Livre 1 section 8 (vv. 293-334)

ad praecedentem sectionemad sequentem sectionem
(1669) (AGMINE IAM NIVEO ("désormais dans la troupe neigeuse")) Après le miracle fait par Pierre, tout le peuple accourut vers les apôtres dans le Portique de Salomon, vénérant les auteurs d'une action si merveilleuse. (AGMINE IAM NIVEO .) Post miraculum factum a petro concurrit uniuersus populus ad apostolos in porticum salomonis uenerans authores tam noui operis.
(1670) En outre, Pierre, qui avait trouvé là un auditoire copieux et une foule nombreuse, prononça de nombreuses paroles par lesquelles il donnait les clés du mystère de la vraie piété. cæterum petrus nactus copiosum auditorium et frequentem turbam multa uerba fecit: quibus ueræ pietatis mysterium aperiebat.
(1671) Or beaucoup de ceux qui avaient entendu sa parole crurent, et, au témoignage de Luc, le nombre des fidèles (en ne comptant que les hommes) monta à cinq mille. Multi autem eorum qui audierant uerbum: crediderunt. Et factus est teste luca: numerus uirorum fidelium quinque milia.
(1672) Selon certains en effet, aux trois mille dont j'ai déjà parlé, au moment où Pierre priait, il s'en ajouta deux mille. secundum quosdam enim tribus millibus supradictis: modo orante petro addita sunt duo millia.
(1673) Mais d'autres disent qu'il y eut à ce moment-là cinq mille conversions opérées par Pierre, qui, s'ajoutant aux trois mille, font huit mille. Alii dicunt modo quinque millia fuisse conuersa a petro: quæ additis tribus millibus octo chiliadas ac millia conficiunt.
(1674) Mais, alors que Pierre parlait encore au peuple, "survinrent les Prêtres et les officiels du Temple et des Sadducéens qui souffraient de le voir enseigner le peuple" et "ils le mirent sous bonne garde jusqu'au lendemain". Cum ue[37r]ro petrus adhuc loqueretur ad populum: superuenerunt sacerdotes: et magistratus templi: et saducei dolentes quia docerent populum.ac 4, 1-2 et posuerunt eos in custodiam usque in crastinum.ac 4, 2
(1675) "C'était en effet le soir". Erat enim iam uespera.ac 4, 3
(1676) Mais, le lendemain, en entendant Pierre parler au milieu du conseil, ils s'étonnaient à la fois de sa doctrine et de sa constance. Postridie autem in medio concilli audientes petrum: mirabantur doctrinam pariter et constantiam.
(1677) Mais, pour éviter que l'Evangile ne soit répandu dans le peuple, ils firent des menaces aux apôtres, leur interdisant totalement de parler, et d'enseigner au nom de Jésus. Verum ne diuulgaretur Euangelium in populum comminati sunt apostolis: ne omnino loquerentur: nec docerent in nomine iesu.
(1678) "Mais Pierre et Jean répondirent en leur disant : 's'il est juste devant la face de Dieu de vous écouter vous plutôt que Dieu, jugez-en ; en effet nous ne pouvons pas ne pas dire ce que nous avons vu et entendu". petrus uero et ioannes respondentes dixerunt ad eos. si iustum est in conspectu dei: uos potius audire quam deum: iudicate. non enim possumus quæ uidimus et audiuimus : non loqui. ac 4, 19-20
(1679) Voilà ce que contient la huitième section du premier livre avec une violente diatribe contre les Juifs. hæc continet .viii. sectio primi libri: cum acerba increpatione iudæorum.
(1680) Arator dit donc (lam apex ("désormais la pointe")) autrement dit la cime et la hauteur, ecclesiæ crescebat ("de l'Eglise grandissait") évidemment à cause de la prière et de la prédication de Pierre dans le Portique de Salomon, agmine niueo ("dans la troupe neigeuse") autrement dit candide et simple comme il convient à de vrais chrétiens, per millia v uirorum ("à travers cinq mille hommes") évidemment les croyants. dicit ergo. (Iam apex) id est fastigium et altitudo: ecclesiæ: crescebat scilicet orante ac prædicante petro in porticum salomonis: agmine niueo id est candido et simplici: quale est christianorum uerorum: per millia. v. uirorum scilicet credentium.
(1681) Il s'agit d'une métaphore empruntée à la construction d'un temple. Est autem metaphora a templo ædificato sumpta.
(1682) De même, en effet, que l'on élève sa cime en usant de pierres inanimées, de même le temple et l'Eglise du Christ se dressent en usant de pierres vivantes, pures, neigeuses sans aucun tache de noirceur. Vt enim illud crescit in altum fastigium inanimatis lapidibus: ita templum et ecclesia christi surgit animatis lapidibus: et mundis et niueis sine ulla nigredinis macula.
(1683) De là vient que le Seigneur dit à Pierre : "et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise" ; il parlait par allégorie. Vnde dominus petro dixit: et super hanc petram ædificabo ecclesiam meam:Mt 16, 18 allegorice locutus.
(1684) (per millia quinque ("à travers cinq mille")) on peut comprendre de deux façons comme nous l'avons dit plus haut, au début de cette section 8. (per millia quinque. duobus modis potes intelligere ut supra diximus in principio huius sectionis . viii.
(1685) (Laborat iudæa ("la Judée peine")) autrement dit les prêtres du temple juif et les officiels, laborat ("peine") et s'efforce, arcere ("pour faire cesser") autrement dit interdire, hunc ("le fait que celui-ci") évidemment le Christ, coli ("soit adoré") autrement dit vénéré comme Dieu, de munere cuius ("du présent duquel") évidemment du Christ, fluxit ("a coulé") autrement dit est sorti, évidemment le bien de la santé accordée au boiteux, quod ("que") évidemment le bien, dedit uirtus ("la puissance a donné") celle du Christ, operata ("ayant opéré") autrement dit opérant par la parole de l'apôtre Pierre. (Laborat iudæa) id est iudæi sacerdotes templi et magistratus; laborat et nituntur: arcere id est prohibere: hunc scilicet Christum: coli id est uenerari pro deo: de munere cuius scilicet Christi: fluxit id est exiit scilicet bonum sanitatis in claudum: quod scilicet bonum: dedit uirtus Christi: operata id est operans per uerbum petri apostoli:
(1686) De fait Pierre déclara à la foule qui s'étonnait d'un si grand miracle : "que vous étonnez-vous en cela, ou pourquoi nous regardez-vous comme si c'était par notre puissance ou par notre piété que nous avions fait marcher cet homme ?" Ce Jésus "que vous, vous avez livré et que vous avez renié ouvertement devant Pilate", "c'est son nom et la foi que nous avons en lui qui a donné la totale santé" ; "car il n'est pas un autre nom sous le ciel donné aux hommes dans lequel il nous faille être sauvés". Nam petrus turbæ admiranti tantum miraculum: quod miramini inquit in hoc: aut nos quid intuemini: quasi nostra uirtute aut pietate fecerimus hunc ambulare?ac 3, 12 Ille lesus quem uos tradidistis: et negastis ante faciem pilati:ac 3, 13 nomen eius et fides : quae per eum est. dedit integram sanitatem:ac 3, 16 Nec uero nomen est aliud sub celo datum hominibus: in quo oporteat nos saluos fieri.ac 4, 12
(1687) Ou bien aussi comprendre operata ("opérées") de manière passive de sorte que l'on construise uirtus operata ("la puissance opérée") de Pierre, de manière passive, parce que, par la parole de Pierre, la puissance divine a accordé la santé au boiteux ; or la puissance opérante est celle de Dieu qui est le principe évidemment et celui par le don duquel ce bien fluxit ("a coulé"). Vel intellige operata pathetice : ut sit uirtus operata petri passiue: quia uerbo petri uirtus diuina claudo sanitatem tribuit. uirtus autem operans sit dei: principalis scilicet et de cuius munere illud bonum fluxit:
(1688) De même des philosophes qui ne savent pas s'exprimer correctement parlent de "nature naturée" pour la nature créée et de "nature naturante" pour la nature créatrice. Vt indiserti philosopi dicunt naturam naturatam creatam: et naturantem creatricem.
