BP28Paulum doctorem: clauigerumque petrum.Paul le docteur et Pierre qui porte les clés.
BP39Nam petrum et paulum Tanais: Nilusque: Vagusque:De fait, Pierre et Paul, le Tanaïs, le Nil et, dans son errance,
48 Non enim est hominis officium immortalem famam sed immortalem uitam quaerere: Nec quomodo ut Achilles uicerit: sed quomodo ut petrus uixerit immortalis erit ac foelix: nec laurea coelesti Hector pugnans: sed paulus docens coronabitur. Car le devoir de l’homme n’est pas de rechercher la renommée immortelle, mais la vie immortelle ; ce n’est pas en imitant comment Achille a pu être vainqueur, mais comment Pierre a vécu qu’il sera immortel et heureux ; ce n’est pas Hector parce qu’il a combattu qui sera couronné de la couronne de laurier dans le ciel, mais Paul parce qu’il a enseigné.
138 Intentio Aratoris est celebrare labores duorum apostolorum præcipue sancti petri ac pauli: quorum uoce fides catholica per uniuersum orbem diuulgata est. Le but d’Arator est de célébrer les travaux des deux apôtres, principalement saint Pierre et Paul, par la voix desquels la foi catholique s’est répandue à travers le monde entier.
294 (sensibus ardor inest) uolo esse gratus carminibus: ideo ardeo celebrare labores non herculeos aut heroum gentilium: sed horum apostolorum scilicet petri et pauli: quorum uoce id est præedicatione orbis et mundus ipse: obtinet iter fidei id est uiam salutis et fidei consecutus est ut non sit hypallage: sed ita: fides obtinet iter orbis id est ambulat per orbem uniuersum. (sensibus ardor inest) 'je veux être reconnu par mes poèmes, voilà pourquoi je brûle' de celebrare labores ("célébrer les travaux") non d’Hercule ou des héros païens, mais de ces apôtres autrement dit Pierre et Paul, quorum uoce ("dont la voix") autrement dit la prédication orbis obtinet iter fidei ("ouvre à la foi les routes de l’univers") et du monde, autrement dit l’univers a obtenu la route du salut et de la foi, sans hypallage, mais comme suit : la foi obtient la route de l’univers autrement dit parcourt l’univers entier.
295 Dicit autem horum scilicet Petri et pauli: quia tametsi alii quoque apostoli fidem predicauerunt: de his praecipue contexit historiam beatus lucas: quem sequitur Arator. Or il dit horum ("de ceux-ci") évidemment Pierre et Paul, parce que, même si d’autres apôtres aussi ont prêché la foi, c’est autour de ces deux apôtres que le bienheureux Luc a bâti son récit. Or Arator le suit.
351 quamuis autem nonnulla alia: ut reintegratio numeri duodenarii: et lapidatio stephani: et pauli conuersio et quaedam alia in his .xii. capitulis narrentur: præcipue tamen in his .xii. prædicatio petri declaratur: qua Euangelium primum inter ludæos: deinde etiam inter gentiles diuulgauit. Or, bien que, dans ces douze chapitres, on trouve quelques autres récits comme la reconstitution du nombre des Douze, la lapidation d’Étienne, la conversion de Paul et quelques autres épisodes, on voit surtout dans ces douze chapitres la prédication de Pierre par laquelle il fit connaître l’évangile d’abord parmi les juifs puis ensuite aussi parmi les païens.
353 a .xiii. capite usque ad finem historiæ apostolicæ de paulo solum agitur bucinante euangelium per orbem terrarum. Du chapitre 12 jusqu’à la fin du récit des Actes il ne s’agit que de Paul qui claironne l’évangile par toute la terre.
354 non usque ad pauli martyrium: sed usque ad ipsius in urbem aduentum extenditur historia. Le récit ne va pas jusqu’au martyre de Paul, mais seulement jusqu’à son arrivée à Rome.
355 Hec uero de paulo narrata continent secundus et ultimus Aratoris liber. Ces récits concernant Paul font la matière du second et dernier livre d’Arator.
363 inter illas autem paulus apostolus extra numerum .xii. quasi nubes amplissima non unam orbis partem sed uniuersas gentium plagas pluuiis rigauit: fulminibus terruit: fulguribus illustrauit. Parmi ces nuées, l’apôtre Paul qui ne faisait pas partie des Douze, tel une nuée immense, n’abreuva pas une seule partie du monde de ses pluies mais toutes les régions des peuples, et les fit trembler de son tonnerre et les éclaira de ses éclairs.
