26 Hinc Mosen hebreorum sapientissimum et prophani authores appellant: ac pythagorae: Mercurio: Zoroastri: soloni: cæterisque illustribus ac summis sapientibus: qui in omni mortalium uita principes habiti sunt: sophon nomen tribuerunt: quia circa dei cultum ac diuinitatis studium annos suos uitamque omnem contriuere. De là vient que les auteurs profanes nomment Moïse le plus sage des Hébreux et qu’ils ont attribué le nom de σοφός (sage) à Pythagore, Mercure, Zoroastre, Solon et à tous les autres sages illustres et très grands qu’ils ont tenus pour des maîtres dans toute la vie humaine, car ils ont passé toutes leurs années et leur vie à s’occuper du culte de Dieu et du service zélé de la divinité.
520 dicitur autem semen ueneni mors: quia serpens antiquus cum euam decepit uenenosa persuasione (ut in genesi narrat Moses propheta) continuo mors secuta est exili: quam morte exulantes a paradiso pulsi sunt: et nuditatem suam cognouerunt. La mort est dite semen ueneni ("semence du poison") parce que, quand l’antique serpent trompa Eve par son discours de persuasion empoisonné (comme le raconte le prophète Moïse dans la Genèse), immédiatement la mort de l’exil suivit le moment où, jetés dans l’exil par la mort, ils furent chassés du paradis et connurent qu’ils étaient nus.
584 Sed repugnabit aliquis hic: et contra conabitur: quomodo miracula ostendebant diuinitatem christi: cum multa uiri sancti etiam miracula fecerint ut Moses: helias: heliseus et reliqui et loannis.xiiii. dicat Iesus: Amen dico uobis: qui credit in me: opera quæ ego facio ipse faciet: et maiora horum faciet. Mais on me fera ici une objection et on tentera de s’opposer à moi en disant : comment les miracles montraient-ils la divinité du Christ alors que de nombreux saints aussi firent des miracles, tels Moïse, Elie, Elisée et d’autres, et que Jésus déclare (Jn. 14) : "en vérité je vous le dis, celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes" ?
1020 (dudum) scire conuenit illud geneseos si haec uolumus intelligere. est autem huiuscemodi: cum noe iustus ac uerus dei cultor meruisset per arcam a uastatione diluuii cum coniuge ac tribus filiis totidemque nuribus suis liberari: non longo interiecto tempore quomodo linguarum diuersitas nata sit narrat moses. Et erat inquit omnis terra labium unum et uox una omnibus: et factum est cum mouerentur ipsi ab oriente, inuenerunt campum in terra sennaar: et habitauerunt ibi. et dixit homo proximo suo: uenite edificemus nobismetipsis ciuitatem et turrim cuius caput eat usque ad coelum: et faciamus nobis nomen antequam dispergamur in faciem omnis terrae. (dudum) Il convient de connaître le passage de la Genèse si nous voulons comprendre ces vers. Il se présente ainsi : comme Noé, le juste et vrai adorateur de Dieu, avait mérité d’échapper grâce à l’arche à la dévastation causée par le déluge, avec sa femme, ses trois fils et ses brus en même nombre, peu de temps après, Moïse raconte comment naquit la diversité des langues : "il y avait, dit-il, sur toute la terre une seule langue et une seule manière de parler pour tous, et il arriva que, comme ils se déplaçaient depuis l’Orient, ils trouvèrent un campement sur la terre de Sennaar, et ils habitèrent à cet endroit et l’homme dit à son prochain : ‘venez, construisons nous une cité et une tour dont le sommet puisse atteindre le ciel, et faisons nous un nom avant de nous disperser sur toute la face de la terre'".
1021 sed ut subiungit mox propheta: dispersit eos dominus confundens linguam eorum ita ut se inuicem non intelligerent: atque ita sublato loquendi seque inuicem tractandi commercio destiterunt ab aedificatione ciuitatis et turris. Mais comme l’ajoute peu après le prophète, le Seigneur les dispersa en confondant leur langue, de sorte qu’ils ne se comprenaient plus entre eux, et ainsi, une fois privé de l’échange de la parole et de la possibilité de se parler entre eux, ils renoncèrent à l’édification de la cité et de la tour.