(1689) (Sed) amor petri ("mais l'amour de Pierre") enflammé désormais par l'Esprit saint qui le brûle, nescit linquere christum inquit ("ne sait abandonner le Christ et il dit"), évidemment Pierre, non reticebimus ("nous ne tairons pas"), ô prêtres et Juifs, bien que vous nous menaciez de la prison et de tortures, hunc ("au sujet de celui-ci") évidemment le Christ, mais nous l'annoncerons et le ferons connaître partout, quo ("lui de qui") autrement dit le Christ praestante ("dans ce qu'il donne") évidemment en tant que principe, remeat ("revient") autrement dit vient en retour, salus ("le salut") de manière générale comme nous l'avons dit, ou bien remeat autrement dit meat ("vient") ἀκύρως ("de manière impropre"), salus ("le salut") autrement dit la santé pour le boiteux. (Sed) amor petri: flammeus iam spiritu sancto urente: nescit linquere christum: inquit scilicet petrus: non reticebimus o sacerdotes et iudaei: quamuis minemini carcerem et tormenta: hunc scilicet christum: sed praedicabimus ipsum et diuulgabimus: quo id est christo praestante scilicet principaliter: remeat id est redit: salus generaliter ut diximus: uel remeat id est meat et uenit acyros: salus id est sanitas in claudum.
(1690) En effet, ce n'est pas nous qui avons guéri le boiteux, mais bien le Christ. Nec enim nos sanauimus claudum: sed christus.
(1691) Et si c'est nous qui l'avons guéri, ce fut parce que nous avons dit au nom de ce dernier "lève-toi et marche". Et si nos sanauimus: hoc fuit quia in nomine illius diximus: surge et ambula.ac 3, 6
(1692) (Qui ("lui qui") évidemment le Christ, iure ("par son droit") autrement dit par sa puissance, creantis ("qui fait qu'il crée"), autrement dit de créateur, lui qui est le Seigneur de la nature, et qui opère au-delà de l'ordre naturel, suppleuit opus ("a suppléé à la tâche") évidemment celle des pieds, infectum ("inaccomplie") autrement dit que la nature, évidemment, n'avait pas faite, et pars ("la partie"), évidemment celle que constituent les pieds du boiteux, reparat ("répare") évidemment par la puissance du Christ, decorem solidum ("la solidité et le charme"), autrement dit la santé qui apporte charme et beauté, qua ("là où") autrement dit dans cette partie que sont les pieds, qua redemptor ("là où le rédempteur"), évidemment le Christ, nouat huic (renouvelle pour lui") évidemment le boiteux, membra iussa ("les membres qui en ont reçu l'ordre"), celui d'être renouvelés évidemment. (Qui) scilicet christus iure id est potestate: creantis id est creatoris: qui est dominus naturae: et supra naturam operatur: suppleuit opus scilicet pedum: infectum id est non factum scilicet a natura. et pars scilicet pedum claudicantium: reparat scilicet uirtute christi: decorem solidum id est firmam sanitatem: quae decorem et pulchritudinem affert. qua id est ea parte pedum: infectum id est non factum scilicet a natura. et pars scilicet pedum claudicantium: reparat scilicet uirtute christi: decorem solidum id est firmam sanitatem: quae decorem et pulchritudinem affert. qua id est ea parte pedum: qua: redemptor scilicet christus nouat huic scilicet claudo: membra iussa scilicet nouari:
(1693) En effet, le Christ a ordonné et commandé aux membres du boiteux d'être renouvelés, et ils ont obéï aux ordres de leur créateur. lussit enim christus et imperauit membris claudi ut inouarentur: et iussa paruerunt suo creatori.
(1694) Et ne soyez pas troublés par la quantité de nouat qui est contraire à l'usage, car cela est permis par la loi des syllabes communes comme nous l'avons dit dans notre Epométrie. nec te moueat syllaba: nouat repugnans id enim per modos communium syllabarum licet: ut diximus in epometria.
(1695) Une autre lecture possible est redempto ("racheté") et non redemptor ("rédempteur") ; de cette façon il "répare le charme", qua iussa ("par où quand ils en reçoivent l'ordre"), autrement dit le commandement de Pierre qui dit "lève-toi et marche", par ces paroles, car se lever et marcher est l'activité propre des pieds, les ordres de Pierre renouvellent pour ce boiteux redempto ("racheté") autrement dit libéré de ses membres boiteux συνεκδοχικῶς (avec synecdoque). Aliter legimus redempto non redemptor: hoc modo reparat decorem: qua iussa id est mandata petri dicentis surge et ambula:ac 3, 6 quibus uerbis: quia surgere et ambulare est pedum: iussa petri nouant huic claudo redempto id est liberato a membris claudicantibus synecdochicos.
(1696) (Fert animus("l'esprit porte")) quand le peuple vénère les apôtres pour un si grand miracle accompli en la personne d'un boiteux connu de tous. Les Anciens et les scribes et le reste des Juifs n'osaient pas leur infliger une quelconque peine, bien que dès les début ils eussent mis la main sur eux, et les eussent jetés en prison. (Fert animus) cum populus ueneraretur apostolos ob tantum miraculum in claudo cunctis noto factum: non audebant seniores et scribae et reliqui iudaei eos aliqua pœna affligere: quamuis a principio manus in eos iniecerunt: et in carcerem truserunt.
(1697) "De fait, tous rendaient gloire à Dieu pour ce qui s'était passé". Nam omnes clarificabant id quod factum fuerat.ac 4, 21
(1698) "Car il avait plus de quarante ans, le boiteux auquel ils avaient rendu la santé miraculeusement". Annorum enim erat amplius quadraginta homo claudus: in quo factum fuerat signum sanitatis.ac 4, 22
(1699) Comme donc les Juifs redoutaient le peuple, ils renvoyèrent les apôtres après les avoir grandement menacés. Cum ergo ludaei timerent populum: magnis minis apostolos dimiserunt.
(1700) A partir d'ici, Arator s'en prend avec de nombreux vers à la malice des Juifs, qui poursuivaient les apôtres, non par souci de la vérité ou zèle pour Dieu, mais par la virulence de leur jalousie et de leur envie. Hinc Arator malitiam carpit multis [37v] uersibus iudaeorum : qui non ueritatis studio aut zelo dei: sed liuore et inuidia uirulenti apostolos persequebantur.
(1701) (Fert animus("l'esprit porte")) autrement dit l'esprit des Juifs veut, s'il était permis par le peuple, qui favorise les apôtres, de patrare ("perpétrer") autrement dit accomplir, nefas ("un sacrilège") autrement dit un crime sacrilège contre les apôtres, et fert ("porte") autrement dit veut, inferre neces sacrilegas ("porter des meurtres sacrilèges") autrement dit des morts sacrilèges évidemment en châtiment sanctis ("contre les saints"), évidemment les apôtres, uerendis ("vénérables"), autrement dit dignes de vénération et non de châtiment. (Fert animus) id est uult animus iudæorum: si liceret per populum fauentem apostolis: patrare id est facere: nefas id est crimen nefarium in apostolos: et fert id est uult: inferre neces sacrilegas id est mortes nefandas scilicet in poenam: sanctis scilicet apostolis: uerendis id est dignis ueneratione non poena.
(1702) (O semper ("ô toujours")) il s'exclame contre les Anciens et les scribes qui persécutaient les apôtres. (O semper exclamat contra seniores et scribas: qui apostolos persequebantur.
(1703) O iniqui ("ô iniques") autrement dit Israélites, semper ("toujours"), autrement dit dans tous les temps, parce que, même dans les temps anciens, ils persécutaient les prophètes et les saints, comme à présent le Christ et ses apôtres. O iniqui id est Israelitæ : semper. id est omni æuo. quia etiam antiquis temporibus prophetas et sanctos persequebantur: sicut christum et eius apostolos nunc.
