(1669) (AGMINE IAM NIVEO ("désormais dans la troupe
neigeuse")) Après le miracle fait par Pierre, tout le peuple accourut vers les
apôtres dans le Portique de Salomon, vénérant les auteurs d'une action si
merveilleuse. |
(AGMINE IAM
NIVEO
.) Post miraculum factum a petro concurrit uniuersus populus ad
apostolos in porticum
salomonis uenerans authores tam noui operis.
|
(1670) En outre, Pierre, qui avait trouvé là un auditoire copieux et une
foule nombreuse, prononça de nombreuses paroles par lesquelles il donnait les clés
du mystère de la vraie piété. |
cæterum petrus nactus
copiosum auditorium et frequentem turbam multa uerba fecit: quibus ueræ pietatis mysterium aperiebat.
|
(1671) Or beaucoup de ceux qui avaient entendu sa parole crurent, et, au
témoignage de Luc, le nombre des fidèles (en ne comptant que les hommes) monta à
cinq mille. |
Multi autem eorum qui audierant uerbum:
crediderunt. Et factus est teste luca:
numerus uirorum fidelium quinque milia.
|
(1672) Selon certains en effet, aux trois mille dont j'ai déjà parlé, au
moment où Pierre priait, il s'en ajouta deux mille. |
secundum quosdam enim tribus millibus supradictis: modo orante petro addita sunt duo millia.
|
(1673) Mais d'autres disent qu'il y eut à ce moment-là cinq mille conversions
opérées par Pierre, qui, s'ajoutant aux trois mille, font huit mille. |
Alii dicunt modo quinque millia fuisse conuersa a petro: quæ additis
tribus millibus octo chiliadas ac millia conficiunt.
|
(1674) Mais, alors que Pierre parlait encore au peuple, "survinrent les
Prêtres et les officiels du Temple et des Sadducéens qui souffraient de le voir
enseigner le peuple" et "ils le mirent sous bonne garde jusqu'au lendemain". |
Cum ue[37r]ro petrus adhuc loqueretur ad populum:
superuenerunt sacerdotes: et magistratus
templi: et saducei dolentes quia
docerent populum.ac 4, 1-2 et posuerunt eos in custodiam usque in crastinum.ac 4, 2
|
(1675) "C'était en effet le soir". |
Erat enim iam uespera.ac 4, 3
|
(1676) Mais, le lendemain, en entendant Pierre parler au milieu du conseil,
ils s'étonnaient à la fois de sa doctrine et de sa constance. |
Postridie autem in medio concilli audientes petrum: mirabantur
doctrinam pariter et constantiam.
|
(1677) Mais, pour éviter que l'Evangile ne soit répandu dans le peuple, ils
firent des menaces aux apôtres, leur interdisant totalement de parler, et
d'enseigner au nom de Jésus. |
Verum ne diuulgaretur Euangelium in populum comminati sunt
apostolis: ne omnino loquerentur: nec docerent in nomine iesu.
|
(1678) "Mais Pierre et Jean répondirent en leur disant : 's'il est juste
devant la face de Dieu de vous écouter vous plutôt que Dieu, jugez-en ; en
effet nous ne pouvons pas ne pas dire ce que nous avons vu et entendu". |
petrus uero et ioannes respondentes
dixerunt ad eos. si iustum est in conspectu
dei: uos potius audire quam deum: iudicate. non enim
possumus quæ uidimus et audiuimus : non
loqui.
ac 4, 19-20
|
(1679) Voilà ce que contient la huitième section du premier livre avec une
violente diatribe contre les Juifs. |
hæc continet .viii. sectio primi libri: cum acerba
increpatione iudæorum.
|
(1680) Arator dit donc (lam apex ("désormais la pointe"))
autrement dit la cime et la hauteur, ecclesiæ crescebat ("de
l'Eglise grandissait") évidemment à cause de la prière et de la prédication de
Pierre dans le Portique de Salomon, agmine niueo ("dans la troupe
neigeuse") autrement dit candide et simple comme il convient à de vrais chrétiens,
per millia v uirorum ("à travers cinq mille hommes") évidemment
les croyants. |
dicit ergo. (Iam apex) id est fastigium et altitudo:
ecclesiæ:
crescebat scilicet orante ac prædicante petro in porticum salomonis:
agmine niueo id est candido
et simplici: quale est christianorum uerorum:
per millia. v. uirorum scilicet
credentium.
|
(1681) Il s'agit d'une métaphore empruntée à la construction d'un
temple. |
Est autem metaphora a templo ædificato sumpta.
|
(1682) De même, en effet, que l'on élève sa cime en usant de pierres
inanimées, de même le temple et l'Eglise du Christ se dressent en usant de pierres
vivantes, pures, neigeuses sans aucun tache de noirceur. |
Vt enim illud crescit in altum fastigium inanimatis lapidibus: ita templum et ecclesia christi surgit animatis
lapidibus: et mundis et niueis sine ulla
nigredinis macula.
|
(1683) De là vient que le Seigneur dit à Pierre : "et sur cette pierre
je bâtirai mon Eglise" ; il parlait par allégorie. |
Vnde dominus petro dixit:
et super hanc petram ædificabo ecclesiam meam:Mt 16, 18 allegorice locutus.
|
(1684) (per millia quinque ("à travers cinq mille")) on peut
comprendre de deux façons comme nous l'avons dit plus haut, au début de cette
section 8. |
(per millia
quinque. duobus modis potes intelligere
ut supra diximus in principio huius sectionis .
viii.
|
(1685) (Laborat iudæa ("la Judée peine")) autrement dit les
prêtres du temple juif et les officiels, laborat ("peine") et
s'efforce, arcere ("pour faire cesser") autrement dit interdire,
hunc ("le fait que celui-ci") évidemment le Christ,
coli ("soit adoré") autrement dit vénéré comme Dieu, de
munere cuius ("du présent duquel") évidemment du Christ,
fluxit ("a coulé") autrement dit est sorti, évidemment le bien
de la santé accordée au boiteux, quod ("que") évidemment le bien,
dedit uirtus ("la puissance a donné") celle du Christ,
operata ("ayant opéré") autrement dit opérant par la parole de
l'apôtre Pierre. |
(Laborat iudæa)
id est iudæi sacerdotes templi et magistratus; laborat et nituntur:
arcere id est prohibere:
hunc scilicet Christum:
coli id est uenerari pro
deo:
de munere cuius scilicet
Christi:
fluxit id est exiit
scilicet bonum sanitatis in claudum:
quod scilicet bonum:
dedit uirtus Christi:
operata id est operans per
uerbum petri apostoli:
|
(1686) De fait Pierre déclara à la foule qui s'étonnait d'un si grand
miracle : "que vous étonnez-vous en cela, ou pourquoi nous regardez-vous
comme si c'était par notre puissance ou par notre piété que nous avions fait
marcher cet homme ?" Ce Jésus "que vous, vous avez livré et que vous avez
renié ouvertement devant Pilate", "c'est son nom et la foi que nous avons en lui
qui a donné la totale santé" ; "car il n'est pas un autre nom sous le ciel
donné aux hommes dans lequel il nous faille être sauvés". |
Nam petrus turbæ admiranti
tantum miraculum:
quod miramini inquit in hoc: aut nos
quid intuemini: quasi nostra uirtute aut
pietate fecerimus hunc ambulare?ac 3, 12 Ille lesus
quem uos tradidistis: et negastis ante
faciem pilati:ac 3, 13
nomen eius et fides : quae per eum
est. dedit integram sanitatem:ac 3, 16
Nec uero nomen est aliud sub celo datum hominibus: in quo oporteat nos saluos fieri.ac 4, 12
|
(1687) Ou bien aussi comprendre operata ("opérées") de manière
passive de sorte que l'on construise uirtus operata ("la puissance
opérée") de Pierre, de manière passive, parce que, par la parole de Pierre, la
puissance divine a accordé la santé au boiteux ; or la puissance opérante est
celle de Dieu qui est le principe évidemment et celui par le don duquel ce bien
fluxit ("a coulé"). |
Vel intellige operata pathetice : ut sit uirtus operata
petri passiue:
quia uerbo petri uirtus diuina claudo
sanitatem tribuit. uirtus autem operans sit dei: principalis scilicet et de cuius munere illud
bonum fluxit:
|
(1688) De même des philosophes qui ne savent pas s'exprimer correctement
parlent de "nature naturée" pour la nature créée et de "nature naturante" pour la
nature créatrice. |
Vt indiserti philosopi dicunt naturam naturatam creatam: et naturantem creatricem.