1023 Nam ut inquit augustinus in sextodecimo libro de ciuitate dei: ista ciuitas quae appellata est confusio: ipsa est babylon: cuius mirabilis constructio gentium etiam historia comendatur. Babylon quippe confusio interpretatur: cuius nembroth gigantem fuisse conditorem: ut ibi tanquam in metropoli esset regni habitaculum: breuiter et obscure paulo superius innuit idem Moses. De fait comme le dit Augustin au livre 16 de la Cité de Dieu : "la cité qui fut appelée ‘confusion’ c’est la cité même de Babylone, dont l’histoire profane même rapporte l’admirable construction. En effet Babylone veut dire ‘confusion’ ; et le géant Nemrod en fut le fondateur pour y avoir le siège de son royaume pour ainsi dire comme dans une capitale, comme rapidement et de façon peu claire le même Moïse l’a laissé entendre un peu auparavant.
1036 dicit autem turrim ut augus. ait. xvi. de ciui. dei: uel quia una erat turris quam praecipue moliebantur inter alias: uel quia plures quae per numerum singularem ita significatae sunt: ut dicitur milies et intelliguntur millia millium: ut rana et locusta et intelligitur multitudo ranarum et locustarum in plagis quibus aegyptii percussi sunt per moysen. Il dit turrim ("une tour"), comme le dit Augustin au livre 16 de la Cité de Dieu soit parce qu’il n’y avait qu’une seule tour sur laquelle ils travaillaient de préférence aux autres, soit parce que plusieurs tours sont désignées par un singulier comme on dit 'mille fois' et que l’on comprend des milliers de milliers, comme on dit 'la grenouille et la sauterelle' et on comprend une multitude de grenouilles et de sauterelles dans les plaies qui frappèrent les Egyptiens par l’entremise de Moïse.
1092 cum inquit nec corrumpuntur acerbo liquore: quo maduere ueteres lacus. Signat enim poeta historiam quam in exodo Moses declarauit: et postea diuus ambrosius in quodam sermone repetiuit. Summa autem historiae est huiuscemodi: Tulit moyses israel de mari rubro: ambulaueruntque tribus diebus per solitudinem: et non inueniebant aquam: et uenerunt in marath: cuius loci aquas ob amaritudinem bibere non poterant. Marath enim amaritudo interpretatur: Has aquas in dulcedinem uertit moses cum lignum a domino monstratum in eas misisset: Erat inquit ambrosius aqua delectabilis ad uisionem: Sed sincera non erat ad saporem. Quand il dit nec corrumpuntur acerbo ("et il ne sont pas abîmés par l’aigre") liquide quo maduere ueteres lacus ("dont sont imprégnées les anciennes cuves"), le poète renvoie à l’histoire que, dans l’Exode, Moïse fait connaître et sur laquelle plus tard le divin Ambroise est revenu dans un sermon ; voici le résumé de cette histoire : Moïse fit sortir le peuple de la Mer Rouge et ils marchèrent trois jours dans le désert, sans trouver d’eau ; ils arrivèrent à Marath dont ils ne pouvaient boire les eaux en raison de leur amertume. En effet Marath veut dire ‘amertume’. Ces eaux, Moïse les transforma en eaux douces en plongeant dedans le bâton que le Seigneur lui avait montré : "l’eau", dit Ambroise, "était délectable à voir, mais elle trompait quant à sa saveur".
1092 cum inquit nec corrumpuntur acerbo liquore: quo maduere ueteres lacus. Signat enim poeta historiam quam in exodo Moses declarauit: et postea diuus ambrosius in quodam sermone repetiuit. Summa autem historiae est huiuscemodi: Tulit moyses israel de mari rubro: ambulaueruntque tribus diebus per solitudinem: et non inueniebant aquam: et uenerunt in marath: cuius loci aquas ob amaritudinem bibere non poterant. Marath enim amaritudo interpretatur: Has aquas in dulcedinem uertit moses cum lignum a domino monstratum in eas misisset: Erat inquit ambrosius aqua delectabilis ad uisionem: Sed sincera non erat ad saporem. Quand il dit nec corrumpuntur acerbo ("et il ne sont pas abîmés par l’aigre") liquide quo maduere ueteres lacus ("dont sont imprégnées les anciennes cuves"), le poète renvoie à l’histoire que, dans l’Exode, Moïse fait connaître et sur laquelle plus tard le divin Ambroise est revenu dans un sermon ; voici le résumé de cette histoire : Moïse fit sortir le peuple de la Mer Rouge et ils marchèrent trois jours dans le désert, sans trouver d’eau ; ils arrivèrent à Marath dont ils ne pouvaient boire les eaux en raison de leur amertume. En effet Marath veut dire ‘amertume’. Ces eaux, Moïse les transforma en eaux douces en plongeant dedans le bâton que le Seigneur lui avait montré : "l’eau", dit Ambroise, "était délectable à voir, mais elle trompait quant à sa saveur".