364 Vnde probabile est ab spiritu sancto impulsum beatum lucam hunc secundum historiae apostolicæ sermonem priori sermoni historiæ Euangelicæ addidisse: quo pauli quoque extra numerum .xii. assumpti authoritas libro canonico firmata teneretur. Simul ut eius epistolae inter canonicas scripturas haberentur. canonicæ scripturæ testimonium habentes: quæ conuersionem eius et predicationem et miracula et singulares uirtutes plenissime exequitur. De ce fait, il est probable que c’est sous l’impulsion de l’Esprit saint que le bienheureux Luc a adjoint ce deuxième récit des Actes des Apôtres au premier récit de l’évangile, afin que l’autorité de Paul, qui a été ajouté aux Douze en surnuméraire, soit affermie dans un livre canonique et, de même, pour que ses lettres soient considérées au nombre des écrits canoniques, en ayant le témoignage de l’écriture canonique qui raconte sa conversion, sa prédication, ses miracles et ses vertus uniques avec force détails.
397 (Dignatus) ergo scilicet christus pati id est sua dignitate non iudicans indignum: qui cum in forma dei esset ut ait apostolus: exinaniuit semetipsum formam serui accipiens. factus obediens usque ad mortem. (Dignatus) donc évidemment désigne le Christ et souffrir, autrement dit ne le jugeant pas indigne de sa dignité, qui "alors qu’il était dans la condition de Dieu", comme dit l’apôtre, "s’est anéanti lui-même en prenant la condition d’esclave, devenant obéissant jusqu’à la mort".
405 Quia uero talia sunt nimis scrupulosa et suspecta: credamus firmiter: id quod in symbolo dicitur de christo: descendit ad inferos: et id quod apostolus ad ephesios scribens quod autem inquit ascendit quid est nisi quia descendit ad inferiores partes terræ ubi glo. id est ad inferos. Mais parce que de telles affirmations sont excessivement risquées et suspectes, croyons fermement ce que l’on dit dans le symbole au sujet du Christ : "il est descendu aux enfers" et ce que dit Paul dans la Lettre aux Ephésiens : "il est monté qu’est-ce à dire sinon qu’il est descendu dans les parties inférieures de la terre" où la glose commente "autrement dit les enfers".
411 nam ut inquit ambrosius in quodam Sermone: Iux Christus non parietibus obstruitur: non elementis diuiditur: non tenebris obscuratur. Iux inquam Christi dies est sine nocte: dies sine fine. quod autem iste dies Christus sit: apostolus dicit: nox præcessit: dies autem appropinquauit. De fait comme le dit Ambroise dans l’un de ses sermons : "le Christ lumière n’est pas arrêté par des cloisons, ni divisé par les éléments, ni obscurci par les ténèbres. La lumière du Christ, dis-je, est sans nuit, c’est un jour sans fin. Quant au fait que ce jour soit le Christ, l’apôtre le dit : ‘la nuit s’est retirée et le jour s’est approché’".
419 omnes enim homines originaliter erant sub nocte et sub principe tenebrarum diabolo: et secundum iusticiam dei traditum est genus humanum in eius potestatem et perpetuas tenebras: peccato primi hominis in omnes originaliter transeunte et illius debito obligante: Nam ut inquit apostolus eramus natura filii iræ. natura id est ut est deprauata peccato: non ut est recta creata ab initio. En effet, tous les hommes étaient depuis la faute originelle dans la nuit et au pouvoir du diable, le prince des ténèbres, et selon la justice de Dieu le genre humain a été livré en son pouvoir et dans ses éternelles ténèbres, le péché du premier homme passant depuis l’origine en tous et les liant de sa dette ; de fait, comme dit l’Apôtre : "nous étions par nature des fils de la colère", par nature, autrement dit en tant qu’elle est dépravée par le péché, et non en tant qu’elle a été crée juste, au commencement.
458 Verissime igitur apostolus christum uocat primitias quia primus fuit tempore: et maximus dignitate. hinc mox dixit: alia claritas solis id est christi: alia lunæ id est deiperae uirginis: et alia claritas stellarum id est sanctorum. stella enim a stella differt in claritate:sic et resurrectio mortuorum. C’est donc en toute vérité que l’Apôtre appelle le Christ prémice car il fut le premier dans le temps et le plus grand en dignité ; peu après c’est ainsi qu’il dit "une chose est la clarté du soleil", autrement dit le Christ, "une autre celle de la lune", autrement dit la Vierge Mère de Dieu, "une autre encore celle des étoiles" autrement dit des saints. "Une étoile en effet diffère d’une autre en clarté, il en est ainsi de la résurrection des morts".
464 unde apostolus in prima ad corinthios ep. cap. xv. Sicut in adam omnes moriuntur: ita in christo onnes uiuificabuntur. De là vient que l’Apôtre dit en 1 Co. 15 : "comme en Adam tous meurent, ainsi dans le Christ tous accèderont à la vie".