|
(1689) (Sed) amor petri ("mais l'amour de
Pierre") enflammé désormais par l'Esprit saint qui le brûle, nescit
linquere christum inquit ("ne sait abandonner le Christ et il dit"),
évidemment Pierre, non reticebimus ("nous ne tairons pas"), ô
prêtres et Juifs, bien que vous nous menaciez de la prison et de tortures,
hunc ("au sujet de celui-ci") évidemment le Christ, mais nous
l'annoncerons et le ferons connaître partout, quo ("lui de qui")
autrement dit le Christ praestante ("dans ce qu'il donne")
évidemment en tant que principe, remeat ("revient") autrement dit
vient en retour, salus ("le salut") de manière générale comme nous
l'avons dit, ou bien remeat autrement dit meat
("vient") ἀκύρως ("de manière impropre"), salus ("le salut")
autrement dit la santé pour le boiteux. |
(Sed) amor
petri: flammeus iam spiritu sancto
urente:
nescit linquere christum: inquit scilicet petrus:
non reticebimus o
sacerdotes et iudaei: quamuis minemini carcerem et tormenta:
hunc scilicet christum: sed praedicabimus ipsum et diuulgabimus:
quo id est christo praestante scilicet
principaliter:
remeat id est redit:
salus generaliter ut
diximus: uel remeat id est meat et uenit
acyros:
salus id est sanitas in
claudum.
|
(1690) En effet, ce n'est pas nous qui avons guéri le boiteux, mais bien le
Christ. |
Nec enim nos sanauimus claudum: sed
christus.
|
(1691) Et si c'est nous qui l'avons guéri, ce fut parce que nous avons dit au
nom de ce dernier "lève-toi et marche". |
Et si nos sanauimus: hoc fuit quia in
nomine illius diximus:
surge et ambula.ac 3, 6
|
(1692) (Qui ("lui qui") évidemment le Christ,
iure ("par son droit") autrement dit par sa puissance,
creantis ("qui fait qu'il crée"), autrement dit de créateur, lui
qui est le Seigneur de la nature, et qui opère au-delà de l'ordre naturel,
suppleuit opus ("a suppléé à la tâche") évidemment celle des
pieds, infectum ("inaccomplie") autrement dit que la nature,
évidemment, n'avait pas faite, et pars ("la partie"), évidemment
celle que constituent les pieds du boiteux, reparat ("répare")
évidemment par la puissance du Christ, decorem solidum ("la
solidité et le charme"), autrement dit la santé qui apporte charme et beauté,
qua ("là où") autrement dit dans cette partie que sont les
pieds, qua redemptor ("là où le rédempteur"), évidemment le Christ,
nouat huic (renouvelle pour lui") évidemment le boiteux,
membra iussa ("les membres qui en ont reçu l'ordre"), celui
d'être renouvelés évidemment. |
(Qui) scilicet
christus iure id est
potestate:
creantis id est
creatoris: qui est dominus naturae: et supra naturam operatur:
suppleuit opus scilicet
pedum:
infectum id est non factum
scilicet a natura. et pars scilicet pedum claudicantium:
reparat scilicet uirtute
christi:
decorem solidum id est
firmam sanitatem: quae decorem et pulchritudinem
affert.
qua id est ea parte
pedum:
infectum id est non factum
scilicet a natura. et pars scilicet pedum claudicantium:
reparat scilicet uirtute
christi:
decorem solidum id est
firmam sanitatem: quae decorem et pulchritudinem
affert.
qua id est ea parte
pedum:
qua:
redemptor scilicet christus
nouat huic scilicet
claudo:
membra iussa scilicet
nouari:
|
(1693) En effet, le Christ a ordonné et commandé aux membres du boiteux
d'être renouvelés, et ils ont obéï aux ordres de leur créateur. |
lussit enim christus et imperauit membris claudi ut
inouarentur: et iussa paruerunt suo creatori.
|
(1694) Et ne soyez pas troublés par la quantité de nouat qui
est contraire à l'usage, car cela est permis par la loi des syllabes communes
comme nous l'avons dit dans notre Epométrie. |
nec te moueat syllaba:
nouat repugnans id enim per
modos communium syllabarum licet: ut diximus in
epometria.
|
(1695) Une autre lecture possible est redempto ("racheté") et
non redemptor ("rédempteur") ; de cette façon il "répare le
charme", qua iussa ("par où quand ils en reçoivent l'ordre"),
autrement dit le commandement de Pierre qui dit "lève-toi et marche", par ces
paroles, car se lever et marcher est l'activité propre des pieds, les ordres de
Pierre renouvellent pour ce boiteux redempto ("racheté") autrement
dit libéré de ses membres boiteux συνεκδοχικῶς (avec synecdoque). |
Aliter legimus redempto non redemptor: hoc modo reparat decorem:
qua iussa id est mandata
petri dicentis surge et ambula:ac 3, 6 quibus uerbis: quia
surgere et ambulare est pedum: iussa petri nouant huic claudo redempto id est liberato a membris
claudicantibus synecdochicos.
|
(1696) (Fert animus("l'esprit porte")) quand le peuple vénère
les apôtres pour un si grand miracle accompli en la personne d'un boiteux connu de
tous. Les Anciens et les scribes et le reste des Juifs n'osaient pas leur infliger
une quelconque peine, bien que dès les début ils eussent mis la main sur eux, et
les eussent jetés en prison. |
(Fert animus)
cum populus ueneraretur apostolos ob tantum miraculum in claudo cunctis noto
factum: non audebant seniores et scribae et
reliqui iudaei eos aliqua pœna
affligere: quamuis a principio manus in eos
iniecerunt: et in carcerem truserunt.
|
(1697) "De fait, tous rendaient gloire à Dieu pour ce qui s'était
passé". |
Nam omnes clarificabant id quod factum fuerat.ac 4, 21
|
(1698) "Car il avait plus de quarante ans, le boiteux auquel ils avaient
rendu la santé miraculeusement". |
Annorum enim erat amplius quadraginta homo claudus: in quo factum fuerat signum
sanitatis.ac 4, 22
|
(1699) Comme donc les Juifs redoutaient le peuple, ils renvoyèrent les
apôtres après les avoir grandement menacés. |
Cum ergo ludaei timerent
populum: magnis minis apostolos dimiserunt.
|
(1700) A partir d'ici, Arator s'en prend avec de nombreux vers à la malice
des Juifs, qui poursuivaient les apôtres, non par souci de la vérité ou zèle pour
Dieu, mais par la virulence de leur jalousie et de leur envie. |
Hinc Arator malitiam carpit
multis [37v] uersibus iudaeorum
: qui non ueritatis studio aut zelo dei: sed liuore et inuidia uirulenti apostolos
persequebantur.
|
(1701) (Fert animus("l'esprit porte")) autrement dit l'esprit
des Juifs veut, s'il était permis par le peuple, qui favorise les apôtres, de
patrare ("perpétrer") autrement dit accomplir,
nefas ("un sacrilège") autrement dit un crime sacrilège contre
les apôtres, et fert ("porte") autrement dit veut, inferre
neces sacrilegas ("porter des meurtres sacrilèges") autrement dit des
morts sacrilèges évidemment en châtiment sanctis ("contre les
saints"), évidemment les apôtres, uerendis ("vénérables"),
autrement dit dignes de vénération et non de châtiment. |
(Fert animus) id
est uult animus iudæorum: si liceret per populum fauentem apostolis:
patrare id est facere:
nefas id est crimen
nefarium in apostolos: et fert id est uult:
inferre neces sacrilegas id
est mortes nefandas scilicet in poenam:
sanctis scilicet
apostolis:
uerendis id est dignis
ueneratione non poena.
|
(1702) (O semper ("ô toujours")) il s'exclame contre les
Anciens et les scribes qui persécutaient les apôtres. |
(O semper
exclamat contra seniores et scribas: qui apostolos
persequebantur.
|
(1703)
O iniqui ("ô iniques") autrement dit Israélites,
semper ("toujours"), autrement dit dans tous les temps, parce
que, même dans les temps anciens, ils persécutaient les prophètes et les saints,
comme à présent le Christ et ses apôtres. |
O iniqui id est Israelitæ
:
semper. id est omni æuo. quia etiam antiquis
temporibus prophetas et sanctos persequebantur:
sicut christum et eius apostolos nunc.
