39 Haec si considerarent aut crederent quidam priscæ eloquentiæ non tam imitatores quam simii nonnullis fontis caballini guttulis leuiter conspersi: numquam profecto in auctoramentum antiquæ elegantiæ impia uerba affectarent: nec quattuor illis uoculis si diis placet: me hercule: dii boni: sancte iuppiter suis scriptis passim intextis sese attollerent quasi ueteres ab inferis reuocarint: non minus ridiculi mea quidem sententia: quiue se ciceroni quasi simillimos arbitrabantur: si illis uerbis periodum clauderent: esse uideatur. S’ils prenaient en compte ces faits et les croyaient, ces gens qui ne sont pas tant des imitateurs de l’éloquence du passé que des singes vaguement frottés de gouttelettes issues de la source du fameux cheval, jamais vraiment ils n’auraient l’affectation de considérer comme un profit les paroles impies de l’antique élégance, et ne se vanteraient pas de mettre partout dans leurs écrits ces quatre petites phrases, si diis placet (s’il plaît aux dieux), mehercule (par Hercule), dii boni (dieux bons), sancte Iuppiter (saint Jupiter), comme s’ils allaient rappeler les Anciens des enfers ; et non moins ridicules, du moins à mon avis, ceux qui se considéraient pour ainsi dire de parfaits émules de Cicéron s’ils concluaient leur période par cette clausule : esse uideatur.
177 et ita facit quoque docilem ut ait Cicero. Et ainsi il le rend "docile" selon le mot de Cicéron.
303 (modis) id est numeris uersibus. Nam ut inquit. M. Tullius in oratore in pedibus singulis modus inest aut sexquiplex aut duplex aut par. per rythmos ergo et modos uersus plerunque intelligimus. (modis) autrement dit en rythme, en vers. De fait, comme le dit dans l’Orateur M. Tullius, "dans chaque pied le rythme peut être sesquialtère, double ou égal". Par les rythmes et les modes la plupart du temps nous voulons parler des vers.
578 ideo dixit poeta: iam dominus contulerat fidem emphanticos et signanter: non euidentiam illam quam cicero in academicis uocat perspicuitatem: græci enarges nominant: sed fidem certam ueritatis illius quae mentibus adhesit apostolorum de resurrectione christi non solum ut dei Sed etiam ut hominis. C’est la raison pour laquelle le poète a dit "déjà le Seigneur avait apporté la foi", de manière emphatique et expressive, exprimant non pas cette forme d’hypotypose que Cicéron dans les Académiques nomme perspicuitas et les Grecs ἐναργής, mais une foi certaine en cette vérité qui s’attacha à l’esprit des apôtres au sujet de la résurrection du Christ non seulement en tant que Dieu, mais encore en tant qu’homme.
715 nec enim tametsi hoc solum agerem: et mihi contigisset homerica ubertas ac demosthenis torrens: tullianaeue eloquentiae fluuius: dignam tui laudator accederem: quam angeli praedicarunt: patriarchae significarunt: prophetae praedixerunt: Euangeliographi monstrauerunt: Denique coelestis legatus Gabriel uenerabili officiosissimeque salutauit. Et ce n’est pas, en effet, que si je faisais cela et s’il m’était donné la richesse d’Homère, la parole torrentueuse de Démosthène et de l’éloquence cicéronienne, j’accèderais dans mes louanges à une éloquence digne de toi que les anges ont annoncée, les patriarches représentée symboliquement, les prophètes prédite, les évangélistes montrée et pour finir Gabriel le céleste envoyé a saluée avec vénération et un extrême respect.
910 Cum autem ut refert. M.Tullius in libris officialibus: fraus quae uulpeculae: uis leonis uideatur: et utrumque alienissimum ab homine sit: fraus odio digna maiore est. sed iudae dolosa proditione nulla capitalior: nulla atrocior: nulla immanior: qui tum cum maxime fallebat: quasi uir bonus officioso osculo dominum excepit. Puisque, comme le dit Cicéron dans le De officiis, "la tromperie qui est, semble-t-il le propre des petits renards et la force qui est celui des lions, sont toutes deux totalement étrangères aux humains, la tromperie mérite plus de haine". Mais il n’est aucun crime plus capital que la trahison pleine de ruse de Judas, aucun plus affreux, aucun plus cruel, car tandis qu’il trompait totalement, comme un homme de bien, il a reçu son Seigneur avec un baiser plein d’empressement.
