(834) (PRIMVS) Dans cette troisième section du premier livre,
après avoir raconté de quelle manière les Apôtres sont revenus à Jérusalem, où se
trouvait la Vierge Mère de Dieu avec les femmes et les frères, le poète relie et
rattache à cela la suite de son exposé de l’histoire apostolique. |
(PRIMVS) in hac tertia
primi libri sectione: posteaquam narrauit poeta: quo pacto apostoli in hierusalem redierunt: ubi uirgo deipera cum
mulieribus et fratribus erat: consequentem historiae
apostolicae expositionem copulat et connectit.
|
(835) En effet, avant la venue de l’Esprit saint, Pierre, qui était le
porte-étendard de la nouvelle alliance, voyant imparfait le nombre des Apôtres,
puisqu’ils n’étaient que onze depuis la perte du traître Judas, alors que le
nombre douze avait été annoncé d’avance dans de nombreux passages de l’Ecriture
sainte, se dressa en bon pasteur au milieu des cent-vingt frères pour que l’on
procède au remplacement de Judas par un autre qui puisse convenir, afin que
l’Esprit saint lors de sa venue trouve un nombre complet. C’est en effet ce
qu’avait prédit le prophète David : "qu’un autre reçoive sa charge". On en
désigna donc deux et le sort tomba sur Matthias qui par jugement divin fut préféré
à Joseph lui-même. |
Siquidem ante aduentum spiritus sancti petrus noui signifer testamenti uidens numerum apostolorum
imperfectum: cum essent tantum.xi.
iuda proditore amisso: numerus autem.xii. in multis locis sacrae scripturae praesignaretur: surrexit bonus pastor in medio. CXX. fratrum ut in locum iudae proditoris sufficeretur alter: qui esset idoneus: quo
spiritus sanctus adueniens numerum integratum inueniret. Id enim propheta dauid
praedixerat.
Episcopatum eius accipiat alter.Ps 108, 8 Constitutis ergo duobus: cecidit sors super
matthiam: qui diuino iudicio ipsi ioseph praelatus est.
|
(836) En outre, avant de développer les paroles de Pierre, Arator montre qui
est Pierre et comment il avait été peu auparavant pêcheur de créatures marines et
ensuite était devenu pêcheur d’hommes. |
Caeterum Arator anteaquam
uerba petri explicet: quinam sit petrus: ostendit: et quo modo ante
piscator aquatilium fuerit: mox piscator hominum:
|
(837) Il dit donc primus Petrus ("le premier Pierre")
autrement dit le prince, dans l’agmine ("l’armée"), autrement dit
le nombre des apôtres ; il avait été uocatus ("appelé"), évidemment par le
Christ cf. Mt. 4 ; de parua puppe ("de sa petite poupe")
autrement dit sa barque, le tout pour la partie par synecdoque ;
quo ("lui par qui"), évidemment Pierre, piscatore
("le pêcheur"), solebat capi turba ("la foule avait l’habitude
d’être capturée"), autrement dit une multitude, squammea
("écailleuse"), autrement dit des poissons dotés d’écailles, uisus
("aperçu"), évidemment Pierre, subito ("soudain"), autrement dit
brusquement, évidemment par le Christ, de littore ("du rivage"),
évidemment de la Mer de Galilée, dum trahit ("tandis qu’il
tirait"), évidemment Pierre et son filet, ipse ("lui-même"),
Pierre, meruit trahi ("mérita d’être attiré"), évidemment par le
Christ pour être Apôtre. |
Ait igitur (primus
petrus) id est princeps: de agmine idest numero
apostolico: erat uocatus scilicet a christo matth.
iiii.
de parua puppe id est naue: pars pro toto per synecdochen:
quo scilicet petro
piscatore:
solebat capi turba id est
multitudo squammea. idest. piscium squammas
habentium.
uisus scilicet petrus:
subito id est repente
scilicet a christo de littore
scilicet maris galileae:
dum trahit scilicet petrus rete:
ipse
petrus
meruit trahi scilicet a
christo ad apostolatum.
|
(838) Quand il dit trahi ("être attiré"), il le dit avec
emphase et de manière expressive. En effet, si la divinité du Christ, par son
inspiration, n’avait pas ému de l’intérieur le cœur des Apôtres et ne l’avait pas
attiré, le simple appel extérieur n’aurait pas suffi à pousser l’esprit des
Apôtres à tout abandonner et suivre le Christ, maître de vérité. |
Emphanticos et signanter dicit trahi. Nisi [17v]enim diuinitas Christi sua inspiratione interius corda
apostolorum mouisset attraxissetque: non satis
fuisset illa simplex et exterior uocatio ad impellendos discipulorum animos
ut relictis omnibus doctorem ueritatis christum sequerentur.
|
(839) Voilà pourquoi il ajoute piscatio dignata ("la pêche qui
a daigné"), autrement dit qui a jugé digne, Pierre évidemment, d’être
appelé ; rapit discipulum ("enlève le disciple"), évidemment
Pierre qui ensuite va suivre le Christ et ne s’occuper plus que de son
enseignement. |
ideo subiungit piscatio
dignata id est dignum iudicans scilicet petrum ut uocaretur:
rapit discipulum scilicet
petrum secuturum post illa
christum et eius doctrinae tantum uacaturum.
|
(840) En effet, dans la suite, il ne s’occupe plus du travail de pêcheur,
sinon soit sur ordre du Maître, soit après la mort de celui-ci quand la nécessité
matérielle le presse, et ce afin de tout entier donner son attention à son
Maître. |
Nec enim postea piscandi munus obiuit nisi uel iubente magistro
uel post eius mortem urgente inopia: ut totus
doctori suo operam daret.
|
(841) Il faut en outre bien noter ces mots dum trahit ("tandis
qu’il tirait le filet"). De fait, Pierre est appelé, selon le récit de Jean,
immédiatement après le baptême du Christ. Ensuite, d’après la narration de Luc,
cela se produit lors d’une grande séance de pêche c’est à cela que se
rapporte le passage d’Arator dum trahit etc. |
Est autem notandum uerbum illud dum trahit. Nam
petrus uocatur ut loannes narrat: semel statim post baptisma christi. Deinde iterum luca referente in magna captura
piscium: ad quam uerbum illud Aratoris refertur:
dum trahit et. c.
|
(842) Troisième point : il y eut appel selon ce qu’écrit Matthieu,
quand, après avoir tout laissé, il eut suivi Jésus, il allait demeurer toujours
sous l’autorité de ce Maître sans jamais revenir à son métier de pêcheur, sinon de
manière métaphorique et spirituelle, comme le Seigneur l’avait prédit :
"Venez à ma suite et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes". |
Tertio fuit uocatus ut matthaeus scribit: cum relictis
omnibus secutus est iesum sub eius
magisterio semper futurus nec ad piscationem reuersurus: nisi metaphoricam et spiritalem: ut
dominus praedixerat.
Venite post me et faciam uos fieri piscatores hominum.
|
(843) Il y a donc un changement dans l’intention de Pierre et non dans
l’activité de pêcher conformément au précepte du Maître éternel ; il y a
changement des filets en enseignement, du désir du gain en amour des âmes. La mer
devient le monde d’ici-bas, la barque l’Église, les poissons les gens de bien et
les méchants. |
Mutatur ergo intentio Petri
non piscatio iuxta sempiterni doctoris praeceptum.
Mutantur retia in doctrinam: cupiditas in amorem
animarum. fit mare saeculum. nauis ecclesia. pisces boni et mali
homines.
|
(844) Point essentiel pour que nous n’ignorions pas ce que veut dire le poète
par de littore ("du rivage") : il ne s’agit pas de celui de la
mer, comme on entend au sens propre le mot 'rivage', mais il faut comprendre un
lac qui a cent stades de longueur et quatre-vingts de large et que traverse le
Jourdain, comme l’atteste Jérôme. |
Illud etiam oportet ut non simus nescii de littore: quod ait
poeta: non maris ut proprie littus accipitur: sed lacus intelligendum habentis centum stadia
longintudinis et. XXXX.
latitudinis: per quem transit lordanis fluuius ut hieronymus author est.
|
(845) Le nom de Mer de Galilée vient de la région qui en est limitrophe, et
on parle de mer selon l’habitude de l’hébreu qui parle de mer pour toute masse
d’eau, comme nous le lisons dans la Genèse. |
Dicitur autem mare
galileae a regione cui adiacet: et
mare consuetudine hebreorum: qui congregationes
aquarum maria appellant: ut in genesi legimus.
|
(846) (Piscatio) emploi métaphorique :
piscatio ("pêche") désigne ici l’attirance intérieure qui
rapit discipulum ("enlève le disciple"), évidemment
Pierre : qui ("pour qu’il"), évidemment Pierre, retia
laxet ("lâche ses filets"), de façon métaphorique, autrement dit
déploie son enseignement à travers le monde ; captura ("pour
capturer") autrement dit ce qui devait être capturé et transféré dans l’Église et
dans la foi soit humanum genus ("le genre humain"), autrement dit
l’humanité ; manus ("la main") évidemment de Pierre
quae gesserat hamum ("qui avait porté l’hameçon") pour pêcher,
est translata ("a été transférée") évidemment par le Christ
ad clauem ("vers la clé"). |
(Piscatio)
metaphorice:
piscatio id est attractio interior
rapit discipulum scilicet
petrum:
qui scilicet petrus:
laxet retia: metaphorice id est sinus doctrinae per orbem terrarum:
captura id est quae captura
erant et in ecclesiam et fidem translatura humanum genus id est homines:
manus scilicet petri
quae gesserat hamum ad
piscandum:
est translata scilicet a
christo ad clauem.
|
(847) C’est ainsi, en effet, que dans Matthieu le Christ lui dit : "et
je te donnerai les clés du Royaume des Cieux". Mais remarquez que de manière
expressive le poète dit au singulier 'la clé'. En effet, bien que l’on appelle
'clés' la science du discernement et le pouvoir de discerner qui il doit recevoir
dans le Royaume, car il en est digne, et qui il en doit exclure, car il en est
indigne, la clé cependant n’est pas la science, mais le pouvoir de trancher, et le
pouvoir d’admettre ou d’exclure. |
ita enim ei dixit christus apud mattheum Euange.
