ad initium

Hieronymus

40 nec sane (remota erroris nebula si rem animaduerterent) audax gazæ scomma uiri alioqui eruditissimi approbantes: dicerent: affectum iniuria a ruffino Hieronymum quia pro ciceroniano accusetur: qui plagas illas nullo suo merito tulerit. Et du moins (s’ils regardaient la réalité en chassant loin d’eux les nuées de l’erreur), ils approuveraient l’audacieuse raillerie de ces richesses faite par un homme par ailleurs d’une extrême érudition, et diraient que Jérôme a été bien injustement frappé par Rufin qui l’accusait d’être un cicéronien, et qu'il endura ce coup sans l’avoir aucunement mérité.

49 Quam ob rem nisi quis iuxta hieronymi sententiam uocem dei in deuteronomio secutus poeseos illius prophanæ tamquam mulieris captiuae caput supercilia et omnes pilos abraserit atque ungues amputauerit: et quicquid mortuum est idolatriae: libidinis: erroris: praecidendo de captiua et ancilla israelitem fecerit: eius coniugium tamquam facinorosæ omnibus sanæ mentis censeo fugiendum. Voilà pourquoi si quelqu’un, suivant ainsi de près la parole de Dieu dans le Deutéronome selon l’avis de Jérôme, ne coupe pas les sourcils et toute la pilosité de cette poésie païenne comme s’il s’agissait de la femme captive, ne lui raccourcit pas les ongles, et ne la transforme pas de captive et servante qu’elle était en fille d’Israël, en éliminant tout ce qui est mort et qui relève de l’idolâtrie, du désir déréglé, de l’erreur, mon avis est que, pour toute personne saine d’esprit, il faut fuir l’union avec cette poésie comme s’il s’agissait d’une criminelle.

170 Vt enim praeclare diuus Hieronymus: grandes materias in genia parua non sufferunt: et in ipso conatu ultra uires ausa succumbunt. Comme l’a en effet dit excellemment le divin Jérôme : "les grandes matières ne supportent pas les petits talents : et, dans l’effort même, des forces qui excèdent ce dont elles sont capables succombent".

292 Et cum dicat hieronymus in templo dei offert unusquisque quod potest: alii aurum et argentum et lapides preciosos: alii byssum et purpuram et coccum: alii pelles et pilos caprarum: possumus affirmare Aratorem aurum deo obtulisse: hoc est ingenium diuino quodam dono aureum. Et puisque Jérôme dit "au temple de Dieu chacun offre ce dont il est capable : les uns de l’or, de l’argent et des pierres précieuses, d’autres de la batiste, de la pourpre et de l’écarlate, d’autres encore des peaux et des poils de chèvre", nous pouvons affirmer que c’est de l’or qu’Arator a offert à Dieu, son génie doré d’un don divin.

319 Hoc uero totum a diuo Hieronymo accepit Arator: qui in prologo super lob: Quod si cui inquit uidetur incredulum metra scilicet esse apud hebreos: et in morem nostri flacci: graecique pindari: et alcæi: et sapphus: uel psalterium: uel lamentationes hieremiæ: uel omnia ferme scripturarum cantica conprehendi: legat philonem: losephum: origenem: Cæsariensem Eusebium et eorum testimonio me uerum dicere comprobabit. Mais tout cela Arator l’a tiré du divin Jérôme qui dit dans le Prologue sur Job : "et s’il semble à quelqu’un incroyable qu’il existe des mètres chez les hébreux et que la manière de notre Horace ou des Grecs Pindare, Alcée et Sappho, soit présente dans le psautier ou les lamentations de Jérémie ou presque tous les cantiques des Écritures, qu’il lise Philon, Josèphe, Origènet et Eusèbe de Césarée et il verra bien à leur témoignage que je dis vrai".

323 de dictis ipsius lob idem affirmat hieronymus quod Arator. nam in prologo eodem A primo (inquit) uoluminis usque ad uerba lob apud hebreos prosa oratio est. Porro a uerbis lob: in quibus ait: Pereat dies in qua natus sum: usque ad eum locum: ubi ante finem uoluminis scriptum est: lccirco ipse me reprehendo: hexametri uersus sunt dactylo spondeoque currentes: et propter linguæ idioma crebro respicientes et alios pedes: non earundem syllabarum sed eorundem temporum. Au sujet des paroles de Job lui-même, Jérôme dit comme Arator ; de fait dans le même prologue, il dit : "A partir du début du livre jusqu’aux paroles de Job aux Hébreux, c’est de la prose. Ensuite à partir des paroles de Job où il dit 'que périsse le jour où je suis né' jusqu’au moment où avant la fin du volume il est écrit 'voilà pourquoi je me fais des reproches à moi-même', ce sont des hexamètres répartis en dactyles et spondées, et en raison des particularités de la langue, ces vers regardent aussi vers d’autres pieds qui ne comportent pas le même nombre de syllabes, mais le même nombre de temps".

326 (In origine linguæ) scilicet hebraicæ. hoc uerum est de psalmis et canticis hieremiæ: Nam liber lob (ut hieronymus est author) hebraico arabicoque sermone: et interdum syro resonant. (In origine linguæ) évidemment hébraïque, cela est vrai pour les psaumes et les cantiques de Jérémie ; de fait le livre Job (selon les dires de Jérôme) fait entendre de l’hébreu et de l’arabe et parfois du syrien.

378 Vnde hieronymus ad Dardanum o Iudæe quomodo clementissimus quondam deus: qui numquam tui oblitus est: nunc per tanta spacia temporum miseriis tuis non adducitur ut soluat captiuitatem: sed ut uerius dicam expectatum tibi mittat antichristum? memento uocis parentum tuorum: sanguis eius su per nos et super filios nostros. D’où vient que Jérôme dans la lettre à Dardanus dit : "ô Judée comment se fait-il que Dieu qui jadis fut si clément envers toi, qui jamais ne t’a oubliée n’est plus conduit par tes malheurs à te délivrer de ta captivité, mais pour mieux dire, à t’envoyer l’antéchrist que tu attendais ? Souviens-toi des paroles de tes pères : ‘son sang sur nous et sur nos fils’".