977 Laudatur. M. Tullius quod suae ubertatis alueum in duas linguas graecam ac romanam diuidere potuerit: cum spiritus sanctus in illis apostolorum constrictis antea faucibus non unam aut duas: nec multis annis aut mensibus: sed uno momento omnes simul linguas quasi fontem omnium aquarum oceanum esse uoluerit. On loue Cicéron parce qu’il put partager la richesse de son abondance oratoire en deux langues, la romaine et la grecque, alors que l’Esprit saint, dans ces apôtres dont les gosiers étaient auparavant serrés, voulut qu’il n’y ait non pas une ou deux langues, non pas acquises en quelques mois ou années, mais en un seul instant toutes les langues à la fois comme un océan, source de toutes les eaux.
1166 Instat dixit poeta proprie id est consequitur: futurus est. Vt salustius. optimum factu ratus noctem quae instabat: antecapere: ne quid eo spatio nouaretur: instabat: hoc est proxima erat: uel sequebatur. scribit autem Martianus in musica: tripoda trini cursus praesagia polliceri: hoc est extantis instantis et rapti. Ex quibus Martiani uerbis colligit uir quidam apprime eruditus: instans dici tempus futurum: extans uero praesens: raptum praeteritum. adiicitque: quare barbare balbutiunt recentiores philosophi. qui instans pro praesenti dicunt: cum extans dicit debeat. Haec ille cum dixit: ante pedes lucente uia non uidit a se reprehendi . M. Tullium celebrem romani eloquii authorem: tanquam barbarum: qui innumeris in locis instans accipit pro praesenti. Vt in primo libro rhetorico de inuentione: Et quae inquit nuper gesta sint: quae scire plerique possint: et item quae instent in praesentia: et quae maxime fiant: et quae consequantur: per ea quae gesta sint praeterita intelligit: et per ea quae instent et fiant: praesentia: postremoque per ea quae consequantur futura. Item in .ii. ad herennium libro de argumento loquens: Id inquit diuiditur in tempora tria: praeteritum: instans: consequens. Ac mox declarans quid sit instans subdit: In instanti tempore quaeritur: num uisus sit cum faciebat et caetera. In consequenti spectabitur nunquid re transacta relictum sit quod indicet aut factum esse maleficium: aut a quo factum. In. .iiii. quoque tuscula.que libro. Quae enim uenientia metuuntur: eadem efficiunt aegritudinem instantia. in quibus uerbis uenientia id est futura: et instantia id est praesentia opponuntur. Non adducimus plura testimonia uel Ciceronis uel aliorum quae plurima sunt: quia hic nec uictoriam: nec uictoriae satietatem quaerimus. Tantum admonemus studiosos. ne ducantur in errorem ab ingeniosis et doctis uiris: qui dum prompte momi censura in alios utuntur: in momum incidunt. Instat ("presse") le poète a pris le mot au sens propre, autrement dit "vient après", "sera". Ainsi Salluste "ayant pensé que le mieux à faire était de devancer la nuit qui pressait, afin qu’à la faveur de cet espace il ne puisse se produire quelque événement nouveau" : ici "pressait" veut dire "était toute proche" ou "suivait". Martianus Capella écrit également dans la partie sur la musique "le trépied promet des présages selon un triple cours, à savoir ce qui existe, ce qui presse et ce que le temps a déjà emporté". De ces paroles de Martianus, un parfait érudit conclut que le temps pressant désigne le futur, le temps existant le présent, le temps emporté le passé, et il ajoute : "voilà pourquoi les philosophes modernes ne font que bégayer quand ils disent que le temps pressant est le présent, alors qu’il dit qu’ils devraient désigner ainsi le temps existant". Quand celui-ci dit cela, il n’a pas vu que, alors que juste devant lui le chemin est éclairé, il est en train de critiquer Marcus Tullius en le traitant de barbare, puisque, dans d’innombrables passages, Cicéron entend par le temps qui presse le présent. Ainsi, dans le premier livre du traité de rhétorique sur l’invention : "et ce qui vient d’être fait que la plupart des gens peuvent savoir, et de même ce qui presse dans l’instant présent et qui se réalise instamment, et ce qui suit" ; par "ce qui vient d’être fait", il entend le passé, par "ce qui presse et se réalise" le présent et enfin par "ce qui suit" le futur. De même, au livre 2 de la Rhétorique à Herennius, où il dit : "cela se divise en trois temps : le temps passé, le temps qui presse, le temps qui suit" ; et, peu après, expliquant ce qu’est le temps qui presse, il ajoute : "dans le temps de l’instant, on recherche s’il a été vu quand il agissait etc., dans le futur on regardera si, une fois la chose accomplie, il reste quelque chose qui puisse indiquer qu’un acte répréhensible a été commis ou qui l’a fait". De même, dans le livre 4 des Tusculanes : "on redoute ce qui va venir, les même choses qui nous pressent produisent un état maladif" ; dans ces mots "ce qui va venir" désigne le futur auquel on oppose "les choses qui pressent" autrement dit le présent. Nous n’ajoutons pas plus de témoignages, que ce soit de Cicéron ou d’autres qui sont extrêmement nombreux, car ici nous ne cherchons ni la victoire ni la satisfaction de la victoire. Nous nous contentons d’avertir les curieux pour éviter qu’ils ne soient induits en erreur par des hommes ingénieux et sages, qui, en recourant contre d’autres au reproche d’être des clowns, tombent eux-mêmes dans la clownerie.