Et tibi dabo claues regni coelorum.Mt 16, 19 sed aduerte quod signanter dixit ad clauem poeta in singulari
numero. quanuis enim claues appellentur
discernendi Scientia et potentia qua dignos recipere: indignos excludere debet a regno: tamen
scientia non est clauis sed potentia diiudicandi et potentia dimittendi: uel excludendi.
|
(848) La clé est donc double : c’est la puissance spirituelle et le
pouvoir de jugement donné par le Christ à Pierre lui-même et que les autres
Apôtres aussi, au témoignage de Jérôme, ont reçu ; après sa résurrection le
Maître, l’homme-Dieu, leur a dit : "recevez l’Esprit saint, tout homme à qui
vous remettrez ses péchés" etc. |
Clauis haec duplex est potestas spiritalis: et iudiciaria data a christo ipsi petro:
quam et alii apostoli teste hieronymo acceperunt:
quibus post resurrectionem dixit magister theanthropos Accipite spiritum sanctum: quorum
remiseritis peccataJn 20, 22-23 etc.
|
(849) C’est cette même clé que possède toute l’Église dans la personne de ses
prêtres et de ses évêques ; mais Pierre la reçoit de manière spéciale pour
que tous comprennent que tout homme qui se sépare de l’unité de la foi et de la
proximité avec Pierre ne peut ni être délivré de ses péchés ni entrer au
Ciel. |
Eandem etiam habet omnis ecclesia in presbyteris et episcopis: sed ideo petrus specialiter accipit ut omnes intelligant quod
quicumque ab unitate fidei et societate eius se separauerit: nec a peccatis solui nec coelum potest ingredi.
|
(850) Jérôme s’en prend dans un passage satirique à la morgue des Pharisiens
sur ce sujet : c’est puisqu’ils sont prêtres qu’ils pensent qu’ils peuvent
condamner des innocents et absoudre des coupables, alors qu’auprès de Dieu, ce
n’est pas la sentence des prêtres qui est visée mais la vie des coupables. Et dans
le Lévitique les prêtres ne rendent pas les gens lépreux, mais ils discernent qui
est pur et qui est impur ; c’est la même chose ici. |
supercilium phariseorum
reprehendit satyrice hieronymus: qui cum sacerdotes sint.
damnare innoxios: uel soluere noxios posse se
putant: cum apud deum non sententia sacerdotum
sed reorum uita quaeratur. Et in leuitico sacerdotes non
faciunt leprosos sed discernunt qui mundi uel inmundi sint: ita etiam hic.
|
(851) (Quique) comprendre
qui+que, évidemment Pierre,
ardebat ("brûlait"), autrement dit désirait, uertere
praedas aequoris imi madidas ("rapporter les proies humides de la
profondeur des flots"), autrement dit les poissons qui sont un butin humide et qui
vit dans l’eau au fond et au creux de la mer, ad litora ("vers le
rivage"), autrement dit sur le sec où les poissons sont une prise assurée et ne
peuvent échapper aux mains des pêcheurs, et qui ardebat implere
ratem ("et qui brûlait de remplir sa barque"), autrement dit son
navire, des dépouilles, évidemment des poissons. |
(Quique) que et qui scilicet petrus
ardebat id est cupiebat
uertere praedas aequoris imi
madidas id est pisces qui sunt spolia madida et aquatilia in
fundo Et imo maris:
ad littora id est in siccum
ubi pisces in tuto sunt nec manus piscatorum possunt euadere:
et qui ardebat implere ratem
id est nauem spoliis scilicet
piscium.
|
(852) Les poissons en effet sont les dépouilles et le butin des
pêcheurs ; leuat ("il relève"), évidemment Pierre, de
alia parte ("ailleurs"), autrement dit d’une autre mer, c’est-à-dire le
monde d’ici-bas ; par spolia ("dépouilles"), il désigne les
hommes qui sont comme des poissons dans ce monde comme dans une mer, en parlant de
manière allégorique ; undis melioribus ("en de meilleures
eaux") évidemment celles du baptême ; dans ces eaux, ceux qui se relèvent
baptisés se relèvent en de meilleures eaux que les eaux de la mer, et sont
redressés. |
pisces enim sunt spolia et praeda piscatorum:
leuat scilicet petrus de alia
parte id est de alio mari hoc est saeculo:
spolia id est homines qui sunt uelut
pisces huius saeculi tanquam maris allegorice loquendo:
undis melioribus scilicet
baptismatis: Quibus aquis qui leuantur baptizati
a melioribus aquis leuantur et eriguntur: quam ab
aquis maris.
|
(853) Car l’eau de la mer, qu’est-ce sinon de l’eau ? |
Nam aqua maris quid aliud est quam aqua.
|
(854) Mais l’eau du baptême possède une telle puissance, évidemment par la
venue du Verbe sur cet élément, qu’en touchant le corps elle lave le cœur et
renouvelle l’esprit, de telle sorte que la personne qui avait été rendue vieille
par le péché est renouvelée par la grâce du baptême. |
At aqua baptismatis tantae uirtutis est scilicet accedente uerbo
ad elementum: ut corpus tangat et cor abluat: et mentem innouet ut homo qui per peccatum uetus
fuerat per gratiam baptismi renouetur.
|
(855) Cela se produit en faisant déposer les vices et en faisant advenir les
vertus, l’une de ces actions repousse la souillure, l’autre apporte la
beauté. |
Quod fit depositione uitiorum et collatione uirtutum: Quorum alterum pellit foeditatem: alterum decorem affert.
|
(856) La matière de ce sacrement n’est donc pas de nous ouvrir le Ciel (cela
en effet c’est l’offrande du libérateur qui l’a apporté), mais de nous laver
intérieurement et de nous rendre justes. |
Res igitur huius sacramenti non est aperire coelum: id enim hostia liberatoris praestitit: sed mundare interius et iustificare.
|
(857) (Nec deserit) : sequens
("poursuivant"), évidemment Pierre, sua lucra per latices ("son
profit dans les flots qu’il traverse"), autrement dit les eaux, nec deserit
artem ("il n’abandonne pas son métier"), évidemment de pêcheur. |
(Nec deserit.) sequens scilicet petrus
sua lucra per latices id est
aquas nec deserit artem
scilicet piscandi.
|
(858) Auparavant Pierre pêchait des poissons dans la mer, ensuite dans une
autre mer, autrement dit dans ce monde, il pêche des poissons, autrement dit des
hommes. |
piscabatur prius petrus in
mari pisces: post in alio mari id est in saeculo
piscatur pisces id est homines.
|
(859) Et c’est ainsi qu’il n’abandonne pas son métier de pêcheur, mais
auparavant son métier de la pêche était au sens propre, maintenant il est pris au
sens figuré et métaphorique. |
et ita non deseruit artem piscen[18r]di: sed prior illa ars piscatoria fuit propria: haec est impropria et metaphorica.
|
(860) Et cela l’emporte de beaucoup sur l’autre, bien que ce soit pris au
sens figuré, tant les hommes sont plus importants que les poissons. |
et haec est multo praestantior licet impropria: quam illa prior: quanto homines piscibus
antecellunt.
|
(861) Auparavant en effet, il gagnait de l’argent avec ses poissons,
maintenant il gagne des âmes pour le Christ. |
Ante enim lucrabatur nummos ex piscibus:
nunc animas lucrifacit christo.
|
(862) (Cui) évidemment Pierre, agnus
("l’agneau"), évidemment le Christ comme dans "Voici l’Agenau de Dieu" ;
tradidit ("a remis"), autrement dit a confié, a mis en dépôt,
oues ("les brebis"), autrement dit les fidèles, quas oues
saluauit ("les brebis qu’il a sauvées"), évidemment le Christ par son
précieux sang ; c’est la raison pour laquelle auget ("il
augmente"), évidemment le Christ, gregem ("son troupeau"),
autrement dit au sens allégorique la multitude des fidèles, hoc
pastore ("par ce pasteur"), autrement dit 'grâce à l’action de ce
pasteur', évidemment Pierre. |
(Cui) scilicet
petro
agnus scilicet Christus ut
Ecce agnus dei.Jn 1, 29
tradidit id est commisit
credidit:
oues id est fideles:
quas oues saluauit scilicet
Christus suo precioso sanguine: quampropter:
auget scilicet christus:
gregem id est multitudinem
fidelium allegorice:
hoc pastore id est per hunc
pastorem scilicet petrum.
|
(863) De fait, dans la fin de Jn le Christ dit à Pierre : "sois le
berger de mes agneaux" deux fois, puis la troisième fois "sois le berger de mes
brebis" ; à travers ces agneaux et ces brebis, évidemment, il vise les trois
niveaux des fidèles : les commençants, les progressants et les
parfaits. |
Nam loannis ultimo
dixit christus petro
pasce agnos meosJn 21, 15 bis: ac tertio pasce oues meas:Jn 21, 17 per hos scilicet agnos et oues tres fidelium gradus signans
incipientium proficientium ac perfectorum.
|
(864) Or être le berger des brebis et des agneaux c’est comme le dit
Augustin : "réconforter les croyants pour qu’ils ne se découragent pas, si
nécessaire fournir à ceux qui nous sont confiés des subsides matériels, leur
offrir un exemple de vertus, s’opposer aux adversaires et corriger les
pécheurs". |
Est autem pascere agnos et oues ut Augustinus ait:
credentes ne deficiant confortare:
terrena subsidia si necesse est: subditis
prouidere: exempla uirtutum prebere: aduersariis obsistere: peccantes corrigere.GLOSS. ORD. in Ioh., 21, 17
|
(865) Et augere gregem ("augmenter le troupeau") comme le dit
ici le poète, c’est faire entrer les incroyants dans la bergerie du Christ,
autrement dit l’Église, en leur enseignant la foi, et ainsi faire se multiplier
les brebis. |
Et augere gregem ut
hic poeta ait: infideles in ouile Christi id est in
ecclesiam per institutionem fidei introducere: et
ita multiplicare.