425 Astra ergo hic id est astrum hoc est sol: qui est fons luminis: et qui obscuratus est domino patiente in cruce: siue ut inquit Hieronymus per retractionem radiorum: siue ut sentit origenes: per interpositionem densissimarum nubium: siue quia Iuna quamuis esset quintadecima et distaret a sole per diametrum coeli: tamen eclipsis solis facta est miraculose ascendente luna ab oriente meridiem uersus et soli se supponente: ut testatur beatus dionysius se uidisse in ægypto regione aeris sereni et purissimi. Astra ici désigne donc un astre et c’est le soleil qui est la source de lumière et qui s’obscurcit au moment où le Seigneur souffrait en croix, soit, comme le dit Jérôme du fait d’une contraction de ses rayons, soit, comme le pense Origène, en raison de l’interposition de nuages particulièrement épais, soit parce que, bien que la lune fût dans son quinzième jour et fût distante du soleil d’un diamètre de ciel, cependant, il y eut une éclipse du soleil quand la lune monta miraculeusement de l’orient vers le midi et vint se placer dans l’axe du soleil, comme le bienheureux Denys atteste l’avoir vu en Égypte, région où l’air est calme et exceptionnellement pur.

563 Siquidem hieronymus super matth. dicit hoc dictum psalmi in omnem terram exiuit sonus eorum: et illud christi prædicabitur Euangelium hoc in uniuerso mundo: esse completum per apostolos. At augustinus in epistola ad Exitium: cui consentit origenes super matth. sentit hoc nondum fuisse completum. Ainsi Jérôme dans son commentaire sur Matthieu dit que la parole du psaume "sur toute la terre s’en va le son de leur voix" et cette parole du Christ "cet évangile sera annoncé dans le monde entier" indique que le processus est intégralement accompli par l’intermédiaire des apôtres. Mais Augustin dans la lettre à Exitius, en accord avec Origène dans son commentaire sur Matthieu pense que cela n’a pas été encore intégralement accompli.

565 Litem autem illam hieronymi et Augustini non dirimimus: quia utrunque credo probabile: nec illos dissentire arbitror in nucleo: licet uerba in cortice pugnare uideantur. Le différent entre Jérôme et Augustin, ce n’est pas nous qui allons le trancher, parce je pense que les deux opinions se défendent, et je crois que sur le fond ils ne sont pas en désaccord, même si en surface leurs paroles semblent se contredire.

690 Balaam enim num. xxiii. praedixerat : orietur stella ex iacob et consurget uirga ex Israel etc: Hanc magi ducem itineris nacti: et nunciam geneseos christi cognoscentes cum muneribus in iudaeam uenerunt ut maiestatis dominum et salutis authorem adorarent: Haec stella ut ait diuus hieronymus nunquam prius apparuit: sed eam tunc puer creauit: et magis praeuiam deputauit: quae mox peracto officio esse desiit. Balaam, en effet, en Nb 23, avait annoncé par avance : "une étoile se lèvera de Jacob et un bâton se dressera d’Israël" etc. ; les mages, ayant pris cette étoile pour guide et connaissant l’annonce de la naissance du Christ, vinrent en Judée avec des cadeaux pour adorer le Seigneur de gloire et la source du salut ; cette étoile, comme le dit Jérôme, n’était jamais apparue auparavant ; l’enfant la créa à ce moment et l’envoya comme guide aux mages, puis, après avoir accompli son office, elle disparut.

717(A nato) formata tuo scilicet creata a tuo filio christo lesu. quia (ut inquit accerrimus ac facundus uirginitatis praeco hieronymus) authorem ipsum suum concipiens in tempore edidit impuberem: quem habuerat ante tempora conditorem: uel formata id est ornata uariis gratiis et uirtutibus ut dignum sibi in ea habitaculum constitueret. super illud.ecc. In plenitudine sanctorum detentio mea hinc ait merito Bernardus: Vere in plenitudine sanctorum est detentio sua: cui non defuit fides patriarcharum: nec spes prophetarum: nec Zelus apostolorum: nec constantia martyrum: nec sobrietas confessorum: nec mundicia uirginum: nec puritas angelorum. (A nato) formata ("formée"), évidemment créée, par ton fils le Christ Jésus, parce que (comme le dit le promoteur très ardent et fécond de la virginité, Jérôme), en concevant son créateur lui-même dans le temps elle fit naître dans l’enfance celui dont elle était avant le temps la créature ; on peut également comprendre formata ("formée") comme ornée de grâces et de vertus variées afin qu’il se réservât pour lui-même en elle une habitation digne de lui ; à ce sujet voir Ecc. "dans la plénitude des saints mon séjour" ; c’est ce qui fait qu’à bon droit Bernard déclare : vraiment dans la plénitude des saints est son séjour, car elle n’a pas manqué de la foi des patriarches, ni de l’espérance des prophètes, ni du zèle des apôtres, ni de la constance des martyrs, ni de la sobriété des confesseurs, ni de la pudeur des vierges, ni de la pureté des anges.

722 Idem quoque affirmat hieronymus, qui deiperam ait uirginem post filii sui ascensionem cum apostolis semper fuisse uersatam usque ad eorum dispersionem per omnis terras. nec solum eos suo diuino aspectu nympha coelestis exhilarabat: Sed etiam ut idem affirmat hieronymus. doctrina et sapientia instituebat: Inter apostolos inquit post resurrectionem christi intrans et exiens cum eis familiariter de resurrectione christi atque incarnatione contulit: Ecce domino ascendente in coelum: uocat apostolos uirgo in schola uirtutum: conuersatur cum senatoribus coeli: in curia paradisi sub disciplina spiritus sancti totiusque maiestatis diuinae. Jérôme également affirme la même chose en disant que la vierge mère de Dieu après l’ascension de son fils était toujours dans la compagnie des apôtres jusqu’à leur dispersion à travers toutes les terres et que cette nymphe céleste non seulement les réjouissait de son aspect divin, mais encore les enseignait, selon l’affirmation du même Jérôme, de sa science et de sa sagesse : "au milieu des apôtres", écrit-il, "après la résurrection, entrant et sortant, elle conféra avec eux de manière intime au sujet de la résurrection du Christ et de son incarnation" ; et "voici que, le Seigneur montant dans le ciel, la vierge appelle les apôtres à l’école des vertus, elle converse avec les sénateurs du ciel, dans la curie du paradis sous la discipline du saint Esprit et de toute la divine majesté".