466 Hanc uictoriam aduersus mortem prædicans apostolus allegat uerba osee prophetæ: absorpta est inquit mors in uictoria id est in resurrectione christi mors uincitur uincendi modum transgressa et plus rapiens quam æquum erat: nil iuris habet. Vbi est mors uictoria tua? En enseignant cette victoire sur la mort, l’Apôtre allègue les paroles du prophète Osée : "la mort a été absorbée dans la victoire" autrement dit, dans la résurrection du Christ, la mort qui avait dépassé la mesure de sa victoire est vaincue et plus rapiens ("à piller davantage") qu’il était équitable nil iuris habet ("elle n'a pas de droit"). "Où, mort, est ta victoire ?".
467 propheta uel apostolus lætabundus et morti insultans in persona resurgentium hoc ait. Vicisti in morientibus: uicta es in resurgentibus. Le prophète (ou tout aussi bien l’Apôtre) s’exprime ainsi plein de joie et apostrophant la mort dans la personne de ceux qui ressuscitent. "Tu as vaincu dans ceux qui mouraient, tu as été vaincue dans ceux qui ressuscitent".
469 oportet enim ut ait apostolus : corruptibile hoc induere incorruptionem et mortale hoc induere imortalitatem: ut scilicet corpus et membra: sui capitis qui christus est naturam sequantur cum ergo post triduum christus resurrexit fidem et spem nostram confirmauit. Il faut en effet, comme le dit l’Apôtre que "ce qui est corruptible revête l’incorruptibilité et ce qui est mortel revête l’immortalité", évidememnt pour que le corps et les membres suivent la nature de leur tête qui est le Christ. Quand donc, le Christ après trois jours ressuscita, il confirma notre foi et notre espérance.
475 Hæc christi innouatio: quam in nobis significet innouationem ostendit apostolus ad romanos scribens Quomodo (inquit) christus surrexit a mortuis per gloriam dei patris ita et nos in nouitate uitæ ambulemus. Voilà ce qui est nouveau avec le Christ ; ce que cette nouveauté signifie en nous, l’Apôtre le montre dans la lettre aux Romains en écrivant : "de même que le Christ est ressuscité des morts par la gloire de Dieu le Père, que nous, de même, nous marchions dans une vie nouvelle".
481 Id autem innuit apostolus: cum inquit mortale hoc induerit immortalitatem: quasi dicat cum uenerit incorruptio et immortalitas ut indumentum aliunde: hoc est a deo non a natura. C’est ce qu’indique l’Apôtre en disant : "quand ce qui est mortel aura revêtu l’immortalité" comme s’il disait quand l’incorruptibilité et l’immortalité viendront comme un vêtement venu d’ailleurs, de Dieu non de la nature.
485 Nec uero eis subscribit apostolus: Insipiens tu dicens: quod seminas non uiuificatur: nisi prius moriatur. Et de fait l’Apôtre ne souscrit pas à leurs idées quand il dit : "que tu es fou : ce que tu sèmes ne vient pas à la vie, s’il ne commence par mourir".
486 Iicet enim ex grano seminato quod nudum iacitur in terram: nascatur aliud granum eadem specie dissimili ornatu scilicet fultum calamo: opertum gluma: horrens aristæ quibusdam quasi spiculis: tamen eo exemplo non uult probare apostolus: ut hoc fit per naturam ita quoque naturæ uiribus homines resurrecturos: aut naturalem resurrectionem esse sed quemadmodum natura eamdem reparat eandemque reducit rem specie similem ornatu dissimilem: ita deus uel incomparabiliter facilius quam natura ei subdita: potest eanden substantiam numero ressuscitare: mutata qualitate. Bien que, en effet, du grain semé que l’on jette nu dans la terre, il naisse un autre grain de même aspect différent par ce qui l’entoure, évidemment reposant sur la tige, recouvert par son enveloppe, et hérissé comme des dards de sa barbe, par cet exemple cependant, l’Apôtre ne veut pas démontrer que, de même que cela se fait par l’action de la nature, c’est aussi de même par les forces de la nature que les hommes vont resusciter ou que la résurrection est un acte naturel, mais que de même que la nature se reproduit à l’identique et ramène un même être semblable par l’aspect, mais différent par ce qui l’entoure, de même Dieu, avec incomparablement plus de facilité que la nature qui lui est soumise, peut ressusciter une même substance en nombre égal tout en changeant sa qualité.
491 Vnde glo. super illa apostoli uerba Resurrexit tertia die : addit probata scilicet uera morte. D’où vient que la Glose, au sujet de ces paroles de l’Apôtre "il ressuscita le troisième jour ajoute évidemment quand la réalité de sa mort fut prouvée".