(1704) uident ("ils voient") évidemment les Juifs, dona ("les dons") évidemment de la puissance divine dans le boiteux guéri ; et mouent bella ("et ils provoquent des guerres"), autrement dit des persécutions haineuses contre ceux qui opèrent l'ouvrage divin ; Sed relinquunt ("mais ils abandonnent"), évidemment les prêtres et les scribes, cœpta ("leurs entreprises") autrement dit les choses qu'ils ont commencées, à savoir la persécution qu'ils ont entreprise, non à cause de Dieu ou à cause de la justice, mais à cause de la crainte du peuple, voilà pourquoi il ajoute ne uiolent ("pour ne pas outrager") autrement dit les Juifs, scribes et prêtres, autrement dit fassent violence, évidemment aux apôtres, quos évidemment les apôtres, turba ("la foule") autrement dit le peuple fouet ("favorise"), autrement dit aide, quibus ("à qui") évidemment les apôtres, erat testis ("rendait témoignage") évidemment la foule, meriti ("de leur mérite"), autrement dit du miracle, clodo indice ("avec le boiteux comme indice"), autrement dit le boiteux leur indiquant le mérite des apôtres, puisqu'il avait quarante ans. uident scilicet iudæi dona scilicet uirtutis diuinæ in claudo sanato: et mouent bella id est persecutiones hostiles contra operatores diuinorum operum. Sed relinquunt scilicet sacerdotes et scribæ: cœpta id est res inceptas: hoc est inceptam persecutionem: non propter deum nec propter iusticiam: sed propter metum populi: ideo subiicit: ne uiolent id est Iudæi scribæ et sacerdotes id est uim afferant scilicet apostolis: quos scilicet apostolos: turba id est populus: fouet id est adiuuat: quibus scilicet apostolis: erat testis scilicet turba: meriti id est miraculi: clodo indice id est claudo indicante meritum apostolorum cum esset . xl. annorum.
(1705) (Et leuabant ("ils relevaient")) évidemment les apôtres, autrement dit ils recréaient, cum hoc ("avec cela") évidemment avec la faveur du peuple et le témoignage du boiteux, sua corda ("leurs cœurs") autrement dit leurs esprits ; de fait autrement les Anciens auraient puni les apôtres. (Et leuabant) scilicet apostoli id est recreabant: cum hoc scilicet fauore populi et testimonio claudi. sua corda id est suos animos. nam aliter seniores punissent apostolos.
(1706) (Nam gressus ("de fait la marche")) autrement dit le fait de marcher et de se promener, évidemment pour le boiteux, non dedit parua ("ne donna pas de petits résultats"), mais des grands miracula populo ("miracles pour le peuple"), évidemment celui qui était là alentour et admirait la guérison, quem ("que") évidemment la marche sumpsit ("il accueillit") autrement dit miraculeusement. (Nam gressus id est gradi et ambulare scilicet claudi: non dedit parua :sed magna: miracula: populo scilicet circumfuso et admiranti sanitatem: quem scilicet gressum: sumpsit id est miraculose.
(1707) Cela est en effet nullis legibus æui ("selon nulle loi temporelle") autrement dit par nulle force naturelle, et en nul espace temporel. id enim est nullis legibus æui id est nulla naturæ ui: nullis temporis spaciis.
(1708) La nature, en effet, prend ordinairement plusieurs années pour donner aux jeunes gens à qui leur nature sourit ce qu'elle ne produit pas en un an. solet enim natura: quod non dat uno anno: pluribus annis conferre præsertim adolescentibus: quos adiuuat natura.
(1709) Mais, dans le cas de ce boiteux, c'est privé du secours de toute loi de la nature, et de celui du cours des années, qu'il était étendu sur le sol, et il n'aurait pas pu se lever de là, rudis ("débutant"), autrement dit ne sachant toujours pas marcher, senex uernula humi ("vieillard né dans l'esclavage du sol") autrement dit jusque dans sa vieillesse incliné vers le sol, sans jamais pouvoir se soutenir sur ses pieds, puisqu'il avait déjà quarante ans et était comme un uernula ("un homme né dans l'esclavage"), autrement dit quelqu'un dont humi ("le sol") était le lieu propre et la maison ; et il n'espérait nullement, étant déjà avancé en âge, d'être un jour libéré de ce qui était comme une servitude perpétuelle, puisque, pendant tant d'années, esclave du sol il avait toujours rampé sur le sol. Sed hic claudus: nulla lege naturæ: nullo annorum circuitu adiutus iacebat in humo: nec inde potuit surgere rudis semper ambulandi id est ignarus: senex uernula humi id est usque in senectutem pronus in solum: nunquam se portans pedibus suis: cum esset iam .xl. annorum: quasi uernula id est proprius et domesticus humi: nec ullo modo sperans iam ætate prouecta se inde tanquam perpetuo seruitio liberatum iri: cum tot annos seruus humi semper humi serperet.
(1710) (Cum quo ("avec lequel")) évidemment le boiteux, ipsa natura ("la nature elle-même"), autrement dit la force innée et naturelle changée en une nature de boiteux quæ iacuit diu ("qui fut longtemps étendue") autrement dit pendant une longue durée, évidemment celle des quarante ans, natura ("la nature"), dis-je, stupuit ("demeura interdite"), autrement dit s'étonna, moueri ("de se mouvoir"), évidemment elle-même, puisqu'auparavant elle gisait sur le sol. (Cum quo) scilicet claudo: ipsa natura id est uis insita et naturalis claudicandi conuersa in naturam: quæ iacuit diu: id est diuturno tempore scilicet per .xl. annos: natura dico: stupuit id est mirata est: moueri scilicet se : cum ante iaceret humi.
(1711) C'est une προσωποποιΐα (prosopopée), quand le poète attribue à la nature, qui est dénuée de sentiment, des sentiments. Est autem prosopopoiia: cum naturæ non sentienti sensus a poeta tribuitur.
(1712) Donc, de même que si une pierre se dressait, la nature même de la pierre, qui naturellement tend vers le bas, s'étonnerait de se trouver emportée vers le haut, en parlant ἐσχηματισμένως (de manière figurée), ainsi la nature du boiteux, en voyant qu'elle se meut avec le boiteux, demeurait stupéfaite d'être portée autrement qu'elle n'en avait coutume, car toujours elle avait rampé sur le sol ou y était restée couchée. Sicut ergo si lapis sursum ascenderet : ipsa Lapidis natura : Quæ tendit deorsum naturaliter: Miraretur se sursum ferri eschesmatismenos loquendo. ita natura claudi uidens se moueri cum claudo : stupebat: se aliter iam ferri quam assueuerat. quippe quæ semper humi serpserat uel iacuerat.
(1713) (et firmata ("et affermie)) évidemment la nature du boiteux, autrement dit rendue solide par la santé, nuper ("il y a peu") autrement dit récemment ; ainsi Plaute dit fréquemment "un homme" nuperum nouicium ("né il y a peu, un novice") ; signat noua uestigia ("elle marque de nouvelles traces") proprio incessu ("par sa propre progression") autrement dit sa marche, quæ ("qui") évidemment les traces, fuerant sibi aliena ("lui étaient étrangères"), soit parce qu'il se faisait porter sur les épaules d'autrui, soit parce que la marche lui était étrangère et extérieure en raison de son infirmité. (et firmata) scilicet natura claudi id est solidata per sanitatem: nuper id est recenter: ita plautus frequenter: hominem inquit nuperum nouicium:PLAVT. Capt., 718 signat noua uestigia: proprio incessu id est ambulatione: quæ scilicet uestigia fuerant sibi aliena. uel quia alienis humeris portabatur: uel quia incessus ei erat alienus et extraneus propter infirmitatem.