|
(1704)
uident ("ils voient") évidemment les Juifs, dona
("les dons") évidemment de la puissance divine dans le boiteux guéri ;
et mouent bella ("et ils provoquent des guerres"), autrement dit
des persécutions haineuses contre ceux qui opèrent l'ouvrage divin ;
Sed relinquunt ("mais ils abandonnent"), évidemment les prêtres
et les scribes, cœpta ("leurs entreprises") autrement dit les
choses qu'ils ont commencées, à savoir la persécution qu'ils ont entreprise, non à
cause de Dieu ou à cause de la justice, mais à cause de la crainte du peuple,
voilà pourquoi il ajoute ne uiolent ("pour ne pas outrager")
autrement dit les Juifs, scribes et prêtres, autrement dit fassent violence,
évidemment aux apôtres, quos évidemment les apôtres,
turba ("la foule") autrement dit le peuple fouet
("favorise"), autrement dit aide, quibus ("à qui") évidemment les
apôtres, erat testis ("rendait témoignage") évidemment la foule,
meriti ("de leur mérite"), autrement dit du miracle,
clodo indice ("avec le boiteux comme indice"), autrement dit le
boiteux leur indiquant le mérite des apôtres, puisqu'il avait quarante ans. |
uident scilicet iudæi
dona scilicet uirtutis
diuinæ in claudo sanato:
et mouent bella id est
persecutiones hostiles contra operatores diuinorum operum.
Sed relinquunt scilicet
sacerdotes et scribæ:
cœpta id est res
inceptas: hoc est inceptam persecutionem: non propter deum nec propter iusticiam: sed propter metum populi:
ideo subiicit:
ne uiolent id est Iudæi scribæ et sacerdotes id est uim
afferant scilicet apostolis:
quos scilicet apostolos:
turba id est populus:
fouet id est adiuuat:
quibus scilicet
apostolis:
erat testis scilicet
turba:
meriti id est miraculi:
clodo indice id est claudo
indicante meritum apostolorum cum esset . xl. annorum.
|
(1705) (Et leuabant ("ils relevaient")) évidemment les
apôtres, autrement dit ils recréaient, cum hoc ("avec cela")
évidemment avec la faveur du peuple et le témoignage du boiteux, sua
corda ("leurs cœurs") autrement dit leurs esprits ; de fait
autrement les Anciens auraient puni les apôtres. |
(Et leuabant)
scilicet apostoli id est recreabant:
cum hoc scilicet fauore
populi et testimonio claudi.
sua corda id est suos
animos. nam aliter seniores punissent
apostolos.
|
(1706) (Nam gressus ("de fait la marche")) autrement dit le
fait de marcher et de se promener, évidemment pour le boiteux, non dedit
parua ("ne donna pas de petits résultats"), mais des grands
miracula populo ("miracles pour le peuple"), évidemment celui
qui était là alentour et admirait la guérison, quem ("que")
évidemment la marche sumpsit ("il accueillit") autrement dit
miraculeusement. |
(Nam gressus id
est gradi et ambulare scilicet claudi:
non dedit parua
:sed magna:
miracula:
populo scilicet circumfuso et admiranti sanitatem:
quem scilicet gressum:
sumpsit id est
miraculose.
|
(1707) Cela est en effet nullis legibus æui ("selon nulle loi
temporelle") autrement dit par nulle force naturelle, et en nul espace
temporel. |
id enim est nullis
legibus æui id est nulla naturæ ui:
nullis temporis spaciis.
|
(1708) La nature, en effet, prend ordinairement plusieurs années pour donner
aux jeunes gens à qui leur nature sourit ce qu'elle ne produit pas en un an. |
solet enim natura: quod non dat uno
anno: pluribus annis conferre præsertim
adolescentibus: quos adiuuat natura.
|
(1709) Mais, dans le cas de ce boiteux, c'est privé du secours de toute loi
de la nature, et de celui du cours des années, qu'il était étendu sur le sol, et
il n'aurait pas pu se lever de là, rudis ("débutant"), autrement
dit ne sachant toujours pas marcher, senex uernula humi ("vieillard
né dans l'esclavage du sol") autrement dit jusque dans sa vieillesse incliné vers
le sol, sans jamais pouvoir se soutenir sur ses pieds, puisqu'il avait déjà
quarante ans et était comme un uernula ("un homme né dans
l'esclavage"), autrement dit quelqu'un dont humi ("le sol") était
le lieu propre et la maison ; et il n'espérait nullement, étant déjà avancé
en âge, d'être un jour libéré de ce qui était comme une servitude perpétuelle,
puisque, pendant tant d'années, esclave du sol il avait toujours rampé sur le
sol. |
Sed hic claudus: nulla lege naturæ: nullo annorum circuitu adiutus iacebat in humo: nec inde potuit surgere rudis semper ambulandi id est ignarus:
senex uernula humi id est
usque in senectutem pronus in solum: nunquam se
portans pedibus suis: cum esset iam .xl. annorum: quasi uernula id est proprius et domesticus humi: nec ullo modo
sperans iam ætate prouecta se inde tanquam perpetuo seruitio liberatum
iri: cum tot annos seruus humi semper humi
serperet.
|
(1710) (Cum quo ("avec lequel")) évidemment le boiteux,
ipsa natura ("la nature elle-même"), autrement dit la force
innée et naturelle changée en une nature de boiteux quæ iacuit diu
("qui fut longtemps étendue") autrement dit pendant une longue durée, évidemment
celle des quarante ans, natura ("la nature"), dis-je,
stupuit ("demeura interdite"), autrement dit s'étonna,
moueri ("de se mouvoir"), évidemment elle-même,
puisqu'auparavant elle gisait sur le sol. |
(Cum quo)
scilicet claudo:
ipsa natura id est uis
insita et naturalis claudicandi conuersa in naturam:
quæ iacuit diu: id est diuturno tempore scilicet per .xl. annos:
natura dico:
stupuit id est mirata
est:
moueri scilicet se : cum ante iaceret humi.
|
(1711) C'est une προσωποποιΐα (prosopopée), quand le poète attribue à la
nature, qui est dénuée de sentiment, des sentiments. |
Est autem prosopopoiia: cum naturæ non
sentienti sensus a poeta tribuitur.
|
(1712) Donc, de même que si une pierre se dressait, la nature même de la
pierre, qui naturellement tend vers le bas, s'étonnerait de se trouver emportée
vers le haut, en parlant ἐσχηματισμένως (de manière figurée), ainsi la nature du
boiteux, en voyant qu'elle se meut avec le boiteux, demeurait stupéfaite d'être
portée autrement qu'elle n'en avait coutume, car toujours elle avait rampé sur le
sol ou y était restée couchée. |
Sicut ergo si lapis sursum ascenderet :
ipsa Lapidis natura : Quæ tendit deorsum
naturaliter: Miraretur se sursum ferri
eschesmatismenos loquendo. ita natura claudi uidens
se moueri cum claudo : stupebat: se aliter iam ferri quam assueuerat.
quippe quæ semper humi serpserat uel iacuerat.
|
(1713) (et firmata ("et affermie)) évidemment la nature du
boiteux, autrement dit rendue solide par la santé, nuper ("il y a
peu") autrement dit récemment ; ainsi Plaute dit fréquemment "un homme"
nuperum nouicium ("né il y a peu, un novice") ;
signat noua uestigia ("elle marque de nouvelles traces")
proprio incessu ("par sa propre progression") autrement dit sa
marche, quæ ("qui") évidemment les traces, fuerant sibi
aliena ("lui étaient étrangères"), soit parce qu'il se faisait porter
sur les épaules d'autrui, soit parce que la marche lui était étrangère et
extérieure en raison de son infirmité. |
(et firmata)
scilicet natura claudi id est solidata per sanitatem:
nuper id est recenter: ita plautus
frequenter: hominem inquit nuperum nouicium:PLAVT. Capt., 718
signat noua uestigia:
proprio incessu id est
ambulatione:
quæ scilicet uestigia
fuerant sibi aliena. uel quia alienis humeris portabatur: uel quia incessus ei erat alienus et extraneus
propter infirmitatem.