503 speciemque coruscam id est speciem gloriosam et fulgentem: in quam nostra corpora si boni fuerimus traducentur ut apostolus ad philippenses scribens ait: expectamus dominum nostrum lesum christum: qui reformabit corpus humilitatis nostrae configuratum corpori claritatis suæ. speciemque coruscam ("une éclatante beauté") autrement dit l’apparence glorieuse et resplendissante dans laquelle nos corps, si nous avons fait le bien, seront transformés, ainsi que le dit l’Apôtre dans la lettre aux Philippiens quand il écrit : "nous attendons le sauveur, notre Seigneur Jésus-Christ, qui renouvellera le corps de notre faiblesse en le configurant à son corps glorieux".
601 Cum enim dos (ut theologi diffiniunt ) sit perpetuus ornatus animæ et corporis uitæ sufficiens et in æterna beatitudine iugiter perseuerans et illa sit quadruplex in corpore resurgente ut in prima ad corinthios. epistola innuit apostolus: Seminatur in corruptione: surget in incorruptione: seminatur in ignobilitate surget in gloria. seminatur in infirmitate surget in uirtute: seminatur corpus animale surget spirituale: prima dos impatibile: secunda clarum: tertia subtile: quarta agile corpus reddet ad gloriam resurgens: cum ergo tot monilibus ornata sanctorum corpora sint resurrectura: non dico cibi qui naturae fragilitatem aliquo modo reparat: sed nec alicuius rei omnino egebunt. Puisqu’en effet, selon la définition des théologiens, le don est un ornement permanent de l’âme, suffisant pour la vie du corps et qui persévère de manière constante dans une éternelle béatitude, et qu’il est quadruple dans le corps qui ressuscite comme l’indique l’Apôtre en 1 Co. : "ce qui est semé dans la corruption, lèvera dans l’incorruptibilité ; ce qui est semé dans l’absence de gloire, lèvera dans la gloire ; ce qui est semé dans la faiblesse lèvera dans la puissance ; ce qui est semé comme un corps animal lèvera comme corps spirituel" : le premier don rendra le corps se relevant pour la gloire impassible, le second lumineux, le troisième subtil, le quatrième agile. Puisque donc les corps des saints sont appelés à ressusciter ornés de tant de joyaux, ils n’auront besoin, je ne dis pas de nourriture qui de quelque manière restaure la fragilité de la nature, mais bien de quoi que ce soit d’autre.
641 Vnde apostolus in ii. ad corinthios epistola: quia inquit: christi bonus odor sumus deo. D’où vient que l’Apôtre en 2 Co. déclare : "parce que nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ".
788 In secundo statu idest post peccatum: habuit posse mori: et non posse non mori hoc est non posse esse immortalem: quia in hoc statu moriendi est necessitas: secundum illud apostoli statutum est hominibus semel mori. Dans le second état, autrement dit après le péché, il eut le pouvoir de mourir et de ne pas pouvoir ne pas mourir, autrement dit de ne pas pouvoir être immortel, parce que, dans cet état, mourir est inévitable, selon ce mot de l’Apôtre : "il a été fixé que l’homme meure une fois".
824 christus a graecis dicitur mesites: a latinis theologis mediator. Vnus enim ut apostolus ait: mediator dei et hominum homo christus lesus: quasi in medio arbiter ad componendam pacem idest reconciliandum homines deo. Hic est arbiter quem lob desiderat. Vtinam esset nobis arbiter. Les Grecs appellent le Christ μεσίτης, là où les théologiens latins parlent de médiateur. "Nous n’avons", comme dit l’Apôtre, "qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme, le Christ Jésus", comme un arbitre placé au milieu pour faire la paix, autrement dit réconcilier les hommes avec Dieu. C’est là l’arbitre que Job appelle de ses vœux : "si seulement" nous avions un arbitre.
829 Idem sentit diuus Ambrosius in explanatione epistolae ad galatas Arbitrum inquit hunc per assumptionem carnis intelligi docet apostolus ad timotheum: Arbiter dei et hominum homo lesus: dicens. C’est exactement le sentiment du divin Ambroise dans son Commentaire de l’épître aux Galates quand il dit : "cet arbitre, l’apôtre nous apprend qu’il faut le comprendre à cause de l’assomption de la chair, quand il dit à Timothée : ‘un arbitre entre Dieu et les hommes, un homme Jésus’".
1062 Cum autem sint. iiii. per charitatem diligenda: deus: anima: proximus: et corpus proximi: manifestum est in una dilectione cuncta bona contineri. sicut (inquit Gregorius) multi arboris rami ex una radice prodeunt: sic multae uirtutes ex una charitate generantur. unde apostolus in prima ad timot. epistola Finis inquit praecepti est charitas. Puisqu’il y a quatre réalités qu’il nous faut aimer grâce à la charité, Dieu, notre âme, le prochain et le corps du prochain, il est évident que dans une seule dilection tous les biens sont contenus : "de même" (dit Grégoire) "que les nombreuses branches d’un arbre procèdent d’une seule racine, de même de nombreuses vertus sont engendrées par la seule charité" ; d’où vient que l’Apôtre, en 1 Timothée, déclare : "le but de notre enseignement, c’est la charité".