|
(866)
Oues ("les brebis"), en effet, désigne les fidèles qui sont simples
et humbles à l’image des brebis qui sont douces et paisibles ; c’est une
allégorie. |
Oues autem dicuntur fideles
quia simplices et humiles sunt ad instar ouium mites et placidi: est autem allegorica locutio.
|
(867) (Quo munere), après avoir montré l’autorité de Pierre et
sa charge pastorale dans les champs de l’Église, il ajoute maintenant les paroles
dont il s’est servi lors de cette assemblée des Saints. |
(Quo munere.) posteaquam ostendit petri authoritatem et pastorale munus ipsius in campis
ecclesiae: nunc adducit uerba ipsius quibus usus
est in coetu illo Sanctorum.
|
(868)
Quo munere ("en vertu de ce ministère"), autrement dit de son
devoir de pasteur, summus ("plus haut"), autrement dit Pierre,
comme le prince des Apôtres, surgit ("il se dresse"), évidemment
pour parler, comme ont coutume de le faire les orateurs qui, quand ils parlent, ne
sont pas assis, mais debout ; et insinuans ("et suggérant"),
autrement dit révélant peu à peu, diuina negocia ("les volontés
divines"), autrement dit les œuvres de Dieu ou alors les affaires qui concernent
Dieu, comme le retour du nombre douze, qui était incomplet, à sa forme
entière ; uenerandus ("le vénérable") ; autrement dit
Pierre, que l’on peut vénérer pour son âge et sa dignité ; sic
ait ("il dit") il parla ainsi. |
Quo munere. idest. officio pastorali:
summus id est princeps
petrus:
Surgit scilicet uerba
facturus: ut concionatores solent: qui cum loquuntur non sedent sed stant.
et insinuans id est paulatim
aperiens:
diuina negocia id est opera
dei uel negocia ad deum attinentia: ut erat
reintegratio numeri duodenarii: qui erat
incompletus:
uenerandus id est uenerabilis
petrus et aetate et dignitate:
sic ait sic uerba fecit.
|
(869)
Nostis ("Vous savez"), évidemment vous les frères, quia
proditor ("que le traître"), évidemment Judas Iscariote qui livra et
trahit le Seigneur aux Juifs, amens ("insensé"), autrement dit fou
dans la trahison de son Seigneur et Maître, soluit mercedem ("a
payé le salaire"), autrement dit le prix de son péché, évidemment de sa trahison,
sibi ("pour lui-même"), quand il s’est donné à lui-même la juste
récompense de sa trahison. |
Nostis scilicet uos fratres
quia proditor scilicet
iudas scarioth qui prodidit et
tradidit dominum iudaeis:
amens id est insanus in
domini et magistri sui proditione:
soluit mercedem id est
praemium peccati scilicet proditionis:
sibi cum dedit sibi iustum
praemium proditionis.
|
(870) Et quel est le salaire et quelle est la récompense qui est due au
traître ? |
et Quae merces et quod praemium debetur proditori?
|
(871) Evidemment la corde et la pendaison, et une mort horrible comme fut
horrible son crime. |
certe laqueus et suspensio: et mors
horribilis ut facinus horribile fuit.
|
(872) C’est donc un tel mercedem ("salaire") et une telle
punition qu’à juste titre Judas a payés pour lui même, lui qui fut à la fois
l’instigateur et le juge d’un péché sacrilège. |
talem ergo mercedem
et talem poenam iuste soluit sibi iudas: qui fuit peccati nefandi
author et iudex.
|
(873) Car, au moment où il pécha et vit son Seigneur condamné alors qu’il
était innocent, ému par l’atrocité de son crime et poussé par le poids de
l’impiété que lui avait fait commettre sa cupidité à désespérer de pouvoir faire
pénitence, il rendit les trente pièces d’argent pour lesquelles il avait vendu le
Christ aux chefs des prêtres en disant "j’ai péché en vous livrant le sang d’un
juste, et, après avoir jeté les pièces d’argent dans le temple, il alla se
pendre". |
Nam simul ac peccauit et uidit dominum Suum damnari innocentem: motus atrocitate facinoris: atque impietatis pondere ab auaricia in desperatam poenitentiam
impulsus reddidit. XXX.
argenteos quibus christum uendiderat: principibus
sacerdotum: dicens peccaui tradens sanguinem iustum: Et
proiectis argenteis in templo laqueo se suspendit.
|
(874) C’est pourquoi Judas se jugea digne de la corde, et que, sans attendre
la sentence de quelque autre juge, il se jugea lui-même en se brisant le cou avec
une corde ; et ainsi Judas fut pour lui-même traître, juge, licteur et
bourreau ; voilà pourquoi Arator dit soluit sibi mercedem ("a
payé pour lui-même le salaire") parce qu’il fut son propre juge et s’infligea à
lui-même le châtiment qu’il méritait, lui qui avait trahi le Seigneur du monde et
son propre Seigneur. |
Itaque ludas se iudicauit
dignum laqueo: et se non expectata alicuius alterius
iudicis sententia: iudicauit laqueo gulam
frangens: atque ita sui ipsius fuit proditor
iudas iudex lictor et carnifex: ideo Arator
ait soluit sibi mercedem: quia sui ipsius fuit iudex: et sibi dedit poenam quam meruerat: qui
dominum mundi et suum prodiderat.
|
(875) Dans cet acte (comme l’atteste Jérôme) bien qu’il paraisse avoir eu une
forme de repentir, son repentir vain ne lui servit à rien et il fut inutile et
incapable de corriger son crime ; en effet non seulement il ne put faire
amende honorable du sacrilège de la trahison, mais, sous l’effet du désespoir, il
ajouta le crime du suicide. Mais le crime que causa le désespoir fut plus atroce
que celui de la trahison. Car quand il livra le Christ aux Juifs, il l’attaqua et
s’arma contre le Christ en tant qu’homme. Mais quand il se refusa à lui-même
l’espoir du pardon, il crut que la clémence divine avait des limites bien fixées,
alors qu’il aurait pu (s’il avait voulu retarder son supplice) faire l’expérience
de l’infini de cette clémence. |
Qua in re (Vt Hieronymus
author est) licet poenitentiam habuisse uideatur:
nihil tamen ei profuit poenitentia infructuosa et inutilis per quam scelus
corrigere non potuit. quippe qui non solum emendare
nequiuerit proditionis nefas: sed per desperationem
proprii homicidis scelus addiderit. At desperationis
facinus atrocius fuit quam proditionis. Nam cum
tradidit christum iudaeis: inuectus est directe seque in christum hominem
armauit. At cum sibi ueniae spem denegauit: finitos diuinae clementiae fines esse credidit: quos (si uoluisset supplicium differre) infinitos
esse experiri potuisset.
|
(876) C’est ce qui fait dire au pape Léon : "tu as été plus scélérat que
tous et plus malheureux, Judas, car le repentir ne t’a pas ramené au Seigneur,
mais le désespoir t’en entraîné vers la corde. Tu aurais pu attendre la
consolation de ton crime et jusqu’à ce que le sang du Christ soit versé pour tous,
tu aurais pu différer le trépas hideux de la pendaison". |
Hinc leo papa:
sceleratiorLEO. M. serm., 54, 3 (inquit) omnibus O iuda et infelicior extitisti:
quem non poenitentia reuocauit ad dominum:
sed desperatio traxit ad laqueum.
Expectasses consolationem criminis tui: et
donec sanguis christi pro omnibus efunderetur informis Loeti
suspendium distulisses.LEO. M. serm., 54, 3
|
(877) (Taedia :) ce fut le châtiment que s’infligea le
traître Judas. Ipse ("lui-même"), évidemment Judas,
horruit ("prit en horreur"), autrement dit trembla devant, fut
pris de terreur, ne put pas supporter, taedia ("l’abomination")
autrement dit la souffrance et le tourment, noxae suae ("de sa
faute") autrement dit de son péché, comme Virgile : unius ob
noxam ("par la faute d’un seul"). |
(Taedia:) haec fuit poena quam sibi dedit iudas proditor.
Ipse scilicet iudas
horruit id est contremuit
expauit ferre non potuit:
taedia id est molestias et
cruciatus:
noxae suae id est sui
peccati: ut unius ob noxamVERG. Aen., 1, 39 apud uerg.
|
(878)
stringens uocem ("étranglant sa voix"), autrement dit la resserrant
évidemment avec le câble, uocem ("sa voix"), autrement dit sa gorge
par laquelle sort la voix et la respiration, ream ("coupable"),
autrement dit chargé de tort et vouée au châtiment, exemplo
cessante ("en mettant un terme à l’exemple"), autrement dit en mourant.