722 Idem quoque affirmat hieronymus, qui deiperam ait uirginem post filii sui ascensionem cum apostolis semper fuisse uersatam usque ad eorum dispersionem per omnis terras. nec solum eos suo diuino aspectu nympha coelestis exhilarabat: Sed etiam ut idem affirmat hieronymus. doctrina et sapientia instituebat: Inter apostolos inquit post resurrectionem christi intrans et exiens cum eis familiariter de resurrectione christi atque incarnatione contulit: Ecce domino ascendente in coelum: uocat apostolos uirgo in schola uirtutum: conuersatur cum senatoribus coeli: in curia paradisi sub disciplina spiritus sancti totiusque maiestatis diuinae. Jérôme également affirme la même chose en disant que la vierge mère de Dieu après l’ascension de son fils était toujours dans la compagnie des apôtres jusqu’à leur dispersion à travers toutes les terres et que cette nymphe céleste non seulement les réjouissait de son aspect divin, mais encore les enseignait, selon l’affirmation du même Jérôme, de sa science et de sa sagesse : "au milieu des apôtres", écrit-il, "après la résurrection, entrant et sortant, elle conféra avec eux de manière intime au sujet de la résurrection du Christ et de son incarnation" ; et "voici que, le Seigneur montant dans le ciel, la vierge appelle les apôtres à l’école des vertus, elle converse avec les sénateurs du ciel, dans la curie du paradis sous la discipline du saint Esprit et de toute la divine majesté".

725 Nam si diuus hieronymus de curiae coelestis regina ac deipera uirgine dubitat an assumpta fuerit cum corpore: an abierit relicto corpore: propterea quod hoc sacra scriptura minime declarat: cum sit uero simillimum maximeque credibile cum corpore eam in regno coelesti degere: si de iis quoque ambigit: quos cum domino teste euangelio resurrexisse credimus: utrum redierint in puluerem: an in illis completa sit resurrectio: quod ueri testes non essent nisi eorum uera fuisset resurrectio et cum corpore pariter ascendissent: quid? audebimus certo diffinire: quod nobis sine periculo licet ignorare? profecto satius est cancellos nostrae intelligentiae sane exinguos intra imbecillitatem suam cohercere: quam de inscrutabilibus atque inaccessis dei actionibus inconsulto ac temeraria assertione iudicare. De fait, si le divin Jérôme a un doute pour savoir si la reine de la curie céleste et la vierge mère de Dieu a été emportée au ciel avec son corps ou si elle est partie en abandonnant son corps pour la raison que l’Ecriture sainte n’en dit absolument rien, alors qu’il est extrêmement vraisemblable et parfaitement crédible qu’elle vit avec son corps dans le royaume céleste, et si quelqu’un a des doutes au sujet de ceux que nous croyons ressuscités avec le Christ au témoignage de l’évangile, pour savoir s’ils sont retournés à la poussière ou si en eux la résurrection a été complète, pourrait-on dire qu’ils ne seraient pas de vrais témoins s’ils n’avaient pas eu une véritable résurrection et s’ils n’étaient pareillement montés au ciel avec leur corps. Quoi ? Oserions-nous apporter une réponse définitive à une question que nous pouvons ignorer sans danger pour nous ? De fait, il est bien mieux de renfermer les bornes de notre intelligence certes réduites dans les limites de sa faiblesse que de juger sans réfléchir et dans une téméraire affirmation sur des sujets insondables et des actions divines qui nous échappent.

757 Nec enim Sanctissimi atque eloquentissimi hieronymi opinionem in hac re sequi decet: qui salustius (inquit) author certissimus asserit tam tigris quam Eufratis in Armenia fontes demonstrari: Ex quo animaduertimus aliter de paradiso intelligendum. En effet, il ne convient pas sur ce point de se rallier à l’opinion du très saint et très éloquent Jérôme quand il dit : "Salluste, auteur en qui on peut avoir toute confiance, affirme que l’on montre en Arménie les sources tant du Tigre que de l’Euphrate ; nous nous rendons alors compte qu’il faut comprendre autrement ce qui est dit au sujet du paradis".

844 Illud etiam oportet ut non simus nescii de littore: quod ait poeta: non maris ut proprie littus accipitur: sed lacus intelligendum habentis centum stadia longintudinis et. XXXX. latitudinis: per quem transit lordanis fluuius ut hieronymus author est. Point essentiel pour que nous n’ignorions pas ce que veut dire le poète par de littore ("du rivage") : il ne s’agit pas de celui de la mer, comme on entend au sens propre le mot 'rivage', mais il faut comprendre un lac qui a cent stades de longueur et quatre-vingts de large et que traverse le Jourdain, comme l’atteste Jérôme.

850 supercilium phariseorum reprehendit satyrice hieronymus: qui cum sacerdotes sint. damnare innoxios: uel soluere noxios posse se putant: cum apud deum non sententia sacerdotum sed reorum uita quaeratur. Et in leuitico sacerdotes non faciunt leprosos sed discernunt qui mundi uel inmundi sint: ita etiam hic. Jérôme s’en prend dans un passage satirique à la morgue des Pharisiens sur ce sujet : c’est puisqu’ils sont prêtres qu’ils pensent qu’ils peuvent condamner des innocents et absoudre des coupables, alors qu’auprès de Dieu, ce n’est pas la sentence des prêtres qui est visée mais la vie des coupables. Et dans le Lévitique les prêtres ne rendent pas les gens lépreux, mais ils discernent qui est pur et qui est impur ; c’est la même chose ici.

