam luxuriosus et intemperans: quod ab hora octaua biberet: cum tempus edendi una solum hora anteuerteret: et quo pacto apostoli Sex horis integris horam nonam bibendo praeuenissent? Juvénal critique Marius en le tenant pour luxurieux et intempérant, parce qu’il commençait à boire à partir de la huitième heure, alors même qu’il n’anticipait le temps du repas que d’une seule heure ; comment alors les apôtres auraient-ils devancé de six heures pleines en buvant la neuvième heure ?

1174 Sciendum sane hoc nomen iesus disyllabon hinc poni posse: et trisyllabon. Nam si in scansione fit synaloepha: ita: corpori: dactylus: esum. erit trisyllabon. Si autem dicimus: corpore: iesum: tunc . i.erit consonans non uocalis: ut in secundo idem Arator: clementia iesu: et in loannes id est quoque consonans est apud Eundem in secundo: Venerit his quaesitor ait: qui fonte loannis: et paulo post nomine uenturi praecursor in orbe loannes. Nec te moueat quod graeci per. iota lesus et loannes scribunt. Nam iota: quae apud eos semper uocalis est: apud nos quandoque transit in consonantem ut iudaeus per iota scribitur: et tamen iuuenalis in consonantem mutauit: Arcanam iudaea tremens mendicat in aurem. Quod ego arbitror posse fieri in dictionibus: quae non sunt graecae: sed uel hebreae uel alterius linguae. si enim graecae sunt: ut iambus: hieronymus: iota in consonantem nullo pacto posse uerti Existimo. Qui ergo iambus proferret disyllabon: rustice proferret et barbare. Il faut du moins savoir que le nom Iesus peut ici être considéré comme comptant deux syllabes ou trois. De fait si, en scandant, on fait une synalèphe, on fera ainsi : corpori dactyle, esum, et il fera trois syllabes ; mais si nous disons corpore iesum alors i est une consonne et non une voyelle, comme, dans le livre 2, le même Arator qui écrit clementia iesu. Dans le mot Ioannes également, c’est une consonne chez le même auteur au livre 2 dans uenerit his quaesitor ait qui fonte Ioannis, et, peu après, nomine uenturi praecursor in orbe Ioannes. Ne te laisse pas émouvoir par le fait que les Grecs utilisent un iota pour écrire Iesus et Iohannes. De fait, iota, qui chez eux est toujours une voyelle, devient parfois chez nous une consonne, comme dans Iudaeus, qu’ils écrivent avec un iota et cependant dans Juvénal c’est une consonne : arcanam iudaea tremens mendicat in aurem ("la Judée tremblante mendie dans une oreille discrète"). Je pense que cela peut arriver dans des mots qui ne sont pas grecs, mais hébreux ou de quelque autre langue. En effet, s’ils sont grecs, comme iambus, hieronymus, il me semble que l’on ne peut en aucun cas changer iota en consonne. Celui donc qui prononcera iambus en deux syllabes aura une prononciation de paysan et de barbare.

1442 Nam si eta corripuit Arator: nonne Idem quoque fecit iuuenalis et longe calpe relicta: ubi calpe per eta sicut penelope scribitur: et Vergilius cum subito assurgens fluctu nimbosus orion: cum scribatur per omega apud Musæum: cai thrasyn oriona cai abrochon olcon amaxes. Et persius: non hic qui in crepidas graiorum ludere gestit: utramque breuem protulit: cum prima per eta scribatur: et iota longa sit. Musæus. ploe uathy crepidos epeurea dem abydu. et item lychnu sbennymenoio: para crepida de pyrgu. Et ne mihi polydamas: po: prima in dactylo: cum scribatur per omicron: ideoque legunt pulydamas addita.y. De fait si Arator abrège des η, Juvénal ne fait-il pas de même en écrivant et longe calpĕ relicta où l’on écrit ordinairement κάλπη comme Πενελόπη et Virgile cum subito assurgens fluctu nimbosus ŏrion, alors que le mot prend un ω chez Musée οὐ θρασὺν Ὠρίωνα καὶ ἄβροχον ὁλκὸν Ἁμάξης ; et Perse non hic qui in crĕpĭdas graiorum ludere gestit donne les deux voyelles brèves alors que l’on écrit κρηπῖδα et que le i est long, voir Musée πλῶε βαθυκρήπιδος ἐπ’ εὐρέα δῆμον Ἀβύδου, et de même λύχνου σβεννυμένοιο. παρὰ κρηπῖδα δὲ πύργου ; et dans ne mihi pōlydamas, il fait de po l’initiale (longue) d’un dactyle, alors qu’on écrit Πολυδάμας et c’est ce qu’il fait qu’ils lisent Πουλυδάμας en ajoutant un υ.