De fait, si le traître Judas avait vécu et n’avait pas mis un terme à sa vie en
finissant pendu, il aurait donné un exemple à beaucoup de criminels et il en
aurait incité beaucoup à trahir leurs maîtres. En effet, il est facile de changer
le bien en pire, et vu que le genre humain est porté vers le mal, les gens sont
plus volontiers excités à l’imitation des vices qu’à celle des vertus. Mais quand
il est mort, il a mis un terme à l’exemple. Qui en effet oserait suivre l’exemple
de ce traître qui expia le forfait de sa trahison d’un trépas aussi
horrible ? |
stringens uocem id est
arctans scilicet fune:
uocem id est gulam per quam
exit uox et spiratio:
ream id est obnoxiam et
obligatam poenae:
exemplo cessante id est
moriente. Nam si iudas proditor uixisset: et non cessasset laqueo uitam finiens: dedisset exemplum multis facinorosis et incitasset
multos suo exemplo ad prodendum dominos. Bona enim
facile mutantur in peius: et ut est genus hominum
procliue ad malum libentius ad uitiorum quam uirtutum imitationem homines
incitantur. Sed ubi mortuus est: cessauit exemplum. quis
enim audebit sequi exemplum eius proditoris: qui
luit commissum proditionis tam horribili exitu?
|
(879) Une trahison si atrocement punie brise l’audace de tout criminel. Le
poète dit bien horruit taedia ("il prit en horreur son
abomination") parce que comme le dit Juvénal : "c’est un grand châtiment de
porter jour et nuit dans le cœur le témoin qui nous accuse" quand l’esprit, qui a
conscience de son crime abject, sent un bourreau caché et tombe toujours sous des
coups que nul ne perçoit. |
Frangit audaciam cuiuscunque facinorosi tam atrociter punita
proditio. Ait autem horruit taedia: quia
ut inquit iuue:
poena uehemens est nocte dieque suum gestare in pectore testem: cum mens conscia diri facinoris occultum sentit carnificem: et surdo uerbere semper caedentem.
|
(880) Judas ainsi ne pouvait supporter la morsure de son impiété. Il roulait
dans son esprit et sa mémoire le fait que, pour un vil prix, il avait vendu son
Maître et son Seigneur, et qu’il avait entraîné au supplice celui dont il avait pu
expérimenter la sainteté et la céleste pureté de vie, en partagent si longtemps sa
vie et en parlant avec lui. |
Iudas autem suae impietatis morsus pati
non poterat: Cum animo et recordatione uoluebat: se propter uile precium magistrum ac dominum suum
uendidisse atque in supplicium protraxisse eum cuius sanctimoniam tantam: et coelestem uitae puritatem expertus fuisset
conuiuens tandiu et colloquens.
|
(881) Ce qui angoissait aussi ce personnage, c’était le prophétie du Christ
sur sa misérable fin ; il savait qu’il ne mentait jamais, lui qui était la
Vérité. |
Angebat etiam hominem christi de eius exitu miserabili
uaticinium: quem nunquam mentiri solitum
cognouisset qui ueritas erat.
|
(882) Ne pouvant donc supporter cette torture de sa conscience, il laissa
dans le temple les pièces d’argent pour lesquelles il avait vendu le Seigneur de
l’univers. Les prêtres, quant à eux, après avoir tenu conseil, achetèrent avec cet
argent le Champ du Figuier pour la sépulture des étrangers. |
Hoc ergo tormentum conscientiae ferre non potens in templo
reliquit argenteos quibus dominum uniuersi uendiderat. Sacerdotes autem concilio inito emerunt ex illis agrum figuli in sepulturam
peregrinorum.
|
(883) C’est de là que lui vint son nom de Champ du Sang, en hébreu ou en
syriaque cela se dit évidemment Acheldamach, pour que ce soit un témoignage à
jamais de la perversité de Judas. |
Vnde ager dictus est
sanguinis dictione hebrea uel syriaca id signante scilicet
acheldamach: in aeternum nequiciae iudaicae monimentum.
|
(884) Mais, nous qui étions étrangers à la Loi et aux Prophètes, nous avons
reçu le zèle mauvais des Juifs pour notre salut et nous reposons dans le prix payé
par le sang du Christ. |
sed nos qui peregrini eramus a lege et prophetis praua ludaeorum studia suscepimus in salutem: et in precio sanguinis christi requiescimus.
|
(885) Telle est la fin de Judas que Pierre raconte, tout en redoutant de
laisser demeurer le collège apostolique au nombre de onze. |
Hunc iudae exitum tremendum
petrus nar[18v]rauit
timens in undenario numero remanere.
|
(886) En effet, comme le dit Bède, "tout péché se rapporte au nombre
onze : en effet, celui qui agit de façon perverse outrepasse les préceptes du
décalogue" ; voilà pourquoi Pierre s’efforce de ramener à douze le nombre des
Apôtres. |
omne enim peccatum ut ait Beda ad undenarium pertinet. qui enim peruerse
agit precepta decalogi transilit:BED. exp. act., 1 ideoque ad duodenarium apostolos reducere nititur petrus:
|
(887) (Cessante exemplo), autrement dit en mettant un terme
grâce à la mort de Judas qui pouvait, en vivant, être un exemple pour
d’autres. |
(Cessante exemplo)
id est desinente per mortem iudae qui
poterat esse uiuens aliis exemplo.
|
(888) (Stringens uocem) on peut interpréter cela au sens
propre, autrement dit en enfermant par la mort dans un silence éternel sa voix
qu’il avait fait parler pour faire cette promesse sacrilège : "que
voulez-vous me donner et je vous le livrerai". |
(Stringens uocem)
proprie etiam potes interpretari id est claudens uocem perpetuo silentio per
mortem: quae prodierat in illam nefandam
pollicitationem:
quid uultis mihi dare: et ego eum uobis
tradam.Mt 26, 15
|
(889) Comme le dit le Vénérable cet interprète de l’éloquence divine, "le
traître a trouvé un châtiment digne de lui en tuant avec une corde le gosier par
lequel était sortie la parole de trahison. |
DignamBED. exp. act., 1 (inquit Venerabilis
diuini eloquii interpres) sibi poenam proditor inuenit: dum guttur
quo uox proditionis exierat: laqueo
necauit.
|
(890) Voilà pourquoi Arator ajoute : qui ("qui"),
évidemment Judas, promeruit ("a gagné"), autrement dit a mérité,
necari ("être tué") autrement dit étranglé, parte
("par la partie"), évidemment il s’agit de la gorge, qua ("par
laquelle") évidemment la partie, fuit culpa ("il a péché"),
évidemment en trahissant ; de fait, c’est par la gorge que fut émis ce
discours abominable : "que voulez-vous me donner etc.". |
Ideo Arator subdit:
qui scilicet iudas.
promeruit id est meruit:
necari id est strangulari:
parte scilicet ea hoc est per
guttur:
qua scilicet parte:
fuit culpa scilicet
proditionis. nam per guttur emissa est illa
infanda oratio:
quid uultis mihi dareMt 26, 15 et.c.
|
(891) (Crimenque rectractans) il montre la raison pour
laquelle Judas, une fois étranglé, est resté suspendu in aere
("dans les airs") et pourquoi, une fois suspendu, il a éclaté par le milieu et
pourquoi ses entrailles se sont répandues et n’ont pas eu de sépulture mais se
sont évanouies et dissoutes dans les airs diaphanes. |
(Crimenque
rectractans) ostendit causam cur iudas in aere
pependit strangulatus: et cur suspensus crepuit
medius et difusa sunt omnia uiscera eius et insepulta sunt: et in tenues auras elapsa et comminuta.
|
(892) Voilà pourquoi il chercha pour mourir aerem ("les
airs"), c’est-à-dire un lieu approprié : en homme qui avait trahi le Seigneur
des hommes et des anges, coelo terraeque perosus ("odieux au ciel
et à la terre"), il devait fuir le ciel et la terre, pendant au milieu des airs,
comme s’il devait s’associer aux esprits des airs, à la manière d’Achitophel et
d’Absalon. |
Ideo autem aerem
hoc est locum dignum quaesiuit morti: ut qui hominum
et angelorum dominum prodiderat:
coelo et terrae perosus
coelum et terram fugeret in medio aere pendens quasi aeris spiritibus
sociandus: instar achitofel et absalon.
|
(893) Ensuite, quand avec les trente pièces d’argent de Judas on eut acheté
le Champ du Figuier pour la sépulture des étrangers, les étrangers étaient
ensevelis là, mais Judas seul fut exclu de son champ, autrement dit du champ
acheté avec ses deniers. |
Deinde cum triginta argenteis iudae emptus fuerit ager
figuli in sepulturam peregrinorum:
peregrini ibi sepeliebantur: at iudas solus ab agro suo id est empto sua
pecunia exclusus est.
|
(894) Ainsi la punition de sa trahison fut multiple : il périt dans les
airs, il éclata par le milieu, il ne fut pas enseveli dans son champ mais
totalement exclu de celui-ci. |
Itaque multiplex fuit uindicta proditionis. et quod in aere periit: et quod crepuit
medius: et quod non fuit sepultus in suo agro
sed ab eo omnino exclusus.
|
(895) Le poète dit donc -que à la place de et
retractans ("cherchant à renouveler"), évidemment refaisant,
rappelant ; crimen ("son crime"), autrement dit son péché
évidemment de trahison, indicio ("à la dénonciation"), autrement
dit au signe de son repentir quand il jeta les trente pièces d’argent dans le
temple et dit qu’il avait péché. |
ait ergo que pro et
retractans scilicet
reliciens reuocans:
crimen id est peccatum
scilicet proditionis:
indicio id est signo
poenitentiae cum proiecit triginta argenteos in templo: et dixit se peccauisse.
|
(896)
permisit membra ("il abandonna ses membres"), autrement dit il
livra son corps, tali furori ("à un tel égarement), évidemment en
se pendant à une corde ; par 'tel' j’entends comme un châtiment dû évidemment
à Judas à cause de sa trahison ; poneret locum in medio aeris
("plaçât dans un endroit au milieu des airs"), évidemment qui convenait
hosti ("à l’ennemi"), évidemment Judas, communi
("commun"), évidemment caelo et terrae ("au ciel et à la terre"),
autrement dit aux êtres célestes et terrestres, parce qu’il avait trahi le
Seigneur des êtres célestes et terrestres ; voilà pourquoi le poète dit
perosus coelum et terram ("odieux au ciel et à la terre"),
évidemment Judas, autrement dit ayant pris en haine les anges du ciel et les
hommes sur la terre. |
permisit membra id est
tradidit corpus:
tali furori id est tali morti
per furorem desperationis sibi illatae:
in medio aeris scilicet
pendens laqueo: tali dico:
ut poena debita scilicet iudae propter
proditionem:
poneret locum in medio aeris
scilicet conuenientem:
hosti scilicet iudae:
communi scilicet coelo et terrae id est
coelestibus et terrenis: quia dominum coelestium et
terrenorum prodiderat: ideo perosus (inquit) coelum et terram scilicet
iudas: hoc
est odio habens coelestes angelos et terrenos homines.