1166 Instat dixit poeta proprie id est consequitur: futurus est. Vt salustius. optimum factu ratus noctem quae instabat: antecapere: ne quid eo spatio nouaretur: instabat: hoc est proxima erat: uel sequebatur. scribit autem Martianus in musica: tripoda trini cursus praesagia polliceri: hoc est extantis instantis et rapti. Ex quibus Martiani uerbis colligit uir quidam apprime eruditus: instans dici tempus futurum: extans uero praesens: raptum praeteritum. adiicitque: quare barbare balbutiunt recentiores philosophi. qui instans pro praesenti dicunt: cum extans dicit debeat. Haec ille cum dixit: ante pedes lucente uia non uidit a se reprehendi . M. Tullium celebrem romani eloquii authorem: tanquam barbarum: qui innumeris in locis instans accipit pro praesenti. Vt in primo libro rhetorico de inuentione: Et quae inquit nuper gesta sint: quae scire plerique possint: et item quae instent in praesentia: et quae maxime fiant: et quae consequantur: per ea quae gesta sint praeterita intelligit: et per ea quae instent et fiant: praesentia: postremoque per ea quae consequantur futura. Item in .ii. ad herennium libro de argumento loquens: Id inquit diuiditur in tempora tria: praeteritum: instans: consequens. Ac mox declarans quid sit instans subdit: In instanti tempore quaeritur: num uisus sit cum faciebat et caetera. In consequenti spectabitur nunquid re transacta relictum sit quod indicet aut factum esse maleficium: aut a quo factum. In. .iiii. quoque tuscula.que libro. Quae enim uenientia metuuntur: eadem efficiunt aegritudinem instantia. in quibus uerbis uenientia id est futura: et instantia id est praesentia opponuntur. Non adducimus plura testimonia uel Ciceronis uel aliorum quae plurima sunt: quia hic nec uictoriam: nec uictoriae satietatem quaerimus. Tantum admonemus studiosos. ne ducantur in errorem ab ingeniosis et doctis uiris: qui dum prompte momi censura in alios utuntur: in momum incidunt. Instat ("presse") le poète a pris le mot au sens propre, autrement dit "vient après", "sera". Ainsi Salluste "ayant pensé que le mieux à faire était de devancer la nuit qui pressait, afin qu’à la faveur de cet espace il ne puisse se produire quelque événement nouveau" : ici "pressait" veut dire "était toute proche" ou "suivait". Martianus Capella écrit également dans la partie sur la musique "le trépied promet des présages selon un triple cours, à savoir ce qui existe, ce qui presse et ce que le temps a déjà emporté". De ces paroles de Martianus, un parfait érudit conclut que le temps pressant désigne le futur, le temps existant le présent, le temps emporté le passé, et il ajoute : "voilà pourquoi les philosophes modernes ne font que bégayer quand ils disent que le temps pressant est le présent, alors qu’il dit qu’ils devraient désigner ainsi le temps existant". Quand celui-ci dit cela, il n’a pas vu que, alors que juste devant lui le chemin est éclairé, il est en train de critiquer Marcus Tullius en le traitant de barbare, puisque, dans d’innombrables passages, Cicéron entend par le temps qui presse le présent. Ainsi, dans le premier livre du traité de rhétorique sur l’invention : "et ce qui vient d’être fait que la plupart des gens peuvent savoir, et de même ce qui presse dans l’instant présent et qui se réalise instamment, et ce qui suit" ; par "ce qui vient d’être fait", il entend le passé, par "ce qui presse et se réalise" le présent et enfin par "ce qui suit" le futur. De même, au livre 2 de la Rhétorique à Herennius, où il dit : "cela se divise en trois temps : le temps passé, le temps qui presse, le temps qui suit" ; et, peu après, expliquant ce qu’est le temps qui presse, il ajoute : "dans le temps de l’instant, on