1067 At etiam alienos dicitur pullos pascere columba donum consilii prae se ferens secundum: illud apostoli in prima ad the. epistula facti sumus inquit in medio uestri tanquam si nutrix foueat filios suos. Multos enim facinorosos tanquam daemoniarchae pullos in bonum uertunt praestantes coelesti consilio: quos deinde pabulo diuinarum litterarum: ac propositis alunt operum imitabilium pascuis Mais on dit aussi que la colombe nourrit les petits des autres oiseaux, faisant ainsi montre du don de conseil, selon ce mot de l’Apôtre en 1 Thessaloniciens : "nous somme devenus au milieu de vous comme une nourrice envers ses enfants". Ceux, en effet, qui sont largement pourvus du conseil divin changent en bien de nombreux criminels, de vrais fils du prince des démons, qu’ensuite ils nourrissent, grâce à l’aliment des divines lettres et en proposant de bonnes œuvres à imiter.
1071 Denique non cantat sed gemit columba donum timoris significans. quo referti homines pii lachrymarum fontibus rigantur peccata gemitibus et singultibus diluentes. Ita enim Esaias Rugiemus inquit quasi ursi omnes: et quasi columbae meditanter gememus. Paulus quoque ad Romanos scribens: Ipse spiritus sanctus postulat pro nobis gemitibus inenarrabilibus. Nec uidetur dissimilis ratio: cum spiritus sanctus in christi metamorphosi in specie nubis, apparuit denotans scilicet abundantiam lachrymarum. Nam spiritus domini ferebatur super aquas: Et psalmographus quoque flabit inquit spiritus eius et fluent aquae. sicut enim aduentu austri in imbres nubes pluuia grauatae resoluuntur: sic spiritu sancto accedente propius atque ingrediente mentes pias lachrymae funduntur uberrimae. Hinc in canticis legimus surge aquilo et ueni auster: perfla hortum meum et fluant aromata illius: hoc est suaue olentissimae lachrymae. Caeterum quid sit de felle columbae dicendum suo in loco hoc est in. xvi. huius primi libri sectione aperiam Pour finir, la colombe ne chante pas mais gémit, signifiant ainsi le don de crainte de Dieu ; quand ils en sont remplis, les gens pieux sont baignés de flots de larmes, en lavant leurs péchés dans les gémissements et les sanglots. Ainsi en effet dit Isaïe : "nous gronderons tous comme des ours et comme des colombes, quand nous réfléchirons, nous gémirons" ; Paul aussi, dans la lettre aux Romains, dit : "l’Esprit saint lui-même demande en notre faveur en des gémissements inexprimables". Et la raison ne semble pas différente quand l’Esprit saint est apparu dans la transfiguration du Christ sous la forme d’une nuée, indiquant ainsi évidemment une abondance de larmes. De fait, "l’Esprit du Seigneur planait sur les eaux", et le psalmiste dit aussi "son esprit soufflera et les eaux couleront" ; en effet comme, à l’arrivée de l’Auster, les nuées lourdes de pluie éclatent en averses, de même, à la venue proche de l’Esprit saint et au moment où il pénètre les esprits pieux, les larmes coulent en grande abondance. C’est ce qui fait que nous lisons dans le Cantique : "lève-toi, Aquilon, viens, Auster, souffle sur mon jardin et que coulent ses parfums", autrement dit les larmes aux parfums les plus suaves. En outre ce qu’il faut dire du fiel de la colombe, il nous faudra l’expliquer en son lieu et place, autrement dit au point 16 de ce premier livre.