(1714) (Tamen ("cependant")), bien que le miracle fût si grand qu'il indiquait que c'était Dieu qui l'avait accompli, tamen proles ("cependant la descendance") évidemment celle des Juifs, improba ("malhonnête") autrement dit pleine d'impudence, sæuit ("se déchaîne") évidemment en proférant des menaces contre les apôtres, et uetat fari ("et interdit d'avouer") évidemment aux apôtres, d'avouer ce miracle quod gaudia ("ce que la joie") évidemment de ceux qui exultent après avoir vu la puissance divine, clamant ("crie") autrement dit révèle publiquement et qui résonne dans les cris du peuple. (Tamen. ) quamuis miracuIum fuit tantum ut indicaret id a deo factum: tamen proles scilicet iudaica: improba id est petulans: sæuit scilicet minis contra apostolos: et uetat fari scilicet apostolos illud miraculum: quod gaudia scilicet exultantium uirtute diuina inspecta: clamant id est palam diuulgant et quae clamoribus populi resonant.
(1715) De fait, comme le dit Luc, tous rendaient gloire à Dieu pour cet acte admirable que les Juifs avaient interdit de divulguer. Nam ut inquit lucas omnes clarificabant factum illud mirabile: quod ne diuulgaretur: iudæi edicebant.
(1716) (Quid toties ("pourquoi tant de fois"), le poète s'en prend aux Juifs qui toujours sont boiteux et il fait allusion à ce qu'il a dit plus haut au sujet de la claudication du peuple israélite ; ô iudæa ("Judée") quid ("pourquoi") autrement dit pour quelle raison, cadis toties ("tombes-tu tant de fois") ? évidemment en boitant et en te rebellant contre ton Dieu et ton roi ; emis ("tu achètes"), évidemment toi, Judée, auprès des soldats de Pilate qui gardaient le tombeau du Seigneur, le fait que la résurrection du Christ cæletur ("soit cachée"), autrement dit soit masquée, furto ("par un vol"), autrement dit sous le prétexte d'un vol. (Quid toties.) inuehit in iudæos semper claudicantes: et alludit ad id: quod supra dixit de claudicatione israelis et israelitici populi. O iudæa quid id est cur cadis toties? scilicet claudicando et rebellando aduersus deum et regem tuum? Emis scilicet tu o Iudæa a militibus pilati custodientibus sepulchrum domini: ut resurrectio christi cæletur id est occulta sit: furto id est prætextu furti.
(1717) De fait (comme le raconte Matthieu) après la résurrection du Christ, "certains des gardes vinrent en ville annoncer aux grands Prêtres tout ce qui s'était passé", lors de la résurrection du Christ et de la terrifiante apparition des anges, "et, après s'être réunis avec les Anciens et avoir délibéré, ils donnèrent aux soldats une forte somme d'argent pour qu'ils disent que le corps du Seigneur avait été volé la nuit par ses disciples tandis qu'eux dormaient". Nam (ut matthæus narrat) post christi resurrectionem quidam de custodibus uenerunt in ciuitatem nunciantes principibus sacerdotum omnia quæ facta fuerant Mt 28, 11 in christi resurrectione: et angelorum horribili apparitione. Et congregati cum senioribus consilio sumpto pecuniam copiosam dederunt militibus:Mt 28, 12 ut dicerent corpus domini illis dormientibus a discipulis nocturno furto fuisse sublatum.
(1718) Quant au châtiment qu'ils pouvaient attendre du gouverneur s'il apprenait leur mensonge, ils promirent qu'ils s'occuperaient de les en protéger. A poena autem presidis: si mendacium intellexisset: promiserunt redditurum se illos securos.
(1719) Et ainsi les prêtres et les Pharisiens, en rachetant maintenant un mensonge comme ils avaient racheté le sang du Christ avec l'argent du Temple accomplirent leur dessein. Atque ita sacerdotes et pharisaei nunc mendacium: et antea sanguinem christi pecunia templi redimentes expleuerunt suum desiderium.
(1720) (Sed ("mais")) toi, évidemment Judée, petis documenta ("tu recherches des renseignements") autrement dit des arguments, évidemment dans le but de contredire la résurrection du Christ, a Somno ("dans le sommeil"), évidemment celui des gardes, inania ("vides") autrement dit vains et qui n'ont aucune importance. (Sed) tu scilicet iudæa petis documenta. id est argumenta: scilicet ut contradicas resurrectioni christi: a Somno scilicet militum: inania id est uana et nullius momenti.
(1721) De fait, si les soldats dormaient quand les disciples volaient le corps du Seigneur, comment ont-ils vu quelque chose ? Nam si dormiebant milites cum discipuli corpus dominicum furabantur: quomodo uiderunt?
(1722) Comment ont-ils pu être témoins de quelque chose qu'ils n'avaient pas vu ? Quomodo testes esse potuerunt non uidentes?
(1723) Et, s'ils l'ont vu parce qu'ils ne dormaient pas, comment ont-ils pu tolérer que des gens apeurés et peu nombreux ne l'emportent ? Si viderunt non dormientes: quomodo tolli id a trepidis et paucis sunt passi?
(1724) De plus, comme le dit Sédulius, au livre 4 : "si le Christ, comme tu l'oses dire, échappa à la vue des gardes endormis quand il était à la dérobée soustrait à la grotte scellée, à qui est le suaire qui est à l'intérieur ? Devant les dépouilles de qui l'ange est-il assis ? Ou alors, celui qui a emporté ce corps bienheureux a pensé qu'il irait plus vite s'il le débarrassait de tout ce qui le liait que s'il l'emportait tout attaché, alors que pour les vols perdre du temps est un obstacle ? N'était-il pas plus prudent d'emporter les linges avec le Seigneur ?". Deinde ut in quarto ait Sedulius: si Christus ut audes Dicere : concluso furtim productus ab antro sopitos latuit: cuius iacet intus amictus? Cuius ad exuuias sedet angelus? Anne beati corporis ablator uelocius esse putauit: soluere contectum quam deuectare ligatum? Cum mora sit furtis contraria? Cautius ergo cum domino potuere magis sua lintea tolli.SEDVL. carm. pasch., 5, 340-347
(1725) (Vis ("tu veux")), évidemment toi Judée, liuore caduco ("en trébuchant de jalousie") autrement dit avec une jalousie qui te fait trébucher. (Vis). scilicet tu iudaea: liuore caduco id est inuidia faciente te cadere.
(1726) On trouve en effet parfois le mot employé ainsi. ita enim quandoque inuenitur:
(1727) uis negari ("tu veux faire nier") évidemment la résurrection du Christ et les autres miracles, fraude ("par tromperie"), autrement dit en faisant intervenir de l'argent, quae ("ceux que") évidemment les miracles, sentis ("tu sens bien"), autrement dit tu vois clairement, geri uirtute ("produits par la puissance") évidemment divine. uis negari scilicet resurrectionem christi et alia miracula: fraude id est precii interueniente: quae scilicet miracula: sentis id est aperte uides: geri uirtute scilicet diuina?
(1728) Et le poète montre que, dans la mort du Christ, tout cela fut clairement vu, mais que les Juifs ne voulurent pas le voir car leur malice les aveuglait. Et hoc monstrat in morte christi clare uisum fuisse: sed iudaeos malitia caecante hoc uidere noluisse.
(1729) Cum dominus adiret infernum destructurus ("comme le Seigneur venait pour détruire l'enfer", évidemment lui-même, inde ("de là") autrement dit ensuite, detulit suam carnem ("il ramena sa chair"), autrement dit il assuma de nouveau son corps, spoliato funere ("après avoir dépouillé le trépas"), autrement dit le sépulcre dans lequel était ce corps très saint, ou aussi spoliato funere ("après avoir dépouillé le trépas"), autrement dit une fois la mort vaincue, il ramena suam carnem ("sa chair"), autrement dit son âme, inde ("de là"), autrement dit des enfers ; c'est à partir de la part principale de l'humanité et de la chair, que l'on peut comprendre l'âme. Cum dominus adiret infernum: destructurus scilicet lpsum: inde id est deinde detulit suam carnem id est suum corpus reassumpsit: spoliato funere id est sepulchro: in quo erat corpus illud sanctissimum. uel spoliato funere id est uicta morte rettulit suam carnem id est animam inde id est ab inferis: a parte principaliori humanitatis et carnis: anima intelligatur.