1092 cum inquit nec corrumpuntur acerbo liquore: quo maduere ueteres lacus. Signat enim poeta historiam quam in exodo Moses declarauit: et postea diuus ambrosius in quodam sermone repetiuit. Summa autem historiae est huiuscemodi: Tulit moyses israel de mari rubro: ambulaueruntque tribus diebus per solitudinem: et non inueniebant aquam: et uenerunt in marath: cuius loci aquas ob amaritudinem bibere non poterant. Marath enim amaritudo interpretatur: Has aquas in dulcedinem uertit moses cum lignum a domino monstratum in eas misisset: Erat inquit ambrosius aqua delectabilis ad uisionem: Sed sincera non erat ad saporem. Quand il dit nec corrumpuntur acerbo ("et il ne sont pas abîmés par l’aigre") liquide quo maduere ueteres lacus ("dont sont imprégnées les anciennes cuves"), le poète renvoie à l’histoire que, dans l’Exode, Moïse fait connaître et sur laquelle plus tard le divin Ambroise est revenu dans un sermon ; voici le résumé de cette histoire : Moïse fit sortir le peuple de la Mer Rouge et ils marchèrent trois jours dans le désert, sans trouver d’eau ; ils arrivèrent à Marath dont ils ne pouvaient boire les eaux en raison de leur amertume. En effet Marath veut dire ‘amertume’. Ces eaux, Moïse les transforma en eaux douces en plongeant dedans le bâton que le Seigneur lui avait montré : "l’eau", dit Ambroise, "était délectable à voir, mais elle trompait quant à sa saveur".
1095 Vnde siquis inquit dominus te percusserit in maxillam prebe ei et alteram. ita austeritas legis Euangelii dulcedine temperata est. amara est enim legis litera sine crucis mysterio. Quis non uidet dum modo aliqua ingenii scintilla polleat: ad haec mosis et ambrosii uerba allusisse Aratorem: cum dixit acerbo liquore: cum ueteres lacus possimus quoque intelligere aquas illas marath acerbas et insuaues? Sed haec uereor iam ne modum excesserint. D’où la parole du Seigneur : "si quelqu’un te frappe sur une joue, tends-lui l’autre" ; ainsi l’austérité de la Loi est tempérée par la douceur de l’évangile ; amère est en effet la lettre de la Loi sans le mystère de la croix. Qui ne voit pas, pour peu qu’il jouisse de quelque étincelle d’intelligence que c’est à ces paroles de Moïse et d’Ambroise qu’Arator a fait allusion quand il a parlé de liquide acerbo ("aigre"), puisque nous pouvons comprendre ueteres lacus ("d’anciennes cuves") comme ces eaux de Marath qui était amères et sans douceur ? Mais je crains encore de dépasser les bornes avec cela.