875 Qua in re (Vt Hieronymus author est) licet poenitentiam habuisse uideatur: nihil tamen ei profuit poenitentia infructuosa et inutilis per quam scelus corrigere non potuit. quippe qui non solum emendare nequiuerit proditionis nefas: sed per desperationem proprii homicidis scelus addiderit. At desperationis facinus atrocius fuit quam proditionis. Nam cum tradidit christum iudaeis: inuectus est directe seque in christum hominem armauit. At cum sibi ueniae spem denegauit: finitos diuinae clementiae fines esse credidit: quos (si uoluisset supplicium differre) infinitos esse experiri potuisset. Dans cet acte (comme l’atteste Jérôme) bien qu’il paraisse avoir eu une forme de repentir, son repentir vain ne lui servit à rien et il fut inutile et incapable de corriger son crime ; en effet non seulement il ne put faire amende honorable du sacrilège de la trahison, mais, sous l’effet du désespoir, il ajouta le crime du suicide. Mais le crime que causa le désespoir fut plus atroce que celui de la trahison. Car quand il livra le Christ aux Juifs, il l’attaqua et s’arma contre le Christ en tant qu’homme. Mais quand il se refusa à lui-même l’espoir du pardon, il crut que la clémence divine avait des limites bien fixées, alors qu’il aurait pu (s’il avait voulu retarder son supplice) faire l’expérience de l’infini de cette clémence.

933 Nos conuenit illud non nescire Graecos theologos Basilium: Nazianzenum: origenem: latinos quoque hieronymum Ambrosium Augustinum caeterosque obseruare ubique proprietates ipsorum numerorum: adeoque attente illos scrutari in quibusuis diuinae scripturae locis: ut non sit mirandum si Arator hic quoque tam diligens sit numeri duodenarii: tamque curiosus obseruator: Certe beda clarus interpres passim huius sententias in suas comentationes transfert. Il est important que nous n’ignorions pas que les théologiens grecs, Basile, Grégoire de Nazianze, Origène, et les théologiens latins aussi, Jérôme, Ambroise, Augustin et tous les autres, ont été attentifs partout aux propriétés des nombres eux-mêmes et les ont soumises à un examen si attentif dans quelque passage des Ecritures qu’ils les trouvent, qu’il n’y a rien d’étonnant à ce qu’Arator ici aussi montre tant de soin à expliquer le nombre douze et que cet observateur si plein de curiosité qu’est Bède, l’illustre commentateur, fasse passer partout les sentences de ce dernier dans son propre commentaire.

1176 Quis autem non uidet: modo aliquid teneat graecarum literarum: unde error ille scribendi Ihesus per aspirationem emanauerit? Nam cum nostra aspiratio. H. et ea uocalis quae a graecis: ita: dicitur sint eiusdem figurae: qui graece. IHS. scriptum uidet: si ignorat literas graecas: per aspirationem scribi putabit: cum non per aspirationem sed per eta scribatur: quae apud nos mutatur in e. longum. solet autem lesus Christus compendiosa scriptione apud graecos senis literis scribi: ita ut IHS. his tantum tribus: XPS. his etiam tribus scribatur. Hinc mansit consuetudo quoque apud nos: ut Christus per X. scriberetur: quia .XX. similis est chi elemento graeco: et per. P. quia. p. latinum effigiem obtinet rho graeci: alioquin quid habet. X. aut. p. quo possit scribi exprimiue hoc nomen christus? Aut uox ipsius. p. aut .X. in illo nomine Christus qui inuenitur? Certe non. Cur ergo per.X. et .p. scribitur etiam in antiquissimis codicibus: et uenerandae uetustatis exemplaribus? Vel ergo error est librariorum tempore iam ex illo in posteros deriuatus: cum per inscitiam. H. eta uocalem: propter similes lineolas: esse aspirationem nostram crederent: sicut chi et rho graeca elementa: quibus Christus scribitur: putauerunt esse .X. et . p. ob notas Conuenientes minimeque diuersas: uel certe cum nouum testamentum (authore Hieronymo) totum graecum sit: excepto apostolo mattheos: qui primus in iudaea Euangelium Christi hebraicis literis edidit: suspicor ego ueteres christianos consueuisse dictiones illas duas scribere ita compendiosse: quemadmodum a graecis nouae legis scriptoribus formabantur: ut sicut integrae in uoce manebant: nullaque interpretatione mutatae: ita etiam incorruptae in scriptione manerent. Or qui ne voit pas, pour peu qu’il ait quelque savoir de l’écriture grecque, d’où provient cette erreur d’écriture : Ihesus ; c'est en raison de l’aspiration. De fait, puisque la manière de noter chez nous l’aspiration, H, et la voyelle que l’on nomme en grec èta ont la même forme, celui qui, en grec, voit écrit IHS, s’il ne connaît pas l’écriture grecque, croira que le mot est écrit avec aspiration, alors qu’il n’est pas écrit avec aspiration, mais avec un èta, qui, chez nous, devient un e long. Or, il se trouve que le nom Jésus Christ se rencontre, en forme abrégée, écrit chez les Grecs avec seulement six lettres, trois pour IHS et trois seulement pour XPS. Cette habitude se retrouve chez nous : Christus est écrit avec un X, car X est semblable à la lettre grecque khi, et avec un P, parce que le p latin a la forme du rho grec, autrement quel moyen y aurait-il pour que X et P puissent noter et exprimer le mot Christus ? Ou bien comment trouvera-t-on le son p ou x dans le nom du Christ ? C’est évidemment impossible. Alors pourquoi est-il écrit XP même dans les plus anciens manuscrits et les exemplaires d’une vénérable antiquité ? Ou peut-être est-ce alors une erreur des éditeurs qui, dans la suite du temps, est passée chez leurs successeurs, alors même qu’en raison de leur ignorance il pensaient que la voyelle èta, en raison de son tracé identique, était ce qui est chez nous une aspiration, comme ils pensèrent que les lettres grecques chi et rho qui servent à écrire le nom du Christ étaient un x et un p, en raison de leurs tracés qui correspondent et diffèrent extrêmement peu ; ou bien encore, alors que l’intégralité du Nouveau Testament (comme l’atteste Jérôme) est en grec, à l’exception de l’apôtre Matthieu qui d’abord écrivit en Judée son évangile en hébreu, je soupçonne, pour ma part, les chrétiens d’autrefois d’avoir pris l’habitude d’écrire ainsi ces deux mots de manière abrégée, comme le faisaient les écrivains grecs du Nouveau Testament, en sorte que, de même que, quand on les prononçait, ils demeuraient inchangés et ne recevaient nulle autre interprétation, de même il restaient aussi sans changement dans l’écriture.