|
(1714) (Tamen ("cependant")), bien que le miracle fût si grand
qu'il indiquait que c'était Dieu qui l'avait accompli, tamen proles
("cependant la descendance") évidemment celle des Juifs, improba
("malhonnête") autrement dit pleine d'impudence, sæuit ("se
déchaîne") évidemment en proférant des menaces contre les apôtres, et uetat
fari ("et interdit d'avouer") évidemment aux apôtres, d'avouer ce
miracle quod gaudia ("ce que la joie") évidemment de ceux qui
exultent après avoir vu la puissance divine, clamant ("crie")
autrement dit révèle publiquement et qui résonne dans les cris du peuple. |
(Tamen. ) quamuis miracuIum fuit tantum ut indicaret id a
deo factum:
tamen proles scilicet
iudaica:
improba id est petulans:
sæuit scilicet minis contra
apostolos:
et uetat fari scilicet
apostolos illud miraculum:
quod gaudia scilicet
exultantium uirtute diuina inspecta:
clamant id est palam
diuulgant et quae clamoribus populi resonant.
|
(1715) De fait, comme le dit Luc, tous rendaient gloire à Dieu pour cet acte
admirable que les Juifs avaient interdit de divulguer. |
Nam ut inquit lucas omnes clarificabant factum illud mirabile: quod ne diuulgaretur:
iudæi edicebant.
|
(1716) (Quid toties ("pourquoi tant de fois"), le poète s'en
prend aux Juifs qui toujours sont boiteux et il fait allusion à ce qu'il a dit
plus haut au sujet de la claudication du peuple israélite ; ô
iudæa ("Judée") quid ("pourquoi") autrement dit
pour quelle raison, cadis toties ("tombes-tu tant de fois") ?
évidemment en boitant et en te rebellant contre ton Dieu et ton roi ;
emis ("tu achètes"), évidemment toi, Judée, auprès des soldats
de Pilate qui gardaient le tombeau du Seigneur, le fait que la résurrection du
Christ cæletur ("soit cachée"), autrement dit soit masquée,
furto ("par un vol"), autrement dit sous le prétexte d'un
vol. |
(Quid toties.) inuehit in iudæos semper claudicantes: et
alludit ad id: quod supra dixit de claudicatione
israelis et israelitici populi. O iudæa
quid id est cur cadis toties? scilicet claudicando et rebellando aduersus deum et regem
tuum?
Emis scilicet tu o
Iudæa a militibus pilati custodientibus sepulchrum domini: ut resurrectio christi cæletur id est occulta sit:
furto id est prætextu
furti.
|
(1717) De fait (comme le raconte Matthieu) après la résurrection du Christ,
"certains des gardes vinrent en ville annoncer aux grands Prêtres tout ce qui
s'était passé", lors de la résurrection du Christ et de la terrifiante apparition
des anges, "et, après s'être réunis avec les Anciens et avoir délibéré, ils
donnèrent aux soldats une forte somme d'argent pour qu'ils disent que le corps du
Seigneur avait été volé la nuit par ses disciples tandis qu'eux dormaient". |
Nam (ut matthæus narrat) post christi resurrectionem quidam de custodibus uenerunt in ciuitatem nunciantes principibus
sacerdotum omnia quæ facta fuerant Mt 28, 11 in christi resurrectione: et angelorum
horribili apparitione.
Et congregati cum senioribus consilio sumpto pecuniam copiosam
dederunt militibus:Mt 28, 12 ut dicerent corpus domini illis dormientibus
a discipulis nocturno furto fuisse sublatum.
|
(1718) Quant au châtiment qu'ils pouvaient attendre du gouverneur s'il
apprenait leur mensonge, ils promirent qu'ils s'occuperaient de les en
protéger. |
A poena autem presidis: si mendacium
intellexisset: promiserunt redditurum se illos
securos.
|
(1719) Et ainsi les prêtres et les Pharisiens, en rachetant maintenant un
mensonge comme ils avaient racheté le sang du Christ avec l'argent du Temple
accomplirent leur dessein. |
Atque ita sacerdotes et pharisaei nunc mendacium: et antea
sanguinem christi pecunia templi redimentes expleuerunt suum desiderium.
|
(1720) (Sed ("mais")) toi, évidemment Judée, petis
documenta ("tu recherches des renseignements") autrement dit des
arguments, évidemment dans le but de contredire la résurrection du Christ,
a Somno ("dans le sommeil"), évidemment celui des gardes,
inania ("vides") autrement dit vains et qui n'ont aucune
importance. |
(Sed) tu
scilicet iudæa
petis documenta. id est argumenta: scilicet
ut contradicas resurrectioni christi:
a Somno scilicet militum:
inania id est uana et
nullius momenti.
|
(1721) De fait, si les soldats dormaient quand les disciples volaient le
corps du Seigneur, comment ont-ils vu quelque chose ? |
Nam si dormiebant milites cum discipuli corpus dominicum
furabantur: quomodo uiderunt?
|
(1722) Comment ont-ils pu être témoins de quelque chose qu'ils n'avaient pas
vu ? |
Quomodo testes esse potuerunt non uidentes?
|
(1723) Et, s'ils l'ont vu parce qu'ils ne dormaient pas, comment ont-ils pu
tolérer que des gens apeurés et peu nombreux ne l'emportent ? |
Si viderunt non dormientes: quomodo tolli
id a trepidis et paucis sunt passi?
|
(1724) De plus, comme le dit Sédulius, au livre 4 : "si le Christ, comme
tu l'oses dire, échappa à la vue des gardes endormis quand il était à la dérobée
soustrait à la grotte scellée, à qui est le suaire qui est à l'intérieur ?
Devant les dépouilles de qui l'ange est-il assis ? Ou alors, celui qui a
emporté ce corps bienheureux a pensé qu'il irait plus vite s'il le débarrassait de
tout ce qui le liait que s'il l'emportait tout attaché, alors que pour les vols
perdre du temps est un obstacle ? N'était-il pas plus prudent d'emporter les
linges avec le Seigneur ?". |
Deinde ut in quarto
ait Sedulius:
si Christus ut audes Dicere : concluso
furtim productus ab antro sopitos latuit:
cuius iacet intus amictus? Cuius ad exuuias
sedet angelus? Anne beati corporis ablator
uelocius esse putauit: soluere contectum
quam deuectare ligatum? Cum mora sit furtis
contraria? Cautius ergo cum domino
potuere magis sua lintea tolli.SEDVL. carm. pasch., 5, 340-347
|
(1725) (Vis ("tu veux")), évidemment toi Judée, liuore
caduco ("en trébuchant de jalousie") autrement dit avec une jalousie
qui te fait trébucher. |
(Vis). scilicet tu iudaea:
liuore caduco id est
inuidia faciente te cadere.
|
(1726) On trouve en effet parfois le mot employé ainsi. |
ita enim quandoque inuenitur:
|
(1727)
uis negari ("tu veux faire nier") évidemment la résurrection du
Christ et les autres miracles, fraude ("par tromperie"), autrement
dit en faisant intervenir de l'argent, quae ("ceux que") évidemment
les miracles, sentis ("tu sens bien"), autrement dit tu vois
clairement, geri uirtute ("produits par la puissance") évidemment
divine. |
uis negari scilicet
resurrectionem christi et alia miracula:
fraude id est precii
interueniente:
quae scilicet miracula:
sentis id est aperte
uides:
geri uirtute scilicet
diuina?
|
(1728) Et le poète montre que, dans la mort du Christ, tout cela fut
clairement vu, mais que les Juifs ne voulurent pas le voir car leur malice les
aveuglait. |
Et hoc monstrat in morte christi clare uisum fuisse: sed iudaeos
malitia caecante hoc uidere noluisse.
|
(1729)
Cum dominus adiret infernum destructurus ("comme le Seigneur venait
pour détruire l'enfer", évidemment lui-même, inde ("de là")
autrement dit ensuite, detulit suam carnem ("il ramena sa chair"),
autrement dit il assuma de nouveau son corps, spoliato funere
("après avoir dépouillé le trépas"), autrement dit le sépulcre dans lequel était
ce corps très saint, ou aussi spoliato funere ("après avoir
dépouillé le trépas"), autrement dit une fois la mort vaincue, il ramena
suam carnem ("sa chair"), autrement dit son âme,
inde ("de là"), autrement dit des enfers ; c'est à partir
de la part principale de l'humanité et de la chair, que l'on peut comprendre
l'âme. |
Cum dominus adiret infernum: destructurus scilicet lpsum:
inde id est deinde detulit suam carnem id est
suum corpus reassumpsit:
spoliato funere id est
sepulchro: in quo erat corpus illud
sanctissimum. uel spoliato funere id est uicta morte rettulit
suam carnem id est
animam inde id est ab
inferis: a parte principaliori humanitatis et
carnis: anima intelligatur.