(1730) Victor ab arce ("victorieux depuis la citadelle"), évidemment le Christ victorieux du diable sur le bois de la croix, de la même manière que dans le bois du paradis, l'arbre a vaincu le premier homme, donc le Christ victorieux ab arce ("depuis la citadelle"), autrement dit depuis la hauteur de la croix ministrat ("présente") autrement dit opère, signa radiantia ("des signes radieux"), autrement dit clairs et qui indiquent sa divinité. Victor ab arce. christus uictor scilicet diaboli in ligno crucis: ut in ligno paradisi uicit diabolus protoplastum: uictor ergo christus: ab arce id est altitudine crucis: ministrat id est operatur[38r] signa radiantia id est clara indicantia suam diuinitatem.
(1731) De fait, puisque se perd autant celui qui nie que le Christ est vraiment homme que celui qui nie qu'il est vraiment Dieu, la divine Providence a fait que partout brillent des indices de chacune des deux natures. nam cum aeque periclitet is qui christum negat uerum hominem: ut is qui eum negat uerum deum esse ideo cœlesti prouidentia factum est: ut passim utriusque naturæ indicia eluceant.
(1732) Nourrisson en effet, quand il tenait avec son tendre petit corps dans une mangeoire, il obscurcissait le soleil qui provient des forces invisibles de sa substance divine, et quand il rappelait Lazare à la vie depuis les enfers, en Seigneur des morts et des vivants, il accomplissait parfaitement son humanité en versant des larmes, en frémissant et en priant. infans enim ille tenero corpusculo præsepe tenens: inconspicabilibus diuinæ substantiæ uiribus solem obtenebrabat: et lazarum ut dominus uiuentium ac mortuorum ab inferis reuocans ad uitam: lachrymando et fremendo et orando perfectum hominem agebat.
(1733) (Sol ruit) ("le soleil plonge") de fait, comme le dit Matthieu, "à partir de la sixième heure, il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure". Et, après que le Seigneur eut rendu l'esprit, "le voile du Temple se déchira en deux parties du haut jusqu'en bas, et la terre trembla et les pierres se fendirent". (Sol ruit.) nam (ut ait Matthæus) a sexta hora tenebræ factæ sunt super uniuersam terram usque ad horam nonam.Mt 27, 45 Et postquam emisit spiritum dominus: Velum templi scissum est in duas partes a summo usque deorsum: Et terra mota est: et petræ scissæ sunt.Mt 27, 51
(1734) C'est en ayant à l'esprit cette histoire qu'Arator parle contre la Judée : le soleil reconnaît son Seigneur et Créateur suspendu à la croix, quand il s'est obscurci pour ne pas le voir, ou alors pour que les impies ne puissent jouir de sa lumière ; mais toi, Judée, non seulement tu ne reconnais pas ton Seigneur, mais tu es nigra ("noire"), autrement dit obscurcie par les ténèbres de l'aveuglement et de la jalousie, et pectore rebellas ("tu te rebelles dans ton cœur"), évidemment contre le Christ, ton roi et ton Seigneur. intendens ergo in hanc Historiam ait Arator contra iudæam. sol agnoscit dominum et creatorem suum in cruce pendentem: cum obscuratus est ne eum uideret:uel ne impii sua fruerentur luce: tu uero iudæa non modo non agnoscis dominum tuum: sed nigra id est obscurata tenebris cœcitatis et inuidiæ: pectore rebellas scilicet contra christum regem tuum et dominum.
(1735) Arua tremunt ("les sillons tremblent"), autrement dit la terre a été ébranlée, concussa ("secouée") de son emplacement, car elle ne supporte pas de porter son Seigneur suspendu à la croix, tu ("mais toi"), évidemment Judée, haeres ("tu restes figée"), évidemment dans le même état de rebellion, fixior ("plus immobile") c'est à dire sans plus bouger évidemment que la terre même, et plus insensible. Arua tremunt id est terra mota est concussa a suo loco dominum suum pendentem ferre non sustinens: tu scilicet iudæa hæres scilicet in eodem loco rebellionis: fixior id est immobilior scilicet ipsa terra et insensibilior.
(1736) saxa crepant ("les roches se fracassent"), autrement dit les pierres brisées résonnent, tu ("mais toi"), évidemment Judée, dura manes ("tu restes de marbre"), comme si tu étais plus dure que ces pierres qui partageaient la douleur du Christ, leur Créateur. saxa crepant id est petræ scissæ sonant: tu scilicet ludæa dura manes: quasi durior illis petris: quæ christo creatori suo condolebant.
(1737) Dans ces paroles il y a une antithèse, qui est un ornement oratoire et que l'on nomme en grec ἀντίθετον. Et est in his contentio rhetorica exornatio. antitheton græce dicitur.
(1738) lam scissio ueli ("désormais la déchirure du voile"), évidemment en deux parties, nudauit mystica ("a mis à nu les mystères"), autrement dit les secrets, templi ("du temple"), qui étaient recouverts par le voile, quae ("eux qui"), évidemment les secrets mystiques et les mystères, diu latuere ("restèrent longtemps cachés"), latuere est mis pour latuerunt. lam scissio ueli scilicet in duas partes: nudauit mystica id est arcana templi: quæ uelo tegebantur. quæ scilicet mystica et mysteria diu latuere pro latuerunt.
(1739) Si l'on en croit certains, il y avait, dans l'entrée du Temple, ce voile qui interdisait de voir ce qu'il y avait à l'intérieur du Temple. Erat autem secundum nonnullos. in introitu templi uelum illud prohibens aspectum eorum quæ erant intra templum.
(1740) Cependant d'autres pensent que ce n'était pas dans l'entrée du Temple, mais dans le Temple lui-même qu'il y avait un voile entre le Saint et le Saint des Saints. Ast alii putant non in ingressu templi: sed in templo fuisse uelum inter sanctum et sanctum sanctorum.
(1741) Mais, pour ce qui concerne le Voile, reportez-vous pour plus de renseignements au livre de l'Exode. sed de Velo in exodo copiosius uideto.
(1742) Il me semble toutefois, si je ne m'abuse, plus probable que ce soit le voile extérieur qui se soit fendu en deux parties, autrement dit en Nouveau et Ancien Testament, parce que nous ne voyons pour le présent qu'en partie. Est autem (ni fallor) probabilius ut exterius uelum scissum in duas partes fuerit: hoc est in nouum et uetus testamentum. quia nunc ex parte uidemus.
(1743) Mais quand sera venu ce qui est parfait, alors le voile intérieur se rompra ; or ici le voile s'est déchiré pour que l'arche de l'Alliance et tous les objets sacrés de la Loi, qui étaient cachés, apparaissent et passent chez les nations. Cum autem uenerit quod perfectum est: tunc uelum interius dirumpetur. scissum est autem uelum: ut arca testamenti et omnia legis sacra quæ tegebantur appareant: et ad gentes transeant.
(1744) De fait, avant la déchirure du voile, il avait été dit aux disciples, "n'allez pas sur la voie des nations", mais après "allez, enseignez toutes les nations". Ante nanque scissionem ueli: dictum fuit discipulis: In uiam gentium ne abieritis.Mt 10, 5 post uero. ite et docete omnes gentes. Mt 28, 19
(1745) Voilà pourquoi il ajoute (Lux tua) ("ta lumière), Judée, autrement dit l'intelligence vraie de la Loi divine et sa juste perception, adiit nos ("est venue vers nous"), évidemment les païens, autrement dit est passée à nous, qui, de païens que nous étions, avons reçu la foi du Christ, et nox ("la nuit"), autrement dit l'aveuglement et les ténèbres, afin que vous ne compreniez pas les mystères de la Loi qui parlent du Christ, mansit tecum ("est demeurée avec toi"), Judée. ideo subdit. (Lux tua) O Iudea id est uera intelligentia legis diuinæ et perceptio: adiit nos scilicet gentiles id est transiuit ad nos. qui ex gentilibus christi fidem percipimus: et nox id est cæcitas et obtenebratio ne legis mysteria de christo loquentia intelligeretis: mansit tecum o iudaea.