1196 Quam rem qui uoluerit aperte copioseque enarratam legere: uideat hieronymi epistolam ad Dardanum: doctam et elegantissimam: quae licet authori suo tumultuaria lucubratione dictata uideatur. tamen aures meas abunde impleuit: omnibus et doctrinae et eloquii absoluta numeris. Celui qui désirerait lire un exposé évident et abondant de cela, qu’il voie Jérôme et sa lettre à Dardanus, savante et tellement bien écrite, qui, bien qu’elle semble avoir été dictée à son auteur au terme d’une veille agitée, emplit cependant abondamment mes oreilles, tant elle est parfaite dans l’usage de toutes les ressources de la doctrine comme de l’écriture.

1221 At quomodo (dicet quispiam) in chiliade probabis unitatis perfectionem: non illam ex promptuario pythagoricorum allegatam: sed diuinae legis authoritate roboratam? Certe ego uero ac lubens. Canit enim propheta mille annos unum esse diem apud deum. Vnitas ergo quaepiam in chiliade repperitur: Hinc inter decreta ueteris hebraicae disciplinae legimus: per sex dies geneseos: quibus deus cuncta creauit ac disposuit: sex chiliadas annorum mundi sic designari: ut sint opera primi diei uaticinium eorum quae in prima mundi chiliade erant futura. opera item secundi eorum quae In secunda: et sic deinceps eodem semper utrobique successionis ordine seruato. Cuius sententiae cum hebrei theologi (ut author est picus) tum diuus hieronymus meminit in expositione psalmi illius: qui mosi inscribitur. Lactantius quoque firmianus in septimo institutionum diuini. libro: hanc sententiam non recitat sed confirmat. sciant inquit philosophi qui ab exordio mundi seculorum millia enumerant: nondum sextum milesimum annum esse conclusum: quo numero expleto consumationem fieri necesse est: et humanarum rerum statum in melius reformari. Mundum deus et hoc naturae admirabile opus: sicut arcanis sacrae scripturae continetur: sex dierum spacio consumauit: diemque septimum: quo ab operibus requieuit: sanxit. Ergo quoniam sex diebus cuncta dei opera perfecta sunt: per secula sex annorum id est sex millia manere in hoc statu mundum necesse est. dies enim magnus dei mille annorum circulo terminatur: sicut indicat propheta dicens: Ante oculos tuos domine mille anni tanquam dies unus. Mais alors, me dira-t-on, comment vas-tu prouver dans le millier la perfection de l’unité, sans tirer ton raisonnement des armoires des Pythagoriciens, mais en le faisant soutenir de l’autorité de la loi divine ? Mais je vais le faire, et avec grand plaisir. En effet, le prophète chante que mille ans sont un jour auprès de Dieu. Donc, on trouve quelque part l’unité dans le millier. Ensuite, parmi les commandements variés de la loi hébraïque, nous lisons que, par les six jours de la genèse que Dieu prit pour tout créer et ordonner, sont désignés les six mille ans du monde, de sorte que les œuvres du premier jour soient la prophétie de ce qui arriverait dans le premier millénaire du monde, les œuvres du second jour dans le second, et ainsi de suite, en suivant pour les deux réalités la même progression. C’est cette idée, qui est celle des théologiens hébraïques (si l’on en croit Pic), que Jérôme rappelle dans l’exposition du psaume dit de Moïse. Firmianus Lactance également, au livre 7 des Institutions divines, ne rapporte pas cette idée mais il la confirme, en disant : "que les philosophes qui comptent les millénaires de siècles depuis le commencement du monde sachent que le sixième millénaire n’est pas encore terminé ; une fois ce nombre accompli, il est inévitable que ce soit la consommation des temps, et que l’état des choses humaines soit changé en un état meilleur. Dieu a achevé le monde et l’œuvre admirable de la nature qui nous entoure, comme c’est écrit dans le trésor secret de l’Ecriture sainte, en l’espace de six jours, et a sanctifié le septième jour dans lequel il s’est reposé de ses œuvres. Donc, puisqu’il a fallu six jours pour achever toutes les œuvres de Dieu, il est inévitable que le monde demeure dans cet état pendant six siècles d’années, autrement dit six mille ans. En effet un grand jour de Dieu embrasse mille ans, comme le dit le prophète quand il déclare : ‘devant tes yeux, Seigneur, mille ans sont comme un seul jour’".

1222 Haec lactantius et in hanc sententiam plura: Quibus monstrat post sex mille annorum curricula: quod multi ex hebreis crediderunt: consumatione mundi quasi sabbatum futurum. Sed quoniam hoc firmiani dogma non omnino uidetur congruere sententiae orthodoxorum: cum illam diem nemo nouerit: cumque de ulteriori tempore nullum in lege uaticinum habeatur. Nam uisionem illam propheticam ita declarat hieronymus in quadam ad Damasum epistula: Seraphim stabant in circuitu domini sex alae uni et sex alae alteri: et duabus quidem uelabant faciem eius: et duabus uelabant pedes: et duabus uolabant. Quis enim potest eius scire principium? qui antequam istum conderet mundum: in rerum fuerit aeternitate? quando thronos: dominationes: angelos: totumque mysterium coeleste condiderit? sequitur et duabus uelabant pedes: non suos sed dei. extremum quippe eius scire quis potest? quid post consumationem saeculi sit futurum? quid postquam genus hominum fuerit iudicatum quae sequatur uita? an rursum alia sit futura terra: et post transitionem alia rursum elementa: uel alius mundus: solque condendus sit? priora annunciate mihi: et in nouissimo quae futura sunt: et dicam quia dii estis ut ait Esaias: significans neminem posse quid ante mundum fuerit: et quod post mundum futurum sit enarrare. Et duabus uolabant: media enim ex lectione scripturarum cognoscimus. Haec breuius: sicut alia pleraque ne longior sim allego. Voilà ce que dit Lactance et il apporte beaucoup d’arguments en faveur de cette idée, par lesquels il montre qu’après le déroulement de six mille ans (chose que de nombreux hébreux croient), par la consommation des temps du monde, il y aura pour ainsi dire un sabbat. Mais cet enseignement de Firmianus ne semble pas du tout concorder avec l’idée des auteurs orthodoxes, puisque personne ne connaît ce jour et puisque, sur le temps qu’il y aura après, il n’y a dans la loi nulle prophétie. De fait, dans une lettre à Damase, Jérôme fait connaître la vision prophétique suivante : "‘des Séraphins se tenaient à l’entour du Seigneur avec six ailes pour l’un et six pour l'autre : deux leur voilaient la face, deux les pieds et avec les deux dernières ils volaient’. Qui peut connaître son commencement lui qui, avant de créer ce monde, était dans l’éternité ? Quand a-t-il créé les trônes, les dominations, les anges et toutes les mystérieuses créatures du ciel ? On lit ensuite ‘deux voilaient les pieds’, non les leurs mais ceux de Dieu. Car son terme qui peut le connaître ? Qu’existera-t-il après la consommation des temps ? Qu’y aura-t-il après le jugement des hommes, quelle vie pourra bien venir après ? Existera-t-il éventuellement, de nouveau, une autre terre, et, après ce passage, d’autres éléments du monde, ou un autre monde et un autre soleil seront-ils créés ? ‘Annoncez-moi ce qui vient avant et en dernier lieu ce qui sera, et je vous dirai que vous êtes des dieux’, comme dit Isaïe, signifiant ainsi que personne ne peut expliquer ce qui était avant le monde et ce qui sera après le monde. Et, avec deux de leurs ailes, ils volaient, car nous connaissons l’espace qui est au milieu, par la lecture de l’Ecriture". C’est pour cette raison que j’ai abrégé sur l’opinion de Lactance, comme je ne fais qu’allusion à bien d’autres choses, pour ne pas trop allonger.