1221 At quomodo (dicet quispiam) in chiliade probabis unitatis perfectionem: non illam ex promptuario pythagoricorum allegatam: sed diuinae legis authoritate roboratam? Certe ego uero ac lubens. Canit enim propheta mille annos unum esse diem apud deum. Vnitas ergo quaepiam in chiliade repperitur: Hinc inter decreta ueteris hebraicae disciplinae legimus: per sex dies geneseos: quibus deus cuncta creauit ac disposuit: sex chiliadas annorum mundi sic designari: ut sint opera primi diei uaticinium eorum quae in prima mundi chiliade erant futura. opera item secundi eorum quae In secunda: et sic deinceps eodem semper utrobique successionis ordine seruato. Cuius sententiae cum hebrei theologi (ut author est picus) tum diuus hieronymus meminit in expositione psalmi illius: qui mosi inscribitur. Lactantius quoque firmianus in septimo institutionum diuini. libro: hanc sententiam non recitat sed confirmat. sciant inquit philosophi qui ab exordio mundi seculorum millia enumerant: nondum sextum milesimum annum esse conclusum: quo numero expleto consumationem fieri necesse est: et humanarum rerum statum in melius reformari. Mundum deus et hoc naturae admirabile opus: sicut arcanis sacrae scripturae continetur: sex dierum spacio consumauit: diemque septimum: quo ab operibus requieuit: sanxit. Ergo quoniam sex diebus cuncta dei opera perfecta sunt: per secula sex annorum id est sex millia manere in hoc statu mundum necesse est. dies enim magnus dei mille annorum circulo terminatur: sicut indicat propheta dicens: Ante oculos tuos domine mille anni tanquam dies unus. Mais alors, me dira-t-on, comment vas-tu prouver dans le millier la perfection de l’unité, sans tirer ton raisonnement des armoires des Pythagoriciens, mais en le faisant soutenir de l’autorité de la loi divine ? Mais je vais le faire, et avec grand plaisir. En effet, le prophète chante que mille ans sont un jour auprès de Dieu. Donc, on trouve quelque part l’unité dans le millier. Ensuite, parmi les commandements variés de la loi hébraïque, nous lisons que, par les six jours de la genèse que Dieu prit pour tout créer et ordonner, sont désignés les six mille ans du monde, de sorte que les œuvres du premier jour soient la prophétie de ce qui arriverait dans le premier millénaire du monde, les œuvres du second jour dans le second, et ainsi de suite, en suivant pour les deux réalités la même progression. C’est cette idée, qui est celle des théologiens hébraïques (si l’on en croit Pic), que Jérôme rappelle dans l’exposition du psaume dit de Moïse. Firmianus Lactance également, au livre 7 des Institutions divines, ne rapporte pas cette idée mais il la confirme, en disant : "que les philosophes qui comptent les millénaires de siècles depuis le commencement du monde sachent que le sixième millénaire n’est pas encore terminé ; une fois ce nombre accompli, il est inévitable que ce soit la consommation des temps, et que l’état des choses humaines soit changé en un état meilleur. Dieu a achevé le monde et l’œuvre admirable de la nature qui nous entoure, comme c’est écrit dans le trésor secret de l’Ecriture sainte, en l’espace de six jours, et a sanctifié le septième jour dans lequel il s’est reposé de ses œuvres. Donc, puisqu’il a fallu six jours pour achever toutes les œuvres de Dieu, il est inévitable que le monde demeure dans cet état pendant six siècles d’années, autrement dit six mille ans. En effet un grand jour de Dieu embrasse mille ans, comme le dit le prophète quand il déclare : ‘devant tes yeux, Seigneur, mille ans sont comme un seul jour’".
1516 Vt uerbi gratia: moses cum fuga sibi consuluisset: pauit alienas oues. Idem tamen a tanta abiectione erigitur mirabiliter adeo: ut ei regi tanuam par obiiceretur cui nuper seruierat: et sexecentis hominum millibus præficeretur: omnibus illustris gentibus: qui paulo ante uni notus ouibus præerat. ac postremo qui suæ libertatis erat indigus egensque fit alienæ assertor ac uindex. Ainsi par exemple, Moïse, quand il avait décidé de prendre la fuite, fut le gardien des brebis d’autrui ; mais le même Moïse fut tiré d’une si grande abjection pour s’élever tellement qu’il se trouva comme un égal devant le roi dont, peu auparavant, il avait été l’esclave et fut placé à la tête de six cent mille personnes, devint fameux dans toutes les nations, lui qui auparavant n’était connu que d’une personne et ne commandait qu’à des brebis, et pour finir, lui qui était privé de liberté et nécessiteux, devint le garant et le vengeur de celle d’autrui.
1517 Videtur nimirum mosis prosperitas fuisse aduerso et sinistro nata semine ut ait Arator. Il semble donc bien que la prospérité de Moïse naquit d’une semence contraire et funeste comme le dit Arator.