|
(897) Tout homme en effet qui offense le Seigneur paraît aussi offenser ses
serviteurs, et tout homme qui est ennemi du Seigneur est aussi ennemi de ceux qui
obéissent au Seigneur ; voilà pourquoi Judas perit ("périt"),
autrement dit est mort, inter utrumque ("entre l’un et l’autre"),
autrement dit entre le ciel et la terre, ce qui veut dire dans les airs, comme
s’il fuyait le lieu de ceux dont il était l’ennemi commun. |
quisquis enim dominum offendit: seruos
quoque offendere uidetur: et quisquis inimicus est
domino: eius quoque famulis inimicus est ideo
iudas:
perit id est mortuus est:
inter utrunque id est inter
coelum et terram hoc est in aere: quasi fugiens loca
eorum quibus erat inimicus communis.
|
(898) (Nullis.) uiscera ("les entrailles") de
Judas pendu, pour qu’elles gisent sans sépulture, furent répandues dans les airs
et, comme cinis ("de la cendre") qui fuit loin du monde, elles
s’évanouirent dans les tenues auras ("les airs légers"). |
(Nullis.) uiscera
iudae suspensi ut iacerent insepulta: sparsa sunt per aerem: et
ut cinis fugeret a mundo in
tenues auras
Euanuerunt.
|
(899) Les entrailles, qui sont le siège de la fraude et qui conçurent cette
infâme trahison, déchirées par un si grand crime, n’eurent pas la force de se
tenir rassemblées et furent arrachées au corps et répandues dans les airs. |
Viscera quae sunt sedes fraudis quaeque proditionem infandam
conceperant: tanto scelere dirupta: se cohibere non ualuerunt a corpore diuulsa et per
aera euoluta.
|
(900) C’est à juste titre que les entrailles se répandent en passant par le
siège de la ruse et non par le lieu du baiser (autrement dit par la bouche avec
laquelle il embrassa Jésus, bien que ce fut un faux prétexte), mais par un autre
endroit là où se trouvait le poison de sa malice cachée. |
Merito autem per sedem doli uiscera funduntur: non per locum osculi id est per os quo osculatus est iesum quanuis falsa superficie: sed per alium cui uirus inerat occultae
maliciae:
|
(901) (Viscera.), évidemment de Judas pendu,
rupta ("éclatées") autrement dit arrachées au corps de Judas,
cadunt ("tombent"), évidemment emportées dans les airs,
condenda ("destinées à être ensevelies") autrement dit
enterrées, nullis sepulchris ("en nuls tombeaux") autrement dit
dans aucun tombeau ; cela veut dire uiscera cadunt non
condenda ("ses entrailles tombent sans être destinées à être
ensevelies") ni mises dans un quelconque tombeau ce qui constitue le second
châtiment de Judas, et cinis ("la cendre"), autrement dit le corps
de Judas qui doit être réduit en cendre et en poussière, elapsus
("enlevé") autrement dit s’évanouissant et emporté dans les auras
tenues ("les airs légers"), fugit ab orbe ("fuit loin de
la terre"), autrement dit du monde, réduit qu’il est au néant. |
(Viscera. ) scilicet iudae suspensi:
rupta id est diuulsa a
corpore iudae.
cadunt scilicet euoluta per
aera.
condenda id est humanda:
nullis sepulchris id est
nullo sepulchro: hoc est uiscera cadunt
non condenda nec sepelienda
aliquo sepulchro in poenam iudae
alteram. et cinis id est corpus iudae in cinerem et puluerem comminuendum:
elapsus id est euanescens et
euolutus in auras tenues
fugit ab orbe id est a mundo
redactus in nihilum.
|
(902) (non haec uacat.) voici le sens : cette vengeance
dont j’ai parlé plus haut, évidemment le fait que Judas a éclaté par le milieu et
que ses entrailles ont été répandues, non uacat ("n’est pas vaine")
autrement dit n’est pas vide de sens et seule, car il s’en ajoute une autre :
de fait, comme avec le prix des trente pièces d’argent les chefs des prêtres
avaient acheté un champ pour la sépulture des étrangers pauvres qui n’avaient à
Jérusalem aucun lieu propre de sépulture, Judas, pour être puni sur ce plan après
sa mort, n’eut aucune part à la sépulture dans son propre champ, dont les
habitants pauvres avaient la jouissance et l’usage. C’est pour cela que les gens
d’origine étrangère utilisaient le champ de Judas pour leurs inhumations, mais
Judas n’eut aucune part à son propre champ, autrement dit celui qu’il avait acheté
avec son argent cependant mal acquis, et il en fut privé pour châtiment de sa
trahison. |
(non haec uacat.) sensus est. haec uindicta
supra dicta scilicet quod iudas crepuit
medius et fusa sunt uiscera eius non
uacat id est non est uacua et sola quia alia addita est: nam cum precio triginta argenteorum principes
sacerdotum emissent agrum in sepulturam peregrinorum pauperum qui nullum
habebant in hierusalem
sepulturae proprium locum:
iudas ut in hac parte post mortem
puniretur caruit sepultura in proprio agro cuius commoditate pauperes
incolae utebantur. Itaque alienigenae agro iudae ad humationem utebantur:
iudas proprio agro id est empto suis
nummis male tamen partis: caruit et priuatus est in
poenam proditionis.
|
(903)
Non haec ultio ("cette punition"), autrement dit la vengeance,
évidemment le châtiment dont nous avons parlé, uacat ("n’est pas
vaine"), autrement dit seule et vide de sens, comme Lucain :
quaeritque iugum ceruice uacante ("et il cherche un joug car sa
nuque est libre"). |
Non haec ultio id est
uindicta scilicet supradicta poena:
uacat id est sola fuit: et uacua: ut lucanus
quaeritque iugum ceruice uacante.LVCAN. 9, 261
|
(904)
quae ("qui") évidemment ultio ("la punition")
negat suprema ("refuse les derniers honneurs") autrement dit
refusa à Judas les derniers rites et les honneurs ultimes de la sépulture, et
uindicta ("la vengeance"), évidemment de la trahison, et
mercis iniquae ("de l’inique salaire"), le salaire et la
transaction que Judas mena contre son Seigneur pour trente pièces d’argent, fixant
qu’il livrerait le Christ aux Juifs s’ils lui donnaient le prix fixé.
Vindicta ("la vengeance") sic uenit ("vint
ainsi"), évidemment sur la tête de Judas, placitura ("qui plaira")
évidemment à Dieu qui est juste et rend à chacun selon ses actes. |
quae scilicet ultio
negat suprema id est negauit
iudae res ultimas et supremos
sepulturae honores: et uindicta scilicet proditionis et mercis iniquae: quam mercem et mercaturam exercuit iudas contra dominum suum propter triginta argenteos: pangens se proditurum iudaeis christum si dedissent pactum precium.
uindicta
sic uenit scilicet in caput
iudae:
placitura scilicet deo qui
iustus est et redit unicusque secundum facta.
|
(905) De fait cum parasset ("alors qu’il venait d’acquérir"),
évidemment Judas, autrement dit qu’il avait acheté modo
("récemment"), autrement dit peu avant ou quand il eût trahi le Seigneur,
rura ("des terres"), autrement dit une terre et un champ,
ex precio ("du prix"), évidemment les trente pièces d’argent,
funeris ("du trépas"), évidemment la mort du Christ ; de
fait, c’est à ce prix que le Seigneur fut entraîné au trépas et à la mort ;
impius ("l’impie"), évidemment Judas, caret
fertilitate ("est privé de la fertilité") autrement dit de la richesse,
agri sui ("de son propre terrain"), autrement dit acheté avec
son propre argent ; cum cespes ("cette terre"), autrement dit
ce champ, partie pour le tout, emptus nomine sanguinis ("achetée
sous le nom du sang"), évidemment celui du Christ, parce que, comme nous l’avons
dit, il fut appelé 'Champ du Sang' en langue syrienne ; cespes
("ce champ"), j’entends componens busta ("qui rassemble des
bûchers"), autrement dit qui donne leurs tombeaux, in fauillas
("pour les cendres"), autrement dit les ossements et les corps,
externas ("étrangers"), autrement dit ceux des étrangers et des
gens qui ne sont pas de la région, foecundet humum ("féconde son
sol"), autrement dit rend fécond et porteur de fruit ce champ, de
tumulis ("à partir des tombeaux"), autrement dit des tombes des gens
qui ne sont pas du pays. |
Nam cum parasset
scilicet iudas:
id est emisset modo id est
paulo ante uel cum prodidisset dominum:
rura id est rus et agrum:
ex precio scilicet triginta
argenteorum:
funeris scilicet mortis
christi. nam illo precio dominus fuit protractus
in funus et mortem:
impius scilicet iudas
caret fertilitate id est
amplitudine:
agri sui id est empti sua
pecunia:
cum cespes id est ager: pars pro toto:
emptus nomine sanguinis
scilicet christi: quia uocatus est ager sanguinis lingua syriaca ut
diximus:
cespes dico componens busta id est dans
sepulchra:
in fauillas id est ossa et
corpora:
externas id est externorum et
peregrinorum:
foecundet humum id est
foecundum et plenum faciat agrum:
de tumulis id est monumentis
peregrinorum.