1227 Non enim singulis aetatibus milleni anni respondent. si autem hieronymi supputationem consideramus non quarto sed sexto millenario christus missus est. nam declarans stridonensis doctor uerba illa diui lucae: in mense autem sexto missus est angelus gabriel: sicut inquit sexto mense missus est angelus in ciuitatem galileae: ita sexto millenario missus est christus. Verum quia saeculum (ut ait censorinus de die natali) quid sit adhuc ad subtile examinatum non est: cum alii putent saeculum esse quod graeci dicunt genean: orbem scilicet aetatis dum natura humana ad sementem reuertitur: alii ut heraclitus . v. et. xx. annorum spatium: alii .xxx. ut Zeno. alii uitam longissimam hominis: cuius quoque spatium apud authores euariat: nam Epigines .cxii. annis uitam longissimam constituit: Berosus autem .cvi. Herodotus. c. et .I. ut Arganthonii tartessiorum regis: ephorus longius procedit: qui tradit archadas dicere apud se reges antiquos aliquot: ad .ccc. uixisse annos. Huic spatio respondet et congruit illud herodiani in historia romanorum principum: qui ait ludos saeculares trium spatio aetatum solitos instaurari: ut tamen centenos singulis distribuamus aetatibus: quanquam politianus doctor olim meus: et (ut ego in quodam dixi carmine) antiquis cedens quia non sit in illis: putat codicem non esse emendatum. Horatius flaccus in carmine: quod de saecularibus ludis cantatum est: cx. annis saeculum designauit: Certus inquit unde nos decies per annos orbis ut cantus referatque ludos. quoniam igitur saeculi spatium ad uiuum nequit resecari propter authorum in eo uarietatem: uel cum censorino sentiamus: qui inquit nostri maiores: quod natura saeculum quantum esset exploratum non habebant: ad certum annorum modulum annorum .c. statuere: uel cum herodiano: qui .ccc. annorum saeculum statuit. et ad utranque significationem saeculi: aliter ac supra interpretati sumus: poteris sensum horum uersuum connectere: quanquam hic sensus non tam placet quam ille superior. En effet les millénaires ne correspondent pas à chacun de ces âges. Et, si nous considérons le comput de Jérôme, ce n’est pas dans le quatrième millénaire, mais dans le sixième, que le Christ a été envoyé. De fait, le docteur de Stridon, en expliquant les paroles du divin Luc "au sixième mois l’ange Gabriel fut envoyé", dit ceci : "comme ce fut au sixième mois que l’ange fut envoyé dans une cité de Galilée, de même c’est au sixième millénaire que le Christ fut envoyé". Mais nous n’avons pas (comme le dit Censorinus dans son ouvrage de Die natali) encore assez finement examiné ce que recouvre la notion de saeculum, puisque certains pensent que le siècle recoupe ce que les Grecs nomment γενεά (génération), évidemment un cycle temporel qui ramène la nature humaine à son origine, alors que d’autres, comme Héraclite, en font un espace de vingt-cinq ans, d’autres de trente, comme Zénon, d’autres encore de la plus longue durée possible d’une vie humaine, durée qui varie selon les auteurs. Ainsi Epigène fixe la durée maximale de la vie à cent douze ans, Bérose à cent six, Hérodote à cent un, comme cela fut le cas pour Arganthonios, roi de Tartesse ; Ephore en allonge la durée en rapportant ce qui se dit chez les Arcadiens, que quelques rois, chez eux, vécurent autour de trois cents ans. A cette durée correspond, en s’y accordant, ce passage d’Hérodien, dans l’Histoire des empereurs de Rome : il dit que les jeux séculaires étaient d’ordinaire célébrés à une distance de trois âges, à supposer cependant que nous donnions cent ans à chaque âge. Pourtant Politien, mon maître autrefois et (comme je l’ai dit dans un de mes poèmes) "ne le cédant aux Anciens que parce qu’il n’est pas de leur nombre", pense que le manuscrit ici est fautif. Horace Flaccus, dans son ode qui a été chantée pour les jeux séculaires, précise que le siècle compte cent dix ans "dix fois onze ans pour que nous revienne le temps des chants et des jeux". Ainsi donc, puisqu’on ne peut trancher dans le vif sur la durée du siècle, en raison de l’opinion divergente des auteurs à ce sujet, on peut soit suivre l’avis de Censorinus qui dit : "nos ancêtres n’étaient pas bien sûrs de la durée du siècle, ils la fixèrent, pour arriver à une certitude, à une mesure qui fait autour de cent ans", ou celui d’Hérodien, qui fixa le siècle à trois cents ans. Et, conformément à l’une ou l’autre des significations données au mot siècle, on pourra relier cela au sens des présents vers, en interprétant autrement que nous ne l’avons fait, bien que le sens que l’on obtient alors ne me plaît pas autant que celui que j’ai donné d’abord.