(1746) De fait, le Seigneur avait dit aux Juifs : "le Royaume de Dieu vous sera enlevé, et il sera donné à une nation qui le fera fructifier". Nam iudæis dixit dominus. Auferetur a uobis regnum dei : et dabitur genti facienti fructum eius.Mt 21, 43
(1747) (Mors premit) ("la mort accable"), autrement dit l'aveuglement mortifère pèse sur toi, Judée, sine fine ("sans fin"), autrement dit toujours, cui ("toi pour qui"), autrement dit Judée, nunquam resurgit uita ("la vie jamais ne ressuscite), autrement dit le Christ, qui est la Vie. (Mors premit) id est cæcitas mortifera opprimit te o iudæa: sine fine id est semper: cui id est iudeae nunquam resurgit uita id est christus: qui est uita.
(1748) De fait, le Christ, qui est la Vie est ressuscité pour les fidèles qui croient en la vérité de sa résurrection, ce sont ceux que le Christ ressuscitera au dernier jour pour la vie immortelle. Nam christus qui est uita: resurrexit fidelibus credentibus ueritatem resurrectionis ipsius quos christus suscitabit in nouissimo die ad uitam immortaIem.
(1749) Et le même Christ n'est pas ressuscité pour les Juifs incrédules, car ils n'ont pas cru qu'il était ressuscité, bien qu'il fût vraiment ressuscité, et, pour cette raison, la mort qui constitue leur châtiment éternel les accable et les accablera sans fin. Et idem christus non resurrexit iudaeis infidelibus: quia non credunt eum resurrexisse : quamuis uere resurrexerit: et ideo mors poenae aeternae premit et premet eos sine fine.
(1750) (Planta uetus) ("plante vieillie") nous pourrions dire plante vieillie, autrement dit Israël, qui boite de la plante de ses pieds, comme nous l'avons dit plus haut du vieux boiteux. Mais comme ce qui suit est contraire à cette idée (à moins que l'on ne veuille accorder à ce poète si fin un trait d'amphibologie), l'explication que voici sera meilleure : Judée, planta uetus ("plante vieillie"), autrement dit vieil arbre si l'on tire l'espèce du genre ; et la Judée est dite une plante vieillie, car, jadis dans la vigne de Dieu, seuls les Juifs donnaient un fruit agréable à Dieu ; mais quand le Seigneur eut maudit le figuier en lui disant : "que jamais de toi il ne naisse de fruit", et que le figuier eut séché, alors la Judée, plante vieillie ne donnait plus de fruit, mais les Gentils grâce à cette nouvelle naissance, quoique dispersés, portaient du fruit. (Planta uetus.) possemus dicere planta uetus id est o israel claudicans planta et pedibus: ut supradictum est de claudo ueterano. Sed quia sequentia huic sententiae repugnant (nisi uelles poetae acutissimo acumen amphibologicum dare) ideo melius ita exponetur: o iudaea planta uetus id est arbor uetus a genere species accipiatur: uetus dicitur planta: quia olim in uinea dei soli iudaei fructum dabant gratum deo. postea autem quam dominus ficui maledixit inquiens: nunquam ex te fructus nascatur: et arefacta est ficus:Mt 21, 19 tum iudaea uetus planta erat infructuaria: gentilitas uero nouo ortu licet spreta: fructifera.
(1751) Voilà ce que par cet acte le Seigneur a montré, ainsi que le raconte Matthieu 21. Comme les Juifs étaient restés incrédules et lui apportaient la contradiction, "le Seigneur sortit de la cité de Jérusalem et se rendit à Béthanie, mais au matin, en revenant à Jérusalem il eut faim, et voyant un figuier le long de la route, il en approcha et ne trouva rien sur lui sinon des feuilles. Et il lui dit : 'que jamais il ne naisse de toi de fruit, pour toujours' ; et immédiatement les feuilles et le tronc séchèrent". Id enim facto illo ostendit dominus: quod narrat matthaeus cap.xxi. lncredulis et contradicentibus iudaeis relictis: abiit dominus Extra ciuitatem hierusalem in bethaniam: mane autem reuertens in hierusalem esuriit: et uidens fici arborem unam secus uiam: uenit ad eam: et nihil inuenit in ea nisi folia tantum: et ait illi nunquam ex te nascatur fructus in sempiternum.Mt 21, 17-20 et continuo aruerunt folia et truncus.
(1752) De fait la racine est vivante, elle qui à la fin du monde jettera partout ses rejetons. Nam radix uiuit quae in fine mundi pullulabit.
(1753) En outre, le Seigneur, de même qu'il dit beaucoup par des paraboles, agit aussi de même. Caeterum dominus sicut multa dixit in parabolis ita et fecit.
(1754) En effet pourquoi serait-il allé chercher du fruit sur un figuier alors que ce n'était pas la saison ? Qui pourrait bien le savoir ? Cur enim in ficu fructum quaereret cuius tempus nondum esse quilibet Sciret?
(1755) Mais, assurément, de même qu'il eut faim du salut du peuple dont il avait remarqué l'incrédulité, et non de nourriture corporelle et qui nourrit, alors qu'il avait mangé la veille au soir, et que ce n'était pas encore l'heure du repas, de même donc que la faim désignait un appétit autre que pour de la nourriture, de même aussi la malédiction de l'arbre ne visait pas cet arbre en particulier, ce figuier, mais la synagogue et la nation de la Judée, car ce n'était pas dans la voie de l'esprit, mais dans celle de la lettre, que cet arbre avait seulement des feuilles, autrement dit les mots de la Loi et des Prophètes et les traditions des Pharisiens, sans aucun fruit de vérité. Sed nimirum sicut esuriit salutem populi cuius incredulitatem aduertebat: non autem cibum corporeum et nutritorem cum pridie ad uesperam edisset: et nondum hora esset comedendi: sicut ergo fames signabat appetitionem aliam quam alimoniae: ita quoque arboris maledictio non illam arborem ficulnam sed synagogam et gentem iudaicam petebat: quæ non in uia spiritus sed literae: folia tantum hoc est eloquia legis et prophetarum habebat: ac traditiones phariseorum sine ullo fructu ueritatis.
(1756) Alors il maudit le figuier et le condamna à une perpétuelle stérilité, pour signifier que la plèbe de la Judée, à cause des feuilles, autrement dit des paroles de la justice, qu'elle possédait sans fruit, autrement dit sans œuvre bonne ne pouvait être sauvée, mais devait être coupée et jetée au feu. Ficui uero maledixit: atque eam perpetua sterilitate damnauit : ut significaret plebem iudaicam propter folia id est uerba iusticiae quae habebat sine fructu id est bono opere non posse saluari sed excidi et in ignem mitti.
(1757) Et d'ailleurs cela n'est pas faire injure au possesseur, si selon son bon plaisir, le Créateur se sert de sa créature pour l'avantage d'autres personnes. Nec uero fit iniuria possidenti si ad arbitrium suum creator sua creatura utitur in aliorum commodum.
(1758) (Planta) uetus ("plante vieillie"), autrement dit figuier qui es la figure de la synagogue ou de la nation Judéenne, ce qui revient à dire nation juive vieillie et stérile, comme un arbre inutile depuis une longue série d'années, ou encore vieillie, autrement dit ancienne dans le culte de Dieu, sociare ("sois associée"), autrement dit sois jointe, nouis libris ("à de nouvelles écorces"), autrement dit aux nouveaux arbres de l'Eglise qui porte du fruit, condere ("sois greffée"), autrement dit sois introduite, nouis libris ("dans de nouvelles écorces"), autrement dit les écorces d'un figuier qui porte du fruit, à savoir l'Eglise. (Planta) uetus id est o ficus typum synagogae. uel gentis iudaicae gestans : hoc esto gens iudaica uetus et sterilis : ut arbor longa annorum serie inutilis uel uetus id est antiqua in cultu dei: sociare id est coniungere : nouis libris id est nouis arboribus ecclesiae fructiferae : condere id est intromittere nouis libris id est cortlcibus ficus fructiferae: hoc est ecclesiae.