|
(1730)
Victor ab arce ("victorieux depuis la citadelle"), évidemment le
Christ victorieux du diable sur le bois de la croix, de la même manière que dans
le bois du paradis, l'arbre a vaincu le premier homme, donc le Christ victorieux
ab arce ("depuis la citadelle"), autrement dit depuis la hauteur
de la croix ministrat ("présente") autrement dit opère,
signa radiantia ("des signes radieux"), autrement dit clairs et
qui indiquent sa divinité. |
Victor ab arce. christus uictor scilicet diaboli in ligno
crucis: ut in ligno paradisi uicit diabolus
protoplastum: uictor ergo christus:
ab arce id est altitudine
crucis:
ministrat id est
operatur[38r]
signa radiantia id est
clara indicantia suam diuinitatem.
|
(1731) De fait, puisque se perd autant celui qui nie que le Christ est
vraiment homme que celui qui nie qu'il est vraiment Dieu, la divine Providence a
fait que partout brillent des indices de chacune des deux natures. |
nam cum aeque periclitet is qui christum negat uerum hominem: ut is qui eum negat uerum deum esse ideo cœlesti
prouidentia factum est: ut passim utriusque naturæ
indicia eluceant.
|
(1732) Nourrisson en effet, quand il tenait avec son tendre petit corps dans
une mangeoire, il obscurcissait le soleil qui provient des forces invisibles de sa
substance divine, et quand il rappelait Lazare à la vie depuis les enfers, en
Seigneur des morts et des vivants, il accomplissait parfaitement son humanité en
versant des larmes, en frémissant et en priant. |
infans enim ille tenero corpusculo præsepe tenens: inconspicabilibus diuinæ substantiæ uiribus solem
obtenebrabat: et lazarum ut dominus uiuentium ac mortuorum ab inferis
reuocans ad uitam: lachrymando et fremendo et orando
perfectum hominem agebat.
|
(1733) (Sol ruit) ("le soleil plonge") de fait, comme le dit
Matthieu, "à partir de la sixième heure, il y eut des ténèbres sur toute la terre,
jusqu'à la neuvième heure". Et, après que le Seigneur eut rendu l'esprit, "le
voile du Temple se déchira en deux parties du haut jusqu'en bas, et la terre
trembla et les pierres se fendirent". |
(Sol ruit.) nam (ut ait Matthæus) a sexta hora tenebræ factæ sunt super uniuersam terram usque ad
horam nonam.Mt 27, 45 Et postquam emisit spiritum dominus:
Velum templi scissum est in duas partes a summo usque deorsum: Et terra mota est:
et petræ scissæ sunt.Mt 27, 51
|
(1734) C'est en ayant à l'esprit cette histoire qu'Arator parle contre la
Judée : le soleil reconnaît son Seigneur et Créateur suspendu à la croix,
quand il s'est obscurci pour ne pas le voir, ou alors pour que les impies ne
puissent jouir de sa lumière ; mais toi, Judée, non seulement tu ne reconnais
pas ton Seigneur, mais tu es nigra ("noire"), autrement dit
obscurcie par les ténèbres de l'aveuglement et de la jalousie, et pectore
rebellas ("tu te rebelles dans ton cœur"), évidemment contre le Christ,
ton roi et ton Seigneur. |
intendens ergo in hanc Historiam ait Arator contra iudæam. sol agnoscit dominum et
creatorem suum in cruce pendentem: cum obscuratus
est ne eum uideret:uel ne impii sua fruerentur
luce: tu uero iudæa non modo non agnoscis dominum tuum: sed nigra id
est obscurata tenebris cœcitatis et inuidiæ:
pectore rebellas scilicet
contra christum regem tuum et dominum.
|
(1735)
Arua tremunt ("les sillons tremblent"), autrement dit la terre a
été ébranlée, concussa ("secouée") de son emplacement, car elle ne
supporte pas de porter son Seigneur suspendu à la croix, tu ("mais
toi"), évidemment Judée, haeres ("tu restes figée"), évidemment
dans le même état de rebellion, fixior ("plus immobile") c'est à
dire sans plus bouger évidemment que la terre même, et plus insensible. |
Arua tremunt id est terra
mota est concussa a suo
loco dominum suum pendentem ferre non sustinens:
tu scilicet iudæa
hæres scilicet in eodem
loco rebellionis:
fixior id est immobilior
scilicet ipsa terra et insensibilior.
|
(1736)
saxa crepant ("les roches se fracassent"), autrement dit les
pierres brisées résonnent, tu ("mais toi"), évidemment Judée,
dura manes ("tu restes de marbre"), comme si tu étais plus dure
que ces pierres qui partageaient la douleur du Christ, leur Créateur. |
saxa crepant id est petræ
scissæ sonant:
tu scilicet ludæa dura manes: quasi durior illis petris: quæ christo
creatori suo condolebant.
|
(1737) Dans ces paroles il y a une antithèse, qui est un ornement oratoire et
que l'on nomme en grec ἀντίθετον. |
Et est in his contentio rhetorica exornatio.
antitheton græce dicitur.
|
(1738)
lam scissio ueli ("désormais la déchirure du voile"), évidemment en
deux parties, nudauit mystica ("a mis à nu les mystères"),
autrement dit les secrets, templi ("du temple"), qui étaient
recouverts par le voile, quae ("eux qui"), évidemment les secrets
mystiques et les mystères, diu latuere ("restèrent longtemps
cachés"), latuere est mis pour latuerunt. |
lam scissio ueli scilicet
in duas partes:
nudauit mystica id est
arcana templi: quæ uelo tegebantur.
quæ scilicet mystica et
mysteria diu latuere pro
latuerunt.
|
(1739) Si l'on en croit certains, il y avait, dans l'entrée du Temple, ce
voile qui interdisait de voir ce qu'il y avait à l'intérieur du Temple. |
Erat autem secundum nonnullos. in
introitu templi
uelum illud prohibens aspectum eorum quæ erant intra templum.
|
(1740) Cependant d'autres pensent que ce n'était pas dans l'entrée du Temple,
mais dans le Temple lui-même qu'il y avait un voile entre le Saint et le Saint des
Saints. |
Ast alii putant non in ingressu templi: sed in templo fuisse uelum inter sanctum et sanctum sanctorum.
|
(1741) Mais, pour ce qui concerne le Voile, reportez-vous pour plus de
renseignements au livre de l'Exode. |
sed de Velo in exodo copiosius
uideto.
|
(1742) Il me semble toutefois, si je ne m'abuse, plus probable que ce soit le
voile extérieur qui se soit fendu en deux parties, autrement dit en Nouveau et
Ancien Testament, parce que nous ne voyons pour le présent qu'en partie. |
Est autem (ni fallor) probabilius ut exterius uelum scissum in
duas partes fuerit: hoc est in nouum et uetus testamentum. quia nunc ex parte uidemus.
|
(1743) Mais quand sera venu ce qui est parfait, alors le voile intérieur se
rompra ; or ici le voile s'est déchiré pour que l'arche de l'Alliance et tous
les objets sacrés de la Loi, qui étaient cachés, apparaissent et passent chez les
nations. |
Cum autem uenerit quod perfectum est:
tunc uelum interius dirumpetur. scissum est autem
uelum: ut arca testamenti et omnia legis sacra
quæ tegebantur appareant: et ad gentes transeant.
|
(1744) De fait, avant la déchirure du voile, il avait été dit aux disciples,
"n'allez pas sur la voie des nations", mais après "allez, enseignez toutes les
nations". |
Ante nanque scissionem ueli: dictum fuit
discipulis:
In uiam gentium ne abieritis.Mt 10, 5 post uero.
ite et docete omnes gentes.
Mt 28, 19
|
(1745) Voilà pourquoi il ajoute (Lux tua) ("ta lumière),
Judée, autrement dit l'intelligence vraie de la Loi divine et sa juste perception,
adiit nos ("est venue vers nous"), évidemment les païens,
autrement dit est passée à nous, qui, de païens que nous étions, avons reçu la foi
du Christ, et nox ("la nuit"), autrement dit l'aveuglement et les
ténèbres, afin que vous ne compreniez pas les mystères de la Loi qui parlent du
Christ, mansit tecum ("est demeurée avec toi"), Judée. |
ideo subdit. (Lux tua) O Iudea id est uera intelligentia legis diuinæ et perceptio:
adiit nos scilicet gentiles
id est transiuit ad nos. qui ex gentilibus christi
fidem percipimus: et nox id est cæcitas et obtenebratio ne legis
mysteria de christo loquentia intelligeretis:
mansit tecum o iudaea.
|
(1746) De fait, le Seigneur avait dit aux Juifs : "le Royaume de Dieu
vous sera enlevé, et il sera donné à une nation qui le fera fructifier". |
Nam iudæis dixit dominus.