1227 Non enim singulis aetatibus milleni anni respondent. si autem hieronymi supputationem consideramus non quarto sed sexto millenario christus missus est. nam declarans stridonensis doctor uerba illa diui lucae: in mense autem sexto missus est angelus gabriel: sicut inquit sexto mense missus est angelus in ciuitatem galileae: ita sexto millenario missus est christus. Verum quia saeculum (ut ait censorinus de die natali) quid sit adhuc ad subtile examinatum non est: cum alii putent saeculum esse quod graeci dicunt genean: orbem scilicet aetatis dum natura humana ad sementem reuertitur: alii ut heraclitus . v. et. xx. annorum spatium: alii .xxx. ut Zeno. alii uitam longissimam hominis: cuius quoque spatium apud authores euariat: nam Epigines .cxii. annis uitam longissimam constituit: Berosus autem .cvi. Herodotus. c. et .I. ut Arganthonii tartessiorum regis: ephorus longius procedit: qui tradit archadas dicere apud se reges antiquos aliquot: ad .ccc. uixisse annos. Huic spatio respondet et congruit illud herodiani in historia romanorum principum: qui ait ludos saeculares trium spatio aetatum solitos instaurari: ut tamen centenos singulis distribuamus aetatibus: quanquam politianus doctor olim meus: et (ut ego in quodam dixi carmine) antiquis cedens quia non sit in illis: putat codicem non esse emendatum. Horatius flaccus in carmine: quod de saecularibus ludis cantatum est: cx. annis saeculum designauit: Certus inquit unde nos decies per annos orbis ut cantus referatque ludos. quoniam igitur saeculi spatium ad uiuum nequit resecari propter authorum in eo uarietatem: uel cum censorino sentiamus: qui inquit nostri maiores: quod natura saeculum quantum esset exploratum non habebant: ad certum annorum modulum annorum .c. statuere: uel cum herodiano: qui .ccc. annorum saeculum statuit. et ad utranque significationem saeculi: aliter ac supra interpretati sumus: poteris sensum horum uersuum connectere: quanquam hic sensus non tam placet quam ille superior. En effet les millénaires ne correspondent pas à chacun de ces âges. Et, si nous considérons le comput de Jérôme, ce n’est pas dans le quatrième millénaire, mais dans le sixième, que le Christ a été envoyé. De fait, le docteur de Stridon, en expliquant les paroles du divin Luc "au sixième mois l’ange Gabriel fut envoyé", dit ceci : "comme ce fut au sixième mois que l’ange fut envoyé dans une cité de Galilée, de même c’est au sixième millénaire que le Christ fut envoyé". Mais nous n’avons pas (comme le dit Censorinus dans son ouvrage de Die natali) encore assez finement examiné ce que recouvre la notion de saeculum, puisque certains pensent que le siècle recoupe ce que les Grecs nomment γενεά (génération), évidemment un cycle temporel qui ramène la nature humaine à son origine, alors que d’autres, comme Héraclite, en font un espace de vingt-cinq ans, d’autres de trente, comme Zénon, d’autres encore de la plus longue durée possible d’une vie humaine, durée qui varie selon les auteurs. Ainsi Epigène fixe la durée maximale de la vie à cent douze ans, Bérose à cent six, Hérodote à cent un, comme cela fut le cas pour Arganthonios, roi de Tartesse ; Ephore en allonge la durée en rapportant ce qui se dit chez les Arcadiens, que quelques rois, chez eux, vécurent autour de trois cents ans. A cette durée correspond, en s’y accordant, ce passage d’Hérodien, dans l’Histoire des empereurs de Rome : il dit que les jeux séculaires étaient d’ordinaire célébrés à une distance de trois âges, à supposer cependant que nous donnions cent ans à chaque âge. Pourtant Politien, mon maître autrefois et (comme je l’ai dit dans un de mes poèmes) "ne le cédant aux Anciens que parce qu’il n’est pas de leur nombre", pense que le manuscrit ici est fautif. Horace Flaccus, dans son ode qui a été chantée pour les jeux séculaires, précise que le siècle compte cent dix ans "dix fois onze ans pour que nous revienne le temps des chants et des jeux". Ainsi donc, puisqu’on ne peut trancher dans le vif sur la durée du siècle, en raison de l’opinion divergente des auteurs à ce sujet, on peut soit suivre l’avis de Censorinus qui dit : "nos ancêtres n’étaient pas bien sûrs de la durée du siècle, ils la fixèrent, pour arriver à une certitude, à une mesure qui fait autour de cent ans", ou celui d’Hérodien, qui fixa le siècle à trois cents ans. Et, conformément à l’une ou l’autre des significations données au mot siècle, on pourra relier cela au sens des présents vers, en interprétant autrement que nous ne l’avons fait, bien que le sens que l’on obtient alors ne me plaît pas autant que celui que j’ai donné d’abord.

1241 et quia (ut in quadam ad hieronymum epistula ait augus.) plenitudo legis caritas est: qua deus proximusque diligitur: in quibus praeceptis caritatis tota lex pendet et prophetae: non iniuria arator ait per cunctos sensus gratiam spiritus sancti fuisse diffusam in corda credentium: qui adeo se amabant ut simul essent omnia omnibus communia. ut per dilectionis donum bona temporaria nihili facerent: thesaurizantes in coelo uera bona. atque ita per unam charitatis uirtutem omnis simul uirtutes comprehenderent. Et parce que (comme le dit Augustin dans une lettre à Jérôme) la plénitude de la loi c’est la charité, qui fait que l’on aime Dieu et le prochain, préceptes dont dépendent toute la loi et les prophètes, ce n’est pas à tort qu’Arator dit que c’est per cunctos sensus ("à travers tous les sens) que la grâce de l’Esprit saint s’est diffusée dans le cœur des croyants qui s’aimaient à tel point qu’ils avaient tout en commun de sorte que, par le don de la charité, il ne faisaient plus aucun cas des biens temporaires, mais se faisaient un trésor dans le ciel des vrais biens, et ainsi, par la seule vertu de charité, ils embrassaient d’un coup toutes les vertus.