(1759) On appelle en effet liber, la partie intérieure de l'écorce d'un arbre, ou alors on peut comprendre les livres de l'évangile. Le poète aime bien en effet les traits amphibologiques. Est enim Iiber interior pars arboreae cortici uel libris scilicet euangelii: gaudet enim aphibologico acumine.
(1760) Tout cela est à comprendre sur le mode allégorique et par manière de comparaison : de même en effet que dans la greffe, le surgeon de l'arbre fécond est inséré dans une fente du tronc stérile, soit en l'inoculant, soit en le plantant, soit en le semant, de même la synagogue qui ne porte pas de fruit, greffée sur l'Eglise qui fructifie, portera du fruit. Or (comme le dit Columelle au livre 3), un arbre greffé fructifie mieux qu'un arbre non greffé. totum hoc allegorice intelligendum est: et syncritice: ut enim in infitione: surculus fœcundae arboris scisso trunco inseritur sterili: siue inoculando: siue plantando seminandoue: ita synagoga infructuosa ecclesiae fructiferae insita fructum feret. est autem (ut in .iii. ait columela) arbor insita fructuosior quam quae insita non est[38v]
(1761) (Condere) ("sois greffée) donc autrement dit sois insérée, toi la synagogue, dans l'Eglise, ne pereas ("pour ne pas périr"), évidemment du châtiment de la mort éternelle, uiduata ("dépourvue") autrement dit, toi synagogue, manquant, cibis ("d'aliments") autrement dit des fruits de tes bonnes œuvres, sine munere quorum ("sans le don desquels"), autrement dit ceux des aliments et des fruits, même si tu as des feuilles et de bonnes paroles, eris ("tu seras") évidemment par la malédiction du Christ notre Dieu, ficus arida ("un figuier sec"), quia nulla tempore ("parce qu'à nul moment"), autrement dit quand le Christ était sur la terre et maintenant qu'il est dans le Ciel, tu ne veux pas ferre fructum ("porter du fruit"), évidemment celui d'une œuvre bonne, ad manum Christi ("pour la main du Christ"), qui évidemment a faim de tes fruits, afin de s'en rassasier spirituellement. (Condere) ergo id est inserere o synagoga ecclesiæ: ne pereas scilicet poena mortis æternæ: uiduata id est carens tu synagoga: cibis id est fructibus bonorum operum: sine munere quorum scilicet ciborum et fructuum: licet habeas folia et bona uerba: eris scilicet per maledictionem Christi dei: ficus arida. quia nullo tempore id est cum christus erat in terris: et nunc cum est in coelo: non uis ferre fructum scilicet boni operis: ad manum christi scilicet esurientis fructus tuos: ut illis saturetur spiritaliter.
(1762) Nec cernere ("ni observer"), autrement dit considérer, sous-entendre 'tu veux', Synagogue, quantum floruit oleaster insertus ("combien a fleuri l'oléastre greffé"), autrement dit le peuple de la gentilité, faciens oliuas ("qui produit des olives"), autrement dit le fruit de l'olivier qui fructifie. Nec cernere id est considerare id est uis o synagoga: quantum floruit oleaster insertus id est populus gentilis faciens oliuas id est arboris fructus oliuae fructuosæ.
(1763) Il faut savoir que l'oléastre, autrement dit l'olivier sauvage, ne fructifie pas ; c'est à lui qu'il compare le peuple de la gentilité. sciendumque oleaster id est olea syluestris infructuosus est: cui comparat populus gentilis.
(1764) Au contraire, l'olivier, lui, fructifie et il lui compare la Judée, en raison des prophètes et des saints patriarches. At contra oliua fructifera: cui iudea assimilat ob prophetas et sanctos patres.
(1765) Ei ici il y a une pointe qui use de variatio, comme la Judée qui est une fois comparée à un figuier, une autre fois à une vigne, ailleurs à un olivier dans les saintes lettres. Atque hic est acumem uarium: ut iudæa modo ficui: modo uineae: modo oliuæ in sacris literis comparatur.
(1766) Vous pouvez en effet rapporter, en suivant les subtilités familières à notre poète, planta uetus ("plante vieillie") pour avoir figuier vieilli, ou aussi vigne, ou aussi olivier, autrement dit Judée : ainsi en effet, parle l'apôtre s'adressant aux peuple de la gentilité : "si tu as été pris sur un oléastre naturel", autrement dit sur les rites des nations qui sont stériles, "et contre ta nature greffé sur un bon olivier", autrement dit uni par la foi aux patriarches et aux apôtres, qui ont possédé en abondance l'Esprit saint, combien plus les Hébreux qui, selon leur nature, ont été instruits par la loi dans le culte de Dieu, seront greffés à leur propre olivier et unis au peuple saint qui est le leur et à la foi de leurs anciens patriarches ?". Potes enim referre iuxta argutias poetæ famlliares: planta uetus id est o ficus uetus: uel uitis: uel oliua: hoc est o iudæa. sic enim apostolus ait gentilem populum alloquens: si tu ex naturali excisus es oleastroRm 11, 24 id est ex sterilium gentium ritibus: et contra naturam insertus es in bonam oliuam:Rm 11, 24 hoc est unitus es per fidem patriarchis et apostolis: qui pinguedinem sancti spiritus habuerunt: quanto magis hebrei secundum naturam lege edocti cultum dei: inserentur suæ oliuæ? et populo sancto ac suo unientur? et fidei sanctorum patrum?
(1767) Bien que la Nature, dans sa globalité, soit l'ouvrage de Dieu, car la nature se confond avec le Créé, toutefois, ce qui se produit contrairement à l'habitude que nous avons de la nature, nous le nommons contre-nature. Quamuis autem Summa natura sit opus dei: quia id est natura quod facit: tamen id quod contra consuetam nobis naturam factum est: fieri contra naturam dicitur.
(1768) Or il arrive que, si une branche d'olivier est greffée dans un oléastre qui ne porte pas de fruit, l'oléastre abandonne sa nature stérile et devient un olivier qui porte du fruit. Accidit autem ut si oliuæ ramus in infructuosum oleastrum inseratur: ut oleaster sterilem naturam exuens oliua efficiatur fructificans.
(1769) Certes la Synagogue, ou pour mieux dire la loi de Moïse, était un olivier, d'où l'on attendait le fruit qu'était le Christ et le Messie, mais, lors de son avènement, cet olivier ne produisit pas d'olives, mais des baies amères; voilà pourquoi le Christ, après avoir mis la cognée à la racine de l'arbre de la Loi, en retrancha les rameaux qui étaient bons, qu'il greffa à l'oléastre, autrement dit le peuple de la gentilité, ce qui permit à l'oléastre de fructifier. Certe synagoga uel lex mosaica oliua erat: unde fructus Christi ac Messiæ expectabatur: quæ in eius aduentu haud oliuas sed baccas amaras produxit: ideoque Christus posita ad arborem legis securi bonos ramos ab ea succidit: quos oleastro id est populo gentili inseruit: Vnde oleaster oliua fructuosa reddita est.
(1770) Mais la Synagogue, quant à elle, demeura un tronc stérile privé de branches. At synagoga quoque truncus sine ramis sterilis remansit.
(1771) En effet, comme le sacerdoce était passé d'un peuple à l'autre, il eût aussi été nécessaire que la Loi passât d'un peuple à l'autre. Translato enim sacerdotio: legem quoque transferri necesse fuit:
(1772) Ici David, quand il parle de cet olivier qu'est l'Eglise, dit : "je suis comme un olivier qui porte du fruit dans la maison de Dieu", de même le prophète Isaïe à propos de la Synagogue déclare : "Dieu a attendu que la vigne qu'il a plantée produise des raisins, et elle a produit des raisins sauvages" ; "les ronces et les épines sont montées et l'ont recouverte". Hic dauid de hac oliua id est ecclesia loquens: ego sicut oliua fructifera in domo dei.Ps 52, 10 Item esaias propheta de synagoga: Expectauit (inquit) deus ut uinea: quam plantauit faceret uuas: et fecit labruscas.Es 5, 2 Ascendent super eam uepres et spinæ.Es 5, 6
(1773) Ne faut-il pas alors voir dans les ronces et les épines les nations païennes, qui ont fait germer la vigne, autrement dit l'Eglise de Dieu qui porte du fruit dans le monde ? Nempe uepres et spinæ gentiles sunt : unde uinea id est ecclesia dei germinauit frucificans per orbem.