1580 Horum ergo durissimam seruitutem seruientium misertus summus opifex rerum: mosen ad pharaonem misit: qui populares suos a uexatione et crudeli iugo in libertatem uendicaret. Le très grand Créateur du monde, les ayant donc pris en pitié dans la très dure servitude de leur esclavage, envoya Moïse à Pharaon pour revendiquer pour ses concitoyens la fin des vexations et de ce joug cruel ainsi que la liberté.
1581 ls moses dux rei gerendæ creatus: et non tam suis suorumue quam inefabili dei potestate fretus israeliticæ libertatis uindex extitit et assertor. Celui-ci, ce Moïse, une fois établi comme chef pour mener cette affaire et fort non tant de ses forces et de celles des siens, que de la puissance ineffable de Dieu, devint le promoteur de la liberté et son défenseur.
1587 Hinc in libro numerorum legimus: Et tedere coepit populum itineris ac laboris : locutusque contra dominum et moysen ait cur eduxisti nos de ægypto ut moreremur in solitudine? Deest panis: non sunt aquæ : anima nostra iam nauseat super cibo isto leuissimo. C'est ce qui fait que nous lisons dans le Livre des Nombres : "le peuple se prit à se lasser du chemin et de la peine ; il parla contre le Seigneur et contre Moïse et dit : 'pourquoi nous as-tu fait sortir d'Egypte, pour nous faire mourir dans le désert ; nous n'avons pas de pain, il n'y a pas d'eau, et nous en avons la nausée de cette nourriture totalement inconsistante'".
1593 His ergo claudicationibus offensus deus dixit ad moysen. Vsque quo detrahet mihi populus iste? quo usque non credet mihi in omnibus signis quæ feci coram eis? feriam igitur eos pestilentia atque consumam. Et donc, offensé par ces boiteries, "Dieu dit à Moïse : 'combien de temps encore ce maudit peuple va-t-il me rabaisser ? combien te temps encore va-t-il refuser de croire tous les signes que j'ai faits devant lui ? Ainsi donc je vais les frapper de pestilence et les anéantir".
1594 Hanc dei iram in israelitas repressit suis precibus moyses: Cui iterum dixit dominus. Omnes homines qui uiderunt maiestatem meam: et signa quæ feci in ægypto et solitudine et tentauerunt me iam per.x. uices: nec obedierunt uoci meæ: non uidebunt terram quam iuraui patribus eorum. nec quisquam ex illis qui detraxit mihi: intuebitur eam. Seruum meum caleb inducam in terram hanc. Omnes qui numerati estis .xx. annis et supra non intrabitis in terram hanc: præter caleb filium lephone: et losue filium nun. Vestra cadauera iacebunt in solitudine. filii uestri uagi erunt annis quadraginta iuxta numerum quadraginta dierum: quibus considerastis terram. annus pro die imputabitur. Telle est la colère de Dieu contre les Israélites que Moïse apaisa par ses prières ; le Seigneur reprit la parole et dit : "tous ces gens qui ont vu ma gloire et les signes que j'ai faits en Egypte et dans le désert, et qui m'ont mis à l'épreuve dix fois, et n'ont pas obéï à ma voix, ne verront pas la terre que j'ai jurée à leurs pères et aucun de ceux qui m'a rabaissé ne la verra ; mais mon serviteur Caleb, je le conduirai dans cette terre". "Vous tous qui avez vingt ans et plus, vous n'entrerez pas dans cette terre sauf Caleb, fils de Jéphon, et Josué, fils de Noun". "Vos cadavres resteront là étendus dans le désert, vos fils vont errer quarante ans, la mesure des quarante jours pendant lesquels vous avez pu voir cette terre ; un jour leur vaudra une année".
1596 Et in eodem deuteronomio moyses ad populum loquens: En inquit quadragesimus annus est ut recogites in corde tuo: quia sicut erudit homo filium suum: sic dominus deus tuus erudiuit te. Et dans le même Deutéronome, Moïse, s'adressant au peuple, dit : "Voici la quarantième année qui arrive pour que tu réfléchisses dans ton cœur, car comme un homme éduque son fils, ainsi le Seigneur ton Dieu t'a éduqué".