1073 Hinc dixit psalmographus uaticinans de apostolis: Inebriabuntur ab ubertate domus tuae: et torrente uoluptatis tuae potabis eos. Vt autem Temulenti spernunt obprobria et irrisiones: nec periculis nec ullis dispendiis mouentur: sic apostoli amore diuino ebrii nullis damnis: nullis persecutionibus subsannationibusue quatiebantur. Immo uero ibant gaudentes a conspectu consilii: quoniam digni habiti sunt pro nomine lesu contumeliam pati. Quis (inquit paulus ad romanos scribens) nos separabit a charitate christi? Tribulatio: an angustia: an persecutio: an fames: an nuditas: an periculum: an gladius? Sicut scriptum est quia propter te mortificamur tota die. aestimati sumus sicut oues occisionis. sed in his omnibus superamus propter eum qui dilexit nos. De là vient que le psalmiste, prophétisant au sujet des apôtres dit : "ils seront ivres de l’abondance de ta maison et tu les feras boire au torrent de ta volupté" ; de même que les personnes ivres ne tiennent aucun compte de la honte et des moqueries et ne sont touchées ni par les dangers ni par quelque dépense, ainsi les apôtres, ivres d’amour divin n’étaient perturbés par aucune perte, aucune persécution, aucune insulte ; bien plus, ils allaient tout joyeux loin du Conseil puisqu’ils ont été jugé dignes de souffrir l’injure pour le nom de Jésus. "Qui", écrit Paul aux Romains, "nous séparera de l’amour du Christ ? La tribulation ? L’angoisse ? La persécution ? La faim ? Le dénuement ? Le danger ? Le glaive ? Comme il l’a été dit : ‘à cause de toi nous sommes mortifiés tout le jour, on nous prend pour des brebis d’abattoir’ mais en tout cela nous l’emportons à cause de celui qui nous a aimés".
1081 Appellat autem hic poeta ueteres lacus uel utres ueteres ipsos apostolos anteaquam innouarentur gratia spiritus sancti: Vnde et apostolus exuite inquit ueterem hominem cum actibus suis: et induite nouum hominem etc Ici le poète nomme ueteres lacus ("anciennes cuves") ou vieilles outres les apôtres eux-mêmes, avant qu’ils ne soient renouvelés par la grâce de l’Esprit saint ; de là vient aussi cette phrase de l’apôtre : "déposez le vieil homme avec ses actions et revêtez l’homme nouveau" etc.
1082 poterant ergo apostoli ante spiritus sancti aduentum ueteres utres uocari preceptis legis et traditionibus adherentes maiorum. Sed posteaquam effecti sunt noui lacus et noui utres nouum uinum acceperunt id est praecepta euangelica: eorum sinceritatem uino acerbo id est intelligentia ueteris legis literali: quae insuauis et acerbae nequaquam deprauantes corrumpentesue: sed dulcedinem spiritualium uerborum inuiolatam custodientes: uel aliter noua uasa susceperunt nouum liquorem: nec corrumpuntur scilicet noua uasa hoc est ipsi apostoli innouati: acerbo scilicet liquore phariseorum et iudaeorum qui imbuti saliuis ueteris legis nouae gratiae praecepta respuebant: quique insipidis scribarum et seniorum interpretationibus adherentes suauitatem spiritualium uerborum percipere non ualebant. Ideo litera ut ait apostolus: occidit: spiritus autem uiuificat id est facit spiritualiter intelligere. Les apôtres pouvaient donc être désignés nous le nom de vieilles outres avant la venue de l’Esprit saint, puisqu’ils adhéraient aux préceptes de la Loi et aux traditions de leurs ancêtres. Mais une fois qu’ils furent transformés en cuves nouvelles et en nouvelles outres, ils reçurent le vin nouveau, autrement dit les préceptes évangéliques, sans nullement abîmer ou corrompre leur pureté par le vin aigre, autrement dit l’intelligence littérale de l’ancienne loi qui est dépourvue de douceur et pleine d’aigreur, mais en gardant intacte la douceur des paroles spirituelles ; on peut aussi comprendre autrement noua uasa ("les nouveaux vases") ont reçu nouum liquorem ("un liquide nouveau") nec corrumpuntur ("et ils ne sont pas abîmés") évidemment noua uasa ("les nouveaux vases") autrement dit les apôtres eux-mêmes une fois renouvelés acerbo ("par l’aigre") évidemment le liquide des pharisiens et des Juifs qui, tout imprégnés de la salive de la vieille Loi, crachaient sur les préceptes de la grâce nouvelle ; adhérant aux interprétations fades des scribes et des anciens, ils n’avaient pas la force de percevoir la douceur des paroles spirituelles ; voilà pourquoi, comme le dit l’Apôtre : "la lettre tue mais l’esprit vivifie", autrement dit fait comprendre de manière spirituelle.
1154 Paulus ad corinthios scribens narrat se raptum in paradisum audisse arcana uerba: quae non licet homini loqui. Quis ergo os apostoli obstruxit ne reticenda summi praesidis secreta sanctis hominibus reuelaret? Deinde quae ratio impulit professores sacrarum literarum miscere terris coelum et mare coelo: hoc est diuina humanis et humana diuinis confundere? Paul, dans une des lettres aux Corinthiens, écrit qu’il a été emporté au paradis et a entendu des paroles secrètes qu’il n’est pas permis à un homme de dire. Qui a donc bâillonné l’Apôtre, pour qu’il ne révèle pas aux saints les secrets du gouverneur suprême, qu’il fallait garder pour soi ? Et puis quelle raison a poussé les professeurs d’Ecriture sainte à mêler ciel et terre, et mer et ciel, autrement dit à mêler les choses divines aux humaines et les humaines aux divines ?