Auferetur a uobis regnum dei : et
dabitur genti facienti fructum eius.Mt 21, 43
|
(1747) (Mors premit) ("la mort accable"), autrement dit
l'aveuglement mortifère pèse sur toi, Judée, sine fine ("sans
fin"), autrement dit toujours, cui ("toi pour qui"), autrement dit
Judée, nunquam resurgit uita ("la vie jamais ne ressuscite),
autrement dit le Christ, qui est la Vie. |
(Mors premit) id
est cæcitas mortifera opprimit te o iudæa:
sine fine id est semper:
cui id est iudeae
nunquam resurgit uita id
est christus: qui est uita.
|
(1748) De fait, le Christ, qui est la Vie est ressuscité pour les fidèles qui
croient en la vérité de sa résurrection, ce sont ceux que le Christ ressuscitera
au dernier jour pour la vie immortelle. |
Nam christus qui est uita: resurrexit
fidelibus credentibus ueritatem resurrectionis ipsius quos christus
suscitabit in nouissimo die ad uitam immortaIem.
|
(1749) Et le même Christ n'est pas ressuscité pour les Juifs incrédules, car
ils n'ont pas cru qu'il était ressuscité, bien qu'il fût vraiment ressuscité, et,
pour cette raison, la mort qui constitue leur châtiment éternel les accable et les
accablera sans fin. |
Et idem christus non resurrexit iudaeis infidelibus: quia non
credunt eum resurrexisse : quamuis uere
resurrexerit: et ideo mors poenae aeternae
premit et premet eos sine fine.
|
(1750) (Planta uetus) ("plante vieillie") nous pourrions dire
plante vieillie, autrement dit Israël, qui boite de la plante de ses pieds, comme
nous l'avons dit plus haut du vieux boiteux. Mais comme ce qui suit est contraire
à cette idée (à moins que l'on ne veuille accorder à ce poète si fin un trait
d'amphibologie), l'explication que voici sera meilleure : Judée,
planta uetus ("plante vieillie"), autrement dit vieil arbre si
l'on tire l'espèce du genre ; et la Judée est dite une plante vieillie, car,
jadis dans la vigne de Dieu, seuls les Juifs donnaient un fruit agréable à
Dieu ; mais quand le Seigneur eut maudit le figuier en lui disant : "que
jamais de toi il ne naisse de fruit", et que le figuier eut séché, alors la Judée,
plante vieillie ne donnait plus de fruit, mais les Gentils grâce à cette nouvelle
naissance, quoique dispersés, portaient du fruit. |
(Planta uetus.) possemus dicere planta uetus id est o israel claudicans planta et pedibus: ut supradictum est de claudo ueterano. Sed quia sequentia huic sententiae repugnant (nisi
uelles poetae acutissimo acumen amphibologicum dare) ideo melius ita
exponetur: o iudaea
planta uetus id est arbor
uetus a genere species accipiatur:
uetus dicitur planta: quia olim in uinea dei soli iudaei fructum dabant gratum deo. postea autem quam dominus ficui maledixit
inquiens:
nunquam ex te fructus nascatur: et
arefacta est ficus:Mt 21, 19 tum iudaea
uetus planta erat
infructuaria: gentilitas uero nouo ortu licet
spreta: fructifera.
|
(1751) Voilà ce que par cet acte le Seigneur a montré, ainsi que le raconte
Matthieu 21. Comme les Juifs étaient restés incrédules et lui apportaient la
contradiction, "le Seigneur sortit de la cité de Jérusalem et se rendit à
Béthanie, mais au matin, en revenant à Jérusalem il eut faim, et voyant un figuier
le long de la route, il en approcha et ne trouva rien sur lui sinon des feuilles.
Et il lui dit : 'que jamais il ne naisse de toi de fruit, pour
toujours' ; et immédiatement les feuilles et le tronc séchèrent". |
Id enim facto illo ostendit dominus: quod
narrat matthaeus
cap.xxi. lncredulis et contradicentibus iudaeis relictis:
abiit dominus Extra ciuitatem hierusalem in bethaniam: mane autem reuertens in hierusalem
esuriit: et uidens fici arborem unam
secus uiam: uenit ad eam: et nihil inuenit in ea nisi folia tantum: et ait illi nunquam ex te nascatur fructus
in sempiternum.Mt 21, 17-20 et continuo aruerunt folia et truncus.
|
(1752) De fait la racine est vivante, elle qui à la fin du monde jettera
partout ses rejetons. |
Nam radix uiuit quae in fine mundi pullulabit.
|
(1753) En outre, le Seigneur, de même qu'il dit beaucoup par des paraboles,
agit aussi de même. |
Caeterum dominus sicut multa dixit in parabolis ita et fecit.
|
(1754) En effet pourquoi serait-il allé chercher du fruit sur un figuier
alors que ce n'était pas la saison ? Qui pourrait bien le savoir ? |
Cur enim in ficu fructum quaereret cuius tempus nondum esse
quilibet Sciret?
|
(1755) Mais, assurément, de même qu'il eut faim du salut du peuple dont il
avait remarqué l'incrédulité, et non de nourriture corporelle et qui nourrit,
alors qu'il avait mangé la veille au soir, et que ce n'était pas encore l'heure du
repas, de même donc que la faim désignait un appétit autre que pour de la
nourriture, de même aussi la malédiction de l'arbre ne visait pas cet arbre en
particulier, ce figuier, mais la synagogue et la nation de la Judée, car ce
n'était pas dans la voie de l'esprit, mais dans celle de la lettre, que cet arbre
avait seulement des feuilles, autrement dit les mots de la Loi et des Prophètes et
les traditions des Pharisiens, sans aucun fruit de vérité. |
Sed nimirum sicut esuriit salutem populi cuius incredulitatem
aduertebat: non autem cibum corporeum et
nutritorem cum pridie ad uesperam edisset: et nondum
hora esset comedendi: sicut ergo fames signabat
appetitionem aliam quam alimoniae: ita quoque
arboris maledictio non illam arborem ficulnam sed synagogam et gentem iudaicam petebat: quæ non in uia spiritus sed literae:
folia tantum hoc est eloquia legis et prophetarum habebat: ac traditiones phariseorum sine ullo fructu ueritatis.
|
(1756) Alors il maudit le figuier et le condamna à une perpétuelle stérilité,
pour signifier que la plèbe de la Judée, à cause des feuilles, autrement dit des
paroles de la justice, qu'elle possédait sans fruit, autrement dit sans œuvre
bonne ne pouvait être sauvée, mais devait être coupée et jetée au feu. |
Ficui uero maledixit: atque eam perpetua
sterilitate damnauit : ut significaret plebem iudaicam propter folia id est uerba
iusticiae quae habebat sine fructu id est bono opere non posse saluari sed
excidi et in ignem mitti.
|
(1757) Et d'ailleurs cela n'est pas faire injure au possesseur, si selon son
bon plaisir, le Créateur se sert de sa créature pour l'avantage d'autres
personnes. |
Nec uero fit iniuria possidenti si ad arbitrium suum creator sua
creatura utitur in aliorum commodum.
|
(1758) (Planta) uetus ("plante vieillie"),
autrement dit figuier qui es la figure de la synagogue ou de la nation Judéenne,
ce qui revient à dire nation juive vieillie et stérile, comme un arbre inutile
depuis une longue série d'années, ou encore vieillie, autrement dit ancienne dans
le culte de Dieu, sociare ("sois associée"), autrement dit sois
jointe, nouis libris ("à de nouvelles écorces"), autrement dit aux
nouveaux arbres de l'Eglise qui porte du fruit, condere ("sois
greffée"), autrement dit sois introduite, nouis libris ("dans de
nouvelles écorces"), autrement dit les écorces d'un figuier qui porte du fruit, à
savoir l'Eglise. |
(Planta) uetus
id est o ficus typum synagogae. uel gentis iudaicae gestans : hoc esto gens iudaica
uetus et sterilis : ut arbor longa annorum serie
inutilis uel uetus id est antiqua in cultu dei:
sociare id est coniungere
:
nouis libris id est nouis
arboribus ecclesiae fructiferae :
condere id est intromittere
nouis libris id est
cortlcibus ficus fructiferae: hoc est ecclesiae.