recherche s’il a été vu quand il agissait etc., dans le futur on regardera si, une fois la chose accomplie, il reste quelque chose qui puisse indiquer qu’un acte répréhensible a été commis ou qui l’a fait". De même, dans le livre 4 des Tusculanes : "on redoute ce qui va venir, les même choses qui nous pressent produisent un état maladif" ; dans ces mots "ce qui va venir" désigne le futur auquel on oppose "les choses qui pressent" autrement dit le présent. Nous n’ajoutons pas plus de témoignages, que ce soit de Cicéron ou d’autres qui sont extrêmement nombreux, car ici nous ne cherchons ni la victoire ni la satisfaction de la victoire. Nous nous contentons d’avertir les curieux pour éviter qu’ils ne soient induits en erreur par des hommes ingénieux et sages, qui, en recourant contre d’autres au reproche d’être des clowns, tombent eux-mêmes dans la clownerie.
1419 Est poeta (ut . M. tullius author est) oratori finitimus numeris astrictior paulo: uerborum autem licentia liberior. "Le poète" (comme l’atteste Marcus Tullius) "est le plus proche de l’orateur en ce qu’il est un peu plus contraint par les rythmes, mais plus libre par les licences qu’il peut se permettre sur les mots".
1422 Quanta sit difficultas in rebus nouis culte atque eleganter enunciandis ostendit Euangelus apud Macrobium: affirmans . M. Tullium aut de natura deorum: aut de fato: aut de diuinatione disputantem: gloriam: quam oratione conflauerat: incondita rerum relatione minuisse. Combien est grande la difficulté qu’il y a à énoncer des choses nouvelles en termes raffinés et élégants, Evangélus chez Marcobe le montre bien quand il affirme que Marcus Tullius, quand il a disserté sur la nature des dieux, ou sur le destin, ou sur la divination, a diminué, en rapportant ces sujets de manière peu travaillée, la gloire qu’il s’était acquise par son talent d’orateur.
1423 Si ergo cicero tantum dicendi facultate adeptus ut pro eloquentia eius sit nomen receptum: non uersu: qui pedibus astrictus est: sed libera ac soluta oratione uix condite res philosophicas et a communi usu remotas propter unam nouitatem referre potuit: quid ueniæ uel potius licentiæ dandum est poetæ christiano non prosa sed uersu: non res humanas aut philosophiam: sed diuinas et sublimem theologiam tractanti? Si donc Cicéron, qui avait tant acquis de capacités oratoires que son nom est passé à la postérité comme synonyme d’éloquence, alors qu’il n’utilisait pas le vers qui est plus contraint par les pieds, mais la prose libre, a eu de la peine à rapporter avec élégance des sujets philosophiques et éloignés du sens commun en raison de leur seule nouveauté, quelle indulgence ou pour mieux dire quelle licence devra-t-on donner au poète chrétien qui n’écrit pas en prose, mais en vers, et traite non de choses humaines ou de philosophie, mais de choses divines et de la sublimité de la théologie ?
1426 Nihil est enim ut in bruto refert cicero: simul et inuentum et perfectum adeoque id uerum esse credidit summus orator: ut putet non dubitandum quin fuerint ante homerum poetæ, quod ex eis carminibus intelligi potest: quæ apud illum et in pheacum et in procorum epulis canuntur: alioquin unde tam perfectus esse poeta potuit homerus? Rien en effet, comme le dit Cicéron dans le Brutus n’a été en même temps à la fois découvert et porté à sa perfection, et ce modèle d’éloquence a tellement cru en la vérité de cette maxime qu’il pense qu’"il ne faut pas douter de l’existence de poètes avant Homère, ce que l’on peut comprendre à la lecture de ces poèmes qui dans son œuvre sont chantés dans les banquets des Phéaciens ou des prétendants". Autrement, d’où Homère aurait-il pu tirer une telle perfection ?