1175 At quoniam incidimus in hoc liberatoris nostri sanctissimum nomen: in quo (ut inquit apostolus) omne genu flectitur coelestium: terrestrium: et infernorum: consentaneum est: nos ueram eius scriptionem monstrare: quam philelphi authoritas uiri alioqui literatissimi deprauauit. Is enim in. xiiii. epistolarum libro: cum ab amico moneretur quod temere aut lapsu fortasse festinantis harundinis errasset: scribendo Ihesus per. h. rescripsit non id imprudenter: sed consulto a se factum. Hoc ego erratum: si alicui opico aut rudi omnino graecarum literarum contigisset: errare: minus miratus fuissem. Sed in philelpho utriusque linguae consultissimo uix equidem tale peccatum ferrem: ni tenebras humanae naturae passim experirer: ac multis periculis cognitas haberem: et in multis uiris doctissimis: et in me quoque ipso frequentius: quia multo saepius mihi mea quam aliena in mentem ueniunt. Mais puisque nous tombons sur le nom très saint de notre libérateur, "devant qui (comme dit l’Apôtre) tout genou fléchit au ciel sur terre et aux enfers", il est cohérent de montrer la véritable manière dont cela s’écrit : l’autorité de Filelfo, personnage d’ailleurs d’une extrême culture littéraire, l’a abîmé. Celui-ci en effet dans ses lettres, livre 14, comme il était averti par l’un de ses amis parce qu’il avait à la légère ou peut-être par un lapsus calami commis une erreur en écrivant Ihesus avec un h, répondit qu’il ne l’avait pas fait sans réflexion, mais bien à dessein. Il s'est trompé en cela : s’il était arrivé de se tromper à un bouseux ou à une personne totalement ignorante du grec, je m’en serais moins étonné. Mais, de la part de Filelfo, qui connaît admirablement les deux langues, je ne saurais supporter une telle erreur, si je n’avais fait partout l’expérience des ténèbres de la nature humaine ni n'avais eu connaissance de bien des périls, même chez les plus savants, et d’ailleurs assez souvent en moi-même aussi, car mes propres erreurs me viennent plus souvent à l’esprit que celles des autres.
1288 Nihil facilius: si Augustini uerba libro de trinitate. xv. adduxerimus in patrocinium: quæ magister quoque in primo repetiuit: ad quæ hic uidetur Arator alludere: Dilectio (inquit lucerna supra candelabrum hipponensis ecclesiæ olim posita et lucem ueritatis a confusione tenebrarum splendore clarifici sermonis pulsis undique caliginibus longe lateque enubilans) dilectio inquit dei diffusa est in cordibus nostris (ut ait apostolus) per spiritum sanctum: qui datus est nobis. nullum est isto dono dei excellentius. Solum est quod diuidit inter filios regni: et filios perditionis. Dantur et alia per spiritum munera : sed sine charitate nihil prosunt. Nisi ergo tantum impertiatur cuiquam spiritus sanctus: ut eum dei et proximi faciat amatorem: a sinistra non transfertur ad dexteram. Nec spiritus sanctus proprie dicitur donum: nisi propter dilectionem: quam qui non habuerit: etsi loquatur omnibus linguis: et habuerit prophetiam: et omnem scientiam: et omnem fidem: et distribuerit substantiam suam: et tradiderit corpus suum ita ut ardeat: non ei prodest. Quantum ergo bonum est: sine quo ad æternam uitam neminem tanta bona perducunt? Ipsa uero dilectio uel charitas (nam unius rei nomen est utrunque) perducit ad regnum. Rien de plus facile, si nous nous appuyons sur les paroles d’Augustin au livre 15 du de Trinitate, que le Maître a rappelé dans son livre 1 et auxquelles Arator semble ici faire allusion : "l’amour" (dit la lumière jadis posée sur le lampadaire de l’église d’Hippone, qui éclaire de la lumière de la vérité avec son discours qui dissipe la confusion des ténèbres, en repoussant en tout sens les nuées) : "l’amour de Dieu", dit-il donc, "se diffuse dans nos cœurs, comme le dit l’Apôtre, par l’Esprit saint qui nous a été donné ; il n’est rien de plus excellent que ce don de Dieu. C’est lui, et lui seul, qui fait le départ entre fils du royaume et fils de perdition. L’Esprit donne aussi d’autres présents, mais sans la charité, ils ne servent à rien. Donc, si une personne ne reçoit pas le don de l’Esprit saint qui le fera aimer Dieu et son prochain, il ne passe pas de la gauche vers la droite. Et l’Esprit saint n’est pas proprement appelé un don, si ce n’est en raison de l’amour, car celui qui n’a pas l’amour, même s’il parlait toutes les langues et avait le don de prophétie et toute la science et toute la foi et distribuerait ses biens et livrerait son corps pour qu’il soit brûlé, cela ne lui sert à rien. Qu’il est donc grand ce bien sans lequel de si grands biens ne conduisent personne à la vie éternelle ? Cet amour même", ou plutôt cette charité (car il n’y a qu’un nom pour les deux) "conduit au Royaume".