1612 clodus dico israeliticus populus: in uulnere mentis id est in contumacia de rebellione cordis: ut dictum est a nobis paulo ante. qui scilicet populus israeliticus: labens id est cadens et titubans ut claudi solent: per sua crimina id est rebelliones et querelas in mosen et deum: fluit id est labitur cadit magis:corde id est claudicatione cordis: quam carne id est quam claudicatione carnis et corporis. clodus ("le boiteux"), dis-je, c'est le peuple d'Israël ; in uulnere mentis ("dans la blessure de son esprit") autrement dit dans son obstination à avoir un cœur rebelle, comme nous venons de le dire, qui ("qui") évidemment le peuple d'Israël ; labens ("glissant") autrement dit tombant et titubant comme ont coutume de le faire les boiteux, per sua crimina ("par la faute de ses crimes") autrement dit de ses rébellions et de ses plaintes contre Moïse et contre Dieu, fluit ("s'écoule") autrement dit glisse, tombe, magis corde ("plus dans son cœur") autrement dit dans la boiterie de son cœur, quam carne ("que dans sa chair") autrement dit dans la boiterie de sa chair et de son corps.
1799 In principio orationis laudatur sermo dei: qui creauit cuncta animata mirabiliter : ut in genesi narrat Moses. Au début de la prière, on loue la parole de Dieu qui a créé de manière admirable tous les êtres animés, comme le raconte Moïse dans la Genèse.
1852 Vnde moses: spiritus inquit domini ferebatur super aquas: hoc est super omnia fluxa ac mobilia creata: ipsis esse spirando: et eas uiuificando. C'est ce qui fait que Moïse dit : "l'Esprit de Dieu planait sur les eaux", autrement dit sur tout ce qui a été créé fluctuant et mobile, leur accordant l'être par spiration et les vivifiant.
1853 Et ita Moses tres in rerum creatione personas notauit: patrem qui dixit: uerbum per quod dixit: et spiritum sanctum qui esse rebus creatis spirauit: atque eas uiuificauit. Et ainsi, Moïse a bien noté la présence, lors de la Création, des trois Personnes, le Père qui a dit, le Verbe par l'intermédiaire duquel il a dit, et l'Esprit saint, par la spiration duquel l'être est venu aux choses créées, et qui les a vivifiées.
2012 Ac primum occurrit: cur Arator incipiat a creatione animatorum potius quam a creatione cœli et terrae: ut incœpit Moses: La première chose qui se présente est la raison pour laquelle Arator commence par la création des êtres animés, plutôt que par la création du ciel et de la terre, comme a commencé à le faire Moïse.
2119 Nam ut in genesi narrat moses: deus per sua uerba omnia faciebat: et formas cunctarum rerum producebat: ut etiam supra abunde exposui: ne hic diutius morarer: De fait, comme le raconte Moïse dans le Genèse, Dieu faisait tout par ses paroles, et produisait les formes de toutes choses, comme je l'ai abondamment exposé plus haut, et pour ne pas m'attarder davantage.
2138 Cum uero addit moses: et uidit deus quod esset bonum: intelligimus in benignitate spiritus eius: non quasi cognitum postquam factum est: placuisse: sed in eadem bonitate placuisse: ut factum maneret in qua placuit ut fieret. Mais quand Moïse ajoute : "et Dieu vit que cela était bon", nous comprenons que, dans la bonté de son esprit, ce n'est pas comme si cela ne lui avait plu parce qu'il ne l'aurait connu qu'une fois créé, mais ce qui lui a plu dans cette même bonté, c'était que demeure créé ce qu'il lui a plu de créer.
2141 non intelligimus teste hieronymo: de spiritu mundi mosen locutum: sed de spiritu sancto: qui et ipse est omnium uiuificator. Au témoignage de Jérôme, nous ne comprenons pas que Moïse a parlé de l'esprit du monde, mais de l'Esprit saint, qui lui-même est celui qui vivifie tout.
2235 Est autem aduertendum: quia Arator inducens apostolos dei fabricam commendantes: sequitur mosem prophetam genesin rerum describentem in capite liminari sui operis illius diuini: ac profundissimi: in quo tauri merguntur: et agni uix pedes tinguntur. Il faut alors remarquer qu'Arator, en mettant en scène les apôtres qui font l'éloge de l'acte divin de création, suit le prophète Moïse, quand il décrit la genèse du monde dans le chapitre liminaire de son divin et très profond ouvrage, dans lequel "les taureaux se noient alors que les pieds des agneaux en sont à peine mouillés".