1395 omnis autem qui ad id aetatis uenerit (ut author est hieronymus ) quam pubertatem uocant: amat aliquid seu minus recte: cum amat quæ non oportet: Seu recte et utiliter: cum amat quæ oportet . Toute personne qui est arrivée à cet âge (selon ce que dit Jérôme) que l’on nomme puberté "aime quelque chose, soit de manière absolument pas droite quand il aime ce qu’il ne faut pas, soit de manière droite et utile quand il aime ce qu’il faut".

1436 ostendi paulo ante quanta sit nouitatis difficultas: ob quam miratur hieronymus luuencum nostrum: qui historiam domini uersibus explicauerit: nec pertimuerit Euangelii ueritatem sub metri leges mittere: J’ai montré, il y a peu, combien est grande la difficulté de la nouveauté ; Jérôme s’en étonne au sujet de notre cher Juvencus qui a raconté en vers l’histoire du Seigneur en disant "il n’a pas craint de mettre sous les lois du vers la vérité de l’évangile".

1569 Tum angelus nequaquam inquit iacob apellabitur nomen tuum sed israel. id est iacob nequaquam uocaberis hoc est luctator uel supplantator: quasi supplantatione et fraude benedictiones obtineas: sed israel id est directus cum deo uel princeps cum deo: interprete Hieronymo. Alors l'ange reprit : "on ne t'appellera plus Jacob mais Israël" ; autrement dit ton nom ne sera plus 'Jacob' qui veut dire 'lutteur' ou 'supplanteur', comme si tu obtenais tes bénédictions en supplantant et par tromperie, mais 'Israël', qui veut dire 'réglé avec Dieu' ou 'prince avec Dieu' selon la traduction de Jérôme.

1574 Siue ergo lucta illa fuit corporea tantum ut hebrei sentiunt: Siue spiritalis tantum ut Hieronymus ait in esaiam. cum angelo iacob oratione non manibus luctabatur: ut luctatio sit perseuerans pulsatio qua uictor euasit angelum uel deum recedere uolentem precibus uincens. Siue utroque modo luctatus est: per hunc modum lacob dictus est israel : unde israelitæ dicti sunt Hebrei: ita ut nominis mutatio futura in. xxxii. promissa sit: quæ in. xxxv. geneseos capite dicatur expleta. Il se peut que cette lutte ait été seulement physique comme le pensent les Hébreux, ou seulement spirituelle comme le dit Jérôme dans son commentaire sur Isaïe : "contre l'ange c'était avec la prière et non ses bras que Jacob luttait", de sorte que la lutte désigne l'appel persévérant par lequel le vainqueur échappa à l'ange ou à Dieu qui accepta de se retirer en triomphant de lui par des prières ; il se peut encore qu'il ait lutté des deux manières : de cette manière Jacob fut nommé Israël, d'où vint le nom des Israélites donné aux Hébreux, de sorte que le changement de nom qui allait se produire soit promis en Genèse 32 et réalisé, ainsi qu'il est dit, en Genèse 35.

1633 Nec hoc mirum est. aliter enim (teste hieronymo in pentateucum) audita: aliter uisa narrantur. Quod melius intelligimus melius et proferimus. ideo subdit. Hæc ianua: credita scilicet a Christo: petro: qui scilicet petrus: confessus christum: filium esse dei uiui: monstrat cognita id est uisa: non prædicit futura et non uisa ut prophetæ. Et cela n'a rien d'étonnant ; en effet, (au témoignage de Jérôme dans la préface au Pentateuque) : "ce que nous avons entendu est raconté d'une manière, ce que nous avons vu d'une autre, car nous le comprenons mieux et l'exprimons mieux" ; voilà pourquoi Arator continue en disant : Hæc ianua ("cette porte") a été confiée, évidemment par le Christ, petro ("à Pierre") qui ("qui"), évidemment Pierre, confessus christum ("ayant confessé sa foi au Christ") en disant qu'il est le Fils du Dieu vivant, monstrat cognita ("montre ce qu'il connaît") autrement dit a vu, et ne prédit pas des événements futurs et qu'il n'a pas vus, comme les prophètes.

1811 At logos (teste hieronymo) multa significat. nam sermo: et uerbum: et ratio: et causa: et supputatio logos dicitur: Mais le mot λόγος (au témoignage de Jérôme) a de nombreux sens : il désigne le discours, le mot, la raison, la cause, le calcul ; tout cela c'est λόγος.

1826 Vbicunque autem (ut Hieronymus ait) sacra scriptura sparsim per diuinos libros in deo motus: seu humana membra describit: non carnaliter iuxta historiam a recte intelligentibus sumenda sunt: sicut ab hæreticis et a iudeis: qui deum corporeum ac localem opinantur: sed spiritaliter omnia de eo contuenda sunt. Or partout où (comme le dit Jérôme) l'Ecriture sacrée au fil des livres divins décrit en Dieu des mouvements, voire des membres, humains, il ne faut pas prendre cela, si l'on veut comprendre comme il faut, charnellement, selon la vérité historique, comme le font les hérétiques et les Juifs, qui sont d'avis que Dieu est corporel et soumis à l'espace ; il faut au contraire prendre toutes ces choses que l'on dit de lui au sens spirituel.

1953 Illud non omittam: quod diuus hieronymus ait: eos qui rerum causas scire uolunt: prius ad ipsum rerum authorem ire oportere. Je ne laisserai pas sans en parler ce que dit le divin Jérôme : "ceux qui veulent connaître les causes des choses, qu'ils se portent d'abord vers l'auteur des choses lui-même".

1957 quamquam excusari possit Vates eminentissimus: tamen in sensu hieronymi iuste taxatur: Même si l'on peut excuser ce très éminent poète, cependant, en suivant l'opinion de Jérôme, c'est à bon droit qu'il est réprimandé.

2141 non intelligimus teste hieronymo: de spiritu mundi mosen locutum: sed de spiritu sancto: qui et ipse est omnium uiuificator. Au témoignage de Jérôme, nous ne comprenons pas que Moïse a parlé de l'esprit du monde, mais de l'Esprit saint, qui lui-même est celui qui vivifie tout.