|
(906) Et ainsi, le Champ du Figuier, emptus ("acheté") avec
l’argent de Judas, est utile à ceux qui ne sont pas du pays pour y enterrer leurs
cendres et ne sert à rien à Judas, avec l’argent duquel il a été
emptus ("acheté") pour servir de châtiment à ce dernier avec les
autres punitions que j’ai indiquées plus haut ; ce qu’exprime clairement le
poète en disant : et solus ("et seul"), évidemment Judas,
excluditur aruis ("il est exclu des sillons"), évidemment de
l’inhumation dans les sillons ou dans son champ, quae ("qui"),
évidemment les sillons, ferunt ("portent"), évidemment donnent,
monumenta ("des tombeaux"), évidemment des tombes, évidemment à
ceux qui ne sont pas du pays ; cuius ("lui dont"), évidemment
Judas, tuba saeua ("la trompette cruelle"), autrement dit la voix
cruelle résonnant contre son Seigneur comme une trompette quand il a dit "que
voulez-vous me donner etc.", est exorsa ("a donné le signal"),
autrement dit a commencé, nefas ("un sacrilège"), autrement dit le
méfait de trahison, cruentum ("sanglant"), évidemment qui versa le
sang et fut cruel ; qui signifer ("lui ce porte-enseigne"),
évidemment Judas qui comme s’il portait une enseigne pour les Juifs pour qu’ils
prennent le Seigneur, figens oscula ("donnant un baiser")
évidemment au Christ afon que les Juifs n’en arrêtent pas un autre à la place du
Christ. |
atque ita Ager figuli
emptus pecunia iudae profuit peregrinis ad fauillas eorum
humandas: et non profuit iudae cuius pecunia emptus est in poenam ipsius cum aliis
ultionibus supradictis: quod adhuc declarat
dicens:
et solus scilicet iudas
excluditur aruis scilicet ab
humatione arui uel agri sui:
quae scilicet arua ferunt scilicet dant monumenta scilicet sepulchra
scilicet peregrinis:
cuius scilicet iudae
tuba saeua id est uox
crudelis sonans contra dominum suum uelut tuba: cum
dixit quid uultis mihi dareMt 26, 15 et.c.
est exorsa id est incepit:
nefas id est maleficium
proditionis:
cruentum scilicet
sanguinarium et crudele:
qui signifer scilicet qui
ludas tanquam ferens uexillum
iudaeis ut dominum caperent:
figens oscula scilicet
christo: ne pro christo alium iudaei comprehenderent.
|
(907) Tel est en effet le signe que Judas donna aux Juifs quand il leur
dit : "celui que j’embrasserai, c’est lui ; emparez-vous de lui". |
hoc enim signum dedit iudas
iudaeis: cum
dixit illis:
quemcunque osculatus fuero ipse est.
tenete eum.Mt 26, 42
|
(908)
lupus ("un loup"), autrement dit comme un loup, évidemment Judas,
intulit bellum agno ("a engagé la guerre contre l’agneau"),
évidemment le Christ, ab indicio pacis ("par le signe de la paix"),
autrement dit par un baiser qui était signe de paix et non de guerre ; et
c’est la figure ornementale d’antithèse. |
lupus id est tanquam lupus
scilicet iudas
intulit bellum agno scilicet
christo:
ab indicio pacis id est ab
osculo quod erat signum pacis non belli. Et est
antitheton exornatio.
|
(909) C’est là que se montre la plus grande tromperie de Judas, qui, sous
couvert de paix et d’amitié, provoqua une guerre atroce et de très grandes
inimitiés. |
Hinc apparet maxima iudae
fraus: quae sub specie pacis et amicitiae: bellum atrox: et
inimicitias exercuit inimicissimas.
|
(910) Puisque, comme le dit Cicéron dans le De officiis, "la
tromperie qui est, semble-t-il le propre des petits renards et la force qui est
celui des lions, sont toutes deux totalement étrangères aux humains, la tromperie
mérite plus de haine". Mais il n’est aucun crime plus capital que la trahison
pleine de ruse de Judas, aucun plus affreux, aucun plus cruel, car tandis qu’il
trompait totalement, comme un homme de bien, il a reçu son Seigneur avec un baiser
plein d’empressement. |
Cum autem ut refert.
M.Tullius in
libris officialibus:
fraus quae uulpeculae: uis leonis
uideatur: et utrumque alienissimum ab
homine sit: fraus odio digna maiore est.CIC. off., 1, 13, 41 sed iudae dolosa proditione
nulla capitalior: nulla atrocior: nulla immanior: qui tum cum maxime
fallebat: quasi uir bonus officioso osculo
dominum excepit.
|
(911) Voilà pourquoi Hraban, remarquable commentateur de la divine Ecriture,
dit que ce n’est pas par le lieu du baiser, autrement dit par la bouche que les
entrailles de Judas tombant et sortant de lui se sont répandues, mais par une
autre endroit dans lequel se cachait la poison de la perfidie qu’il avait
conçue. |
ideo Rab. insignis diuinae scripturae enarrator non per
locum inquit osculi id est per os cadentia aut exeuntia iudae uiscera fusa sunt: sed per alium in quo conceptae perfidiae uirus latebat.
|
(912) (Parasset) n’allez pas comprendre que Judas a acquis ou
a acheté le champ : il pendait dans un lieu hideux ; mais parce qu’il a
fait qu’on l’a acquis, évidemment par achat, en jetant dans le temple ses pièces
d’argent d’où les prêtres prirent la somme pour acheter le champ. |
(Parasset) non quod
iudas agrum parauerit aut emerit
intelligas qui deformi loeto pendebat: sed quia
fecit parari scilicet emi proiectis in templo suis argenteis unde pontifices
agrum emerunt.
|
(913) (Signifer) soit de manière métaphorique comme le
porte-aigle portant l’étendard de la foule des Juifs qui venaient avec des épées
et des bâtons, soit signifer pris au sens propre autrement dit
portant le signe, évidemment celui du baiser, comme nous l’avons dit, pour que les
Juifs ne se trompent pas de personne. |
(Signifer) uel
metaphorice scilicet aquilifer uexillum ferens turbae iudaeorum euntis cum gladiis et fustibus. uel proprie signifer id est ferens signum scilicet osculi ut diximus ne
iudaei errarent.
|
(914) (Nunc opus est) c’est la conclusion de Pierre :
puisque Judas a péri de la manière que nous avons dite, opus est
uotis ("il faut former des vœux"), autrement dit des prières, qui
puissent fléchir le Seigneur pour que, dans la reconstitution du nombre de douze,
ce soit le meilleur que nous choisissions. |
(Nunc opus est)
concludit petrus: quoniam iudas interiit eo
modo quo diximus opus est
uotis id est precibus: quibus dominus
flectatur ut in restitutione summae duodenariae:
optimus a nobis eligatur.
|
(915)
opus est uotis ("il faut former des vœux"), évidemment pour élire
quem liceat supplere uices ("qui peut prendre sa place"),
autrement dit le lieu qu’occupait Judas perdu pour le nombre de la troupe
apostolique, quod clamant uerba prophetica ("ce que proclament les
paroles prophétiques"), autrement dit du prophète David, au psaume 108 : "que
leur séjour (dit le saint poète et roi et prophète David) devienne désert et qu’un
autre reçoive sa charge". Ce trait est d’abord lancé par le prophète contre les
chefs des prêtres et les Juifs en disant que l’habitation des prêtres qui ont
persécuté le Seigneur de leurs paroles et de leurs accusations "devienne déserte",
ce qui arriva quand Vespasien détruisit d’un coup Jérusalem et son temple, et que
"sa charge" autrement dit sa fonction de supervision ou de veille, autrement dit
sa dignité d’Apôtre, "un autre la prenne", évidemment parmi les deux entre
lesquels ils tirèrent au sort, à savoir Matthias, "sa charge" évidemment celle de
Judas. |
opus est uotis scilicet ad
eum eligendum:
quem liceat supplere uices
id est locum scilicet iudae perditi a
numero summae apostolicae:
quod clamant uerba
prophetica id est prophetae
dauid
psal. cviii.
FiatPs 108, 8 (inquit sacer poeta et rex et uates
dauid) commoratio eorum deserta: et episcopatum
eius accipiat alter.Ps 108, 8 illud primum in sacerdotum principes et iudeos uibrat propheta:
fiatPs 108, 8 dicens habitatio sacerdotum qui dominum linguis et criminationibus
persecuti sunt:
deserta:Ps 108, 8 quod contigit Vespasiano
hierosolymam euertente simul cum
templo: et episcopatumPs 108, 8 id est superinspectionem uel speculationem hoc est dignitatem
apostolicam accipiat alterPs 108, 8 scilicet duorum super quos sortes miserunt:
hoc est matthias:
eiusPs 108, 8 scilicet iudae.
|
(916) Puisque donc, dit Pierre, le prophète l’avait prédit, il est
indispensable d’accomplir la prophétie de David. Tunc ("alors"),
autrement dit après les paroles de Pierre, precantes ("priant"),
évidemment les saints, summa ("très haut"), autrement dit la
sublimité de la majesté divine, pour que des deux personnes particulièrement
recommandables, il choisisse le plus digne ; constituere
("présentèrent"), autrement dit en posèrent deux entre lesquels ils tireraient au
sort, selon ce qu’on lit dans les Proverbes "on jette les sorts, Dieu en règle
l’issue", duos ("deux"), évidemment Joseph iustum
cognomine ("surnommé Justus"), autrement dit qui avait le surnom de
'juste', en raison de sa probité si le nom est latin, mais s’il est hébreu comme
le dit Bède, "cela veut dire économe et élevé", et matthiam
("Matthias") quod nomen ("nom qui"), évidemment celui de Matthias,
sonat hebreo sermone ("veut dire en hébreu"), autrement dit en
langue hébraïque, autrement dit signifie paruum dei ("le pauvre de
Dieu"). |
Cum ergo ait petrus: propheta hoc praedixerit:
oportet uaticinium dauid impleri.