|
(1759) On appelle en effet liber, la partie intérieure de
l'écorce d'un arbre, ou alors on peut comprendre les livres de l'évangile. Le
poète aime bien en effet les traits amphibologiques. |
Est enim Iiber interior pars arboreae cortici uel libris scilicet
euangelii: gaudet enim aphibologico acumine.
|
(1760) Tout cela est à comprendre sur le mode allégorique et par manière de
comparaison : de même en effet que dans la greffe, le surgeon de l'arbre
fécond est inséré dans une fente du tronc stérile, soit en l'inoculant, soit en le
plantant, soit en le semant, de même la synagogue qui ne porte pas de fruit,
greffée sur l'Eglise qui fructifie, portera du fruit. Or (comme le dit Columelle
au livre 3), un arbre greffé fructifie mieux qu'un arbre non greffé. |
totum hoc allegorice intelligendum est:
et syncritice: ut enim in infitione: surculus fœcundae arboris scisso trunco inseritur
sterili: siue inoculando: siue plantando seminandoue: ita synagoga
infructuosa ecclesiae fructiferae insita fructum feret. est autem (ut in .iii. ait columela) arbor insita fructuosior quam
quae insita non est[38v]
|
(1761) (Condere) ("sois greffée) donc autrement dit sois
insérée, toi la synagogue, dans l'Eglise, ne pereas ("pour ne pas
périr"), évidemment du châtiment de la mort éternelle, uiduata
("dépourvue") autrement dit, toi synagogue, manquant, cibis
("d'aliments") autrement dit des fruits de tes bonnes œuvres, sine munere
quorum ("sans le don desquels"), autrement dit ceux des aliments et des
fruits, même si tu as des feuilles et de bonnes paroles, eris ("tu
seras") évidemment par la malédiction du Christ notre Dieu, ficus
arida ("un figuier sec"), quia nulla tempore ("parce
qu'à nul moment"), autrement dit quand le Christ était sur la terre et maintenant
qu'il est dans le Ciel, tu ne veux pas ferre fructum ("porter du
fruit"), évidemment celui d'une œuvre bonne, ad manum Christi
("pour la main du Christ"), qui évidemment a faim de tes fruits, afin de s'en
rassasier spirituellement. |
(Condere) ergo
id est inserere o synagoga ecclesiæ:
ne pereas scilicet poena
mortis æternæ:
uiduata id est carens tu
synagoga:
cibis id est fructibus
bonorum operum:
sine munere quorum scilicet
ciborum et fructuum: licet habeas folia et bona
uerba:
eris scilicet per
maledictionem Christi dei:
ficus arida.
quia nullo tempore id est
cum christus erat in terris: et nunc cum est in
coelo: non uis ferre fructum scilicet boni operis:
ad manum christi scilicet
esurientis fructus tuos: ut illis saturetur
spiritaliter.
|
(1762)
Nec cernere ("ni observer"), autrement dit considérer,
sous-entendre 'tu veux', Synagogue, quantum floruit oleaster
insertus ("combien a fleuri l'oléastre greffé"), autrement dit le
peuple de la gentilité, faciens oliuas ("qui produit des olives"),
autrement dit le fruit de l'olivier qui fructifie. |
Nec cernere id est
considerare id est uis o synagoga:
quantum floruit oleaster
insertus id est populus gentilis faciens oliuas id est arboris fructus
oliuae fructuosæ.
|
(1763) Il faut savoir que l'oléastre, autrement dit l'olivier sauvage, ne
fructifie pas ; c'est à lui qu'il compare le peuple de la gentilité. |
sciendumque oleaster id est olea syluestris infructuosus est: cui comparat populus gentilis.
|
(1764) Au contraire, l'olivier, lui, fructifie et il lui compare la Judée, en
raison des prophètes et des saints patriarches. |
At contra oliua fructifera: cui iudea assimilat ob prophetas et sanctos
patres.
|
(1765) Ei ici il y a une pointe qui use de variatio, comme la
Judée qui est une fois comparée à un figuier, une autre fois à une vigne, ailleurs
à un olivier dans les saintes lettres. |
Atque hic est acumem uarium: ut iudæa modo ficui:
modo uineae: modo oliuæ in sacris literis
comparatur.
|
(1766) Vous pouvez en effet rapporter, en suivant les subtilités familières à
notre poète, planta uetus ("plante vieillie") pour avoir figuier
vieilli, ou aussi vigne, ou aussi olivier, autrement dit Judée : ainsi en
effet, parle l'apôtre s'adressant aux peuple de la gentilité : "si tu as été
pris sur un oléastre naturel", autrement dit sur les rites des nations qui sont
stériles, "et contre ta nature greffé sur un bon olivier", autrement dit uni par
la foi aux patriarches et aux apôtres, qui ont possédé en abondance l'Esprit
saint, combien plus les Hébreux qui, selon leur nature, ont été instruits par la
loi dans le culte de Dieu, seront greffés à leur propre olivier et unis au peuple
saint qui est le leur et à la foi de leurs anciens patriarches ?". |
Potes enim referre iuxta argutias poetæ famlliares:
planta uetus id est o ficus
uetus: uel uitis: uel
oliua: hoc est o iudæa.
sic enim apostolus ait gentilem populum alloquens:
si tu ex naturali excisus es oleastroRm 11, 24 id est ex sterilium gentium ritibus:
et contra naturam insertus es in bonam oliuam:Rm 11, 24 hoc est unitus es per fidem patriarchis et
apostolis: qui pinguedinem sancti spiritus
habuerunt: quanto magis hebrei secundum naturam lege edocti cultum
dei: inserentur suæ oliuæ? et populo sancto ac suo unientur? et
fidei sanctorum patrum?
|
(1767) Bien que la Nature, dans sa globalité, soit l'ouvrage de Dieu, car la
nature se confond avec le Créé, toutefois, ce qui se produit contrairement à
l'habitude que nous avons de la nature, nous le nommons contre-nature. |
Quamuis autem Summa natura sit opus dei:
quia id est natura quod facit: tamen id quod contra
consuetam nobis naturam factum est: fieri contra
naturam dicitur.
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(1768) Or il arrive que, si une branche d'olivier est greffée dans un
oléastre qui ne porte pas de fruit, l'oléastre abandonne sa nature stérile et
devient un olivier qui porte du fruit. |
Accidit autem ut si oliuæ ramus in infructuosum oleastrum
inseratur: ut oleaster sterilem naturam exuens
oliua efficiatur fructificans.
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(1769) Certes la Synagogue, ou pour mieux dire la loi de Moïse, était un
olivier, d'où l'on attendait le fruit qu'était le Christ et le Messie, mais, lors
de son avènement, cet olivier ne produisit pas d'olives, mais des baies amères;
voilà pourquoi le Christ, après avoir mis la cognée à la racine de l'arbre de la
Loi, en retrancha les rameaux qui étaient bons, qu'il greffa à l'oléastre,
autrement dit le peuple de la gentilité, ce qui permit à l'oléastre de
fructifier. |
Certe synagoga uel lex mosaica oliua erat: unde fructus Christi ac Messiæ expectabatur: quæ in eius aduentu haud oliuas sed baccas amaras produxit: ideoque Christus posita ad arborem legis securi
bonos ramos ab ea succidit: quos oleastro id est
populo gentili inseruit: Vnde oleaster oliua
fructuosa reddita est.
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(1770) Mais la Synagogue, quant à elle, demeura un tronc stérile privé de
branches. |
At synagoga quoque truncus sine ramis sterilis remansit.
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(1771) En effet, comme le sacerdoce était passé d'un peuple à l'autre, il eût
aussi été nécessaire que la Loi passât d'un peuple à l'autre. |
Translato enim sacerdotio: legem quoque
transferri necesse fuit:
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(1772) Ici David, quand il parle de cet olivier qu'est l'Eglise, dit :
"je suis comme un olivier qui porte du fruit dans la maison de Dieu", de même le
prophète Isaïe à propos de la Synagogue déclare : "Dieu a attendu que la
vigne qu'il a plantée produise des raisins, et elle a produit des raisins
sauvages" ; "les ronces et les épines sont montées et l'ont
recouverte". |
Hic dauid de hac oliua id
est ecclesia loquens:
ego sicut oliua fructifera in domo dei.Ps 52, 10 Item esaias
propheta de synagoga:
Expectauit (inquit) deus ut uinea: quam
plantauit faceret uuas: et fecit
labruscas.Es 5, 2
Ascendent super eam uepres et spinæ.Es 5, 6
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(1773) Ne faut-il pas alors voir dans les ronces et les épines les nations
païennes, qui ont fait germer la vigne, autrement dit l'Eglise de Dieu qui porte
du fruit dans le monde ? |
Nempe uepres et spinæ gentiles sunt :
unde uinea id est ecclesia dei germinauit frucificans per orbem.