2246 Quoniam uero aeris forma tenuis: non ita populo est nota et tractabilis: rudi scilicet et crassa dumtaxat percipienti: propheta apud infirmos uerba faciens: de aere ac de igne: qui aere est in sua sphæra inconspicabilior ac magis tenuis: nullam fecit mentionem: ne incognita uideretur inserere. Mais puisque la forme de l'air est subtile, et qu'elle n'a pas été ainsi connue et saisissable, pour un peuple ignorant et qui certes ne percevait que des choses épaisses, le prophète, parlant devant des gens pleins de faiblesses, de l'air et du feu qui est dans sa sphère plus invisible et plus subtil que l'air, n'a fait aucune mention de cela, pour ne pas sembler insérer des éléments inconnus.
2259 Nec uero successio temporis (cum ante omnem diem opus creationis describitur: et primis tribus diebus fabrica distinctionis: et tribus aliis sequentibus pulchritudo ornatusque mundi referuntur a propheta) ullam affert creatrici maiestati sugillationem. Maintenant, la succession temporelle (puisque l'œuvre de la création est décrite avant tout jour et que la construction de la distinction dans les trois premiers jours, et, dans les trois suivants, la beauté et l'ornement du monde sont rapportés par le prophète) ne cause à la majesté créatrice nulle meurtrissure.
2260 Nam diuinus moses: qui conditricem naturam in principio temporum mundum creasse ait: ac cœlum terrramque tanta celeritate operationis condidisse declarat: eamdem proculdubio diuinam substantiam: et ante tempora æternaliter significat extitisse: et monstrat omnipotentem: sine ulla controuersia: reiue gerendæ exceptione: cui uoluisse facere fuerit. De fait, le divin Moïse, qui dit que la nature créatrice au commencement des temps a créé le monde, et déclare qu'il a fondé le ciel et la terre avec une telle rapidité d'exécution, indique sans aucun doute que cette substance divine existait aussi avant le temps, de toute éternité, et il montre le Tout-Puissant, à qui il appartient sans aucune contestation ni exception dans son activité, d'avoir voulu créer.
2286 Vnde in exodo propheta: martius (inquit) uocatur primus mensis. C'est de là que vient que dans l'Exode le prophète dit de mars qu'il est le premier des mois.
2306 Ideo etiam post conditam naturam: non sunt expectati dies ut uirga moysi uertereretur uerteretur in draconem: non sunt.x. menses expectati: non longa matris fastidia tantisper dum Adam in matris utero formaretur: sed continuo in ætate uirili conditus: prout in prima causarum conditione æterna uoluntas instituerat. Voilà pourquoi aussin quand il eut créé la nature, on n'attendit pas des jours pour voir le bâton de Moïse se transformer en serpent, et on n'attendit pas dix mois de longues peines de sa mère jusqu'à ce qu'Adam fût formé dans le sein de sa mère ; au contraire il fut créé immédiatement dans son âge d'homme, dans la mesure où la volonté éternelle en avait décidé ainsi lors de la création des causes premières.
2400 tamen spiritum oris hic: ad summam trinitatem rerum conditricem: et ad spiritum sanctum rerum uiuificatorem creatoremque dauidicæ locutionis: ac mosaicæ imitatione (ut supra exposui) puto referendum. Cependant spiritum oris ("l'Esprit qui sort de la bouche"), je pense qu'il faut le rapporter à l'ensemble de la Trinité créatrice et à l'Esprit saint qui vivifie et crée les choses, à l'imitation de la manière de parler de David et de Moïse.
2471 Ita enim ait moses: et appareat arida. nam materia: nisi formarum speciem induatur: inconspicabilis est: sed nec apparet induta formam elementi: cum elementum purum: simplex: atque inmixtum: nec uideri: nec tangi: nec sub ullum omnino sensum cadere possit: ut philosophi ostendunt. C'est ainsi en effet que Moïse déclare : "qu'apparaisse la terre ferme" ; de fait, la matière si elle ne revêt pas l'apparence d'une forme n'est pas visible, et elle n'apparaît pas même quand elle a revêtu la forme d'un élément, puisqu'un élément pur, simple et sans mélange ne peut être ni vu, ni touché, ni tomber sous aucun sens, ainsi que le montrent les philosophes.