1429 Multi oratores . M. tullium. at quia non multi philosophi romani M . tullium philosophica scribentem antecesserant : non iam in illis nouis enunciandis suo illo aureo eloquentiæ genere nitescere potuit: sed adeo scabris turbulentisque retardatur obiicibus tulliani flumen illud eloqui ut in Euangeli censuram non sine quapiam ratione incidisse uideatur. De nombreux orateurs avaient précédé Marcus Tullius mais, parce qu’il n’y avait pas eu beaucoup de philosophe romains qui avaient précédé Marcus Tullius dans l’écriture d’ouvrages philosophiques, il ne put dans l’énoncé de ces nouveautés briller de son éloquence d’or, mais le fleuve de l’éloquence cicéronienne est tellement retardé par les obstacles de l’âpreté et de la confusion qu’il semble avoir encouru non sans quelque raison la censure d’Evangélus.
1429 Multi oratores . M. tullium. at quia non multi philosophi romani M . tullium philosophica scribentem antecesserant : non iam in illis nouis enunciandis suo illo aureo eloquentiæ genere nitescere potuit: sed adeo scabris turbulentisque retardatur obiicibus tulliani flumen illud eloqui ut in Euangeli censuram non sine quapiam ratione incidisse uideatur. De nombreux orateurs avaient précédé Marcus Tullius mais, parce qu’il n’y avait pas eu beaucoup de philosophe romains qui avaient précédé Marcus Tullius dans l’écriture d’ouvrages philosophiques, il ne put dans l’énoncé de ces nouveautés briller de son éloquence d’or, mais le fleuve de l’éloquence cicéronienne est tellement retardé par les obstacles de l’âpreté et de la confusion qu’il semble avoir encouru non sans quelque raison la censure d’Evangélus.
1429 Multi oratores . M. tullium. at quia non multi philosophi romani M . tullium philosophica scribentem antecesserant : non iam in illis nouis enunciandis suo illo aureo eloquentiæ genere nitescere potuit: sed adeo scabris turbulentisque retardatur obiicibus tulliani flumen illud eloqui ut in Euangeli censuram non sine quapiam ratione incidisse uideatur. De nombreux orateurs avaient précédé Marcus Tullius mais, parce qu’il n’y avait pas eu beaucoup de philosophe romains qui avaient précédé Marcus Tullius dans l’écriture d’ouvrages philosophiques, il ne put dans l’énoncé de ces nouveautés briller de son éloquence d’or, mais le fleuve de l’éloquence cicéronienne est tellement retardé par les obstacles de l’âpreté et de la confusion qu’il semble avoir encouru non sans quelque raison la censure d’Evangélus.
1468 Quis ergo Demosthenes: quis cicero poterit ab impietate eos defendere: qui religionis: cui fuerunt assensi: et fidei cuius sacramentum induerunt: proditores facti: tantum abest ut eius præconibus faueant : ut etiam accerrime eos oppugnent: ignorantius dicam an impudentius? bene qui nihilominus leguntur a piis: nec in tam malo statu res est : ut desint fauissores sanæ mentis: quibus authores sacri placent. Insani illi prorsus infoelices: quorum plerique ingenium nacti egregium quasi poculum aureum: non id deo summo: sed infimo plutoni dicant: se ipsos dæmoni et libidinibus in illo propinantes. Quel Démosthène, quel Cicéron pourra les défendre de l’accusation d’impiété, alors qu’ils sont devenus les traîtres de la religion à laquelle ils avaient donné leur assentiment et de la foi dont ils ont revêtu le sacrement, et qui sont tellement loin de favoriser sa prédication qu’ils s’y opposent même avec la dernière violence, je ne saurais dire si c’est plus par ignorance que par impudence ? Il est bon qu’ils soient néanmoins lus par les gens pieux et la situation n’est pas si terrible qu’il manque de gens partisans de la droite raison auxquels plaisent les auteurs sacrés ; quant à ces fous, ils sont bien malheureux : la plupart d’entre eux a reçu une admirable intelligence comme une coupe d’or, et ne la consacrent pas au Dieu très grand, mais au Pluton infernal et s’en servent pour s’offrir eux-mêmes en boisson au démon et à leurs désirs.