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(1774) Arator exhorte donc, à travers ces comparaisons, la nation juive à se
laisser greffer sur l'Eglise du Christ, et à bien vouloir considérer comment
l'oléastre et les épines de l'Eglise, une fois greffées, ont quitté leur nature
pour en prendre une nouvelle qui soit féconde et donne du fruit, de sorte que la
Synagogue, elle-même, si elle faisait pareil, cesserait d'être stérile ;
autrement le Seigneur dira, pour reprendre les paroles de Luc au cultivateur de la
vigne : "Voici trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier sans
en trouver ; coupe-le donc car pourquoi épuise-t-il la terre ?". |
Hortatur igitur his similitudinibus Arator
gentem iudaicam: ut sese inserat ecclesiæ Christi: et ut
uelit considerare quomodo oleaster: et spinæ
ecclesiæ insertæ: naturam in foecundam exuentes
fructiferam ac nouam induerunt: ut et ipsa synagoga
idem faciens: sterilis esse desinat: alioquin dicet dominus: ut
utar lucæ uerbis: ad cultorem uineæ:
ecce anni. iii.
sunt ex quo uenio quærens fructum in ficulnea hac: et non inuenio. Succide ergo
illam. Vt quid etiam terram
occupat?Lc 13, 7
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(1775) Le poète ajoute aussi la figure la vigne, que Dieu a jadis donnée en
culture, comme le rapportent Matthieu et Marc ; mais les vignerons
n'épargnèrent ni les serviteurs, ni le fils de Dieu ; en effet ils tuèrent le
Christ lui-même, le Fils unique du Père, et ils le jetèrent hors de sa vigne,
comme un vil cadavre ; en cela, il stigmatise l'entêtement des Juifs, quand
ils chassèrent de leur territoire le Seigneur qu'ils avaient tué et qui était
resssuscité, et l'envoyèrent auprès des nations païennes. |
Affertur a poeta figura
quoque uineæ: quam hebreis colendam deus olim dedit: ut
matthæus et
marcus referunt. Sed illi nec seruis: nec
filio dei pepercerunt. Ipsum enim christum
unigenitum dei filium occiderunt: et eiecerunt extra
uineam: quasi uile cadauer: in quo notat iudeorum
pertinacia: cum occisum dominum: et resuscitatum a suis finibus excluserunt: et gentibus miserunt.
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(1776) C'est donc à bon droit que le Seigneur causa la perte des Juifs perdus
et plaça sa vigne auprès des nations païennes, qui ont porté du fruit en leur
temps, alors qu'auparavant elles étaient comme des épines et des ronces qui ne
portaient pas de fruit. |
Merito igitur dominus malos iudæos male perdidit. et uineam suam
locauit gentilibus: qui reddiderunt fructum
temporibus suis: cum antea essent uelut spinæ et
sentes omnino nihil fructus ferentes.
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(1777) A l'inverse, la vigne des Juifs, autrement dit la Synagogue demeura
stérile. |
E diuerso autem uinea iudeorum id est synagoga sterilis mansit.
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(1778) Le poète dit donc à la Synagogue de passer et de se transférer à
l'Eglise du Christ, comme une vigne stérile à une vigne qui porte beaucoup de
fruit, afin de fleurir en œuvres bonnes et d'être rendue féconde en rapportant
beaucoup. |
Dicit autem poeta ut
synagoga transeat et se transferat in ecclesiam christi: tanquam uinea sterilis in uineam fructuosissimam: ut uirescat bonis operibus et magno prouentu
foecunda reddatur.
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(1779) De fait, si elle est desséchée, c'est par la colère de la cognée,
autrement dit par le supplice divin qu'elle sera arrachée, pour brûler dans le feu
éternel. |
Nam si arida fuerit ira securis id est diuino supplicio
eradicabitur: ut in flamma æterna ardeat.
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(1780) Il dit donc neque cernere uis ("et tu ne veux pas
observer"), Judée, quantum uua ("combien le raisin"), autrement dit
la vigne, par synecdoque qui prend la partie pour le tout, la vigne
plena ("pleine"), autrement dit l'Eglise chrétienne qui regorge
de bonnes œuvres et qui pullulat ("abonde") en rapportant beaucoup
de raisin, autrement dit fructifie à travers les nations païennes, de
spinis ("à partir des épines"), autrement dit des nations païennes qui
ne portaient pas de fruit. |
ait igitur (neque
cernere uis) o ludæa:
quantum uua id est uinea
synecdochichos a parte totum. uinea plena id est ecclesia
christianorum redundans bonis operibus quae magno uuarum prouentu pullulat id est fructificat
per gentes.
de spinis id est de
gentilibus infructuosis.
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(1781)
Ira securis ("la colère de la cognée"), autrement dit la colère du
Christ le juge éternel. |
Ira securis id est ira
Christi æterni iudicis:
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(1782)
Securis ici est un génitif. |
securis genitui casus.
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(1783)
imminet ("menace") autrement dit demeure sur ta tête,
radicibus exhaustis ("tes racines épuisées") évidemment celles
de la vigne, autrement dit desséchées et épuisées et vides de toute sève qui
pourrait fructifier en œuvre bonne, imminet ("menace"), toi vigne,
autrement dit Synagogue, ut ruas ("de te précipiter") autrement dit
de te faire tomber, succisa ni ("coupée à la racine si"),
ni étant mis pour nisi, uirescas
('tu ne reverdis pas") évidemment pour porter du fruit, translata
("en étant transférée") évidemment dans la vigne du Christ, qui germe et
fructifie, autrement dit dans l'Eglise. |
imminet id est manet super
radicibus exhaustis
scilicet uineæ id est aridis et exhaustis et uacuis omni succo ad bonum opus
fructificandum:
imminet o uinea id est o
synagoga:
ut ruas id est cadas :
succisa:
niid est nisi uirescas scilicet ad
fructificandum:
translata scilicet in
uineam Christi germinantem fructificantemque: hoc
est in ecclesiam.
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(1784) Ainsi même Jean Baptiste déclare : "voici que la cognée est déjà
à la racine des arbres", autrement dit pour causer la fin du peuple Juif, pour
retirer de la terre des vivants ceux qui n'ont pas cru au Christ. |
Ita etiam loannes
baptista:
iam inquit securis ad radicem arborum posita estMt 3, 10 id est ad finem iudaici
populi: ut auferat de terra uiuentium
eos: qui in christum non credunt.
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(1785) Donc "tout arbre qui ne porte pas de bon fruit, sera coupé et jeté au
feu". |
omnis ergo arbor quæ non facit fructum bonum: excidetur: et in ignem
mittetur.Mt 3, 10
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(1786) Le Christ est ici appelé "cognée", car comme une cognée est faite d'un
manche et d'un fer, ainsi le Christ est constitué de l'humanité par laquelle on le
tient et de la divinité par laquelle il tranche. |
Vocatur hic Christus securis: quia ut
securis manubrio constat: et ferro: ita Christus humanitate qua tenetur: de
diuinitate qua incidit.
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(1787) Et Arator n'a pas parlé négligemment et sans réfléchir, en disant que
la colère de la hache menace les racines de la Synagogue ou de la vigne qu'est
Israël, quand, en effet, les fils de ces méchants sont emportés, alors certes les
branches de l'arbre qui ne porte pas de fruit sont coupées. |
Nec dixit poeta somniculose
aut inconsulto: ira securis imminet radicibus
synagogæ: uel uineæ israeliticæ. cum enim filii malorum
tolluntur: tunc certe rami scinduntur arboris
infructuosæ.
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(1788) Mais quand la descendance est emportée avec ses parents, l'arbre est
coupé jusqu'à la racine, afin qu'il ne demeure aucun rejet qui puisse ensuite se
développer de nouveau ; il s'agit bien là simplement d'une menace puisque
nous croyons que la racine un jour germera. |
At cum progenies cum parente tollitur:
arbor radicitus absciditur: ne quis stirps maneat
: unum iterum pullulet.
sed hæc comminatio est: cum radix aliquando
germinatura credatur.
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