1308 Has diuitias significans quoque paulus: buccina euangelium ubique resonans omnibus audita telluris et æquoris undis: Buccina quæ postquam diuinum pneuma recepit: Littora uoce replet sub utroque latentia phoebo. Paulus ergo has diuitias notans: quasi inquit tristes: semper autem gaudentes: sicut egentes: multos autem locupletantes: tanquam nihil habentes et omnia possidentes. Paul également indique ces richesses, lui la trompette des évangiles qui résonne partout, et que tout entend, terres et mers, trompette qui, quand elle eut reçu l’Esprit saint, emplit de sa voix tous les rivages du levant au couchant, Paul, dis-je, indique ces richesses en disant : "s’ils semblent tristes, ils sont toujours joyeux, s’ils semblent pauvres, ils en enrichissent beaucoup, s’ils semblent n’avoir rien, ils possèdent tout".
1308 Has diuitias significans quoque paulus: buccina euangelium ubique resonans omnibus audita telluris et æquoris undis: Buccina quæ postquam diuinum pneuma recepit: Littora uoce replet sub utroque latentia phoebo. Paulus ergo has diuitias notans: quasi inquit tristes: semper autem gaudentes: sicut egentes: multos autem locupletantes: tanquam nihil habentes et omnia possidentes. Paul également indique ces richesses, lui la trompette des évangiles qui résonne partout, et que tout entend, terres et mers, trompette qui, quand elle eut reçu l’Esprit saint, emplit de sa voix tous les rivages du levant au couchant, Paul, dis-je, indique ces richesses en disant : "s’ils semblent tristes, ils sont toujours joyeux, s’ils semblent pauvres, ils en enrichissent beaucoup, s’ils semblent n’avoir rien, ils possèdent tout".
1309 Hæc ideo enumerauit paulus: quia deum timentibus nihil deest ex temporariis: et ex spiritalibus omnes opes: omnia bona adsunt. Voilà l’énumération faite par Paul, parce que, pour ceux qui craignent Dieu, rien ne manque des biens temporels, et pour ce qui est des biens spirituels, toutes les richesses et tous les biens sont à portée de leurs mains.
1318 Itaque ad temporalia bona potes accommodare hunc sensum: iuxta dictum apostoli in secunda ad Corin. epistula: tanquam nihil habentes et omnia possidentes. Potes et ad bona spiritalia et aeterna referre: geminantur opes scilicet spiritales in hoc saeculo: et aeternae in alio: secundum illud marci: accipiet centies tantum: qui reliquerit agros etc et illud matthaei: Thesaurizate uobis thesauros in cœlo: ubi nec erugo nec tinea demolitur etc. Voilà pourquoi on peut rapporter aux bien temporels cette interprétation en s’appuyant sur la parole de l’Apôtre en 2 Cor : "comme n’ayant rien, et possédant tout" ; vous pouvez aussi rapporter cela à des biens spirituels et éternels : geminantur opes ("les richesses redoublent") évidemment les richesses spirituelles dans ce monde et éternelles dans l’autre, selon cette parole de Marc : "il recevra au centuple celui qui aura abandonné ses champs, etc", et cette parole de Matthieu : "amassez-vous un trésor dans le ciel où ni la rouille ni la mite ne rongent etc.".
1349 Est enim donum linguarum datum apostolis in die pentecoste: et id inter spiritus sancti charismata numeratur ab apostolo paulo. En effet, le don des langues a été donné aux apôtres le jour de la Pentecôte, et il est nommé parmi les charismes de l’Esprit saint par l’apôtre Paul.
1652 Huius templi limen ingressus paulus dixit: Tanquam nihil habentes et omnia possidentes. Quand il est entré au-delà du seuil de ce Temple, Paul a dit : "comme n'ayant rien, nous possédons tout".
2053 At dices quo pacto deus: uidet id est cognoscit: edita id est creata? quia pertingit (ut ait apostolus) ad diuisionem spiritus et animæ: compagum quoque et medullarum: et discretor cogitationum et intentionum cordis. Mais on me dira : comment Dieu "voit-il", autrement dit connaît-il, edita ("les créatures produites"), autrement dit les êtres créés ? C'est, comme le dit l'Apôtre, parce qu'"il pénètre jusqu'à partager âme et esprit, jointures et moelles ; il juge les sentiments et les pensées du coeur".