(1774) Arator exhorte donc, à travers ces comparaisons, la nation juive à se laisser greffer sur l'Eglise du Christ, et à bien vouloir considérer comment l'oléastre et les épines de l'Eglise, une fois greffées, ont quitté leur nature pour en prendre une nouvelle qui soit féconde et donne du fruit, de sorte que la Synagogue, elle-même, si elle faisait pareil, cesserait d'être stérile ; autrement le Seigneur dira, pour reprendre les paroles de Luc au cultivateur de la vigne : "Voici trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier sans en trouver ; coupe-le donc car pourquoi épuise-t-il la terre ?". Hortatur igitur his similitudinibus Arator gentem iudaicam: ut sese inserat ecclesiæ Christi: et ut uelit considerare quomodo oleaster: et spinæ ecclesiæ insertæ: naturam in foecundam exuentes fructiferam ac nouam induerunt: ut et ipsa synagoga idem faciens: sterilis esse desinat: alioquin dicet dominus: ut utar lucæ uerbis: ad cultorem uineæ: ecce anni. iii. sunt ex quo uenio quærens fructum in ficulnea hac: et non inuenio. Succide ergo illam. Vt quid etiam terram occupat?Lc 13, 7
(1775) Le poète ajoute aussi la figure la vigne, que Dieu a jadis donnée en culture, comme le rapportent Matthieu et Marc ; mais les vignerons n'épargnèrent ni les serviteurs, ni le fils de Dieu ; en effet ils tuèrent le Christ lui-même, le Fils unique du Père, et ils le jetèrent hors de sa vigne, comme un vil cadavre ; en cela, il stigmatise l'entêtement des Juifs, quand ils chassèrent de leur territoire le Seigneur qu'ils avaient tué et qui était resssuscité, et l'envoyèrent auprès des nations païennes. Affertur a poeta figura quoque uineæ: quam hebreis colendam deus olim dedit: ut matthæus et marcus referunt. Sed illi nec seruis: nec filio dei pepercerunt. Ipsum enim christum unigenitum dei filium occiderunt: et eiecerunt extra uineam: quasi uile cadauer: in quo notat iudeorum pertinacia: cum occisum dominum: et resuscitatum a suis finibus excluserunt: et gentibus miserunt.
(1776) C'est donc à bon droit que le Seigneur causa la perte des Juifs perdus et plaça sa vigne auprès des nations païennes, qui ont porté du fruit en leur temps, alors qu'auparavant elles étaient comme des épines et des ronces qui ne portaient pas de fruit. Merito igitur dominus malos iudæos male perdidit. et uineam suam locauit gentilibus: qui reddiderunt fructum temporibus suis: cum antea essent uelut spinæ et sentes omnino nihil fructus ferentes.
(1777) A l'inverse, la vigne des Juifs, autrement dit la Synagogue demeura stérile. E diuerso autem uinea iudeorum id est synagoga sterilis mansit.
(1778) Le poète dit donc à la Synagogue de passer et de se transférer à l'Eglise du Christ, comme une vigne stérile à une vigne qui porte beaucoup de fruit, afin de fleurir en œuvres bonnes et d'être rendue féconde en rapportant beaucoup. Dicit autem poeta ut synagoga transeat et se transferat in ecclesiam christi: tanquam uinea sterilis in uineam fructuosissimam: ut uirescat bonis operibus et magno prouentu foecunda reddatur.
(1779) De fait, si elle est desséchée, c'est par la colère de la cognée, autrement dit par le supplice divin qu'elle sera arrachée, pour brûler dans le feu éternel. Nam si arida fuerit ira securis id est diuino supplicio eradicabitur: ut in flamma æterna ardeat.
(1780) Il dit donc neque cernere uis ("et tu ne veux pas observer"), Judée, quantum uua ("combien le raisin"), autrement dit la vigne, par synecdoque qui prend la partie pour le tout, la vigne plena ("pleine"), autrement dit l'Eglise chrétienne qui regorge de bonnes œuvres et qui pullulat ("abonde") en rapportant beaucoup de raisin, autrement dit fructifie à travers les nations païennes, de spinis ("à partir des épines"), autrement dit des nations païennes qui ne portaient pas de fruit. ait igitur (neque cernere uis) o ludæa: quantum uua id est uinea synecdochichos a parte totum. uinea plena id est ecclesia christianorum redundans bonis operibus quae magno uuarum prouentu pullulat id est fructificat per gentes. de spinis id est de gentilibus infructuosis.
(1781) Ira securis ("la colère de la cognée"), autrement dit la colère du Christ le juge éternel. Ira securis id est ira Christi æterni iudicis:
(1782) Securis ici est un génitif. securis genitui casus.
(1783) imminet ("menace") autrement dit demeure sur ta tête, radicibus exhaustis ("tes racines épuisées") évidemment celles de la vigne, autrement dit desséchées et épuisées et vides de toute sève qui pourrait fructifier en œuvre bonne, imminet ("menace"), toi vigne, autrement dit Synagogue, ut ruas ("de te précipiter") autrement dit de te faire tomber, succisa ni ("coupée à la racine si"), ni étant mis pour nisi, uirescas ('tu ne reverdis pas") évidemment pour porter du fruit, translata ("en étant transférée") évidemment dans la vigne du Christ, qui germe et fructifie, autrement dit dans l'Eglise. imminet id est manet super radicibus exhaustis scilicet uineæ id est aridis et exhaustis et uacuis omni succo ad bonum opus fructificandum: imminet o uinea id est o synagoga: ut ruas id est cadas : succisa: niid est nisi uirescas scilicet ad fructificandum: translata scilicet in uineam Christi germinantem fructificantemque: hoc est in ecclesiam.
(1784) Ainsi même Jean Baptiste déclare : "voici que la cognée est déjà à la racine des arbres", autrement dit pour causer la fin du peuple Juif, pour retirer de la terre des vivants ceux qui n'ont pas cru au Christ. Ita etiam loannes baptista: iam inquit securis ad radicem arborum posita estMt 3, 10 id est ad finem iudaici populi: ut auferat de terra uiuentium eos: qui in christum non credunt.
(1785) Donc "tout arbre qui ne porte pas de bon fruit, sera coupé et jeté au feu". omnis ergo arbor quæ non facit fructum bonum: excidetur: et in ignem mittetur.Mt 3, 10
(1786) Le Christ est ici appelé "cognée", car comme une cognée est faite d'un manche et d'un fer, ainsi le Christ est constitué de l'humanité par laquelle on le tient et de la divinité par laquelle il tranche. Vocatur hic Christus securis: quia ut securis manubrio constat: et ferro: ita Christus humanitate qua tenetur: de diuinitate qua incidit.
(1787) Et Arator n'a pas parlé négligemment et sans réfléchir, en disant que la colère de la hache menace les racines de la Synagogue ou de la vigne qu'est Israël, quand, en effet, les fils de ces méchants sont emportés, alors certes les branches de l'arbre qui ne porte pas de fruit sont coupées. Nec dixit poeta somniculose aut inconsulto: ira securis imminet radicibus synagogæ: uel uineæ israeliticæ. cum enim filii malorum tolluntur: tunc certe rami scinduntur arboris infructuosæ.
(1788) Mais quand la descendance est emportée avec ses parents, l'arbre est coupé jusqu'à la racine, afin qu'il ne demeure aucun rejet qui puisse ensuite se développer de nouveau ; il s'agit bien là simplement d'une menace puisque nous croyons que la racine un jour germera. At cum progenies cum parente tollitur: arbor radicitus absciditur: ne quis stirps maneat : unum iterum pullulet. sed hæc comminatio est: cum radix aliquando germinatura credatur.