Tunc id est post uerba
petri:
precantes scilicet sancti:
summa: id est altissima diuinae maiestatis: ut
e duobus probatissimis eligeret digniorem:
constituere id est posuerunt
duos super quos sortes mitterentur: secundum illud
in prouerbiis
sortes mittuntur in sinum et a domino temperantur:Pr 16, 33
duos scilicet ioseph
iustum cognomine id est qui
habebat cognomentum iusti propter probitatem: si
nomen latinum est: sed si hebreum ut ait beda
interpretatur parcens uel
eleuatus:BED. exp. act., 1 et matthiam:
quod nomen scilicet
matthias
sonat hebreo sermone id est
lingua hebraica id est significat paruum dei.
|
(917) Et comprobat ("il le confirme"), évidemment Dieu en
appelant Matthias humble, car Dieu qui connaît l’avenir a voulu que Matthias soit
ainsi appelé, prévoyant qu’il serait petit et humble, d’où le fait que
comprobat ("il l’approuve") et le préfère à Joseph lui-même,
qui, au jugement des gens, mérita d’être appelé 'le Juste'. |
et comprobat
scilicet deus matthiam uocando
humilem. quia deus praescius futurorum uoluit
matthiam tali nomine uocari: praeuidens illum paruum et humilem futurum: unde et ipsum comprobat et praefert ipsi ioseph qui iudicio hominum meruit
uocari iustus.
|
(918) Voilà pourquoi le poète ajoute avec admiration : o quantum
distant ("ô combien sont éloignés") autrement dit diffèrent,
humana (" les humains") évidemment il s’agit des jugements,
iudiciis supernis ("des jugements du Ciel"), autrement dit de
Dieu. |
ideo subiungit poeta per
admirationem:
O quantum distant id est
differunt:
humana scilicet iudicia:
iudiciis supernis id est
diuinis.
|
(919) Et il ajoute la raison : ille ("celui-ci"),
évidemment Joseph qui était juste laude ("par l’éloge"), autrement
dit par le surnom hominum ("des hommes"), évidemment qui croyaient
qu’il était plus digne que Matthias lui-même, transcenditur ("est
dépassé"), autrement dit il est vaincu quand le sort tomba sur Matthias,
merito ("par le mérite"), évidemment la vertu,
parui ("du petit"), autrement dit Matthias. Et c’est ainsi que
les gens, quand ils jugent des autres, se trompent souvent, Dieu seul ne sait ni
être trompé, ni tromper. |
et subdit causam.
Ille scilicet ioseph qui erat iustus laude id est cognominatione
hominum scilicet
credentium hunc esse digniorem ipso matthia:
transcenditur scilicet
superatur cum cecidit sors super matthiam:
merito scilicet uirtute:
parui id est mathiae. Et ita
homines de hominibus iudicantes saepe falluntur:
deus solus nescit falli nec fallere.
|
(920) (Hebreo.) Il faut savoir ce que l’évêque de Burgos
indique savemment dans ses Additions sur Matthieu : "le nom
hebreus ne vient pas d’Abraham, puisque la première lettre du
nom 'Abraham' est aleph alors que dans hebreus c’est aïn" ;
hebreus ne vient pas davantage de Heber sinon les Ammonites et
les Moabites qui devaient naître de Loth ainsi que les Madianites et les Edomites
et tous ceux qui descendent de Heber seraient nommés Hébreux. Donc
hebreus ne vient pas d’Abraham, c’est-à-dire du nom propre mais
du surnom d’Abraham heber, autrement dit non pas du nom d’Abraham
mais de son surnom. En effet, comme Abraham était né en Mésopotamie où son père
Tharè et sa famille servaient les idoles, par un effet de la guidance divine, il
traversa l’Euphrate qui est la limite de la terre promise, et quand il fut venu en
terre sainte, une fois mis à part par la puissance du Ciel pour rendre à Dieu un
culte, les habitants de ce lieu le nommèrent hebreus, comme nous le
voyons dans la Genèse, autrement dit "qui vient de l’autre rive du fleuve", car il
était venu de Mésopotamie qui est sur l’autre rive du fleuve en terre de Canaan.
Voilà pourquoi on le nomma hebreus et ses descendants
hebrei. J’ai fait cette note car on ne la trouve pas dans les
auteurs de niveau élémentaire ; autrement les autres notations qui sont bien
connues, nous les passons et ainsi j’aurais passé cela sous silence aussi. Bien
que le divin Augustin en Civ. Dei 16 ne soit pas du même avis que
l’évêque de Burgos, cela n’est pas étonnant car il ne savait pas l’hébreu. |
(Hebreo.) Sciendum illud quod Burgensis episcopus in additionibus matthei notat sapienter:
scilicet hoc nomen hebreus
non ab abraam declinari: cum abraam scribatur in principio per aleph:
hebreus uero per eyn:PAB. S. M. in Nic.Lyr. postill. add., Matth. Nec etiam ab heber dicitur
hebreus:
alioquin ammonitae et moabitae qui a loth sunt oriundi: et madianitae et edomitae et alii qui ab heber omnes sunt deriuati hebrei uocarentur.
Dicitur ergo hebreus non ab abraham hoc est nomine proprio: Sed ab heber: quo fuit cognominatus
abraam:
id est a cognomento abraae non a
nomine.
abraam enim cum natus esset in
mesopotamia ubi thare pater et cognati idolis seruiebant: diuina moderatione Eufratem fluuium transmisit: qui
terminus est terrae promissionis: cumque in terram
sanctam uenisset ad dei cultum coelesti numine segregatus: dictus est ab incolis hebreus ut in genesi uidemus id
est transfluuialis: quia a mesopotamia quae est
trans fluuium: in terram canaam
uenerat. Hinc ipse hebreus et posteri hebrei dicti. Hoc notaui: quia apud elementarios authores non inuenitur: alioquin ut caetera protrita omittimus: ita hoc quoque silentio preteriissem. Quamuis autem dissentiat diuus augus
.
li. de ciuitate dei .xvi. non est
mirum cum literas hebraicas nesciuerit.
|
(921) (Duodena) après que le sort eut désigné Matthias, le
nombre des douze Apôtres redevint complet, afin que ce fût à un nombre parfait que
fût donné l’Esprit de perfection. |
(Duodena) postquam
cecidit sors super matthiam: reintegratus fuit numerus.
xii. apostolorum ut perfecto numero perfectus
daretur spiritus.
|
(922) En outre, ce nombre avait été annoncé par avance dans de nombreux
passages de l’Ancien Testament comme les douze patriarches, les douze sources que
l’on a trouvé à Hélim, les douze pains de proposition, les douze pierres de
jugement, les douze autels, les douze pierres levées tirées du Jourdain, les douze
placées dans ce même fleuve, et je passe les autres, pour ne pas allonger. |
Caeterum hic numerus praesignatus fuit in multis ueteris
instrumenti locis ut in. xii. patriarchis: in duodecim fontibus in
helym repertis: in. xii. panibus
propositionis: in.xii. lapidibus rationalis:
in.xii. altaris: in.xii. de iordane eleuatis: in. xii. in eodem positis. omitto caetera ne sim
longior.
|
(923) Donc il dit signa duodena ("les douze astres"),
autrement dit les douze Apôtres, comme les douze signes du Zodiaque ou
porte-signes, comme Bélier, Taureau, Gémeaux etc. chori ("choeur"),
autrement dit assemblée, évidemment des Apôtres, refulgent
("resplendissent"), évidemment sur la terre, comme les signes dans le ciel que
traverse le soleil qui gouverne l’année, ce qu’il explique aussi avec iubar
Olympi ("l’éclat de l’Olympe"), autrement dit la splendeur céleste,
iaculatur ("est projeté"), autrement dit au passif est envoyé de
iaculo, as, are ; terris ("sur les
terres"), autrement dit à travers les terres. De fait, comme par leur lumière les
signes de l’Olympe éclairent le monde, ainsi les signes que sont les Apôtres, en
brillant à travers le monde, d’une lumière non pas corporelle mais spirituelle
illuminèrent toutes les terres, évidemment de la lumière de l’enseignement
évangélique. |
Ergo ait signa
duodena id est apostoli.xii. tanquam. xii. signa Zodiaci uel signiferi Aries taurus gemini et
.c.
chori id est coetus.s.apostolici refulgent scilicet in terris ut
signa in coelo per quae means sol annum regit. quod
declarat et iubar olympi id
est splendor coelestis iaculatur id est mittitur passiue a iaculo as:
terris id est per terras. nam sicut luce sua signa olympi illustrant mundum: ita signa apostolica fulgentia per orbem non luce corporea sed
spiritali illuminauerunt omnes terras: scilicet
lumine doctrinae Euangelicae.
|
(924) (Haec quoque) voici le sens est l’ordre haec
lux ("cette lumière"), autrement dit le jour dans lequel fut complété
le nombre des douze Apôtres, quid operis ("quelle œuvre"),
autrement dit quelle œuvre mystique, praeferat ("anticipe"),
évidemment montre par avance, pergam ("je poursuivrai"), autrement
dit je vais edere ("publier"), autrement dit révéler et
expliquer. |
(Haec quoque)
sensus et ordo est.
haec lux. id est haec dies in qua numerus xii.
apostolorum completus est:
quid operis id est quod opus
mysticum:
praeferat scilicet
praemonstret:
pergam id est procedam:
edere id est aperire et
declarare.
|
(925) Voici de quelle nature est le mystère : il était logique que le
nombre de douze soit rétabli pour qu’il y ait proportion entre le nombre des
prédicateurs de l’évangile, la terre sur laquelle il devait être annoncé et le
mystère de cette prédication parce qu’on y trouve contenu de façon très sainte le
chiffre de la trinité. |
Mysterium autem est huiusmodi. congruum
fuit ut numerus duo[19v]denarius compleretur: ut esset
proportio inter praedicatores Euangelii et orbem terrarum in quo erat futura
praedicatio: et praedicationis mysterium quod
numero sanctissime trinitatis continetur.
|
(926) De fait, le monde et la terre sont divisés en quatre parties :
est, ouest, nord et sud : envoyez-en trois à l’est, trois à l’ouest, de même
trois au nord, et, au sud, envoyez trois Apôtres, et voici qu’en réalisant le
nombre de douze, on emplit chaque rivage et chaque partie du monde. |
Nam mundus et orbis in .iiii. partes diuiditur eoas occiduas: aquilonias austrinas. in eoas mitte
tres: in occiduas tres:
in aquilonias item. iii: et
in austrinas tres apostolos et ita completo numero.
xii. comples cunctas oras et partes orbis
terrarum.
|
(927) De fait, si les Apôtres avaient été onze, on n’aurait pas pu embrasser
dans le chiffre trois toutes les régions du monde ; mais il était inévitable
en partageant trois Apôtres par partie du monde, qu’une partie n’en reçoive que
deux, et ainsi la proportion entre Apôtres propagateurs de la foi et parties du
monde était rompue. |
nam si.xi.
apostoli fuissent non potuisses complere numero ternario cunctas regiones
orbis: sed oportuisset cum singulis partibus
tres distribuisses: uni parti duos dare: et ita non fuisset proportio inter diuulgatores
fidei apostolos: et orbis partes.
|
(928) Il était donc indispensable de reconstituer le nombre de douze pour que
la collège des douze embrasse grâce à la Trinité toutes les parties du
monde. |
ergo necesse fuit complere numerum duodecim ut ordo duodenus per
trinitatem circumiret omnes orbis partes.
|
(929) En outre, le monde qui va recevoir la foi trinitaire grâce à la
prédication des Apôtres sent bien que le mystère de la Trinité se cache dans le
nombre douze : douze c’est trois fois quatre ou aussi quatre fois trois. Si
les Apôtres avaient été onze, cela ne conduirait pas au nombre de la Trinité,
nombre qui est exprimé dans le baptême, quand on est baptisé au nom du Père et du
Fils et du saint Esprit. Voilà donc la raison qui fait que le nombre douze devait
être reconstitué, évidemment pour que le monde qui allait être baptisé dans le nom
de la Trinité comprenne que, dans le nombre douze, se cachait la foi trinitaire,
alors que (si l’on suit Bède) en utilisant les deux parties du chiffre sept (trois
multiplié par quatre faisant en effet douze) la grâce qu’ils annonçaient était
conservée jusque dans leur nombre. |
praeterea orbis fidem trinitatis accepturus per praedicationem
apostolorum: sentit mysterium trinitatis latere
in numero duodenario: quia ter quatuor sunt. xii. et quater tres etiam
.xii. quod si
fuissent. xi.
apostoli: non resultaret numerus trinitatis: qui numerus exprimitur in baptismate: cum quis baptizatur in nomine patris et filii et
spiritus sancti. ergo hac quoque ratione debuit
numerus duodenarius compleri: ut scilicet orbis
baptizandus in nomine trinitatis in numero duodenario trinitatis fidem
perciperet latere: cum authore beda per duas septenarii partes
(ter quaterni enim. xii.
sunt) gratia quam praedicabant etiam in numero seruaretur.
|
(930) De fait dans le nombre douze, quand nous comptons soit trois fois
quatre, soit quatre fois trois, le résultat est le chiffre sept, que nous tirons
de quatre et trois, ou d’ailleurs s’il est présent par lui-même ; or, ce
chiffre est celui des dons des grâces de l’Esprit saint, et de bien d’autres
réalités mystiques. |
Nam in .xii. cum
computamus ter quatuor uel quater tres: resultat
numerus septenarius. ex quater tribus uel e diuerso
per se: in quo numero gratiae spiritus sancti et
dona et multa alia consistunt mystica.
|
(931) Donc pour que le mystère soit accompli, il était logique que le nombre
de douze soit reconstitué. |
ut ergo hoc mysterium impleretur consentaneum fuit numerum
duodenarium reparari.
|
(932) Voilà pourquoi il dit (orbis) évidemment des terres,
est discretus ("est séparé") autrement dit divisé,
partibus laterum quatuor ("en quatre parties") évidemment l’est,
l’ouest, le nord et le sud ; trina ("triple") autrement dit de
la Trinité, fides uocat hunc ("la foi l’appelle"), évidemment le
monde à travers la prédicaion des apôtres ; quo nomine ("en
son nom"), évidemment celui de la Trinité, lauatur ("est lavé"),
évidemment orbis ("le monde"), autrement dit les hommes qui vivent
dans le monde, fonte ("par la source"), évidemment celle du
baptême ; ergo repetens ("ainsi donc en répétant") autrement
dit celui qui répète et reproduit ter quattuor ("trois fois
quatre"), computat ("compte"), autrement dit accomplit et réalise
en comptant, omnem figuram ("toute la figure") évidemment des
quatre parties du monde, quam ("que"), évidemment
figuram ("la figure") du monde et de ses quatre points
cardinaux, ordo duodenarius ("le collège des Douze"), évidemment la
somme du nombre des Apôtres, circumtulit ("se porte autour"),
autrement dit embrasse par son nombre de trois chacune des quatre parties du
monde, accomplissant également ainsi la foi dans la Trinité qu’ils annoncent par
leur parole et, la conservant jusque dans leur nombre, les Apôtres font le tour de
la terre, et causa mystica ("une raison mystique"), évidemment
celle que je viens de dire et qui contient le mystère de la Trinité, dedit
discipulis piis ("a permis aux pieux disciples"), autrement dit a
poussé et mis en mouvement les disciples pieux et religieux, pour
reparare ("revenir") évidemment rendre son intégrité à leur
ancien nombre, évidemment douze, quibus ("eux à qui"), évidemment
discipulis ("les disciples"), iubetur hoc
baptisma ("ce baptême a été confié") évidemment : que ce baptême
soit donné au monde quand le Christ a prescrit aux disciples de "les baptiser au
nom du Père et du Fils et du saint Esprit". |
ideo ait (orbis.) scilicet terrarum:
est discretus id est diuisus
partibus laterum quatuor
scilicet Orientis occidentis septentrionis et meridiei:
Trina id est trinitatis
fides uocat hunc
scilicet orbem per praedicationem apostolorum:
quo nomine scilicet
trinitatis:
lauatur scilicet orbis id est homines in orbe
uiuentes:
fonte scilicet
baptismatis.
ergo repetens. in. qui repetit et
resumit:
ter quattuor:
computat id est computando
complet et implet omnem
figuram scilicet quattuor laterum:
quam scilicet figuram quadrilateram orbis:
ordo duodenarius scilicet
summae apostolicae circumtulit id est circumiuit numero ternario singulam quanque
partium quattuor complens et ita trinitatis fidem quam praedicabant ore
docentes et numero custodientes apostoli orbem circumeunt et causa mystica scilicet haec
supradicta continens mysterium trinitatis:
dedit discipulis piis id est
impulit discipulos pios et religiosos ac mouit:
reparare scilicet
reintegrare numerum priorem scilicet .xii.
quibus scilicet discipulis
iubetur hoc baptisma
scilicet dari orbi cum christus praecepit discipulis baptizantes eos in nomine patris et filii et spiritus sancti.Mt 28, 19
|
(933) Il est important que nous n’ignorions pas que les théologiens grecs,
Basile, Grégoire de Nazianze, Origène, et les théologiens latins aussi, Jérôme,
Ambroise, Augustin et tous les autres, ont été attentifs partout aux propriétés
des nombres eux-mêmes et les ont soumises à un examen si attentif dans quelque
passage des Ecritures qu’ils les trouvent, qu’il n’y a rien d’étonnant à ce
qu’Arator ici aussi montre tant de soin à expliquer le nombre douze et que cet
observateur si plein de curiosité qu’est Bède, l’illustre commentateur, fasse
passer partout les sentences de ce dernier dans son propre commentaire. |
Nos conuenit illud non nescire Graecos theologos Basilium:
Nazianzenum:
origenem:
latinos quoque hieronymum
Ambrosium
Augustinum caeterosque obseruare
ubique proprietates ipsorum numerorum: adeoque
attente illos scrutari in quibusuis diuinae scripturae locis: ut non sit mirandum si Arator hic quoque tam diligens sit numeri duodenarii: tamque curiosus obseruator: Certe beda
clarus interpres passim huius sententias in suas comentationes transfert.
|
(934) En outre, le chiffre trois était déjà considéré depuis les
Pythagoriciens, comme contenant quelque mystère caché, car il est le premier des
impairs et le premier dans un genre est également le plus parfait dans ce genre,
comme dix parmi les nombres pairs, car il est le nombre de tous les autres ;
à partir de lui il n’y a que progression par subdivision. |
Caeterum numerus ternarius iam inde a pythagoricis aliquid mysterii latentis
habere putabatur: quia sit primus impar: et primum in uno quoque genere est perfectissimum
in illo genere. sicut denarius inter numeros pares
quia sit omnis numerus. Ab eo enim nihil nisi
replicatio est.
|
(935) Mais nos auteurs sacrés contemplent le mystère du chiffre trois à la
fois dans la divine majesté et dans la durée de trois jours au tombeau, et dans
les trois vertus théologales, et dans les trois temps, celui de la nature, celui
de la Loi et celui de la Grâce, et dans les trois états de la perfection. |
At nostri authores sacri mysterium ternarii et in maiestate: et in triduo sepulchri: et
in tribus uirtutibus theologicis: et in tribus
temporibus naturae et legis et gratiae: et in tribus
statibus perfectionis contemplantur.
|
(936) Que dire du chiffre sept ? |
Quid loquar de septenario?
|
(937) Ils parlent, non sans raison, du fait que le Seigneur s’est reposé le
septième jour, des sept dons l’Esprit saint, des sept Eglises, des sept sceaux,
des sept étoiles, des sept chandeliers et qu’ils recherchent et analysent avec le
plus grand soin le reste qui se rattache au chiffre sept, et que je passe pour ne
pas trop allonger et aussi parce que ces sujets devront être traités à leur place
et non ailleurs. |
cum dicant non sine ratione dominum die septima quieuisse. septem dona spiritus sancti: vii. ecclesias:
vii. signacula: vii. stellas: vii. candelabra et reliqua loca congruentia numero
septenario scrupulosissime indagant et scrutantur:
quae ne longior sim omitto. simul quia haec suo in
loco non in alieno tractanda sunt.
|